Fédération des scouts catholiques de la province de Québec

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La Fédération des scouts catholiques de la province de Québec fut de 1935 à 1961 la plus grande association de scoutisme Canadien-français.

Histoire[modifier | modifier le wikicode]

Depuis la création en 1928 de la Fédération catholique des éclaireurs canadiens-français se posait l'épineux problème de ses rapports avec la Boy Scouts association canadienne soutenant être le seul mouvement à avoir le droit de se réclamer du scoutisme au pays. La Boy Scouts avait cependant admis de tout temps des jeunes Canadiens français dans son sein et a même accepté la formation de troupes entièrement francophones et catholiques comme à Ottawa.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Histoire du scoutisme canadien-français


Photo de couverture du livre d'histoire Scouts un jour!'

Fondation[modifier | modifier le wikicode]

Le Cardinal Villeneuve à Québec signe un accord à Ottawa le 10 avril 1935, qui sera paraphé par Baden-Powell en personne le 27 mai à l'archevêché de Québec, reconnaissant ce scoutisme catholique et canadien français, inspiré et soutenu par les Scouts de France. Mais il faut bien remarquer que cette nouvelle Fédération reste alors limitée à la province de Québec.

Fin janvier 1936 paraissent les statuts et règlements de la nouvelle Fédération qui régiront l'organisme pendant près de deux décennies. La séparation des scouts et des guides y est clairement affirmée. Les aumôniers à tous les niveaux gardent un droit de veto sur toute décision pour des raisons d'ordre moral. Le patron de la Fédération est désormais saint Georges et le texte de la promesse inclut maintenant la phrase «Dieu, l'église, le Roi et le Canada», de même la deuxième loi exige que le scout soit «Loyal à son Roi, (et) à son pays», et non plus spécialement le Canada français (cf. Pour devenir éclaireur canadien-français de 1928)[1]. En 1954 la Fédération publiera de nouveaux statuts et règlements dont l'esprit diffère peu de ceux de 1936.

Du côté des Guides, depuis le premier essai à Ste Catherine à Ontario dès novembre 1909, et après la première compagnie catholique francophone dans la paroisse Saint-Cœur-de-Marie à Québec en 1928, les premières Jeannettes font leur promesse à Trois-Rivières le 25 mai 1933 (Commissaire Blandine Neault). Le 22 mars 1938, trois ans après une fédération des guides catholiques du diocèse de Montréal, ce sera le lancement de la Fédération des Guides Catholiques de la Province de Québec (1345 membres, sur six diocèses).

La croissance du scoutisme catholique québécois fut relativement lente. On estime au début des années 1940 à 125 000 le nombre de garçons francophones de 12 à 15 ans, dont le quart à Montréal[2], alors que le mouvement scout catholique ne compte quelque 2 000 membres. Des quinze cents scouts environ qu'elle compte au départ en 1935, la Fédération passe en 1945 à près de 5 000, malgré la guerre qui l'a privé de chefs. Dix ans plus tard il y aura près de 14 000 scouts dans la Fédération. Les effectifs doublent de nouveau dans la décennie qui va de 1955 à 1965. En 1966 le mouvement comptera près de 27 000 membres avant de rebaisser à 22.500 jeunes en 1975 suites aux réformes pédagogiques[3] qui ont suscité des divisions[4].


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Scoutisme canadien-français moderne



Evènements[modifier | modifier le wikicode]

Premier calendrier datant de 1951

Des événements provinciaux sont organisés comme le premier Jamboree au mois d'août 1937 à l'île Sainte-Hélène de Montréal. Avec comme thème Source et Rayonnement, 1500 membres de la Fédération étaient présents.

Un deuxième jamboree fêtera le 25e anniversaire du 20 au 28 août 1951 à Vaudreuil. Cette fois-ci avec le thème de Les Chevaliers de Notre-Dame c'est entre 2.500 et 3.000 scouts qui y participeront[5].

En 1951 sera imprimé le premier calendrier scout. Ils serviront au financement des groupes et constitueront aussi un important outil de visibilité. Dès 1954, le premier manuel technique pour les jeunes est lancé de par la publication de la première édition du carnet Cibles.

Deux évènements mondiaux après-guerre auront un impact indirect sur la Fédération au Canada. Le 8e Jamboree mondial qui eut lieu à Niagara-on-the-Lake en 1955 (avec 11 139 scouts, dont 500 du Québec et 1200 de la France). Et le déménagement du Bureau mondial du scoutisme de Londres à Ottawa de 1957 à 1968.

En 1954 fut lancé le badge Annapurna par le commissaire Gérard Corbeil de la Fédération. Cette nouvelle distinction peut être remise à des groupes éclaireurs ou à des routiers qui accomplissent un exploit physique hors du commun.

Restructuration[modifier | modifier le wikicode]

Le début des années 1970 voit aussi la solution d'un épineux problème, celui des nouveaux rapports entre la Boy Scouts et la Fédération. La multiplication d'unités scoutes canadiennes-françaises et catholiques hors du Québec amène à remettre en question l'accord de 1935 qui limite la Fédération au Québec.

Après de longues négociations et diverses tentatives de structures qui durent plus de dix ans, la Boy Scouts et la Fédération arrive à une entente en 1972. La Fédération conserve sa charte pour le territoire québécois et une Association des Scouts du Canada (francophones et catholiques) naît qui regroupe quatre Fédérations: Acadie, Québec, Ontario et Ouest. Les jeunes du Québec constituent les cinq-sixièmes des effectifs de l'association qui favorise les liens entre francophones québécois et francophones hors Québec.

Affiliée à partir de 1935 au Boy Scouts of Canada[6], peu après la fondation de l'ASC chargée d'agir en son nom elle avait été mise en veilleuse en 1969 quand l'ASC se réorganise pour devenir un regroupement de quatre conférences, ou fédérations, ayant chacune juridiction sur une province ou un groupe de province. Les quatre conférences sont : le Québec, l'Ontario, l'Ouest et les Maritime elle est alors réactivée en 1975.

Formation & cadres[modifier | modifier le wikicode]

Monseigneur Patry qui avait a été aumônier scout dès les années 1930 à Trois-Rivières, fut le premier aumônier général de cette fédération des scouts catholiques québécoise. Un jésuite, le P. Maurice Beaulieu publiera plusieurs ouvrages[7] dont de la spiritualité scoute[8]. Les franciscains qui avaient lancé les éclaireurs canadiens-français à Trois-Rivières vont s'illustrer aussi avec le P. Adélard Dion (1897-1949) connu sous son nom de religion : le père Alcantara[9].

Les premiers camps-écoles fédéraux sont organisés à partir de 1937. Du 17 au 29 juillet 1937 un premier camp de formation à la Mine en Mauricie est dirigé par un chef scout français diplômé lui-même de Gilwell Park, Henry Dhavernas DCC des Scouts de France, qui vient diriger ce camp de Saint-Jacques-des-Piles. Et il répétera l'expérience l'année suivante. C'est le début de la troupe Dollard, troupe fédérale de formation des chefs à la badge de bois.

En 1938 et 1939 Albert Lamy[10], prêtre belge, breveté de Gilwell Park (DCC 1934) et spécialiste du louvetisme, vient animer en Nouvelle France deux camps-écoles.

En 1942 a lieu la première Radisson, second camp-école pour former des ACT. En trois ans 93 jeunes chefs y passent. Ces deux Camps Dollard et Radisson se poursuivront jusque dans les années 1960.

Publications[modifier | modifier le wikicode]

  • Première classe (...) Première édition (1944), 164 p.
  • Veux-tu des badges? premier manuel pour les brevets de spécialités paru en 1943
  • Du côté des revues, à fin de 1936, Le Scout catholique tire à 3 000 exemplaires.
  • à partir de 1938 la revue Servir, à l'usage des chefs, portera en sous-titre Revue scoute catholique d'éducation et de culture.
  • Cibles (La Fédération des Scouts catholiques, Canada, Montréal, 1955, 447 p.) manuel de techniques scoutes inspiré du Pistes (FSC) belge.

Contacts Scouts de France[modifier | modifier le wikicode]

Dès le début des éclaireurs canadiens-français à Montréal on remarque ces contacts privilégiés avec l'association des Scouts de France, spécialement à Paris[11]. On a vu plus haut que c'est le DCC français Henry Dhavernas qui a lancé les premiers camps-école.

Les «Petits Chanteurs céciliens» d'Ottawa organisés par Joseph Beaulieu forment une troupe scoute à l'imitation de la Manécanterie française qui avaient fait un séjour remarqué à Québec et à Ottawa dès 1931.

Début d'avril 1934, le P. Forestier O.P. (futur Aumônier général des SDF) dominicain français, directeur de la Revue des Jeunes, vient au Québec donner des conférences sur le scoutisme.

Aux fêtes du IVe Centenaire de la découverte du Canada, en août-septembre 1934, vingt chefs et routiers français avec l'abbé Pierre Ramondot, assistant de l'aumônier-général des Scouts de France, font partie de la Mission qui représente la France[12]. Les scouts français rencontrent des scouts à Québec, Trois-Rivières et Montréal.

Les Canadiens français se rendent aussi étudier le mouvement dans «les vieux pays», tel le dominicain Labonté qui, à la fin de 1936, visite dix fédérations scoutes et rencontre le chef-scout du monde et le pape[13].

Sources[modifier | modifier le wikicode]


Notes et références


  1. Le P. Oscar Bélanger SJ "Ancien aumônier général des Eclaireurs canadiens-français" commente en 1935 ce passage des textes de la fédération des éclaireurs à ceux des scouts catholiques du Québec dans Le scoutisme, sa valeur éducative, L'école sociale populaire, Montréal, 32 p.
  2. En 1938, un observateur estime à quelque 436 000 le nombre des jeunes québécois de 15 à 30 ans. Environ 60 000 appartiennent à des mouvements de jeunesse. Les patronages regroupent 3 000 jeunes tandis que Œuvre des Terrains de Jeux s'occupe de plus de 20 000 enfants (sur l'O.T.J. voir Pierre Savard, « L'implantation du scoutisme au Canada français », dans Les Cahiers des dix, n°32, 1983, p. 253 [texte intégral]. (Note : note 98))
  3. Exemples de polémiques dans le "Courrier du lecteur" du Devoir du 1 mai 1980 (charge contre le «néo-scoutisme» qui sombre dans le laisser-aller et a besoin d'un retour aux sources). Voir aussi les échanges entre le franciscain Pacifique Emond et Jean-Claude Proulx, président de l'association des Scouts du Canada (et prêtre du diocèse d'Ottawa) dans Le Nouvelliste (aux Trois-Rivières) du 11 août, et Le Devoir du 19 septembre 1977.
  4. Sur le "schisme» québécois" de ces années là, voir l'article de Luc Chartrand, «Le Grand Jeu de la Tradition contre le Progrès. Nos scouts en pleine bataille des Anciens et des Modernes», dans Perspectives du 21 janvier 1978 (p. 2 et 4).
  5. Cf. Bulletin de 2014 du District scout de la Montérégie p.3, avec photo de ce badge.
  6. Le Conseil général canadien, à l'époque une division de l'association britannique, deviendra les Boy Scouts of Canada, aujourd'hui Scouts Canada.
  7. P. Maurice Beaulieu SJ, aumônier général des Éclaireurs canadiens-français, Le scoutisme dans l'Évangile, vers 1955 sera traduit en espagnol en 1962, ou encore Maurice Beaulieu SJ, Nos CP et nos grands, Montréal, 1939
  8. Cf. numéro « Marie et le Scoutisme », dans Marie, vol. XIV, n°l, mai-juin 1960.
  9. Aumônier des guides et des scouts, il est aussi professeur de pédagogie à l'Université de Laval, cf. Pierre Savard, « L'implantation du scoutisme au Canada français », dans Les Cahiers des dix, n°32, 1983, p. 250 [texte intégral]. Voir le numéro de la revue scoute Le Feu, Montréal, mars 1950, p. 70 à 128 consacré à la vie et à l'œuvre d'Alcantara Dion, de même que le recueil C’était mon frère (...), Montréal, 1965, p. 154-155.
  10. Ce spécialiste du louvetisme publiera chez Casterman en 1947 Pistes dans la Jungle, exposé de la méthode du louvetisme suivi d'un "Essai d'interprétation catholique" des fondements du louvetisme. Cet ouvrage classique chez les louvetiers reprenant le contenu des cours de ces deux camps-écoles à Dollard. Sur le P. Lamy, on peut se reporter à Fernand Porter, Guides en éducation, Montréal, 1954, p. 271-272.
  11. voir Georges-Henri Sainte-Marie avec Paul Coze et Gustave Daumas, ou Guy Boulizon avec le groupe Montalembert.
  12. Récit circonstancié dans Le Chef, 15 novembre 1934, n°117, p. 533 à 545, (Note : 13e année) et Le Chef, 15 décembre 1934, n°118, p. 637 à 646.
  13. Voir son enquête sur le scoutisme dans la Revue dominicaine, reprise en 1938 et diffusée sous le titre Le Vrai Visage du scoutisme.