« Histoire du scoutisme canadien-français » : différence entre les versions

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Bien qu’aujourd’hui le scoutisme canadien-français soit relativement stable où la plupart des unités de scoutisme francophones sont réparties entre l'[[Association des Scouts du Canada]] et l'[[Association des aventuriers de Baden-Powell]], l'historique en est autrement plus complexe. Le Canada faisant alors partie de l'Empire britannique, le scoutisme y fait son apparition dès [[1909]], chez les anglophones. Du côté '''Canadien-français''', les premiers éclaireurs connus apparaissent en [[1911]] quand, à l'occasion d'un voyage au Canada, [[Robert Baden-Powell|Baden-Powell]] est accueilli à Québec par des scouts francophones. On ignore toutefois de quelle unité ils faisaient partis, et s'ils étaient les seuls représentants de leur espèce. Le scoutisme canadien-français ne se développera de façon plus ou moins organisée que plusieurs années plus tard.
Bien qu’aujourd’hui le scoutisme canadien-français soit relativement stable où la plupart des unités de scoutisme francophones sont réparties entre l'[[Association des Scouts du Canada]] et l'[[Association des aventuriers de Baden-Powell]], l'historique en est autrement plus complexe. Le Canada faisant alors partie de l'Empire britannique, le scoutisme y fait son apparition dès [[1909]], chez les anglophones. Du côté '''Canadien-français''', les premiers éclaireurs connus apparaissent en [[1911]] quand, à l'occasion d'un voyage au Canada, [[Robert Baden-Powell|Baden-Powell]] est accueilli à Québec par des scouts francophones. On ignore toutefois de quelle unité ils faisaient partis, et s'ils étaient les seuls représentants de leur espèce. Le scoutisme canadien-français ne se développera de façon plus ou moins organisée que plusieurs années plus tard.


===Les débuts du scoutisme canadien-français===
===Les débuts du scoutisme canadien-français (1918-1960)===
Les premiers scouts canadiens-français se joignaient aux unités du ''[[Scouts Canada|Canadian General Council]]''<ref>Le Conseil général canadien, à l'époque une division de l'association britannique, deviendra éventuellement la Boy Scouts of Canada, aujourd'hui Scouts Canada.</ref> de la [[Boy Scout Association]]. À l'époque, l'Église catholique canadienne, très forte, surtout au Québec, désapprouvait le scoutisme (auquel elle attribuait des racines protestantes et franc-maçonnes de par son fondateur).
Les premiers scouts canadiens-français se joignaient aux unités du ''[[Scouts Canada|Canadian General Council]]''<ref>Le Conseil général canadien, à l'époque une division de l'association britannique, deviendra éventuellement la Boy Scouts of Canada, aujourd'hui Scouts Canada.</ref> de la [[Boy Scout Association]]. À l'époque, l'Église catholique canadienne, très forte, surtout au Québec, désapprouvait le scoutisme (auquel elle attribuait des racines protestantes et franc-maçonnes de par son fondateur).


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Beaucoup d'énergie sera consacrée à cette question au cours de la décennie suivante, la question n'étant pas réglée. D'autres districts, comme Sault-Sainte-Marie, en Ontario, ou [[District ASC des Franco-Manitobains|Saint-Boniface]], au Manitoba, ont répété la même demande que les diocèses limitrophes : intégrer les unités scoutes francophones à la Fédération. En [[1951]], la BSC met en place un comité afin d'examiner la question. Divers scénarios seront examinés tout au long des années [[1950]], y compris une unification complète du scoutisme canadien. Un compromis, accepté par la Fédération, mais refusé par les évêques en dehors du Québec, prévoyait la création d'une confédération du scoutisme catholique canadien, avec une fédération francophone et une fédération anglophone. Trouver une situation satisfaisante pour tous s'avérait difficile.
Beaucoup d'énergie sera consacrée à cette question au cours de la décennie suivante, la question n'étant pas réglée. D'autres districts, comme Sault-Sainte-Marie, en Ontario, ou [[District ASC des Franco-Manitobains|Saint-Boniface]], au Manitoba, ont répété la même demande que les diocèses limitrophes : intégrer les unités scoutes francophones à la Fédération. En [[1951]], la BSC met en place un comité afin d'examiner la question. Divers scénarios seront examinés tout au long des années [[1950]], y compris une unification complète du scoutisme canadien. Un compromis, accepté par la Fédération, mais refusé par les évêques en dehors du Québec, prévoyait la création d'une confédération du scoutisme catholique canadien, avec une fédération francophone et une fédération anglophone. Trouver une situation satisfaisante pour tous s'avérait difficile.


===Les débuts de l'ASC===
===Les débuts de l'ASC (1960-1965)===
====La fondation====
====La fondation====
Le [[13 octobre]] [[1960]], le secteur francophone de la Conférence Catholique canadienne des évêques décide de créer un Conseil général canadien des scouts et des guides catholiques, formé de représentants des quatre régions actuelles (Maritimes, Québec, Ontario et Ouest). Leur mandat sera de fonder une association canadienne catholique pour tous les scouts canadiens-français et une autre pour toutes les guides canadiennes-françaises. Le but est de pouvoir traiter d'égal à égal avec l'association anglophone et, éventuellement, d'établir un organisme parapluie; la BSC regrette vivement cette décision.
Le [[13 octobre]] [[1960]], le secteur francophone de la Conférence Catholique canadienne des évêques décide de créer un Conseil général canadien des scouts et des guides catholiques, formé de représentants des quatre régions actuelles (Maritimes, Québec, Ontario et Ouest). Leur mandat sera de fonder une association canadienne catholique pour tous les scouts canadiens-français et une autre pour toutes les guides canadiennes-françaises. Le but est de pouvoir traiter d'égal à égal avec l'association anglophone et, éventuellement, d'établir un organisme parapluie; la BSC regrette vivement cette décision.
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En [[1968]], la [[Fédération des scouts catholiques de la province de Québec]] accepte de s'effacer derrière l'Association des Scouts Catholiques du Canada. C'est alors ainsi que l'association décide de s'incorporer. Une loi, adoptée par le Parlement canadien et sanctionnée le [[9 juillet]] [[1969]], officialise la création de l'Association des scouts du Canada<ref>Le nom ''Scouts catholiques du Canada'' a été changé pour ''Association des scouts du Canada''. L'abandon de l'épithète « catholique » ne change toutefois pas le statut confessionnel de l'Association.</ref>. Les énergies de l'Association pourront dorénavant se concentrer sur la structuration et la mise à jour du scoutisme canadien-français.
En [[1968]], la [[Fédération des scouts catholiques de la province de Québec]] accepte de s'effacer derrière l'Association des Scouts Catholiques du Canada. C'est alors ainsi que l'association décide de s'incorporer. Une loi, adoptée par le Parlement canadien et sanctionnée le [[9 juillet]] [[1969]], officialise la création de l'Association des scouts du Canada<ref>Le nom ''Scouts catholiques du Canada'' a été changé pour ''Association des scouts du Canada''. L'abandon de l'épithète « catholique » ne change toutefois pas le statut confessionnel de l'Association.</ref>. Les énergies de l'Association pourront dorénavant se concentrer sur la structuration et la mise à jour du scoutisme canadien-français.


===1965-1975 : Une décennie de réformes===
===Une décennie de réformes (1965-1975)===
Le long processus de reconnaissance et d'incorporation n'a pas eu une très grande influence sur la vie de tous les jours des unités. Les choses se déroulent un peu comme elles étaient avant, même au niveau des activités conjointes entre la Fédération et Boy Scouts. Cependant, à partir de [[1965]], l'Association entame d'importantes réformes qui ne firent pas l'unanimité.
Le long processus de reconnaissance et d'incorporation n'a pas eu une très grande influence sur la vie de tous les jours des unités. Les choses se déroulent un peu comme elles étaient avant, même au niveau des activités conjointes entre la Fédération et Boy Scouts. Cependant, à partir de [[1965]], l'Association entame d'importantes réformes qui ne firent pas l'unanimité.


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Au cours des premières années de la réforme, l'ASC tolérait la cohabitation avec l'ancienne méthode. Mais à la fin des années 1960, elle ordonna au magasin scout [[La Cordée]] de ne plus vendre de matériel et d'insignes aux unités récalcitrantes. C'est dans ce contexte que le [[13 octobre]] [[1973]], un groupe de chefs, menés par [[Florian Bernard]] et [[Denis Charbonneau]], décident de fonder une nouvelle organisation, inspirée des [[Scouts d'Europe]], ''Les Éclaireurs du Québec''. Elle changera de nom peu après en AGA pour éviter toute confusion avec une autre association pour porter le nom officiel d'[[Association des éclaireurs Baden-Powell]] (AEBP). Sa fondation répond au désir de sauvegarde d'un scoutisme plus traditionnel (Uniforme, promesse, loi, éclaireur de 12 à 17 ans, etc.). À sa création, la nouvelle association compte plus de 1600 membres.{{Référence nécessaire|}} En même temps, d'autres disputes au sein de l'[[ASC]] amèneront à la création de l’[[Association Bayard Québec]] (ABQ) à Repentigny.
Au cours des premières années de la réforme, l'ASC tolérait la cohabitation avec l'ancienne méthode. Mais à la fin des années 1960, elle ordonna au magasin scout [[La Cordée]] de ne plus vendre de matériel et d'insignes aux unités récalcitrantes. C'est dans ce contexte que le [[13 octobre]] [[1973]], un groupe de chefs, menés par [[Florian Bernard]] et [[Denis Charbonneau]], décident de fonder une nouvelle organisation, inspirée des [[Scouts d'Europe]], ''Les Éclaireurs du Québec''. Elle changera de nom peu après en AGA pour éviter toute confusion avec une autre association pour porter le nom officiel d'[[Association des éclaireurs Baden-Powell]] (AEBP). Sa fondation répond au désir de sauvegarde d'un scoutisme plus traditionnel (Uniforme, promesse, loi, éclaireur de 12 à 17 ans, etc.). À sa création, la nouvelle association compte plus de 1600 membres.{{Référence nécessaire|}} En même temps, d'autres disputes au sein de l'[[ASC]] amèneront à la création de l’[[Association Bayard Québec]] (ABQ) à Repentigny.


=== [[1975]]-[[1995]] : Réorganisation, et tensions===
===Scoutisme Canadien-Français Moderne (1975 à aujourd'hui)===
====Création des fédérations de l'ASC====
{{voir article|Scoutisme canadien-français moderne}}
Vers le milieu des années 1970, le Gouvernement du Québec resserre ses exigences pour qu'un organisme jeunesse puisse bénéficier des subventions. Il fait savoir à l'ASC que dorénavant, l'État québécois ne versera des sommes d'argent qu'à un organisme québécois. Face à cette menace budgétaire, l'ASC décide de remettre en fonction la [[Fédération des scouts catholiques de la province de Québec]], et d'amorcer un processus de décentralisation. En [[1975]], l'ASC devient un regroupement de quatre conférences. Outre la Fédération québécoise, il y aura la Conférence laurentienne (qui deviendra la [[Fédération des scouts de l'Ontario]]), ainsi que celles de l'Ouest et des Maritimes (qui changera éventuellement son nom pour ''Atlantique''). Plusieurs des services et des responsabilités seront alors transférés vers les conférences, ce qui posera certains problèmes, causés notamment par la disproportion entre la Fédération québécoise et les autres.
 
Pour les guides, la Fédération des Guides Catholiques de la province de Québec, qui existait toujours depuis sa charte de 1940 est remise sur pied le [[1er septembre]] [[1976]]. Elle était, de la même manière que celle des scout, administrée depuis 1961 par l'Association des Guides Catholiques du Canada. Elle porte le nouveau nom de Fédération des Guides du Québec (FGQ).
 
Les premières tensions se manifestent dès [[1977]], avec l'instauration des ''[[Castors (ASC)|Castors]]''. Depuis [[1971]], la [[Boy Scouts of Canada]] offrait le programme ''Beavers'' pour les 5-8 ans. Dans les provinces majoritairement anglophones, les parents qui souhaitaient faire faire du scoutisme à leurs enfants plus jeunes devaient donc les inscrire dans les unités anglophones. Une première expérience a été effectuée au Manitoba, et la Fédération des scouts de l'Ouest proposa la création de la nouvelle branche à l'ASC. Toutefois, invoquant des raisons d'ordre pédagogique, la Fédération des scouts du Québec ne souhaitait pas l'implanter : le programme fut donc, dans un premier temps, optionnel.
 
====Fusion administrative avec les guides au sein de l'ASC====
Tout au long des années 1970, on pouvait constater un nombre grandissant de structures conjointes entre les scouts et les guides au niveau local. En effet, il devenait tout simplement plus simple de n'avoir qu'un seul comité de gestion, pour toutes les unités guides et scoutes, que de maintenir des structures séparées. À partir de [[1974]], l'adoption de cette nouvelle philosophie administrative se répand au niveau des districts, en commençant par celui de [[District ASC de Québec|Québec]]. En [[1976]] plusieurs districts lui emboîte le pas; Montréal en premier, le district du Sud-Ouest le [[17 juin]] [[1976]] et le district de St-Hyacinthe le [[26 octobre]] [[1976]]. Le [[8 septembre]] [[1980]], tant sous la pression des districts intégrés que du gouvernement provincial, la Fédération des Scouts du Québec (FSQ) fusionne avec sa consœur guide la (FGQ) pour former la [[Fédération québécoise du guidisme et du scoutisme]] (FQGS).
 
La nouvelle organisation du scoutisme et du guidisme canadien-français continue cependant de causer des ratés, et ce à deux niveaux. La nouvelle entité ayant compétence et affiliation tant du côté des guides que des scouts, elle réclame plus d'autonomie, de même que la fusion entre l'ASC et l'[[Association des guides francophones du Canada]]. Au niveau politique, la FQGS n'apprécie pas d'avoir un poids égal aux autres fédérations, étant beaucoup plus populeuse. Cette dernière problématique sera partiellement adressée en 1985, quand chaque fédération se verra octroyer un droit de veto sur les orientations de l'Association.
 
====Fusion administrative entre l'AEBP et l'ABQ====
En [[1981]], des négociations entre l'[[Association des éclaireurs Baden-Powell]] et l'[[Association Bayard Québec]] débouchent sur une fusion administrative des deux associations. Les anciennes unités Bayard obtiennent l'assurance de l'[[AEBP]] qu'ils pourront garder les traditions reliées à leurs identifications.
 
====[[1990]]: Création de la première unité marine canadienne-française====
Le groupe 1er Longueuil, alors membre de l'[[Association des éclaireurs Baden-Powell]], convertit sa troupe en troupe marine en [[1990]].
 
La troupe entreprendra en [[1994]] le projet d'obtenir un navire école en acier, le Vaillant. Le navire fut complètement construit par les jeunes éclaireurs sous la direction du chef de troupe [[Benoit Lemonde]]<ref>Voir le livre "Des jeunes contre vents et marrées: Le Vaillant ambassadeur & école de mer" par Benoit Lemonde</ref>.{{voir article|Vaillant}}
 
====Mixité, d'autres conflits, nouvelles scissions et renforcement du pouvoir national de l'ASC sur les groupes restants====
Depuis plusieurs années, la mixité était acceptée et courante chez les castors et les scouts-aînés, les plus jeunes et les plus vieux. Or, l'Association décide qu'à compter de septembre [[1991]], toutes les unités doivent être coéduquées. D'ailleurs, pour plusieurs unités de pionniers, c'était déjà chose faite. Les guides ont évidemment perçu une menace dans cette mesure.
 
Du côté des structures, la même année, la question de la répartition des tâches et des mandats entre l'Association et les fédérations a presque failli causer l'explosion de l'ASC. Un projet de modification des règlements généraux, proposé par le président d'alors, [[Denis Prescott]], était porteur d'un changement de philosophie important : plutôt qu'un regroupement de fédérations, l'Association agirait dorénavant comme un regroupement de membres individuels, son nouveau mandat lui permettant ainsi beaucoup plus de leadership et d'initiative. Si trois des fédérations sont d'accord avec cette réforme, elle heurte de front la vision et les réclamations de la FQGS.
 
Encore là, plusieurs groupes locaux décident que c'en est assez et quittent tout simplement l'ASC. Pendant ce temps, un conflit a également lieu au sein de l'[[AEBP]] pour des raisons différentes. C'est dans ce contexte que se crée l'[[Association québécoise des aventuriers de Brownsea]].
 
L'Assemblée générale de l'ASC qui traite de la question sera plutôt orageuse. L'été suivant, en [[1992]], la crise éclate : la FQGS annonce son retrait ''« temporaire »'' de l'ASC. Comme tous les districts québécois n'étaient pas d'accord avec la position et le geste de leur Fédération, l'ASC contre-attaqua, et retira à tous les scouts ne se pliant pas à ses décisions le droit et les privilèges de l'affiliation nationale et mondiale. Placés entre l'arbre et l'écorce, plusieurs districts décident de maintenir leurs liens tant avec la FQGS qu'avec l'ASC. En décembre, le conflit se termine par le retour au bercail de la plupart des unités du Québec.
 
====Disparition de l'Association des guides francophones du Canada====
Il a été mentionné plus haut que les unités scoutes accueillaient maintenant, depuis 1991, les jeunes filles. Ce n'est pas cette menace qui aura raison du guidisme francophone canadien. Au cours de la dizaine d'années précédente, plusieurs unités guides avaient admis des hommes comme animateurs. Or, en [[1993]], en conformité avec des orientations de l'[[Association mondiale des guides et éclaireuses]], les [[Girl Guides of Canada]] excluent les hommes de leurs rangs. Cette décision, qui aurait pour effet d'affaiblir ou même de causer la disparition de plusieurs unités, ne plaît pas aux guides francophones. Elles sont placées devant un choix : renoncer à leur affiliation à [[Girl Guides of Canada]] et à l'[[AMGE]], ou expulser ses membres masculins. Après beaucoup de débats, elle choisit la première option. En septembre [[1994]], [[GGC]] met fin à l'entente qui lie les deux organisations.
 
Souhaitant que leurs membres conservent une affiliation nationale et mondiale, les GFC entament des négociations avec l'ASC en vue de permettre l'intégration de ses membres à l'association scoute, sur une base individuelle. Après avoir obtenu des garanties quant au maintien d'unités homogènes féminines, l'Association des guides francophones du Canada se dissout. Durant les deux années suivantes, l'ASC devra aménager une place pour 11 000 nouveaux membres. Ce dossier, confié à [[Nicole Rondeau]] (qui deviendra la première commissaire au Programme des jeunes de l'ASC, puis la première commissaire nationale féminine du scoutisme canadien), mènera notamment à la création de toutes nouvelles unités féminines scoutes, les [[hirondelles]], les [[exploratrices]] et les [[intrépides]].
 
====Mise à jour des programmes de l'ASC====
En [[1988]], l'Association publie une nouvelle édition de [[Meute en chasse]], le manuel des [[Louveteaux (ASC)|louveteaux]]. Au cours des années suivantes, toutes les branches verront leurs manuels réédités: [[Castors en plongée]] ([[1991]]), [[Parcours d'Éclaireurs]] ([[1993]]) et [[Cimes]], pour les [[Pionniers (ASC)|pionniers]], en [[1995]]. Les programmes de formation des animateurs, des cadres et des formateurs sont aussi révisés. En 1994, de nouveaux critères sont élaborés pour le badge [[Annapurna]]. En outre, l'ASC récupère la gestion du programme Ours polaire, laissé aux districts depuis plusieurs années, et l'encadre par la publication du manuel [[Scoutisme d'hiver]].
 
===1995 à 2007 : Les défis de la modernité===
====Les premiers pas====
À partir de [[1995]], l'ASC fait face à de nouveaux défis. Elle doit améliorer son image, de même que la rétention et le recrutement, afin d'endiguer la baisse d'effectifs. Elle en profitera aussi pour instaurer quelques changements du point de vue organisationnel.
 
Le changement le plus ''visible'' est probablement celui de l'uniforme. Le gilet de coton beige à manches longues des louveteaux, de même que la chemise beige à manches courtes des éclaireurs, disparaissent pour des chemises semblables à celles des pionniers et des [[Scouts-aînés (ASC)|scouts-aînés]], mais de couleur vert forêt pour les louveteaux et bleu marine pour les éclaireurs. Divers autres changements sont aussi apportés.
 
En outre, conformément aux orientations de l'[[OMMS]], l'ASC prend le virage de la formation modulaire. Des modules généraux sont créés, de même que des modules préalables aux étapes du [[Badge de bois]], pour les animateurs, du [[Nœud de Cabestan (insigne)|Nœud de Cabestan]], pour les gestionnaires, et du tout nouveau [[Nœud de Tisserand (insigne)|Nœud de Tisserand]], pour les formateurs.
 
L'approche de l'Association, au niveau spirituel, se modifie aussi. Déjà, en [[1980]], la Conférence des évêques catholiques du Canada, dans une lettre, avait approuvé une redéfinition de l'ASC en ''« association francophone offrant des services confessionnels pour tous et lien privilégié avec l'Église Catholique Romaine. »''. En [[1983]], l'entente de reconnaissance avait été modifiée, à la demande de la BSC, afin d'enlever le qualificatif ''« catholiques romains »''<ref>l'ASC s'adresse ''« aux adultes et aux garçons catholiques romains d'expression française »''.</ref>. Suivant encore la mouvance mondiale, l'ASC remplace son approche ''pastorale'' par une approche de ''développement spirituel'' et dans cette optique publie, en 1999, le manuel [[Azimut]].
 
Au point de vue du programme des jeunes, dans la première moitié des années 1990, les méthodologies masculines avaient été mises à jour, et de toutes nouvelles méthodologies avaient été crées pour la plupart des groupes d'âge. En [[1997]], c'est au tour des [[Scouts-aînés (ASC)|scouts-aînés]], avec le manuel [[Servir]], qui introduit notamment le badge [[Oméga]], attribué à un carrefour pour un service exceptionnel. En [[1999]], l'ASC publie en outre le manuel [[Cap sur le large]], une proposition de scoutisme marin pour les 11-14 et les 14-17 ans.
 
==== 2001 Début du rapprochement entre plusieurs associations de scoutisme indépendantes de l'ASC ====
Avec la baisse généralisée du scoutisme au Canada, les plus petites associations se retrouvent avec de moins en moins de ressources. Il commence à être très difficile d'organiser des activités d'envergures comme des [[camporee]]s nationaux pour certaines d'entre-elles. C'est en [[2001]] que plusieurs de ces associations mettent en communs des ressources pour organiser le Camporee du Cougar. Ce camporee a eu lieu du [[18 mai|18]] au [[21 mai]] [[2001]] et il regroupait les associations suivantes : l'[[AEBP]], l'[[AQAB]], la BPSAC et la FNE. L'expérience sera répétée plusieurs fois dans les années qui suivirent. Avec le temps, les relations se réchauffent entre elles et des négociations commencent à se faire pour augmenter la collaboration, voire même une potentielle fusion pour certaines. Ces négociations seront le cheval de bataille de [[Xavier Kalibbala]], dont le travail acharné lui permettra de recevoir la médaille de l'[[Prix et décorations de l'AABP| Étoile de Baden-Powell]] en [[2013]].
 
===2007 à aujourd'hui : Un nouveau départ===
==== 2007 Création d'une autre association de scoutisme nationale au Canada: l'AABP ====
Plusieurs groupes indépendants de l'Association des Scouts du Canada dont l'[[Association des éclaireurs Baden-Powell]] s'unissent pour former une autre association nationale complémentaire à l'ASC. Ce regroupement portera le nom de l'[[Association des aventuriers de Baden-Powell]]. Bien que cette association soit complètement indépendante de l'ASC, plusieurs échanges de matériel et de services auront lieu entre les deux associations, principalement au niveau de la formation et de la sécurité des jeunes. L'ASC a d'ailleurs travaillé en collaboration avec l'AABP pour la refonte de sa branche jeune adulte en [[2011]]-[[2012]]. Le résultat pour l'Association des Scouts du Canada a été une nouvelle méthode reprenant plusieurs éléments de celle qui était déjà utilisée à l'AABP, mais en tenant compte des différences propres à l'ASC.
 
==== Révision de tous les programmes de l'[[Association des aventuriers de Baden-Powell]] ====
Dans le but de compléter la fusion des petites associations la formant, l'[[AABP]] commence une révision en septembre [[2007]] de tous les programmes méthodologiques pour prendre les points forts de chaque ex-association. Cette révision s'est fait avec la collaboration des unités pour trouver un juste milieu et standardiser une formation au niveau national. Bien que quelques chefs aient montré de la résistance, cette réforme a été un succès grâce à la volonté des membres de faire fonctionner la nouvelle association. L'association entre alors dans une période d'expansion marquée et s’étend sur plusieurs provinces, augmentant ses membres chaque année depuis [[2009]].
 
==== Création de la corporation ''Les Scouts marins du grand Montréal''====
Depuis quelques années, les ressources se font rares pour les groupes marins au Québec et ceux-ci sont en fort déclin. Dans le but d'arrêter l’hémorragie, les groupes marins restants concentrent leurs ressources pour fonder les [[Scouts-marins du grand Montréal]], une coopérative visant à mettre en commun les ressources des groupes et à faire la promotion du [[scoutisme marin]].
 
====Les États généraux du scoutisme francophone canadien (Association des Scouts du Canada)====
Malgré les changements expliqués précédemment, les effectifs continuent de décliner. En [[1982]], l'ASC a atteint un sommet dans son effectif (avant l'arrivée des 11 000 guides) avec 26 968 jeunes. En [[1993]], juste avant le sabordage des GFC, l'Association recensait 22 077 jeunes, un effectif qui continue de diminuer. En février [[2009]] , on y dénombrait plus que {{formatnum:13289}} jeunes. Devant cette baisse généralisée, l'ASC décide de convoquer des [[États généraux du scoutisme francophone canadien|États généraux]] afin de repenser le scoutisme francophone canadien. Après plusieurs années de consultation et d'étude, plusieurs conclusions sont mises en place.
 
Au niveau des structures, les quatre fédérations sont mises en veilleuse. L’Assemblée générale sera dorénavant constituée par les districts. D'autres mesures visent notamment un allégement des structures, une adaptation de la méthode scoute selon les groupes d'âge, une formation plus ciblée pour les adultes, une mise à jour des programmes, la mise en œuvre d'un plan de communication, etc.
 
====2012 - 2013 : Une année de service très riche pour les routiers canadiens-français====
L'année [[2012]]-[[2013]] marque une mobilisation des clans de routiers des différentes associations sans précédent. En effet, le Canada héberge deux activités d'envergures : le [[moot]] de l'[[OMMS]], le Rover-Moot de l'[[AABP]] (du [[30 août]] au [[2 septembre|2 septembre]]). À cela, il faut ajouter les activités nationales annuelles régulières comme la [[Route de Pâque]] et le carrefour national de l'[[ASC]].




==Sources==
==Sources==
* [http://www.scoutsducanada.ca/documents/05_Formation/soc1008.pdf Module de formation SOC1008 - Histoire du Mouvement scout (2000)] sur le site de l'[[Association des scouts du Canada]]
* [http://www.scoutsducanada.ca/documents/05_Formation/soc1008.pdf Module de formation SOC1008 - Histoire du Mouvement scout (2000)] sur le site de l'[[Association des scouts du Canada]]
* [http://www.aventuriersdebadenpowell.org/Historique.aspx Histoire du mouvement scout] sur le site de l'[[Association des aventuriers de Baden-Powell]]
* [http://www.aventuriersdebadenpowell.org/Historique.aspx Histoire du mouvement scout] sur le site de l'[[Association des aventuriers de Baden-Powell]]

Version du 21 avril 2020 à 22:21

Bien qu’aujourd’hui le scoutisme canadien-français soit relativement stable où la plupart des unités de scoutisme francophones sont réparties entre l'Association des Scouts du Canada et l'Association des aventuriers de Baden-Powell, l'historique en est autrement plus complexe. Le Canada faisant alors partie de l'Empire britannique, le scoutisme y fait son apparition dès 1909, chez les anglophones. Du côté Canadien-français, les premiers éclaireurs connus apparaissent en 1911 quand, à l'occasion d'un voyage au Canada, Baden-Powell est accueilli à Québec par des scouts francophones. On ignore toutefois de quelle unité ils faisaient partis, et s'ils étaient les seuls représentants de leur espèce. Le scoutisme canadien-français ne se développera de façon plus ou moins organisée que plusieurs années plus tard.

Les débuts du scoutisme canadien-français (1918-1960)

Les premiers scouts canadiens-français se joignaient aux unités du Canadian General Council[1] de la Boy Scout Association. À l'époque, l'Église catholique canadienne, très forte, surtout au Québec, désapprouvait le scoutisme (auquel elle attribuait des racines protestantes et franc-maçonnes de par son fondateur).

Balbutiements et unification

Une première troupe francophone, la 41e Notre-Dame, affiliée à l'organisation anglophone, fut fondée à Ottawa, le 29 mars 1918. C'est l'abbé Joseph Hébert, vicaire à la basilique d'Ottawa qui fonda la troupe. Le côté catholique était très présent et son premier camp s'apparentait presque à une retraite fermée sur la vocation religieuse. Cette initiative reste toutefois isolée, car le clergé canadien s'oppose toujours au scoutisme.

Au Québec, ce n'est qu'en 1925, que la première troupe est fondée. C'est dans la paroisse Saint-Antoine de Longueuil qu'un jeune instituteur, Georges-Henri Sainte-Marie, fonda cette troupe. Ce dernier avait rencontré des scouts catholiques, pour la première fois, au moment d'un pèlerinage à Lourdes, en 1924. M. Sainte-Marie refuse toutefois de l'affilier au CGC, et se fait parrainer par une troupe française, la 19e Paris SDF de Gustave Daumas.

La troupe se rendit à Sainte-Rose pour y faire son premier camp d'été. Les scouts de Longueuil firent la promesse selon le texte du Père Sevin : « Sur mon honneur, avec la grâce de Dieu, je m'engage à servir de mon mieux Dieu, l'Église et la Patrie, à aider mon prochain en toutes circonstances, à observer la loi scoute ». La devise du scout est « Sois prêt ». Le premier foulard est blanc avec une bordure jaune (couleurs du Saint-Père).

La même année, l'abbé Lionel Groulx, un des chefs de file nationalistes de l'époque, rencontre un groupe de scouts près de sa maison d'été et est emballé par sa découverte. Avec le père jésuite Adélard Dugré, ils étudièrent la question et ce dernier publia au mois de mai 1926 un rapport appelé Éclaireurs Canadiens-Français qui allait trancher sur la viabilité d’un scoutisme catholique francophone. Ils concluent que le scoutisme serait désirable pour les Canadiens-Français à condition d'être adapté. Le militarisme devrait être tourné en patriotisme et amour du Canada-Français. Ils recommandent par contre de ne pas s’affilier avec les Boy Scouts, mais de plutôt s’établir en parallèle pour plus de liberté.

Sous leur impulsion, en 1926, les frères laïcs Philippe et Guido Morel forment les deux premières troupes de Montréal. La 1re St-Jean-Berchmans le 13 septembre 1926 et la 2e Immaculée-Conception le 20 septembre 1926. Une Loi scoute et une prière sont rédigées. La croix de Jérusalem chargée d'une feuille d'érable est choisie comme emblème.

Le 26 juin 1928, les cinq troupes de la région de Montréal, la troupe de M. Sainte-Marie, celles des frères Morel et 2 autres obtiennent une charte provinciale au nom de la Fédération catholique des éclaireurs canadiens-français. Cette fédération de scout montréalais qui voit le jour représente la première organisation francophone de scoutisme au Canada. Il existe maintenant une alternative pour les groupes au Canadian General Council. Les membres de la Fédération recevront cette même année la visite officielle de Paul Coze[2].

Après cette union, le scoutisme se répand un peu partout dans la province. En 1928, c'est au tour de Trois-Rivières de joindre le scoutisme avec la fondation de la Troupe Cloutier, qui deviendra par la suite la Troupe Sainte-Marguerite. Le 4 avril 1930 à Saint-Hyacinthe, c'est à la demande de Mgr Fabien Zoël Decelles que l'abbé Eugène Goulet assisté de l'abbé Victor Quintal fondent la 1re troupe Cathédrale de Saint-Hyacinthe. Pour Québec, la première troupe fit son apparition en 1930 alors que pour Sherbrooke ce fut en 1931, pour Joliette et le diocèse de Saint-Boniface au Manitoba en 1932.

Le scoutisme francophone se développe, mais de façon éparse, dans plusieurs diocèses, au Québec et ailleurs au Canada. Les nouvelles troupes choisissent de demeurer indépendantes, de s'affilier à la Fédération ou au Canadian General Council, ou encore de former des associations diocésaines. En 1933, outre la Fédération de Montréal il existe les Scouts catholiques de Trois-Rivières et les Scouts catholiques de Québec qui pratiquent un scoutisme indépendant. Le scoutisme canadien-français n'est donc pas encore reconnu ni sur le plan canadien ni sur le plan international.

Le premier clan de routiers est aussi mis sur pied à Trois-Rivières en 1930. C'est l'année suivante que les Guides-Aînées font leur apparition au Canada.

En 1932, la première meute de louveteaux de Longueuil, s'adressant aux garçons de 8 à 11 ans, fut fondée par Jean-Marie Girouard.

Le 15 mai 1934, les évêques de la province décident de fonder la Fédération des scouts catholiques de la province de Québec. Cela fait suite au désir d'unification du scoutisme francophone québécois du cardinal-archevêque de Québec, Mgr Rodrigue Villeneuve. Cette initiative impliquait la fusion et donc la dissolution des 3 fédérations diocésaines existantes. La Fédération Catholique des Éclaireurs s'y est opposée au départ, mais finit par se rallier au projet. La nouvelle Fédération est officiellement en place le 11 décembre 1934.

La fédération s’affiliera officiellement au Canadian General Council le 10 avril 1935 via une entente de reconnaissance que Baden-Powell approuva en personne le 27 mai à l'archevêché de Québec alors qu'il était de passage au pays pour une quatrième et dernière fois[3]. Cet accord que signa le Cardinal Villeneuve au nom des Scouts du Québec permet d’officialiser le contrôle du clergé catholique sur le mouvement scout francophone au Québec. En effet, il est prévu que la méthode pourra subir des petites modifications pour s'adapter à la culture et à la mentalité des Canadiens-français. Selon l'entente, la Fédération possède maintenant deux sièges sur le conseil exécutif du CGC. Elle stipule toutefois aussi que la nouvelle Fédération exercera son mandat uniquement sur le territoire québécois. Les unités scoutes francophones hors Québec ne peuvent donc pas être membres de la Fédération.

La Fédération adopte ses statuts et règlements en janvier 1936; ils seront appelés à régir le scoutisme pendant les vingt prochaines années. Le 12 novembre 1936, le Parlement de la Province votera une loi spéciale qui constituera la Fédération des scouts catholiques de la province de Québec.

Dans la période 1937-1940, l'exemple des Scouts de France est souvent suivi, ainsi avec Guy Boulizon qui joue un rôle de passeur. Il fonda le groupe 55e Guynemer basé de sur son expérience de scoutisme français et en s'inspirant de l'exemple des troupes françaises. Il fut aussi impliqué par après au sein de la Fédération.

1931 15 troupes 350 scouts
1933 40 troupes 1000 scouts

Organisation et croissance

Au cours du quart de siècle suivant, le scoutisme francophone canadien développera, grâce à la FSCPQ, ses symboles, ses programmes et des activités.

Des événements provinciaux sont organisés de plus en plus par la fédération. Son premier Jamboree aura lieu en août 1937 à l'île Sainte-Hélène de Montréal avec 1 500 participants. Un camp de formation (stage Dollard) pour l'obtention du Badge de Bois à la Mine en Mauricie est donné. Il est dirigé par un chef scout français diplômé lui-même de Gilwell Park, Henry Dhavernas. C'est du 20 au 28 août 1951 et à Vaudreuil que se tiendra le deuxième Jamboree de la Fédération où 3 000 scouts s'étaient rassemblés.

En 1951 sera imprimé le premier calendrier scout de la Fédération. Ils serviront au financement des groupes et constitueront aussi un important outil de visibilité. Dès 1954, le premier manuel technique pour les jeunes est lancé de par la publication de la première édition du carnet Cibles.

Le 8e Jamboree mondial eut lieu pour la première fois au Canada à Niagara-on-the-Lake en 1955. Le nombre de participants s'élevant à 11 139 scouts en incluait 500 du Québec et 1200 de la France.

En 1954 fut lancé le badge Annapurna par le commissaire Gérard Corbeil de la Fédération. Cette nouvelle distinction peut être remise à des groupes éclaireurs ou à des routiers qui accomplissent un exploit physique hors du commun.

Les prémisses d'une association francophone pancanadienne

Vers la fin des années 1940, certaines unités ontariennes sont insatisfaites de la situation, notamment dans les diocèses limitrophes ou chevauchant la frontière entre le Québec et l'Ontario, notamment à Ottawa. Paul McNicoll, commissaire diocésain d'Ottawa à cette époque, réclamait la possibilité d'affilier l'ensemble des unités du diocèse (côté ontarien et côté québécois) à la Fédération. D'autres diocèses (Pembroke, Alexandria et Timmins) ont fait la même demande. En 1948, la BSC accepte d’amender l'entente de 1935 en acceptant les demandes d'Ottawa et Pembroke, mais refuse les autres.

Beaucoup d'énergie sera consacrée à cette question au cours de la décennie suivante, la question n'étant pas réglée. D'autres districts, comme Sault-Sainte-Marie, en Ontario, ou Saint-Boniface, au Manitoba, ont répété la même demande que les diocèses limitrophes : intégrer les unités scoutes francophones à la Fédération. En 1951, la BSC met en place un comité afin d'examiner la question. Divers scénarios seront examinés tout au long des années 1950, y compris une unification complète du scoutisme canadien. Un compromis, accepté par la Fédération, mais refusé par les évêques en dehors du Québec, prévoyait la création d'une confédération du scoutisme catholique canadien, avec une fédération francophone et une fédération anglophone. Trouver une situation satisfaisante pour tous s'avérait difficile.

Les débuts de l'ASC (1960-1965)

La fondation

Le 13 octobre 1960, le secteur francophone de la Conférence Catholique canadienne des évêques décide de créer un Conseil général canadien des scouts et des guides catholiques, formé de représentants des quatre régions actuelles (Maritimes, Québec, Ontario et Ouest). Leur mandat sera de fonder une association canadienne catholique pour tous les scouts canadiens-français et une autre pour toutes les guides canadiennes-françaises. Le but est de pouvoir traiter d'égal à égal avec l'association anglophone et, éventuellement, d'établir un organisme parapluie; la BSC regrette vivement cette décision.

Le 21 octobre 1960, ce nouveau conseil va se réunir pour une première fois à Ottawa. Mais ce n'est qu'à la seconde rencontre du 3 au 4 mars 1961 que le Conseil crée à sa première journée, les Scouts Catholiques du Canada et à sa deuxième, les Guides catholiques du Canada[4]. Les Scouts catholiques du Canada se dotent d'un premier exécutif, présidé par Charles D'Amour, et d'un commissaire national, Gérard Corbeil. Quatre diocèses sont immédiatement reconnus : Saint-Boniface (Manitoba), Ottawa (Ontario), Sault-Sainte-Marie (Ontario), et Gravelbourg (Saskatchewan).

La mise sur pied et la reconnaissance

La Fédération est alors encore en activité et n'est pas formellement intégrée au projet, cela explique pourquoi aucun diocèse québécois n'a été reconnu à l'origine. Elle accorde néanmoins un appui sans réserve au projet : le commissaire national Corbeil était déjà commissaire de la Fédération, la nouvelle organisation occupe le même bureau qu'elle, et moins d'un an après sa création, 14 diocèses québécois ont déposé leur requête d'affiliation. Alors que la Fédération consacre toutes ses énergies à la mise sur pied de l'association, celle-ci tente de conclure une nouvelle entente avec la BSC et d'obtenir une charte fédérale d'incorporation, deux projets qui mettront plus de six ans à se concrétiser.

Les négociations battent de l'aile : la BSC base sa position de négociation sur le principe One Canada, one Boy scout Organization. En décembre 1964, le général Georges Vanier, Gouverneur général et Chef scout du Canada, convoque les représentants des Scouts catholiques du Canada et de la BSC à une rencontre à Rideau Hall, sa résidence officielle. Les deux organisations sont sommées de s'entendre. Un comité paritaire est alors formé, mais ça prendra encore quelques années avant qu'un accord soit ratifié.

L'entente nommée Ensemble / Together qui vient remplacer la précédente de 1935 sera signée le 22 février 1967. Les francophones oublient l'organisation parapluie et les anglophones, la formule de l'organisation unique. Ce qui deviendra bientôt l'ASC s'adresse « aux adultes et aux garçons catholiques romains d'expression française » alors que la BSC peut recruter chez tous ceux qui respectent ses exigences. En outre, chaque organisation devra conserver ses caractéristiques propres, comme l'uniforme. Enfin, au niveau international, l'ASC sera reconnue par l'OMMS et pourra participer aux instances internationales « par l'entremise » de la BSC, sauf pour la Conférence internationale catholique du scoutisme, où l'Association est membre de plein droit.

En 1968, la Fédération des scouts catholiques de la province de Québec accepte de s'effacer derrière l'Association des Scouts Catholiques du Canada. C'est alors ainsi que l'association décide de s'incorporer. Une loi, adoptée par le Parlement canadien et sanctionnée le 9 juillet 1969, officialise la création de l'Association des scouts du Canada[5]. Les énergies de l'Association pourront dorénavant se concentrer sur la structuration et la mise à jour du scoutisme canadien-français.

Une décennie de réformes (1965-1975)

Le long processus de reconnaissance et d'incorporation n'a pas eu une très grande influence sur la vie de tous les jours des unités. Les choses se déroulent un peu comme elles étaient avant, même au niveau des activités conjointes entre la Fédération et Boy Scouts. Cependant, à partir de 1965, l'Association entame d'importantes réformes qui ne firent pas l'unanimité.

Pédagogie et traditions

Le premier grand changement prend forme en novembre 1966. Emboîtant le pas à la Boy Scouts of Canada et, surtout, aux Scouts de France, l'Association crée la branche des Pionniers. Ce faisant la branche des éclaireurs est alors scindée en 2 groupes distincts, les éclaireurs pour les 12-14 ans et la nouvelle branche pour les 14-17 ans. Cette initiative marque l'introduction de la pédagogie du projet à l'ASC, telle que présentée par François Lebouteux, commissaire de la branche éclaireur des Scouts de France, dans le livre L'École du Chantier. Les premiers manuels pionniers, inspirés de cette méthode, sont publiés en 1967. L'année suivante, c'est au tour de la méthodologie éclaireur d'être revue, et finalement celle des louveteaux en 1969.

Plusieurs traditions scoutes sont aussi mises à jour et adaptées, à commencer par l'uniforme. Il est mis au goût du jour, et de différentes couleurs d'une branche à l'autre. Il est aussi simplifié; une grande partie des anciens ornements qu'on pouvait y trouver, de même que de la pléthore de badges de spécialité disponibles, sont abandonnés. La Loi scoute est aussi réécrite, en modifiant surtout le vocabulaire jugé dépassé. Le foulard national bleu liséré jaune est adopté dès 1966. Et pour finir avec les changements, au niveau du vocabulaire, les chefs et des assistants-chefs sont remplacés par des animateurs-responsables et des animateurs.

Pratiques organisationnelles

L'Association adopte aussi de nouvelles façons de faire organisationnelles. Au niveau de la formation, une série de documents sont produits au début des années 1970 pour mettre à jour le contenu et encadrer la formation tant des chefs que des gestionnaires et des formateurs eux-mêmes. Ces nouvelles orientations de formation s'inscrivent notamment dans la lignée des résolutions prises par la Conférence mondiale d'Helsinski, en 1969.

En outre, l'Association adopte une structure plus démocratique. De nouveaux règlements généraux sont adoptés, et une assemblée générale des districts (qui remplaceront les diocèses en 1969, dans les nouveaux règlements généraux) est instituée. Certains diocèses trouvent cependant la structure trop centralisée, le diocèse de Montréal se retirant même de l'Association pour une brève période. L'ancienne Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec, de son côté, met fin à ses opérations et, sans toutefois se dissoudre, mandate l'Association pour agir en son nom.

Enfin, tout en conservant son statut confessionnel, le scoutisme canadien-français se laïcise. De moins en moins d'unités ont des aumôniers, des membres de d'autres confessions sont acceptées et, surtout, l'épiscopat canadien prend une part beaucoup moins active aux activités et aux décisions de l'Association.

Scission du scoutisme francophone

Une telle vague de réformes ne pouvait manquer de faire des mécontents. Certains responsables qui n'acceptent pas ces changements quittent tout simplement le mouvement, alors que d'autres tentent de les endiguer. En 1969, le diocèse de Montréal s'était même retiré de l'Association. Même si cette dernière reconnaît, en 1970, une association de district formée par certains groupes souhaitant conserver leur affiliation nationale, il faudra encore deux ans avant une réunification du scoutisme montréalais.

Au cours des premières années de la réforme, l'ASC tolérait la cohabitation avec l'ancienne méthode. Mais à la fin des années 1960, elle ordonna au magasin scout La Cordée de ne plus vendre de matériel et d'insignes aux unités récalcitrantes. C'est dans ce contexte que le 13 octobre 1973, un groupe de chefs, menés par Florian Bernard et Denis Charbonneau, décident de fonder une nouvelle organisation, inspirée des Scouts d'Europe, Les Éclaireurs du Québec. Elle changera de nom peu après en AGA pour éviter toute confusion avec une autre association pour porter le nom officiel d'Association des éclaireurs Baden-Powell (AEBP). Sa fondation répond au désir de sauvegarde d'un scoutisme plus traditionnel (Uniforme, promesse, loi, éclaireur de 12 à 17 ans, etc.). À sa création, la nouvelle association compte plus de 1600 membres.[réf. nécessaire] En même temps, d'autres disputes au sein de l'ASC amèneront à la création de l’Association Bayard Québec (ABQ) à Repentigny.

Scoutisme Canadien-Français Moderne (1975 à aujourd'hui)


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Scoutisme canadien-français moderne



Sources



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Notes et références


  1. Le Conseil général canadien, à l'époque une division de l'association britannique, deviendra éventuellement la Boy Scouts of Canada, aujourd'hui Scouts Canada.
  2. Correspondances dans le fonds Paul Coze, au Laboratoire scout de Riaumont.
  3. À l'occasion de ce voyage, le fondateur rendit notamment visite aux 2 000 scouts canadiens-français présents à l'École Normale Jacques-Cartier.
  4. Les membres fondateurs de ces associations sont au nombre de dix: Charles D'Amour et l'abbé Donat Albert (Maritimes); Jean-Marie Poitras, Gérard Corbeil et Mgr Maurice Patry (Québec); Mgr Jacques Landriault, Paul McNicoll et Robert Bélanger (Ontario); l'abbé Félicien Juneau et Herménégilde Dubé (Ouest).
  5. Le nom Scouts catholiques du Canada a été changé pour Association des scouts du Canada. L'abandon de l'épithète « catholique » ne change toutefois pas le statut confessionnel de l'Association.