« Histoire du scoutisme en France » : différence entre les versions

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Bien que le scoutisme soit né en Grande-Bretagne, la France a eu dès le début du 20ème siècle une réelle influence sur le développement et la diffusion du scoutisme mondial à travers les colonies qu'elle possédait et par la qualité de son scoutisme. Le [[jamboree de la Paix]] organisé à Moisson près de Paris en [[1947]] reste dans la mémoire scoute mondiale comme un des temps forts du scoutisme ''"à la française"'' d'après-guerre.  
Bien que le scoutisme soit né en Grande-Bretagne, la France a eu dès le début du 20ème siècle une réelle influence sur le développement et la diffusion du scoutisme mondial à travers les colonies qu'elle possédait et par la qualité particulière de son scoutisme. Le [[jamboree de la Paix]] organisé à Moisson près de Paris en [[1947]] reste dans la mémoire scoute mondiale comme le temps fort du scoutisme ''"à la française"'' d'après-guerre.  


Par la suite, les mouvements scouts français (et d'autres mouvements scouts en Europe : Belgique, Suisse, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, ...) rénoveront en profondeur leur projet éducatif. Ces réformes pédagogiques, notamment le choix de la co-éducation (éducation concertée des garçons et des filles) et de nouvelles propositions pour les adolescents et les aînés bouleverseront en profondeur le paysage scout mondial.  
Par la suite, les mouvements scouts français (et d'autres mouvements scouts en Europe : Belgique, Suisse, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, ...) rénoveront en profondeur leur projet éducatif. Ces réformes pédagogiques, notamment le choix de la co-éducation (éducation concertée des garçons et des filles) et de nouvelles propositions pour les adolescents et les aînés bouleverseront en profondeur le paysage scout mondial.  


== '''Les débuts du Scoutisme en France''' ==
== '''Les débuts du Scoutisme en France''' ==
=== Les découvreurs du scoutisme en France ===
Depuis les années 1870, en réaction à l'industrialisation et à l'exode rural, avait émergé partout en Europe un besoin d'activités de pleine nature. Cela n'anticipait pas la méthode scoute à proprement parler mais en fixait le lieu privilégié et l'un des moteurs.
Les premiers en France à s'intéresser à cette méthode inventée par [[Robert Baden-Powell|Lord Baden Powell]] sont des journalistes. Le 23 mai [1909], [[Paul Charpentier]] présente les boy-scouts anglais aux lecteurs du ''Journal des Voyages''. Au mois de juillet, [[André Chéradame]] publie un article sur le même sujet dans le ''Petit Journal''.
Cette innovation éveilla immédiatement l'intérêt des éducateurs et surtout des militaires.


=== Les découvreurs du scoutisme en France ===
Les premiers à s'intéresser au Scoutisme de [[Lord Robert BADEN-POWELL|Lord Baden Powell]] sont des journalistes. En juillet [[1908]], [[André Chéradame]] présente les boy-scouts anglais aux lecteurs du ''Petit journal''. L'année suivante, Claude Albaret publie un article sur le même sujet dans le ''Journal des voyages''.
{{voir article|Les découvreurs du scoutisme en France}}
{{voir article|Les découvreurs du scoutisme en France}}
En [[1913]], un rallye scout a lieu à Birmingham en Angleterre et rassemble 30 000 éclaireurs dont des EDF et des EU.


=== L'impossible unité ===
=== L'impossible unité ===
 
Ces pionniers de la méthode scoute ont d'abord tenté, à l'instar des britanniques, de créer un mouvement unique. Ils y sont presque parvenus avec la création en [[1911]] de la [[Ligue d'éducation nationale]] autour de la très médiatique personnalité du [[Pierre de Coubertin|baron Pierre de Coubertin]]. Mais cette tentative était mort-née même si l'Armée et la Marine ont en sous-main appuyé la naissance su scoutisme en France.
[[Henri Viaux]], dans son livre intitulé ''Aux sources du scoutisme français'' (Éditions du Scorpion, 1961), a donné un premier récit de la tentative de fonder un mouvement de scoutisme unifié en France, en 1911.  
{{voir article|L'impossible unité}}
{{voir article|L'impossible unité}}
Philippe Laneyrie (''Les Scouts de France'', Cerf, 1983), Christian Guérin (''L'Utopie des Scouts de France'', Fayard, 1997) et Arnaud Baubérot (''L'Invention d'un scoutisme chrétien'', les Bergers et les Mages, [[1997]]) ont apporté des éclairages complémentaires.
C'est ainsi que [[1911]] verra la création des trois premières associations ([[Éclaireurs français|EF]], [[EDF]], [[EUF|EU]]).


En 1910, le lieutenant de vaisseau '''[[Nicolas Benoit]]''' se rend en Angleterre pour préparer un brevet d'interprète. Dans un article publié dans la revue ''Agora'', débat, jeunesse (n°11, 1998), Daniel Denis a montré qu'il était en réalité envoyé par le service de renseignement de la marine pour se documenter sur le mouvement des Boy-scouts. La marine française, qui avait en charge la gestion des colonies, connaissait la carrière d'officier colonial de BP et voyait dans le scoutisme un moyen de former la jeunesse à de nouvelles techniques militaires. A son retour en France, Nicolas Benoit est chargé par l'État Major de la marine de contribuer à la création d'un mouvement de scoutisme en France.
En [[1913]], un rallye scout a lieu à Birmingham en Angleterre et rassemble 30 000 éclaireurs dont des EDF et des EU. Le 11 mai de la même année à Saint-Cyr, les éclaireurs organisent un grand rassemblement où sont observées des méthodes assez modernes de campement. De fait l'armée à fournit du matériel et un général vient inspecter.
 
Au cours de l'année 1911, Nicolas Benoit noue des contacts avec les fondateurs des premières troupes ainsi qu'avec diverses personnalités intéressées par le scoutisme. Le projet se dessine de fonder une association commune. Le ''Journal des voyages'' soutient le projet et engage une campagne de presse en sa faveur.
 
 
'''[[Pierre de Coubertin]]''', rénovateur des Jeux Olympiques modernes et grand admirateur des sports anglais, apporte aussi son concours. Il propose de transformer la Société des sports populaires (qu'il a fondée en 1909) en une '''[[Ligue d'éducation nationale]]''' rassemblant toutes les initiatives de scoutisme réalisées en France. Ainsi, la nouvelle association bénéficiera du support d'une structure existante. Coubertin met également sa notoriété au service du scoutisme en acceptant la présidence de la Ligue. Enfin, il mobilise ses réseaux dans les milieux éducatifs et obtient le parrainage du recteur Liard.
 
Toutefois, des dissensions apparaissent rapidement au sein de la Ligue d'éducation nationale. Au moment de sa fondation officielle, '''[[Nicolas Benoit]]''', '''[[André Chéradame]]''', '''[[Georges Bertier]]''' et le '''[[Georges Galienne|pasteur Gallienne]]''' s'en sont déjà séparés pour lancer une association concurrente : les [[Éclaireurs de France]].
 
 
La désunion provenait moins de questions liés à laïcité, comme on le croit souvent, que du désir différent des Éclaireurs de France et de la Ligue d'éducation nationale de se démarquer plus ou moins fortement du scoutisme anglais. Nicolas Benoit, à qui son État Major avait confié la mission de fonder un mouvement français analogue au mouvement britannique, souhaitait lancer d'emblée une organisation très structurée et hiérarchisée. A l'inverse, l'entourage de Coubertin souhaitait fédérer les différentes initiatives au sein de la Ligue d'éducation nationale en laissant à chacune une grande liberté dans l'adaptation de la méthode de Baden-Powell. En outre, les personnalités qui se joignirent à Nicolas Benoit pour fonder les Éclaireurs de France étaient animées d'une sensibilité nationaliste que ne partageaient pas les proches de Coubertin. Ce nationalisme s'explique par le contexte particulier de cette époque et par la menace d'une guerre imminente avec l'Allemagne. Enfin, la piètre qualité des relations personnelles entre Nicolas Benoit et Pierre de Coubertin a également joué un rôle dans l'échec de la Ligue.
 
 
De leur côté, les '''Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG)''' ont activement collaboré à la tentative de création d'un mouvement unifié. Toutefois, prenant acte de l'échec de la Ligue d'éducation nationale, elles s'attachent alors à donner corps au mouvement des [[Éclaireurs unionistes de France]]. Il s'agit pour elles à la fois de maintenir l'orientation chrétienne de leur scoutisme et d'éviter que des associations neutres fortement structurées exercent une trop forte attraction sur leurs troupes. Cela n'empêche pas les Éclaireurs unionistes d'entretenir de bonnes relations avec les deux autres associations et de coopérer ponctuellement avec elles. Après la Première Guerre mondiale, les liens entre Éclaireurs unionistes et Éclaireurs de France se resserrent. A partir de 1923, les deux associations partagent le [[camp-école de Cappy]] et organisent des sessions de formations de chefs en commun ou à tour de rôle. Jusqu'en [[1932]], elle publient ensemble le [[Journal des éclaireurs]].
 
 
Le projet de mouvement unique est donc mort avant même d'avoir vu le jour. Trois associations lui succèdent :
 
* Les '''[[Éclaireurs de France]]''' (EDF - neutres) sous l'impulsion du lieutenant de vaisseau '''[[Nicolas Benoit]]''', de '''[[Georges Bertier]]''', directeur de l'[[École des Roches]] et du '''[[Georges Galienne|pasteur Gallienne]]'''
* Les '''[[Éclaireurs Français]]''' de la Ligue d'éducation nationale (laïcs), de '''[[Pierre de Coubertin]]'''
* Les '''[[Éclaireurs unionistes de France]]''' (EUF - protestants) sous la direction de '''[[Henri Bonnamaux]]'''
 
 
Il faut également mentionner l'existence d'une multitude d'autres petites associations dès avant la Première Guerre mondiale. Certaines rassemblent plusieurs troupes, comme les Éclaireurs des Alpes de l'[[Abbé d'Andréis]] ou les Éclaireurs de la méthode Baden-Powell (MBP). D'autres ne sont constituées que d'une troupe indépendante.


=== Les premiers scouts catholiques ===
=== Les premiers scouts catholiques ===


L'un des premiers prêtres catholiques a s'intéresser au scoutisme est l''''[[Abbé d'Andréis]]''' qui à partir de [[1911]], met sur pied les "'''Eclaireurs des Alpes'''" un mouvement de scoutisme catholique dans le cadre de son patronage avec le soutien de son évêque Monseigneur Chapon, l'un des rares évêques français à n'avoir pas condamné le scoutisme.  
Dès 1911 l'[[Augustin-Marie d'Andréis de Bonson |abbé d'Andreis]] lance une première association : les "[[Eclaireurs des Alpes]]". N'existent alors en France que des essais d'adaptation isolés.
Quand le '''[[Antoine-Louis Cornette|Chanoine Cornette]]''', vicaire à St Honoré d'Eylau (Paris), rencontre à Meudon une troupe d'[[Éclaireurs de France]] dont la plupart sont catholiques, il s'en inquiète et s'attire la réponse suivante d'un jeune chef de patrouille : ''« C'est de votre faute ! Pourquoi n'y a-t-il pas de scouts catholiques ? »''
Il faudra attendre 1920 pour voir démarrer la Fédération des [[Scouts de France]], donc le Père [[Jacques Sevin]] rédigera les premiers textes fondamentaux.
{{voir article|Les premiers scouts catholiques}}
{{voir article|Les premiers scouts catholiques}}
On voit également des initiatives se lancer au Creusot (La Milice St Michel) avec [[Louis Faure]] ; à Mâcon (Les Eclaireurs Mâconnais) avec l'Abbé Ferret ; à Autun (L'Avant-Garde Saint-Lazare) avec l'abbé Piguet ; à Paris - paroisse du Rosaire - (Les intrépides du Rosaire) avec l'abbé [[Marcel Caillet]] et [[Henri Gasnier]].
L'idée prendra le temps de mûrir car la plupart des évêques français, à part quelques rares exceptions, sont contre le scoutisme, un mouvement créé par un protestant, militaire et général de l'armée anglaise, et prétendument issu de la franc-maçonnerie.
Dans le même temps, le '''[[Antoine-Louis Cornette|Chanoine Cornette]]''', vicaire à St Honoré d'Eylau (Paris), rencontre à Meudon les Éclaireurs de France dont les 3/4 sont catholiques. Il s'en inquiète auprès de ceux-ci et s'attire la réponse suivante d'un jeune chef de patrouille : "''C'est de votre faute ! Pourquoi n'y a-t-il pas de scouts catholiques?''".
En pleine guerre, le [[Antoine-Louis Cornette|Chanoine Cornette]] inspiré par le jeune '''[[Paul Coze]]''' qui a connu le scoutisme en Egypte, ouvre en [[1916]] avec l'aide d''''[[Édouard de Macedo]]''' (président des réunions d'Eylau) une unité de scouts catholiques sur sa paroisse : "'''les Entraineurs de St Honoré d'Eylau'''".
Au même moment, un autre prêtre catholique du nord de la France, bloqué en Belgique, travaille minutieusement à l'étude de la méthode scoute grâce à son voyage en Angleterre où il a rencontré Baden- Powell ; c'est le ''' Père [[Jacques Sevin]]'''. Jacques Sevin fonde en [[1919]] la Troupe 1ère Lille avec Xavier Sarrazin.
La nécessité d'un mouvement vraiment catholique unifié devient pressante. Le Chanoine Cornette, avec son ami Macédo et le père Sevin fondent, le [[25 juillet]] [[1920]], la '''Fédération Nationale Catholique des [[Scouts de France]]'''. C'est le général [[Louis de Maud'huy]] qui en prend la présidence.
Les premières unités "[[Scouts de France]]" (SDF) sont constituées des troupes des Entraîneurs de St Honoré d'Eylau (Troupe St Louis - Paris) et des troupes Lilloises vite rejointes par les autres unités catholiques indépendantes comme les "Eclaireurs des Alpes" de l'abbé d'Andréis (1ère Nice - 1ère France).
En [[1921]], les scouts de France sont approuvés par l'Archevêque de Paris alors qu'en [[1922]], le [[Arthur Guyot de Salins|Général Guyot de Salins]] remplace le Général de Maud'huy décédé à la présidence. Chez les EDF, c'est [[André Lefevre]] (Vieux Castor) soutenu par [[Georges Bertier]] qui travaille ardemment pour le mouvement.


=== Les scouts pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918) ===
=== Les scouts pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918) ===
 
Durant la guerre 14-18, les EDF et EU rendent de nombreux services : estaffettes dans les gares, les hôpitaux,  accueil des blessés dans les rangs de la Croix Rouge, renseignements dans les lignes ennemies, garde-côtes pour les scouts marins ; toujours au péril de leur vie. [[Nicolas Benoit]], officier de marine à l'origine des EDF, meurt au champ d'honneur à la tête de ses fusiliers marins le 17 décembre [[1914]].
Durant la guerre 14-18, les EDF et EU rendent de nombreux services : accueil des blessés dans les rangs de la Croix Rouge, renseignements dans les lignes ennemies, garde-côtes pour les scouts marins ; toujours au péril de leur vie. [[Nicolas Benoit]], officier de marine à l'origine des EDF, meurt au champ d'honneur à la tête de ses fusiliers marins le 17 décembre [[1914]].
[[Image:French boyscout in WW1.jpg|thumb|200px|center]]
[[Image:TrioSDF.jpg|right|200px|thumb|Le trio fondateur des [[Scouts de France]] : le Père Sevin, le [[Antoine-Louis Cornette|Chanoine Cornette]], et [[Édouard de Macedo]] ]]


== '''Développement et organisation du Scoutisme en France''' (années 1920 et 1930) ==
== '''Développement et organisation du Scoutisme en France''' (années 1920 et 1930) ==
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=== Le scoutisme masculin ===
=== Le scoutisme masculin ===


Le scoutisme éprouve des difficultés à se faire admettre par l'opinion publique ou religieuse qui ne voit en lui qu'une association paramilitaire. De fait avant 1914 certaines sociétés de tir avaient de jeunes "éclaireurs" tandis que l'autorité militaire avec le [[Commandant Royet]] eut longtemps tendance à confondre scoutisme et préparation militaire.
Le scoutisme éprouve des difficultés à se faire admettre par l'opinion publique ou religieuse qui ne voit en lui qu'une association paramilitaire. De fait avant 1914, certaines sociétés de tir avaient de jeunes "éclaireurs" tandis que l'autorité militaire avec le [[Commandant Royet]] eut longtemps tendance à confondre scoutisme et préparation militaire.


A force de travail sur la doctrine et de communication, les différents mouvements scouts rayonnent rapidement. De [[1911]] à [[1923]], sept associations sont fondées en France, les réalités culturelles et religieuses françaises n'ayant pas permis la création d'un mouvement scout unifié comme dans la plupart des pays de tradition anglo-saxonne.  
A force de travail sur la doctrine et de communication, les différents mouvements scouts rayonnent rapidement. De [[1911]] à [[1923]], sept associations sont fondées en France, les réalités culturelles et religieuses françaises n'ayant pas permis la création d'un mouvement scout unifié comme dans la plupart des pays de tradition anglo-saxonne.  


*les Éclaireurs Français (EF), Éclaireurs de France (EDF) et Éclaireurs Unionistes (EU) en 1911
*les [[Éclaireurs Français]] (EF), [[Éclaireurs de France]] (EDF) et [[Éclaireurs Unionistes]] (EU) en 1911
*les Scouts de France (SDF) en 1920
*les [[Scouts de France]] (SDF) en 1920
*la Fédération Française des Éclaireuses (FFE) en 1921
*la [[Fédération Française des Éclaireuses]] (FFE) en 1921
*les Éclaireurs Israélites de France (EIF) et les Guides de France (GDF) en 1923.  
*les [[Éclaireurs Israélites de France]] (EIF) et les Guides de France (GDF) en 1923.  


Dès août [[1920]], les différentes associations existantes (EDF, EU, SDF) se rassemblent au camp de Francport. L'idée d'un Scoutisme Français est déjà dans certains esprits, il ne verra le jour que bien plus tard...
Dès août [[1920]], les différentes associations existantes (EDF, EU, SDF) se rassemblent au [[camp de Francport]]. L'idée d'un Scoutisme Français est déjà dans certains esprits, il ne verra le jour que bien plus tard..Par ailleurs au lendemain de la guerre les milieux militaires se désintéressent du scoutisme.


Au lendemain de la Grande Guerre, le jamboree d'Olympia à Londres, en [[1920]], permet d'oublier les séquelles des combats et la fraternité triomphe. La délégation française compte 125 participants : 75 EU, 50 EDF et 15 SDF.
Au lendemain de la Grande Guerre, le jamboree d'Olympia à Londres, en [[1920]], permet d'oublier les séquelles des combats et la fraternité triomphe. La délégation française compte 125 participants : 75 EU, 50 EDF et 15 SDF.
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=== Importance de la formation dans le développement du mouvement scout ===
=== Importance de la formation dans le développement du mouvement scout ===
 
Le premier camp de formation scoute est organisé en France en [[1921]] à la [[La Croix St Ouen|Croix Saint-Ouen]] sur les bords de l'Oise en forêt de Compiègne. On y rencontre ensemble les chefs des EDF et des EUF, mais aussi Jacques Sevin, un des fondateurs des SDF. Ce premier camp reçoit la visite de Baden-Powell, fondateur du scoutisme.  
[[Image:St_Ouen.jpg|300px|left|thumb|Chefs des 3 mouvements (SDF, EDF, EUF) à la croix St Ouen]]
Le premier camp de formation scoute est organisé en France en [[1921]] à la [[La Croix St Ouen|Croix Saint-Ouen]] sur les bords de l'Oise en forêt de Compiègne.  
{{voir article|Importance de la formation dans le développement du mouvement scout}}
{{voir article|Importance de la formation dans le développement du mouvement scout}}
On y rencontre ensemble les chefs des EDF et des EUF, mais aussi Jacques Sevin, un des fondateurs des SDF. Ce premier camp reçoit la visite de [[Baden-Powell]], fondateur du scoutisme. Tous les mouvements sont d'accord pour dire que ''le développement doit passer par une formation solide des chefs''.
[[Image:St_Ouen.jpg|200px|center|thumb]]
 
Ce camp de formation est ouvert aux jeunes garçons, scouts ou non, et se propose de les initier au scoutisme. Un premier camp regroupe du 30 juillet au 6 août des chefs des trois mouvements pour mieux faire connaissance et préparer ensemble les trois camps de formation qui suivent : du 8 au 18 août pour les Éclaireurs Unionistes, du 20 au 30 août pour les Éclaireurs de France, et du 1er au 10 septembre pour les Scouts de France.
 
Le camp de la Croix Saint-Ouen fait apparaître l'importance de la formation des chefs scouts dans le développement du mouvement scout en France. Cette priorité à la formation scoute se traduit par la création de deux centres de formation scoute dès 1923 :
 
*'''[[Cappy]]''' (Oise) pour les EUF et les EDF s'organisent ensemble pour proposer des camps-écoles de valeur. Les EIF participeront à ces camps de formation.
*'''[[Chamarande (centre de formation)|Chamarande]]''' (Essonne) pour les SDF. Les SDF, grâce au père Sevin, ouvre en [[1922]] le camp-école dans la propriété de Mme Thome obtenue par le Chanoine Cornette (appelé maintenant le Vieux Loup).
*En [[1933]], les [[EIF]] auront leur propre centre de formation à la Chapelle-en-Serval (Oise).


=== Création de l'Internationale scoute ===
=== Création de l'Internationale scoute ===


Le congrès scout mondial tenu à Paris en [[1922]] proclame Baden-Powell Chef-scout du monde et installe le mouvement dans la philosophie de la Société des Nations.
Le congrès scout mondial tenu à Paris en [[1922]] proclame Baden-Powell Chef-scout du monde et installe le mouvement dans la philosophie de la Société des Nations.
{{voir article|Création de l'Internationale scoute}}
 
Les Français participent activement aux jamborees, grands rendez-vous de cette internationale pacifique et joyeuse de la jeunesse.
Les Français participent activement aux jamborees, grands rendez-vous de cette internationale pacifique et joyeuse de la jeunesse.


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En [[1924]], 126 français des différents mouvements participent au [[Jamboree de 1924|jamboree d'Ermelunden]] à Copenhague.
En [[1924]], 126 français des différents mouvements participent au [[Jamboree de 1924|jamboree d'Ermelunden]] à Copenhague.


Le [[Hubert Lyautey|Maréchal Lyautey]] devient Président d'honneur de toutes les associations scoutes de France en [[1928]]. Il sera présent au [[Jamboree de 1929|jamboree de Birkenhead]] en [[1929]] en Angleterre où 2.400 scouts français ont répondu présent. Ce Jamboree est marqué par une pluie incessante qui transforme le sol en un tapis de boue et par une Tour Eiffel de 16 mètres de haut réalisée par la 28e et la 5e Paris SDF avec 750 bâtons scouts.
Le [[Hubert Lyautey|maréchal Lyautey]] devient Président d'honneur de toutes les associations scoutes de France en [[1928]]. Il sera présent au [[Jamboree de 1929|jamboree de Birkenhead]] en [[1929]] en Angleterre où 2.400 scouts français ont répondu présent. Ce Jamboree est marqué par une pluie incessante qui transforme le sol en un tapis de boue et par une tour Eiffel de 16 mètres de haut réalisée par la 28{{e}} et la 5{{e}} Paris SDF avec 750 bâtons scouts.


En [[1936]], le mouvement des "[[Scouts de France]]" est endeuillé par le décès du Général de Salins et du Chanoine Cornette. Le [[Joseph Lafont|Général Lafont]] succède au Général de Salins et le [[Marcel Forestier|Révérend Père Forestier]] est désigné par les Evêques de France comme Aumônier Général.
En [[1936]], les unionistes et les "éclés" fêtent ensemble leurs 25 ans lors de la [[Cérémonie de la Sobonne]]. Le mouvement des "[[Scouts de France]]" est endeuillé par le décès du général de Salins et du chanoine Cornette. Le [[Joseph Lafont|général Lafont]] succède au général de Salins  
 
La même année, on compte {{formatnum:12000}} EDF, {{formatnum:10000}} EU et {{formatnum:62000}} SDF.
La même année, on compte 12 000 EDF, 10 000 EU et 62 000 SDF.


Pendant cette période on note l'existence de [[mouvements scouts étrangers en France]] ou imitant le scoutisme.
Pendant cette période on note l'existence de [[mouvements scouts étrangers en France]] ou imitant le scoutisme.
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Après la défaite de 1940 et l'occupation de la partie nord de la France, les allemands interdisent immédiatement le scoutisme dans la zone qu'ils occupent mais celui-ci se poursuit sous diverses formes de camouflage. L'histoire du S.F en zone non occupée est complexe et douloureuse.
Après la défaite de 1940 et l'occupation de la partie nord de la France, les allemands interdisent immédiatement le scoutisme dans la zone qu'ils occupent mais celui-ci se poursuit sous diverses formes de camouflage. L'histoire du S.F en zone non occupée est complexe et douloureuse.


=== Création de la fédération Le Scoutisme Français ===
=== Création de la Fédération du Scoutisme Français ===
 
Après la défaite militaire du printemps 1940, le Bureau Inter-Fédéral du scoutisme (BIF) réunit le 5 août [[1940]] à Vichy les directions des différents mouvements pour étudier les conditions d'un rapprochement des associations scoutes sur la base de l’équivalence des formations de cadres et des pratiques pédagogiques, chaque association conservant sa ligne spirituelle.
Après la défaite militaire du printemps 1940, le Bureau Inter-Fédéral du scoutisme (BIF) réunit le 5 août [[1940]] à Vichy les directions des différents mouvements pour étudier les conditions d'un rapprochement des associations scoutes sur la base de l’équivalence des formations de cadres et des pratiques pédagogiques, chaque association conservant sa ligne spirituelle.
{{voir article|Création de la fédération Le Scoutisme Français}}
{{voir article|Création de la fédération Le Scoutisme Français}}
Historiquement, les relations entre EDF et SDF étaient difficiles en raison d'une différence d'approche du fait religieux ; pour les SDF en effet, le scoutisme ne pouvait être que religieux. Mais les conditions nationales de 1940 obligent les mouvements à plus d'entraide et de solidarités au service de la jeunesse de France, et un camp de chefs est prévu en septembre 1940 pour travailler à la création du Scoutisme Français. Ce camp de chefs se déroule au château de [[l’Oradou]] près de Clermont-Ferrand du 24 au 26 septembre 1940. La Charte de l’Oradou définit les rapports entre les associations. Le dépôt des statuts de la fédération "Le Scoutisme Français" est effectué le 24 décembre 1940 à la sous-préfecture de La Palisse.
La Fédération "Le [[Scoutisme Français]]" est sous la direction du Général Lafont, Chef Scout des SDF. Il se trouve ainsi à la tête d'une association de 150.000 jeunes unis dans la diversité des convictions.


=== Dissolution des [[Éclaireurs israélites de France]] ===
=== Dissolution des [[Éclaireurs israélites de France]] ===
 
Par une loi du 29 novembre 1941 du gouvernement de Vichy, le mouvement des Eclaireurs Israélites de France est dissout comme toutes les organisations juives non cultuelles.  
[[Image:1940_EIF_maison_enfants.jpg|200px|left|thumb|1940 - Maison d'enfants EIF]]
Par une loi du 29 novembre 1941 du gouvernement de Vichy, le mouvement des éclaireurs israélites de France est dissout comme toutes les organisations juives non cultuelles.  
{{voir article|Dissolution des Éclaireurs israélites de France}}
{{voir article|Dissolution des Éclaireurs israélites de France}}
Le président du Scoutisme Français, le général Joseph Lafont, obtient des autorités de Vichy que les EIF, bien que ne faisant plus officiellement partie du Scoutisme Français, puissent continuer leurs activités scoutes sous le contrôle du [[Scoutisme Français]].
[[Image:1940_EIF_maison_enfants.jpg|thumb|200px|center]]
 
Le 5 janvier [[1943]], par un simple courrier adressé au directeur de l'UGIF, Louis Darquier de Pellepoix, Commissaire général aux questions juives, ordonne "d'assurer une dissolution '''effective et immédiate''' des EIF et d'interdire leur regroupement sous une forme quelconque" ('''souligné''' dans le document original). Cette dissolution ne fait qu’accélérer le passage de ce mouvement à la clandestinité.
 
Bravant la dissolution, dix chantiers ruraux réunissent 300 "défricheurs". En mars [[1944]], le 7e Conseil National des EIF réuni à Die interrompt ses travaux pour fuir dans la montagne, pourchassé par les Allemands.
 
La "Sixième", organisation clandestine de sécurité et d'auto-défense créée par les EIF, sauve les jeunes juifs par milliers.
 
Aînés et chefs EIF se regroupent dans le maquis de la Montagne Noire (Tarn) avec des EUF [http://maquisdevabre.free.fr/mvtmg-sdpam.htm]. [[Robert Gamzon]] (Castor), fondateur des EIF, prend le commandement de la Compagnie Marc Haguenau (Secrétaire Général du mouvement fusillé par les Allemands). La Compagnie participe à la libération de Mazamet et de Castres, est intégrée à la Première Armée et prend part, jusqu'au Lac de Constance, aux combats de la Libération.


=== Le Scoutisme Français et l'État français ===
=== Le Scoutisme Français et l'État français ===
[[Image:SF_Petain_1940.gif|thumb|200px|left|7 novembre 1940 : Pétain en voyage officiel à Montauban.]]
L’État Français entend faire du Scoutisme un pilier de sa politique de jeunesse. Cette intégration accorde au Scoutisme une audience et des moyens inédits.  
L’État Français entend faire du Scoutisme un pilier de sa politique de jeunesse. Cette intégration accorde au Scoutisme une audience et des moyens inédits.  
{{voir article|Le Scoutisme Français et l'État français}}
{{voir article|Le Scoutisme Français et l'État français}}
Le Scoutisme Français est le premier mouvement de jeunesse agréé le 24 juillet 1941. Cet agrément sera toutefois retiré en juin 1943. Dans la zone libre et en Afrique du Nord les effectifs progressent alors que de nombreux chefs sont absents ; certains en zone occupée, d'autres prisonniers. L'influence scoute est telle que l'on pille partout ses méthodes sans se rendre compte que le scoutisme est d'abord un esprit. Dans les camps de prisonniers, les chefs organisent des clans. Des milliers de prisonniers connaissent ainsi le scoutisme.
[[Image:SF_Petain_1940.gif|thumb|200px|center]]
 
Le Scoutisme est interdit en zone occupée. Il devait cependant résister fermement à cette interdiction, subsister presque partout et dans certains cas, progresser. La résistance n'était pas sans risque et la désobéissance a couté la vie à de nombreux chefs (on peut citer Henri Samson, CT EDF à Douai).
 
Chez les SDF, c'est '''[[Eugène Dary]]''' qui prend le poste de Commissaire Général alors que le QG s'installe en 1941 à Lyon (il s'était replié un temps à Vichy). '''[[Pierre Delsuc]]''' s'occupe camouflé de la zone nord occupée. Chez les EDF, '''[[André Lefevre]]''' dirige la zone nord, alors que '''[[Pierre Dejean]]''', commissaire national à Paris est déporté en Allemagne.
 
Le 15 août 1942, c'est le grand '''[[Le pélerinage du Puy|pèlerinage routier à Notre-Dame du Puy]]''' orchestré par le père [[Doncœur]] qui mobilise tous les clans routiers de France, mais toute la jeunesse française y est conviée : "Nous allons au Puy en pèlerinage pour le retour des prisonniers, la délivrance de la France". Parallèlement est né un [[scoutisme des camps de prisonniers]].
 
Fondée sur l’ambivalence du retour à une société d’autorité, elle n’empêche pas un décrochage progressif vis-à-vis du régime, entamé dans la seconde moitié de 1942. Les contacts se nouent courant 1943 avec le Gouvernement provisoire installé à Alger qui possède sa politique éducative.


=== Le Scoutisme Français et la France Libre ===
=== Le Scoutisme Français et la France Libre ===
 
En mars 1943 en Grande-Bretagne est décidé la fusion du Scoutisme Français en Angleterre (les [[Éclaireurs français de Grande Bretagne]] créés en 1940 dont le général de Gaulle est le président d'honneur) avec celui d'Afrique.  
[[Image:SF_deGaulle_1943.gif|thumb|200px|right|29 janvier 1943 : une réception est organisée à Londres par le Commissaire International du SF en l’honneur du Général de Gaulle, Président d’Honneur et de Lady Baden-Powell.]]
 
En mars 1943 en Grande-Bretagne est décidé la fusion du Scoutisme Français en Angleterre (les Éclaireurs français de Grande Bretagne créés en 1940 dont le Général de Gaulle est le président d'honneur) avec celui d'Afrique.  
{{voir article|Le Scoutisme Français et la France Libre}}
{{voir article|Le Scoutisme Français et la France Libre}}
C'est le Médecin Général [[Adolphe Sicé]], rallié dès 1940 à la France Libre au Cameroun et l'un des artisans du ralliement de la colonie au Général de Gaulle, qui en prend la direction. Adolphe Sicé fait partie du mouvement des éclaireurs unionistes. Un Conseil d'Empire du Scoutisme Français est alors créé à Alger, capitale de la France Libre.
[[Image:SF_deGaulle_1943.gif|thumb|150px|center]]
 
A l'été [[1943]], [[Jean-Louis Fraval]], membre du cabinet du ministre chargé de la jeunesse (André Philip) du nouvellement créé Comité Français de la Libération Nationale (CFLN) installé à Alger, est envoyé en France pour sonder les mouvements de jeunes et notamment les mouvements scouts. Il s'agit de les décider à agir dans la Résistance et à se séparer du régime de Vichy. Son interlocuteur principal au [[Scoutisme Français]] fut [[André Basdevant]]. Si les [[EDF]] et les [[EUF]] acceptèrent de se rallier au Comité Français de la Libération Nationale (CFLN) du Général de Gaulle, les nationaux SDF et GDF furent réticents voire hostiles même si beaucoup de cadres locaux étaient acquis à la Résistance. De leur côté, les [[EIF]] étaient dans la clandestinité depuis près de deux ans.
 
C'est à Alger que le mouvement rénové écrit la règlementation des activités de jeunesse qui est toujours en vigueur. L'ordonnance du [[2 octobre]] [[1943]] qui fonde jusqu'à aujourd'hui la base légale des activités des mouvements de jeunesse est en effet largement écrite par Pierre de Chelles, commissaire des Éclaireurs unionistes, nommé en mars 1943 responsable du Scoutisme français pour toute l’Afrique du Nord.
 
En novembre [[1944]] et malgré l’hostilité de l’administration, le collège algérien du Scoutisme Français accueille les Scouts Musulmans Algériens (SMA) en son sein. En mai 1945, cette participation est remise en cause après les massacres de Sétif car les SMA sont accusés d'être complices ; la direction du SF tiendra bon.
 
La guerre s'achevant, la '''[[Saint Georges]] de 1945''' reste dans toutes les mémoires ! A Paris, 40 000 scouts de tous les mouvements se rassemblent sur les grandes avenues bordant la place de l'Etoile puis défilent tous ensemble sur les Champs-Elysées en présence de Lady Baden Powell et du Général Lafont, président du Scoutisme Français.
 
La Fédération du Scoutisme Français est désormais installée comme partenaire du jeune ministère de la Jeunesse et des Sports mais, dès la [[Libération]] le scoutisme comme mouvement de jeunes fait l'objet de diverses attaques.


== '''Le [[Scoutisme Français]] : les années fédérales''' (de 1945 à 1964) ==
== '''Le [[Scoutisme Français]] : les années fédérales''' (de 1945 à 1964) ==
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A l’époque, il existe des programmes, pratiques et uniformes normalisés, des unités fédérales et des structures facilitant la pratique en commun de certaines activités comme les collèges locaux, les unités communes (dites fédérales) dans les écoles militaires, dans certains pays lointains ou dans la zone française d’occupation en Allemagne. Au plan local la [[Saint Georges]] ou le [[Challenge]] annuel réunissent les différents mouvements.
A l’époque, il existe des programmes, pratiques et uniformes normalisés, des unités fédérales et des structures facilitant la pratique en commun de certaines activités comme les collèges locaux, les unités communes (dites fédérales) dans les écoles militaires, dans certains pays lointains ou dans la zone française d’occupation en Allemagne. Au plan local la [[Saint Georges]] ou le [[Challenge]] annuel réunissent les différents mouvements.


Premier exemple de l'implication politique des associations membres du SF : en Algérie le 20 novembre 1954 (trois semaines après le début de la guerre d’Algérie), une lettre ouverte au gouverneur général d’Algérie signée par le Scoutisme Français et 15 autres mouvements de jeunesse dénonce la situation d’oppression. Cette lettre fera un véritable scandale.
Premier exemple de l'implication politique des associations membres du SF : en Algérie le 20 novembre 1954 (trois semaines après le début de la guerre d’Algérie), une lettre ouverte au gouverneur général d’Algérie signée par les représentants locaux des mouvements membres du Scoutisme Français et de 15 autres mouvements de jeunesse dénonce la situation d’oppression. Cette lettre fera un véritable scandale.


=== [[Jamboree de la Paix]] à Moisson ===
=== [[Jamboree de la Paix]] à Moisson ===
 
En [[1947]], dans une période de restrictions et grâce à une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs concernés, le Scoutisme Français est ainsi capable d’organiser le Jamboree mondial de 1947 à Moisson près de Paris, dit '''[[Jamboree de 1947|Jamboree de la Paix]]''', qui rassemble des scouts du monde entier après des années de guerre et d’interdictions.
[[Image:Jam47aff.jpg|100px|right|thumb|Affiche officielle du Jam 47]]
En [1947], dans une période de restrictions et grâce à une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs concernés, le Scoutisme Français est ainsi capable d’organiser le Jamboree mondial de 1947 à Moisson près de Paris, dit '''[[Jamboree de 1947|Jamboree de la Paix]]''', qui rassemble des scouts du monde entier après des années de guerre et d’interdictions.
{{voir article|Jamboree de la Paix à Moisson}}
{{voir article|Jamboree de la Paix à Moisson}}
André Lefevre est toujours après-guerre Commissaire Général des EDF ; malheureusement il décède quelques mois avant l'ouverture du Jamboree. Georges Gauthier est quant à lui Commissaire Général des SDF jusqu'en [[1955]].
Situé dans une boucle de la Seine en pleine forêt de Moisson, à 70 kilomètres de Paris, le 6e Jamboree international a lieu 2 ans après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, sous la direction de '''[[Henri Van Effenterre]]'''. Il rassemble 40 nations et 30 000 éclaireurs dont 15 000 étrangers, 10 000 français et 5 000 visiteurs. Cette véritable ville de toile comprend 15 sous-camps, une grande aire de rencontres et d'échanges : l'Allée des Nations et une grande arène ou Place des Nations.
Pour de nombreux anciens, le jamboree de 1947 est le dernier grand rassemblement unissant sous la même bannière scoute les différents mouvements du Scoutisme Français, en effet, les années qui vont suivre changeront durablement le visage de la France scoute.


=== Le Scoutisme Français et l'enfance défavorisée ===
=== Le Scoutisme Français et l'enfance défavorisée ===


Le Scoutisme Français œuvre au service de l’enfance défavorisée handicapés physiques, mentaux et jeunes pré-délinquants).  
Le Scoutisme Français œuvre au service de l’enfance défavorisée handicapés physiques, mentaux et jeunes pré-délinquants). Dès 1947, des sessions de formations de chefs inter-mouvements ont lieu sur ce thème à Marly-le-Roi. Jusqu’au début des années 1960, le Scoutisme Français organise à Paris les conférences du Méridien à l’initiative d’[[Henri Joubrel]], commissaire EDF à l’enfance défavorisée.


Dès 1947, des sessions de formations de chefs inter-mouvements ont lieu sur ce thème à Marly-le-Roi. Jusqu’au début des années 1960, le Scoutisme Français organise à Paris les conférences du Méridien à l’initiative d’[[Henri Joubrel]], commissaire EDF à l’enfance défavorisée.
=== Création des Éclaireurs Neutres de France ===


== '''Entre tradition, évolution et révolution : les choix des associations''' (de 1964 à 1989)==
Au lendemain du Jamboree de 1947, une nouvelle association voit le jour (ce n'est que la première d'une longue série) sous l'impulsion de [[Marcel Lepage]] : Les [[Eclaireurs Neutres de France]] (ENF). Marcel Lepage juge semble-t-il que les EDF ne répondent plus aux besoins de la jeunesse. [[Georges Bertier]], un des deux membres fondateurs des EDF, rejoint les ENF en 1952 en tant que président.


Les rénovations pédagogiques initiées dans les années 1960-1970, non concertées entre les différents mouvements scouts, entraînent un repli sur les programmes et pratiques des associations au détriment d’une pratique fédérale, commune et partageable. C’est notamment le choix de la co-éducation et la création de propositions pédagogiques spécifiques aux adolescents.
=== Scouts de France : la proposition "Raiders" ===
Au sortir de la guerre, on sent au sein des [[Scouts de France]] un ralentissement des ambitions et de la progression chez les éclaireurs. [[Michel Menu]], alors [[Commissaire]] National Eclaireurs (CNE), mène l'enquête et propose des activités revigorées tout en respectant la méthode préconisée par [[BP]].  


L'année 1964 avec le lancement de la réforme de [[François Lebouteux]] chez les SDF aux conséquences alors insoupçonnables et l'auto-dissolution de la FFE est cruciale.
Il propose alors des techniques utilisant les nouvelles techniques (parachutisme, judo, radios...) et une étape d'engagement supplémentaire pour 1{{re}} classe qu'il appela "'''[[Raiders]]'''".


=== Création des Éclaireurs Neutres de France ===
Le style des nouvelles troupes [[raiders]] (dont un béret vert et un insigne métallique particulier les distinguaient des troupes normales) sera plus tard critiqué pour leur coté "commando" et "élitiste" par certains chefs du mouvement. Mais pour les jeunes, c'est un véritable engouement : les rallyes nationaux [[raiders]] sont là pour le confirmer (700 [[raiders]] pour le rallye de Combrit en 1951, 5 000 [[raiders]] pour celui de la Banne d'Ordanche en [[1956]]). On peut noter que l'engouement pour le [[raiders|raiderisme]] dépasse les frontières du mouvement [[Scouts de France]], puisque qu'il y aura également quelques [[raiders]] [[Eclaireurs de France]] (cette proposition est ensuite interdite aux [[EDF]]).
{{voir article|Raiders}}


Au lendemain du Jamboree de 1947, une nouvelle association voit le jour (ce n'est que la première d'une longue série) sous l'impulsion de [[Marcel Lepage]] : Les [[Eclaireurs Neutres de France]] (ENF). Marcel Lepage juge semble-t-il que les EDF ne répondent plus aux besoins de la jeunesse. [[Georges Bertier]], un des deux membres fondateurs des EDF, rejoint les ENF en 1952 en tant que président.
== '''Entre tradition, évolution et révolution : les choix des associations''' (de 1964 à 1989)==


=== Scouts de France : la proposition "Raiders" ===
Les rénovations pédagogiques initiées dans les années 1960-1970, non concertées entre les différents mouvements scouts, entraînent un repli sur les programmes et pratiques des associations au détriment d’une pratique fédérale, commune et partageable. C’est notamment le choix de la co-éducation et la création de propositions pédagogiques spécifiques aux adolescents.


En [[1949]], on sent au sein des [[Scouts de France]] un ralentissement des ambitions et de la progression chez les éclaireurs. [[Michel Menu]], alors Commissaire National Eclaireurs, mène l'enquête et propose des activités revigorées tout en respectant la méthode préconisée par BP.
L'année [[1964]] avec le lancement de la réforme de [[François Lebouteux]] chez les SDF aux conséquences alors insoupçonnables et l'auto-dissolution de la FFE est cruciale.
{{voir article|Scouts de France : la proposition "Raiders" (1949)}}
Il propose de nouvelles techniques utilisant les nouvelles technologies (parachutisme, plongée sous marine, aviation, radios...) et une étape d'engagement supplémentaire pour 1ère classe qu'il appela "'''[[Raiders]]'''".
 
Le style des nouvelles troupes [[raiders]] (dont un béret vert et un insigne métallique particulier les distinguaient des troupes normales) est vite critiqué pour leur coté "commando" et "élitiste" par certains chefs du mouvement. Mais pour les jeunes, c'est un véritable engouement : les rallyes nationaux [[raiders]] sont là pour le confirmer (700 [[raiders]] pour le rallye de Combrit en 1951, 5 000 [[raiders]] pour celui de la Banne d'Ordanche en 1956). On peut noter que l'engouement pour le [[raiders|raiderisme]] dépasse les frontières du mouvement SDF, puisque qu'il y aura également quelques [[raiders]] EDF (cette proposition est ensuite interdite aux EDF).


=== Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" ===
=== Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" ===
L'expérience "Raider" étant un franc succès, les cadres [[Scouts de France]] sont persuadés que le scoutisme doit aller plus loin et proposer une pédagogie spécifique aux plus âgés des troupes.
L'expérience "Raider" étant un franc succès, les cadres [[Scouts de France]] sont persuadés que le scoutisme doit aller plus loin et proposer une pédagogie spécifique aux plus âgés des troupes.
{{voir article|Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" (1964)}}
{{voir article|Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" (1964)}}
En parallèle la branche route évolue et prend des positions syndicales ou politiques de plus en plus fréquentes depuis l'arrivée de [[Michel Rigal]] en 1952 au commissariat général (George Gauthier fatigué, démissionne). Enfin, la route désire se transformer en "mouvement de jeunesse" aux conceptions sociales et religieuses "ouvertes" sur le monde nouveau, ce qui amène Michel Menu à démissionner. Cette période est donc marquée par la [[Crise de la Route]].
A la fin des années 50, [[François Lebouteux]] mène la réflexion sur les "vieux éclaireurs" qui pousse à envisager la création d'une nouvelle branche adaptée aux 15 / 17 ans débarrassée du style "commando" des [[raiders]].
Après quelques essais concluant encouragés par Michel Rigal, la nouvelle branche est créée officiellement en [[1964]]. Ce changement de pédagogie est fortement lié à des envies de progresser, de faire évoluer le mouvement pour s'adapter à un monde en voie de socialisation. La réforme est appelée "Pionniers-Rangers" du nom des 2 branches créés grâce à la branche "éclaireurs" : c'est la fin du système des patrouilles comme l'entendait BP.
Le Scoutisme en trois branches pensé par BP est donc revu et corrigé pour s'adapter aux besoins du temps. Dès 1960, certains ne l'entendent pas de cette manière et trouvent les manières de nouveaux responsables SDF un peu osées... L'un des premiers à monter au front est Michel Menu. Il écrit un livre "Scoutisme et engagement" qui s'efforce de redonner du sens à la pensée créatrice de Baden Powell.


=== Le choix de la co-éducation : dissolution de la FFE ===
=== Le choix de la co-éducation : dissolution de la FFE ===
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=== Création des [[Scouts unitaires de France]] ===
=== Création des [[Scouts unitaires de France]] ===
 
Les innovations pédagogiques proposées chez les Scouts de France ne sont pas acceptées dans tous leurs groupes locaux.  
Les innovations pédagogiques proposées chez les SDF ne sont pas acceptées dans tous les groupes locaux.  
{{voir article|Création des Scouts unitaires de France (1971)}}
{{voir article|Création des Scouts unitaires de France (1971)}}
Certains entendent rester fidèles à la méthode scoute d’origine : distinction éducative et matérielle des unités de filles et de garçons, maintien d’une branche "éclaireur" unitaire permettant une véritable autonomie et vie d’équipes de jeunes âgés de 12 à 17 ans (l’autonomie est moindre avec des équipes de jeunes âgés de 12 à 14 ans dans les "propositions" pour pré-adolescents séparées des propositions pour les adolescents).
Le refus de mettre en oeuvre cette réforme pédagogique entraîne le départ de groupes locaux et de chefs qui permettront l'essor de deux mouvements nationaux ([[Scouts Unitaires de France|SUF]] et [[Scouts d'Europe]]) ainsi que de nombreux  groupes autonomes ([[Scouts saint Georges]], [[Scouts de Riaumont]], [[Scouts Baden-Powell]], [[Scouts de Caen]], Scouts d'Artois...) reflétant parfois les différentes tendances sociologiques du catholicisme français.
 
''Il est intéressant de souligner que dans d’autres pays (notamment chez les scouts américains), ces différentes propositions pédagogiques cohabitent et se complètent, enrichissant l’offre faite aux jeunes et à leurs familles par le mouvement scout.''
 
Les opposants à la réforme initiée par les Scouts de France se font entendre (de nombreuses revues sont éditées). Certaines troupes refusent de suivre les instructions du centre national qui leur demande de se diviser en deux (une unité "Rangers" et une autre "Pionniers"). Elles restent fidèles au '''"système unitaire"''' qui désigne le fonctionnement de la patrouille avec des scouts de 12 à 17 ans.
 
La situation bascule en [[1971]], date à laquelle '''[[Emile-Xavier Visseaux]]''' qui a remplacé Michel Rigal en 1970 annonce qu'il ne tolère plus des troupes unitaires au sein du mouvement SDF. Il semble pourtant que certaines troupes "unitaires" demeurèrent au sein des SDF (une trentaine de troupes en 1983) jusqu'au début des années 1990 (1ère Laval, 33ème Paris, 113ème Paris). La majorité des troupes unitaires - dont les troupes du groupe St Louis de Paris - s'unissent pour former et créer les '''Scouts Unitaires de France''' ([[Scouts Unitaires de France|SUF]]) en 1971.


La réforme pédagogique des Scouts de France provoque l'essor de deux mouvements nationaux ([[Scouts Unitaires de France|SUF]] et Scouts d'Europe) ainsi que d'une multitude de groupes autonomes (Scouts St Georges, Scouts de Riaumont, Scouts de Caen, Scouts d'Artois...) qui reflète les divisions du monde catholique.
''Il est intéressant de souligner que dans d’autres pays (notamment chez les scouts américains, ou belges), ces différentes propositions pédagogiques cohabitent et se complètent, enrichissant l’offre faite aux jeunes et à leurs familles par le mouvement scout.''


=== Développement des Scouts d'Europe ===
=== Développement des Scouts d'Europe ===
 
Cette association est caractérisée par une dimension catholique, fédérale et européenne. Sa sensibilité religieuse est celle de certains courants religieux catholiques soucieux de rénover et retrouver au niveau européen un scoutisme catholique missionnaire.
Vers 1962, '''[[Pierre Géraud-Keraod]]''', qui dirigeait un groupe scout breton associé aux [[Scouts de France]], rejoignit une nouvelle fédération scoute créée le 1er novembre 1956 à Cologne par '''[[Jean-Claude Alain]]''', la "Fédération des Scouts d'Europe" (F.S.E.).
{{voir article|Développement des Scouts d'Europe (à partir de 1962)}}
{{voir article|Développement des Scouts d'Europe (à partir de 1962)}}
Celui-ci avait été proclamé commissaire fédéral international par une assemblée de chefs allemands démissionnaires des [[Europa-Scouts]]. Très vite [[Jean-Claude Alain]] fut éjecté de son poste pour être remplacé comme Commissaire Général des Scouts d'Europe par '''[[Claude Pinay]]''' qui sera à son tour révoqué. "PGK" et sa femme prirent alors définitivement les commandes de la FSE.
Cette association est caractérisée par une dimension catholique, fédérale et européenne. Sa sensibilité religieuse est celle de certains courants religieux catholiques soucieux de rénover et retrouver au niveau européen un scoutisme catholique missionnaire.


=== Création de la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs ===
=== Création de la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs ===
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=== Création des [[Scouts musulmans de France]] ===
=== Création des [[Scouts musulmans de France]] ===


Le 9 février [[1991]], en pleine guerre du Golfe, les Scouts de France et les Scouts Musulmans de France, sous l’impulsion du Cheïkh [[Khaled Bentounés]], signent un protocole de partenariat en présence des représentants des régions arabe et européenne de l’OMMS.  
Le 9 février [[1991]], en pleine guerre du Golfe, les Scouts de France et les Scouts Musulmans de France, sous l’impulsion du Cheïkh [[Khaled Bentounès]], signent un protocole de partenariat en présence des représentants des régions arabe et européenne de l’OMMS.  
{{voir article|Création des Scouts musulmans de France (1991)}}
{{voir article|Création des Scouts musulmans de France (1991)}}


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Le Scoutisme Français est membre fondateur de l’[[Organisation mondiale du mouvement scout]] (OMMS) et de l’[[Association mondiale des guides et éclaireuses]] (AMGE). Cette fédération rassemble plus de 80.000 jeunes et responsables autour d’une proposition éducative porteuse de valeurs citoyennes, solidaires et spirituelles. En tant qu’associations de jeunesse et d’éducation populaire, ces mouvements sont agréés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et les EEDF, EEUdF, EEIF et SGDF sont reconnus d’utilité publique.
Le Scoutisme Français est membre fondateur de l’[[Organisation mondiale du mouvement scout]] (OMMS) et de l’[[Association mondiale des guides et éclaireuses]] (AMGE). Cette fédération rassemble plus de 80.000 jeunes et responsables autour d’une proposition éducative porteuse de valeurs citoyennes, solidaires et spirituelles. En tant qu’associations de jeunesse et d’éducation populaire, ces mouvements sont agréés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et les EEDF, EEUdF, EEIF et SGDF sont reconnus d’utilité publique.


Ces cinq associations se veulent réellement représentatives de la société nationale, tant par leurs origines que par les valeurs qu’elles transmettent. Elles s’enracinent notamment dans leur histoire commune, notamment une solidarité forgée dans la lutte contre l’occupant nazi lors de la seconde guerre mondiale (à l’exception des SMF, fondés plus tard).
Ces cinq associations se veulent réellement représentatives de la société nationale, tant par leurs origines que par les valeurs qu’elles transmettent. Elles s’enracinent dans leur histoire commune, notamment une solidarité forgée dans la lutte contre l’occupant nazi lors de la seconde guerre mondiale (à l’exception des SMF, fondés plus tard).
 
=== État des lieux : les mouvements scouts agréés par l'État ===


=== État des lieux : les neuf mouvements scouts agréés par l'État ===
A la différence du Mouvement Sportif et de ce qui se passe dans de nombreux autres pays, la pratique du scoutisme n'est pas protégée règlementairement en France : n'importe qui peut créer une association dite "de scoutisme" mais l' "[[accueil de scoutisme]]" est désormais règlementé.


A la différence du Mouvement Sportif et de ce qui se passe dans de nombreux autres pays, la pratique du Scoutisme n'est pas protégée règlementairement en France : n'importe qui peut créer une association dite "de scoutisme" mais l "accueil de scoutisme" est désormais règlementé.
L'État (Ministère de la Jeunesse et des Sports) a agréé dix associations scoutes comme mouvement de jeunesse et d'éducation populaire.  


L'État (Ministère de la Jeunesse et des Sports) a agréé neuf associations scoutes comme mouvement de jeunesse et d'éducation populaire.  
En plus des six associations membres de la fédération du Scoutisme Français, ce sont quatre mouvements qui regroupent près de {{formateur:70000}} jeunes et responsables : l'[[Association des guides et scouts d'Europe]] (mouvement catholique), les [[Éclaireurs neutres de France]] (mouvement neutre), la [[Fédération des éclaireuses et éclaireurs]] (mouvement laïque) et les [[Scouts unitaires de France]] (mouvement catholique).


En plus des cinq associations membres de la fédération du Scoutisme Français, ce sont quatre mouvements qui regroupent près de 50 000 jeunes et responsables : l'[[Association des guides et scouts d'Europe]] (mouvement catholique), les [[Éclaireurs neutres de France]] (mouvement neutre), la [[Fédération des éclaireuses et éclaireurs]] (mouvement laïque) et les [[Scouts unitaires de France]] (mouvement catholique).


En plus des ces neuf mouvements scouts de dimension nationale agréés par l'État, il y a de nombreuses associations locales et régionales se réclamant du Scoutisme, fondées souvent sur une spécificité religieuse.
Il existe des antagonismes anciens entre les mouvements reconnus par l'état et pendant des décennies l'opposition a été nette, parfois violente, entre certaines associations. Toutefois, en 2002-2003, le scoutisme faisant l'objet de mesures règlementaires très préjudiciables et grâce à l'[[Amicale du scoutisme parlementaire]] une démarche commune et ostensible des 10 (alors) mouvements reconnus par l'État est faite auprès du ministre. Le décret est alors retiré.


=== Le centenaire du scoutisme en 2007 : un nouveau chemin ? ===
=== Le centenaire du scoutisme en 2007 : un nouveau chemin ? ===


Plusieurs des manifestations commémorant en France le centenaire du Scoutisme en 2007 ont été l'occasion pour les responsables de ces différents mouvements de se rencontrer et de se parler officiellement ou officieusement.
Plusieurs des manifestations commémorant en France le centenaire du Scoutisme en 2007 ont été l'occasion pour les responsables de ces différents mouvements de se rencontrer et de se parler officiellement ou officieusement. Néanmoins la [[Déclaration du 24 mai 2012]] est restée pour l'instant sans lendemain.


== Liens internes ==
== Liens internes ==
*[[Chronologie du scoutisme en France]]
*[[Effectif du scoutisme en France]]
*[[Liste des associations françaises de scoutisme disparues]]
== Liens externes ==
* [http://www.scoutisme-francais.org site officiel du Scoutisme Français]
* [http://www.faas.fr site officiel de la FAAS, site de la Fédération des associations d'anciens et d'adultes du Scoutisme français]


*[[Chronologie du scoutisme en France]]


{{Histoire du scoutisme en France}}
{{Portail histoire}}
{{Portail histoire}}
{{références}}
{{références}}

Dernière version du 15 février 2023 à 17:26

Bien que le scoutisme soit né en Grande-Bretagne, la France a eu dès le début du 20ème siècle une réelle influence sur le développement et la diffusion du scoutisme mondial à travers les colonies qu'elle possédait et par la qualité particulière de son scoutisme. Le jamboree de la Paix organisé à Moisson près de Paris en 1947 reste dans la mémoire scoute mondiale comme le temps fort du scoutisme "à la française" d'après-guerre.

Par la suite, les mouvements scouts français (et d'autres mouvements scouts en Europe : Belgique, Suisse, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, ...) rénoveront en profondeur leur projet éducatif. Ces réformes pédagogiques, notamment le choix de la co-éducation (éducation concertée des garçons et des filles) et de nouvelles propositions pour les adolescents et les aînés bouleverseront en profondeur le paysage scout mondial.

Les débuts du Scoutisme en France[modifier | modifier le wikicode]

Les découvreurs du scoutisme en France[modifier | modifier le wikicode]

Depuis les années 1870, en réaction à l'industrialisation et à l'exode rural, avait émergé partout en Europe un besoin d'activités de pleine nature. Cela n'anticipait pas la méthode scoute à proprement parler mais en fixait le lieu privilégié et l'un des moteurs.

Les premiers en France à s'intéresser à cette méthode inventée par Lord Baden Powell sont des journalistes. Le 23 mai [1909], Paul Charpentier présente les boy-scouts anglais aux lecteurs du Journal des Voyages. Au mois de juillet, André Chéradame publie un article sur le même sujet dans le Petit Journal. Cette innovation éveilla immédiatement l'intérêt des éducateurs et surtout des militaires.



Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Les découvreurs du scoutisme en France



L'impossible unité[modifier | modifier le wikicode]

Ces pionniers de la méthode scoute ont d'abord tenté, à l'instar des britanniques, de créer un mouvement unique. Ils y sont presque parvenus avec la création en 1911 de la Ligue d'éducation nationale autour de la très médiatique personnalité du baron Pierre de Coubertin. Mais cette tentative était mort-née même si l'Armée et la Marine ont en sous-main appuyé la naissance su scoutisme en France.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : L'impossible unité


C'est ainsi que 1911 verra la création des trois premières associations (EF, EDF, EU).

En 1913, un rallye scout a lieu à Birmingham en Angleterre et rassemble 30 000 éclaireurs dont des EDF et des EU. Le 11 mai de la même année à Saint-Cyr, les éclaireurs organisent un grand rassemblement où sont observées des méthodes assez modernes de campement. De fait l'armée à fournit du matériel et un général vient inspecter.

Les premiers scouts catholiques[modifier | modifier le wikicode]

Dès 1911 l'abbé d'Andreis lance une première association : les "Eclaireurs des Alpes". N'existent alors en France que des essais d'adaptation isolés. Quand le Chanoine Cornette, vicaire à St Honoré d'Eylau (Paris), rencontre à Meudon une troupe d'Éclaireurs de France dont la plupart sont catholiques, il s'en inquiète et s'attire la réponse suivante d'un jeune chef de patrouille : « C'est de votre faute ! Pourquoi n'y a-t-il pas de scouts catholiques ? » Il faudra attendre 1920 pour voir démarrer la Fédération des Scouts de France, donc le Père Jacques Sevin rédigera les premiers textes fondamentaux.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Les premiers scouts catholiques



Les scouts pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918)[modifier | modifier le wikicode]

Durant la guerre 14-18, les EDF et EU rendent de nombreux services : estaffettes dans les gares, les hôpitaux, accueil des blessés dans les rangs de la Croix Rouge, renseignements dans les lignes ennemies, garde-côtes pour les scouts marins ; toujours au péril de leur vie. Nicolas Benoit, officier de marine à l'origine des EDF, meurt au champ d'honneur à la tête de ses fusiliers marins le 17 décembre 1914.

French boyscout in WW1.jpg

Développement et organisation du Scoutisme en France (années 1920 et 1930)[modifier | modifier le wikicode]

Le scoutisme masculin[modifier | modifier le wikicode]

Le scoutisme éprouve des difficultés à se faire admettre par l'opinion publique ou religieuse qui ne voit en lui qu'une association paramilitaire. De fait avant 1914, certaines sociétés de tir avaient de jeunes "éclaireurs" tandis que l'autorité militaire avec le Commandant Royet eut longtemps tendance à confondre scoutisme et préparation militaire.

A force de travail sur la doctrine et de communication, les différents mouvements scouts rayonnent rapidement. De 1911 à 1923, sept associations sont fondées en France, les réalités culturelles et religieuses françaises n'ayant pas permis la création d'un mouvement scout unifié comme dans la plupart des pays de tradition anglo-saxonne.

Dès août 1920, les différentes associations existantes (EDF, EU, SDF) se rassemblent au camp de Francport. L'idée d'un Scoutisme Français est déjà dans certains esprits, il ne verra le jour que bien plus tard..Par ailleurs au lendemain de la guerre les milieux militaires se désintéressent du scoutisme.

Au lendemain de la Grande Guerre, le jamboree d'Olympia à Londres, en 1920, permet d'oublier les séquelles des combats et la fraternité triomphe. La délégation française compte 125 participants : 75 EU, 50 EDF et 15 SDF.

Le scoutisme féminin[modifier | modifier le wikicode]

Tandis que les associations scoutes masculines se forment selon des clivages religieux, la Fédération française des éclaireuses va constituer un mouvement extrêmement original avec ses trois sections neutre, israélite et unioniste (protestant).

La FFE est ainsi plus fidèle au modèle britannique d’association unique ouverte à toutes les tendances de la société que les mouvements scouts masculins. Ce mouvement reste une expérience unique dans le paysage associatif français et un témoignage que d’autres chemins sont possibles.

L'ouverture d'esprit de la FFE et la prise en compte des réalités communautaires permettent par exemple aux éclaireuses israélites d'être acceptées dès 1928 au sein de la FFE et créer la section "I" (Israélite), tout en étant membres des EIF, partageant groupes locaux et formations.

Importance de la formation dans le développement du mouvement scout[modifier | modifier le wikicode]

Le premier camp de formation scoute est organisé en France en 1921 à la Croix Saint-Ouen sur les bords de l'Oise en forêt de Compiègne. On y rencontre ensemble les chefs des EDF et des EUF, mais aussi Jacques Sevin, un des fondateurs des SDF. Ce premier camp reçoit la visite de Baden-Powell, fondateur du scoutisme.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Importance de la formation dans le développement du mouvement scout


St Ouen.jpg

Création de l'Internationale scoute[modifier | modifier le wikicode]

Le congrès scout mondial tenu à Paris en 1922 proclame Baden-Powell Chef-scout du monde et installe le mouvement dans la philosophie de la Société des Nations.

Les Français participent activement aux jamborees, grands rendez-vous de cette internationale pacifique et joyeuse de la jeunesse.

En 1923, les mouvements français établissent deux organismes de concertation :

Ces deux organismes favorisent la multiplication des activités inter-mouvements au plan international et donnent naissance à un état d'esprit de scoutisme fédéral.

Les mouvements se développent avec la création des branches cadettes et aînées ; les éclaireurs sont rejoints par des louveteaux et des routiers.

En 1924, 126 français des différents mouvements participent au jamboree d'Ermelunden à Copenhague.

Le maréchal Lyautey devient Président d'honneur de toutes les associations scoutes de France en 1928. Il sera présent au jamboree de Birkenhead en 1929 en Angleterre où 2.400 scouts français ont répondu présent. Ce Jamboree est marqué par une pluie incessante qui transforme le sol en un tapis de boue et par une tour Eiffel de 16 mètres de haut réalisée par la 28e et la 5e Paris SDF avec 750 bâtons scouts.

En 1936, les unionistes et les "éclés" fêtent ensemble leurs 25 ans lors de la Cérémonie de la Sobonne. Le mouvement des "Scouts de France" est endeuillé par le décès du général de Salins et du chanoine Cornette. Le général Lafont succède au général de Salins La même année, on compte 12 000 EDF, 10 000 EU et 62 000 SDF.

Pendant cette période on note l'existence de mouvements scouts étrangers en France ou imitant le scoutisme.

Le Scoutisme Français : les années noires (de 1940 à 1945)[modifier | modifier le wikicode]

Après la défaite de 1940 et l'occupation de la partie nord de la France, les allemands interdisent immédiatement le scoutisme dans la zone qu'ils occupent mais celui-ci se poursuit sous diverses formes de camouflage. L'histoire du S.F en zone non occupée est complexe et douloureuse.

Création de la Fédération du Scoutisme Français[modifier | modifier le wikicode]

Après la défaite militaire du printemps 1940, le Bureau Inter-Fédéral du scoutisme (BIF) réunit le 5 août 1940 à Vichy les directions des différents mouvements pour étudier les conditions d'un rapprochement des associations scoutes sur la base de l’équivalence des formations de cadres et des pratiques pédagogiques, chaque association conservant sa ligne spirituelle.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Création de la fédération Le Scoutisme Français



Dissolution des Éclaireurs israélites de France[modifier | modifier le wikicode]

Par une loi du 29 novembre 1941 du gouvernement de Vichy, le mouvement des Eclaireurs Israélites de France est dissout comme toutes les organisations juives non cultuelles.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Dissolution des Éclaireurs israélites de France


1940 EIF maison enfants.jpg

Le Scoutisme Français et l'État français[modifier | modifier le wikicode]

L’État Français entend faire du Scoutisme un pilier de sa politique de jeunesse. Cette intégration accorde au Scoutisme une audience et des moyens inédits.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Le Scoutisme Français et l'État français


SF Petain 1940.gif

Le Scoutisme Français et la France Libre[modifier | modifier le wikicode]

En mars 1943 en Grande-Bretagne est décidé la fusion du Scoutisme Français en Angleterre (les Éclaireurs français de Grande Bretagne créés en 1940 dont le général de Gaulle est le président d'honneur) avec celui d'Afrique.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Le Scoutisme Français et la France Libre


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Le Scoutisme Français : les années fédérales (de 1945 à 1964)[modifier | modifier le wikicode]

A sa création et jusqu’au début des années 1960, le Scoutisme Français joue un rôle dynamique et fédérateur ; les programmes et surtout les pratiques scoutes des différents mouvements sont très proches, ce qui facilite le travail en commun et permet des échanges fructueux.

A l’époque, il existe des programmes, pratiques et uniformes normalisés, des unités fédérales et des structures facilitant la pratique en commun de certaines activités comme les collèges locaux, les unités communes (dites fédérales) dans les écoles militaires, dans certains pays lointains ou dans la zone française d’occupation en Allemagne. Au plan local la Saint Georges ou le Challenge annuel réunissent les différents mouvements.

Premier exemple de l'implication politique des associations membres du SF : en Algérie le 20 novembre 1954 (trois semaines après le début de la guerre d’Algérie), une lettre ouverte au gouverneur général d’Algérie signée par les représentants locaux des mouvements membres du Scoutisme Français et de 15 autres mouvements de jeunesse dénonce la situation d’oppression. Cette lettre fera un véritable scandale.

Jamboree de la Paix à Moisson[modifier | modifier le wikicode]

En 1947, dans une période de restrictions et grâce à une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs concernés, le Scoutisme Français est ainsi capable d’organiser le Jamboree mondial de 1947 à Moisson près de Paris, dit Jamboree de la Paix, qui rassemble des scouts du monde entier après des années de guerre et d’interdictions.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Jamboree de la Paix à Moisson



Le Scoutisme Français et l'enfance défavorisée[modifier | modifier le wikicode]

Le Scoutisme Français œuvre au service de l’enfance défavorisée handicapés physiques, mentaux et jeunes pré-délinquants). Dès 1947, des sessions de formations de chefs inter-mouvements ont lieu sur ce thème à Marly-le-Roi. Jusqu’au début des années 1960, le Scoutisme Français organise à Paris les conférences du Méridien à l’initiative d’Henri Joubrel, commissaire EDF à l’enfance défavorisée.

Création des Éclaireurs Neutres de France[modifier | modifier le wikicode]

Au lendemain du Jamboree de 1947, une nouvelle association voit le jour (ce n'est que la première d'une longue série) sous l'impulsion de Marcel Lepage : Les Eclaireurs Neutres de France (ENF). Marcel Lepage juge semble-t-il que les EDF ne répondent plus aux besoins de la jeunesse. Georges Bertier, un des deux membres fondateurs des EDF, rejoint les ENF en 1952 en tant que président.

Scouts de France : la proposition "Raiders"[modifier | modifier le wikicode]

Au sortir de la guerre, on sent au sein des Scouts de France un ralentissement des ambitions et de la progression chez les éclaireurs. Michel Menu, alors Commissaire National Eclaireurs (CNE), mène l'enquête et propose des activités revigorées tout en respectant la méthode préconisée par BP.

Il propose alors des techniques utilisant les nouvelles techniques (parachutisme, judo, radios...) et une étape d'engagement supplémentaire pour 1re classe qu'il appela "Raiders".

Le style des nouvelles troupes raiders (dont un béret vert et un insigne métallique particulier les distinguaient des troupes normales) sera plus tard critiqué pour leur coté "commando" et "élitiste" par certains chefs du mouvement. Mais pour les jeunes, c'est un véritable engouement : les rallyes nationaux raiders sont là pour le confirmer (700 raiders pour le rallye de Combrit en 1951, 5 000 raiders pour celui de la Banne d'Ordanche en 1956). On peut noter que l'engouement pour le raiderisme dépasse les frontières du mouvement Scouts de France, puisque qu'il y aura également quelques raiders Eclaireurs de France (cette proposition est ensuite interdite aux EDF).


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Raiders



Entre tradition, évolution et révolution : les choix des associations (de 1964 à 1989)[modifier | modifier le wikicode]

Les rénovations pédagogiques initiées dans les années 1960-1970, non concertées entre les différents mouvements scouts, entraînent un repli sur les programmes et pratiques des associations au détriment d’une pratique fédérale, commune et partageable. C’est notamment le choix de la co-éducation et la création de propositions pédagogiques spécifiques aux adolescents.

L'année 1964 avec le lancement de la réforme de François Lebouteux chez les SDF aux conséquences alors insoupçonnables et l'auto-dissolution de la FFE est cruciale.

Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers"[modifier | modifier le wikicode]

L'expérience "Raider" étant un franc succès, les cadres Scouts de France sont persuadés que le scoutisme doit aller plus loin et proposer une pédagogie spécifique aux plus âgés des troupes.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" (1964)



Le choix de la co-éducation : dissolution de la FFE[modifier | modifier le wikicode]

Dans les années 1960, trois associations font le choix de la co-éducation, éducation concertée entre garçons et filles. La Fédération française de éclaireuses (FFE) s'auto-dissout en 1964 ; sa section neutre rejoint les EDF pour créer les EEDF, la section israélite rejoint les EIF en 1969 pour créer les EEIF et la section unioniste (protestante) se fédère en 1970 avec les EUF pour créer la FEEUF.

Le rassemblement des cadres Scouts de France et Guides de France à La Trivalle en 1973 donne à penser que ces deux mouvements vont faire, eux aussi, le choix du partenariat et de la co-éducation. Il n'en sera rien en raison du refus des Guides de France. Les Scouts de France font alors seuls le choix de la co-éducation dans leur projet éducatif et ouvrent leurs unités aux filles.

Il faudra attendre 2004 pour que les Scouts de France et les Guides de France fusionnent dans un même mouvement : les Scouts et guides de France (SGDF).

Création des Scouts unitaires de France[modifier | modifier le wikicode]

Les innovations pédagogiques proposées chez les Scouts de France ne sont pas acceptées dans tous leurs groupes locaux.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Création des Scouts unitaires de France (1971)


Le refus de mettre en oeuvre cette réforme pédagogique entraîne le départ de groupes locaux et de chefs qui permettront l'essor de deux mouvements nationaux (SUF et Scouts d'Europe) ainsi que de nombreux groupes autonomes (Scouts saint Georges, Scouts de Riaumont, Scouts Baden-Powell, Scouts de Caen, Scouts d'Artois...) reflétant parfois les différentes tendances sociologiques du catholicisme français.

Il est intéressant de souligner que dans d’autres pays (notamment chez les scouts américains, ou belges), ces différentes propositions pédagogiques cohabitent et se complètent, enrichissant l’offre faite aux jeunes et à leurs familles par le mouvement scout.

Développement des Scouts d'Europe[modifier | modifier le wikicode]

Cette association est caractérisée par une dimension catholique, fédérale et européenne. Sa sensibilité religieuse est celle de certains courants religieux catholiques soucieux de rénover et retrouver au niveau européen un scoutisme catholique missionnaire.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Développement des Scouts d'Europe (à partir de 1962)



Création de la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs[modifier | modifier le wikicode]

Les réformes initiées chez les EEDF, notamment l'abandon de la plupart des signes et symboles du scoutisme historique, donnent également naissance à de nombreux petits groupes attachés aux traditions scoutes ; ils se fédèrent en 1989 pour créer la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs (FEE).

Aujourd'hui pour demain[modifier | modifier le wikicode]

Création des Scouts musulmans de France[modifier | modifier le wikicode]

Le 9 février 1991, en pleine guerre du Golfe, les Scouts de France et les Scouts Musulmans de France, sous l’impulsion du Cheïkh Khaled Bentounès, signent un protocole de partenariat en présence des représentants des régions arabe et européenne de l’OMMS.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Création des Scouts musulmans de France (1991)



État des lieux : Le Scoutisme Français[modifier | modifier le wikicode]

Rien n'a vraiment changé depuis les années 1970 ; on peut facilement recenser une cinquantaine d'associations dites scoutes en France.

Le Scoutisme Français est membre fondateur de l’Organisation mondiale du mouvement scout (OMMS) et de l’Association mondiale des guides et éclaireuses (AMGE). Cette fédération rassemble plus de 80.000 jeunes et responsables autour d’une proposition éducative porteuse de valeurs citoyennes, solidaires et spirituelles. En tant qu’associations de jeunesse et d’éducation populaire, ces mouvements sont agréés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et les EEDF, EEUdF, EEIF et SGDF sont reconnus d’utilité publique.

Ces cinq associations se veulent réellement représentatives de la société nationale, tant par leurs origines que par les valeurs qu’elles transmettent. Elles s’enracinent dans leur histoire commune, notamment une solidarité forgée dans la lutte contre l’occupant nazi lors de la seconde guerre mondiale (à l’exception des SMF, fondés plus tard).

État des lieux : les mouvements scouts agréés par l'État[modifier | modifier le wikicode]

A la différence du Mouvement Sportif et de ce qui se passe dans de nombreux autres pays, la pratique du scoutisme n'est pas protégée règlementairement en France : n'importe qui peut créer une association dite "de scoutisme" mais l' "accueil de scoutisme" est désormais règlementé.

L'État (Ministère de la Jeunesse et des Sports) a agréé dix associations scoutes comme mouvement de jeunesse et d'éducation populaire.

En plus des six associations membres de la fédération du Scoutisme Français, ce sont quatre mouvements qui regroupent près de Modèle:Formateur:70000 jeunes et responsables : l'Association des guides et scouts d'Europe (mouvement catholique), les Éclaireurs neutres de France (mouvement neutre), la Fédération des éclaireuses et éclaireurs (mouvement laïque) et les Scouts unitaires de France (mouvement catholique).


Il existe des antagonismes anciens entre les mouvements reconnus par l'état et pendant des décennies l'opposition a été nette, parfois violente, entre certaines associations. Toutefois, en 2002-2003, le scoutisme faisant l'objet de mesures règlementaires très préjudiciables et grâce à l'Amicale du scoutisme parlementaire une démarche commune et ostensible des 10 (alors) mouvements reconnus par l'État est faite auprès du ministre. Le décret est alors retiré.

Le centenaire du scoutisme en 2007 : un nouveau chemin ?[modifier | modifier le wikicode]

Plusieurs des manifestations commémorant en France le centenaire du Scoutisme en 2007 ont été l'occasion pour les responsables de ces différents mouvements de se rencontrer et de se parler officiellement ou officieusement. Néanmoins la Déclaration du 24 mai 2012 est restée pour l'instant sans lendemain.

Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]



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Histoire du scoutisme en France
Drapeau français
Les débuts du Scoutisme en France :
Les découvreurs du scoutisme en FranceL'impossible unitéLes premiers scouts catholiques • Les scouts pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918)
Développement et organisation du Scoutisme en France (années 1920 et 1930) :
Le scoutisme masculin • Le scoutisme féminin • Importance de la formation dans le développement du mouvement scout • Création de l'Internationale scoute
Le Scoutisme Français : les années noires (de 1940 à 1945) :
Création de la fédération Le Scoutisme FrançaisDissolution des Éclaireurs israélites de FranceLe Scoutisme Français et l'État françaisLe Scoutisme Français et la France Libre
Le Scoutisme Français : les années fédérales (de 1945 à 1964) :
Jamboree de la Paix à Moisson • Le Scoutisme Français et l'enfance défavorisée • Création des Éclaireurs Neutres de France • Scouts de France : la proposition "Raiders"
Entre tradition, évolution et révolution : les choix des associations (de 1964 à 1989) :
Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" • Le choix de la co-éducation : dissolution de la FFE • Création des Scouts unitaires de FranceDéveloppement des Scouts d'Europe • Création de la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs
Aujourd'hui pour demain :
Création des Scouts musulmans de France • État des lieux : Le Scoutisme Français • État des lieux : les neuf mouvements scouts agréés par l'État • Le centenaire du scoutisme en 2007 : un nouveau chemin ?

Notes et références