Indianisme

De Scoutopedia
Ernest Thompson Seton avec Baden-Powell et Daniel Carter Beard

L'indianisme, aussi appelé peau-rougisme fait référence au mode de vie des Indiens d'Amérique de Nord.

C'est à la fois un concept pédagogique cousin du scoutisme (comme le sont d'autres mouvements éducatifs ou de jeunesse) et, également, un imaginaire utilisé dans le scoutisme (au même titre que la chevalerie ou le Livre de la jungle de Kipling).

L'indianisme avant le scoutisme[modifier | modifier le wikicode]

En 1902, Ernest Thompson Seton (1860-1946), un Britannique vivant aux États-Unis, publie The Birch-Bark Roll of the Woodcraft Indian. « Il propose aux jeunes américains d’imiter la civilisation Peau-Rouge, en vivant dans la nature et en pratiquant ses rites et son sens de l’honneur et de la communauté, méthode qui préfigure en bien des points le scoutisme de BP, » écrit Alain Jamot[1]. Les deux hommes se connaissaient et s'appréciaient par ailleurs, et lors du camp de Brownsea en 1907, BP proposera aux garçons des jeux présentés par Seton dans un de ses livres, Deux petits sauvages (Two Little Savages, écrit en 1903), dont au moins un exemplaire sera dédicacé à l'un des garçons par l'auteur, présent sur l'île.

Un personnage réel comme l'écrivain Grey Owl, immensément populaire, mais totalement « fabriqué » est le symbole de cette époque où l'Indien Peau-Rouge occupe une place extraordinaire dans la tête des jeunes garçons.


Si le campisme et quelques autres innovations pédagogiques sont partagés entre les 2 mouvements, le divorce avec l'indianisme (en tant que méthode éducative) est cependant très vite consommé (1915 aux États unis, 1921 en Grande-Bretagne).

Face à ceux qui prônent de vivre à l'état sauvage, BP dénonce une déviation de sa pédagogie. Ainsi que le relève Carine Chabrier : « BP ne condamne pas la civilisation comme corruptrice, ce qui contredirait son idéologie colonialiste, mais prône la vie des bois pour apprendre au garçon le sens de l'effort et du concret, qui l'aidera à mieux vivre dans la civilisation. C'est pourquoi il sous-titre son ouvrage Scouting for boys, "handbook of instruction in good citizenships through woodcraft", c'est-à-dire "formation de bons citoyens au moyen de la science des bois". » [2]

Le thème de l'indianisme chez les scouts[modifier | modifier le wikicode]

Le scoutisme va conserver de l'indianisme les aspects folkloriques, mais dans le but de dynamiser son action auprès des jeunes notamment comme imaginaire. Les livres de Grey Owl en sont un support trés répandu. Lors des premiers jamborees, plusieurs démonstrations de coutumes indigènes, aussi bien d'Amérique que d'Afrique, furent présentées. Encore au Jamboree de Moisson en 1947, les "indiens" forment la premier rang du défilé inaugural.

À Chamarande, Renard Noir, alias le père Sevin, parade en grande tenue de Sachem.

Mais ce fut aussi un thème de grand jeu ou un système de références artistiques, décoratives. Voir également la pictographie.


L'indianisme originel des BSA[modifier | modifier le wikicode]

Lorsque William D. Boyce fonde les Boy Scouts of America (BSA), le 8 février 1910, il intègre différentes associations de jeunesse, dont les Woodcraft Indians de Seton. Celui-ci devient alors Chef scout des BSA, jusqu'à son départ en 1915 en raison de ses conflits avec James E. West, Chief Scout Executive. Seton écrit en 1910 A Handbook of Woodcraft, Scouting, and Life-craft, incluant Scouting for Boys de Baden-Powell et contribue au manuel des BSA. Si ses contributions sont supprimées de l'édition en 1916, il reste largement responsable de l'influence de la culture indienne chez les BSA.

The Society of the Sons of Daniel Boone, une organisation de jeunesse puisant elle aussi sa mythologie dans le Grand-Ouest américain (fondée par Daniel Carter Beard en 1905), sera également absorbée par les Boy Scouts of America. Une influence de l'indianisme subsiste dans le Order of the Arrow, branche des BSA.

(à compléter)

Au Canada[modifier | modifier le wikicode]

La totémisation aurait été importée par le scoutisme canadien-français au cours des années 1930, et cet usage s’est perpétué jusqu’à nos jours[3].

La mode indianiste chez les scouts français[modifier | modifier le wikicode]

Les mythes de l'Indien et du chevalier réunis par Joubert.

L'indianisme est un thème très important pour les scouts français, de la naissance du mouvement scout jusqu'aux années 1950.

Initialement, la faveur des "peaux rouges" était supportée par de nombreux journaux illustrés destinés à la jeunesse, des romans, les tournées de Buffalo Bill (en 1889 et 1905). Le scoutisme adopta très vite l'indianisme, y puisant des idées de grand jeu, des particularités de langage (VP, écorces, scalp, tipi, des unités reçurent le nom de tribus indiennes...), des éléments décoratifs et surtout la totémisation (avec des chants comme le Chant de totémisation (EDF)).

Les premiers mouvements masculins : EDF (Jean Loiseau) et EUF, plus tard les SDF (Paul Coze) puisèrent abondamment dans cet imaginaire, cf Wakanda. Mais très vite les critiques furent vives, notamment de la part du clergé catholique qui craignait une contagion de l'animisme, mais aussi des éducateurs laïcs. La chevalerie fut ainsi utilisée comme contrefeu. Dans Le Chef de juin 1922, le père Sevin écrit un article intitulé "Indianisme et Chevalerie" : « Pratiquement, si l’indianisme amuse tes gosses, laisse-les faire avec mesure. Que cela reste un jeu, un brin de folie qu’on se permet de temps à autre, même entre gens raisonnables ».

À partir de 1945, le peau-rougisme décline, mais il est encore présent au Jamboree de Moisson en 1947.

L'indianisme en Belgique et en Suisse[modifier | modifier le wikicode]

(sections à développer)


Les mouvements indianistes et le scoutisme[modifier | modifier le wikicode]

Le scoutisme, même s'il utilise certaines techniques dites "Woodcraft » (l’art de la vie sauvage), n'est pas un mouvement indianiste.

Cependant, de vrais mouvements basés sur la culture indienne existent ou ont existé. Ils n'entretiennent plus aucune relation avec le scoutisme.

En Amérique[modifier | modifier le wikicode]

Ernest Thompson Seton fonde en 1902 le mouvement des Woodcraft Indians, qui s'intègre aux BSA en 1910. Puis ils reprennent leur autonomie en 1915 sous le nom de Woodcraft League of America et s'ouvre aux enfants « de 4 à 94 ans ». Bien que le mouvement Woodcraft décline dans les années 1940, à la mort de Seton, il reste aujourd'hui de nombreux camps aux États-Unis et au Canada fondés par des amis et élèves de Suton. Les WoodCraft Rangers à Los Angeles sont les plus connus.

En Europe[modifier | modifier le wikicode]

En Grande-Bretagne, le Kibbo Kift sera fondé en 1920 par John Hargrave, un ex-protégé de Baden-Powell totémisé « White Fox ». Il quitte le scoutisme (exclu du Bureau international en 1921, pour « disloyalty to the Movement ») et va mélanger traditions indiennes et revival saxon, avec costumes assortis. Quintessence de l’esprit Woodcraft, son groupe deviendra plus tard un parti politique, les Chemises Vertes. Une scission du Kibbo Kift existe toujours, The Woodcraft Folk. Cette association fut proche du mouvement international des Faucons rouges.

Ailleurs, seule la Tchécoslovaquie adoptera avec enthousiasme cette méthode de plein air, avec la Ligue tchèque woodcraft fondée en 1920 par Milos Seifert. On assiste actuellement à son réveil, après cinquante années d’interdiction.


Notes et références


Liens externes[modifier | modifier le wikicode]