« André Basdevant » : différence entre les versions

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'''André Basdevant''' ([[1909]]-[[1999]]) est issu d'une famille de juristes protestants. Son père, Jules Basdevant, fut un grand professeur de droit international et un juriste au ministère des affaires étrangères. Il démissionna avec fracas le 29 mai 1941 pour protester contre l'autorisation donnée par le gouvernement de Vichy aux avions allemands d'utiliser les aérodromes de Syrie pour combattre les Anglais. André Basdevant devient avocat en 1929 après avoir été lauréat du concours général des facultés de droit et diplômé de l'Ecole libres des sciences politiques.  
'''André Basdevant''' ([[1909]]-[[1999]]) est issu d'une famille de juristes protestants. Son père, Jules Basdevant, fut un grand professeur de droit international et un juriste au ministère des affaires étrangères. Il démissionna avec fracas le [[29 mai]] [[1941]] pour protester contre l'autorisation donnée par le gouvernement de Vichy aux avions allemands d'utiliser les aérodromes de Syrie pour combattre les Anglais. André Basdevant devient avocat en [[1929]] après avoir été lauréat du concours général des facultés de droit et diplômé de l’École libres des sciences politiques.  


==Carrière scoute avant guerre==
==Carrière scoute avant guerre==


Après avoir dirigé dans les années 30 une troupe d'Eclaireurs unionistes à Clichy, André Basdevant continue ses activités chez les Eclaireurs de France. Il est l'un des organisateurs de la visite de Baden-Powell à Paris en décembre 1936¹. Il est en 1940 commissaire régional Eclaireurs de France pour l'Ile de France et membre du comité directeur de cette association². Il définit ainsi sa position personnelle : "J'étais donc à bien des égard un "laïque" mais sans partager toutes les opinions de la Ligue de l'Enseignement qui me paraissaient inutilement combatives et parfois sectaires. J'étais partisan d'une laïcité plus ouverte"³.  
Après avoir dirigé dans les années 30 une troupe d’Éclaireurs unionistes à Clichy, André Basdevant continue ses activités chez les [[Eclaireurs de France]]. Il est l'un des organisateurs de la visite de [[Baden-Powell]] à Paris en décembre 1936<ref>"D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs œuvres", p 117</ref>. Il est en [[1940]] [[commissaire]] régional des Eclaireurs de France pour l'Ile de France et membre du comité directeur de cette association<ref>Annuaire [[1940]] des [[Eclaireurs de France]], p 3 et 33</ref>. Il définit ainsi sa position personnelle :  
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==Secrétaire général du Scoutisme Français==
==Secrétaire général du [[Scoutisme Français]]==


Blessé durant la campagne de mai-juin 1940, André Basdevant ne souhaite pas retrouver son cabinet d'avocats à Paris et se consacre dès lors au scoutisme.  
Blessé durant la campagne de mai-juin [[1940]], André Basdevant ne souhaite pas retrouver son cabinet d'avocats à Paris et se consacre dès lors au scoutisme.  
En septembre 1940, il  devient secrétaire général du Scoutisme Français qui vient  d'être créé au camp de l'Oradou. Basdevant est donc au coeur des multiples aspects contradictoires du Scoutisme Français dans une période d'une extrême complexité.   
En septembre [[1940]], il  devient secrétaire général du [[Scoutisme Français]] qui vient  d'être créé au camp de [[L'Oradou]]. Basdevant est donc au cœur des multiples aspects contradictoires du [[Scoutisme Français]] dans une période d'une extrême complexité.   


En zone Nord, le scoutisme a été interdit par les Allemands. Les protestations du Scoutisme Français restent lettre morte. A l'été 1942, les négociations menées par le secrétariat général à la jeunesse de Vichy avec les Allemands pour une autorisation du scoutisme en zone nord échouent en raison des propositions jugées insuffisantes du Scoutisme Français sur "la question juive".
En zone Nord, le scoutisme a été interdit par les Allemands. Les protestations du [[Scoutisme Français]] restent lettre morte. A l'été [[1942]], les négociations menées par le secrétariat général à la jeunesse de Vichy avec les Allemands pour une autorisation du scoutisme en zone nord échouent en raison des propositions jugées insuffisantes du [[Scoutisme Français]] sur "la question juive".


En zone sud, le Scoutisme Français est vivement encouragé par le gouvernement du maréchal Pétain, au point d'apparaître parfois comme un mouvement de jeunesse officiel. La presse rend largement compte de son enthousiasme maréchaliste visible par exemple lors des Journées nationales du Scoutisme Français des 8 et 9 février 1942 à Marseille⁴. André Basdevant, comme les commissaires généraux des trois associations scoutes masculines est d'ailleurs décoré de la Francisque, l'insigne officiel du régime, lors d'un diner privé le 18 mars 1942 chez le maréchal Pétain⁵.
En zone sud, le [[Scoutisme Français]] est vivement encouragé par le gouvernement du maréchal Pétain, au point d'apparaître parfois comme un mouvement de jeunesse officiel. La presse rend largement compte de son enthousiasme maréchaliste visible par exemple lors des Journées nationales du [[Scoutisme Français]] des [[8 février|8]] et [[9 février]] [[1942}} à Marseille<ref>La Croix, [[13 février]] [[1942]], sur [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k444487h/f3.pagination Gallica]</ref>. André Basdevant, comme les commissaires généraux des trois associations scoutes masculines est d'ailleurs décoré de la Francisque, l'insigne officiel du régime, lors d'un diner privé le [[18 mars]] [[1942]] chez le maréchal Pétain<ref>La Croix [[19 mars]] [[1942]], "Les réceptions du maréchal Pétain", sur [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4445161/f1.r=Basdevant Gallica]</ref>.


Mais cette proximité relative avec le régime n'empêche pas une nette prise de distance sur les sujets les plus graves : la question du scoutisme juif et celle du mouvement de jeunesse unique. Cette situation conduit Basdevant à avoir des contacts étroits avec la France libre à partir de 1943.
Mais cette proximité relative avec le régime n'empêche pas une nette prise de distance sur les sujets les plus graves : la question du scoutisme juif et celle du mouvement de jeunesse unique. Cette situation conduit Basdevant à avoir des contacts étroits avec la France libre à partir de [[1943]].


===La défense du scoutisme juif===
===La défense du scoutisme juif===


En juin 1941, Basdevant se rend d'urgence en Algérie, par avion, avec Pierre François, commissaire général des Eclaireurs de France et le RP Forestier, aumônier général des Scouts de France, pour empêcher l'extension à l'Algérie de l'interdiction des Eclaireurs israélites de France déjà réalisée en Tunisie. En métropole, les démarches menées en décembre 1941 par le Scoutisme Français auprès de Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives permettent aux Eclaireurs israélites de France de continuer à exister au sein du Scoutisme Français malgré l'interdiction de leur mouvement le 7 mars 1942. Cette situation sera jugée intolérable par Darquier de Pellepoix, successeur de Vallat. Il décide, malgré les interventions du Scoutisme Français, une seconde interdiction, totale et définitive, des Eclaireurs israélites le 5 janvier 1943. Fin 1942, le Scoutisme Français s'était déjà opposé au projet de texte, préparé par les services de Darquier de Pellepoix, interdisant aux Juifs d'appartenir à un mouvement de jeunesse.
En juin [[1941]], Basdevant se rend d'urgence en Algérie, par avion, avec Pierre François, [[commissaire]] général des [[Eclaireurs de France]] et le RP [[Marcel Forestier|Forestier]], [[aumônier]] général des [[Scouts de France]], pour empêcher l'extension à l'Algérie de l'interdiction des Eclaireurs israélites de France déjà réalisée en Tunisie. En métropole, les démarches menées en décembre [[1941]] par le [[Scoutisme Français]] auprès de Xavier Vallat, [[commissaire]] général aux questions juives permettent aux Eclaireurs israélites de France de continuer à exister au sein du [[Scoutisme Français]] malgré l'interdiction de leur mouvement le [[7 mars]] [[1942]]. Cette situation sera jugée intolérable par Darquier de Pellepoix, successeur de Vallat. Il décide, malgré les interventions du [[Scoutisme Français]], une seconde interdiction, totale et définitive, des Eclaireurs israélites le [[5 janvier]] [[1943]]. Fin [[1942]], le [[Scoutisme Français]] s'était déjà opposé au projet de texte, préparé par les services de Darquier de Pellepoix, interdisant aux Juifs d'appartenir à un mouvement de jeunesse.


André Basdevant n'hésite pas  à prendre des risques personnels importants quant à l'aide aux Juifs. On sait depuis peu, qu'à partir d'octobre 1943, Basdevant cache chez lui une jeune éclaireuse juive, Françoise Dennery. Officiellement, elle s'occupe des enfants Basdevant. Ses soeurs, Annette et Lise, également éclaireuses, sont cachées chez les François et les Duphil, responsables nationaux des Eclaireurs de France. L'affaire prend un tour particulièrement étonnant quand on sait que tout ceci se passe à Vichy et que Lise habite au pavillon Sévigné où demeure ... le maréchal Pétain⁶. André Basdevant n'a jamais fait publiquement état des risques qu'il a pris à ce moment.
André Basdevant n'hésite pas  à prendre des risques personnels importants quant à l'aide aux Juifs. On sait depuis peu, qu'à partir d'octobre [[1943]], Basdevant cache chez lui une jeune éclaireuse juive, Françoise Dennery. Officiellement, elle s'occupe des enfants Basdevant. Ses sœurs, Annette et Lise, également éclaireuses, sont cachées chez les François et les Duphil, responsables nationaux des Eclaireurs de France. L'affaire prend un tour particulièrement étonnant quand on sait que tout ceci se passe à Vichy et que Lise habite au pavillon Sévigné où demeure ... le maréchal Pétain<ref>Voir le témoignage d'Annette Dennery.</ref>. André Basdevant n'a jamais fait publiquement état des risques qu'il a pris à ce moment.


===La lutte contre le mouvement de jeunesse unique===
===La lutte contre le mouvement de jeunesse unique===


Le Scoutisme Français s'appuie sur les éléments du régime de Vichy refusant le mouvement de jeunesse unique prôné par son aile fasciste. Sa position rejoint celles des  églises chrétiennes. La création fin 1941 des Equipes nationales fait l'objet d'âpres négociations avec le Secrétariat général à la jeunesse, celles-ci voulant constituer une structure  englobant tous les mouvements de jeunes existant, ce que refuse le Scoutisme Française. A partir de 1943, celui-ci s'efforce de décourager les tentatives menées par la Milice française en direction des jeunes.
Le [[Scoutisme Français]] s'appuie sur les éléments du régime de Vichy refusant le mouvement de jeunesse unique prôné par son aile fasciste. Sa position rejoint celles des  églises chrétiennes. La création fin [[1941]] des Équipes nationales fait l'objet d'âpres négociations avec le Secrétariat général à la jeunesse, celles-ci voulant constituer une structure  englobant tous les mouvements de jeunes existant, ce que refuse le [[Scoutisme Français]]. A partir de [[1943]], celui-ci s'efforce de décourager les tentatives menées par la Milice française en direction des jeunes.


== Les contacts avec la France libre==
== Les contacts avec la France libre==


A l'été de 1943, André Basdevant réserve un bon accueil à la [[Mission Fraval]] Jean-Louis Fraval, émissaire de la France libre, est parachuté en France, pour contacter les mouvements de jeunes et les sonder sur leurs position à ce sujet. Basdevant lui explique que le Scoutisme Français avait cru devoir s'associer à l'effort du Secrétariat général à la jeunesse, le secteur "Jeunesse" paraissant le plus sain de Vichy.  
A l'été de [[1943]], André Basdevant réserve un bon accueil à la [[Mission Fraval]] Jean-Louis Fraval, émissaire de la France libre, est parachuté en France, pour contacter les mouvements de jeunes et les sonder sur leurs position à ce sujet. Basdevant lui explique que le [[Scoutisme Français]] avait cru devoir s'associer à l'effort du Secrétariat général à la jeunesse, le secteur "Jeunesse" paraissant le plus sain de Vichy.  


La position de Basdevant lui permet de faire rencontrer à Fraval les dirigeants des Eclaireurs de France, des Eclaireurs unionistes, de la Fédération française des éclaireuses et des Guides de France. Il déconseille à Fraval de rencontrer les Scouts de France, se chargeant de les contacter lui-même
La position de Basdevant lui permet de faire rencontrer à Fraval les dirigeants des [[Eclaireurs de France]], des [[Eclaireurs unionistes]], de la [[Fédération française des éclaireuses]] et des [[Guides de France]]. Il déconseille à Fraval de rencontrer les [[Scouts de France]], se chargeant de les contacter lui-même.


En mars 1944, André Basdevant transmet à Alger, siège de la France libre, un ambitieux projet de réorganisation des services de la jeunesse pour l'après-guerre. Le rapport est transmis par la valise diplomatique, l'un de ses frères étant en poste à l'ambassade de France en Roumanie. Ce rapport développait notamment l'idée des conseils municipaux d'enfants qui sera mis en oeuvre bien plus tard.
En mars [[1944]], André Basdevant transmet à Alger, siège de la France libre, un ambitieux projet de réorganisation des services de la jeunesse pour l'après-guerre. Le rapport est transmis par la valise diplomatique, l'un de ses frères étant en poste à l'ambassade de France en Roumanie. Ce rapport développait notamment l'idée des conseils municipaux d'enfants qui sera mis en œuvre bien plus tard.


Basdevant aura aussi plusieurs contacts avec Claudius-Petit, représentant des mouvements de jeunesse à l'Assemblée consultative d'Alger. Il lui sera proposé en décembre 1943 de railler Alger et les services de la jeunesse de la France libre mais préféra rester en métropole.
Basdevant aura aussi plusieurs contacts avec Claudius-Petit, représentant des mouvements de jeunesse à l'Assemblée consultative d'Alger. Il lui sera proposé en décembre [[1943]] de railler Alger et les services de la jeunesse de la France libre mais préféra rester en métropole.


==L'après-guerre==
==L'après-guerre==


A la Libération, '''André Basdevant''' devient directeur adjoint des services de la jeunesse, ceux-ci étant dirigés par Jean Guéhenno. En 1955, il devientt  docteur en droit après avoir soutenu sa thèse sur "L' épuration administrative sous le contrôle du Conseil d'État". En 1959, il est nommé inspecteur général de la Jeunesse et sports, fonction qu'il occupera jusqu'à sa retraite en 1975.
A la Libération, '''André Basdevant''' devient directeur adjoint des services de la jeunesse, ceux-ci étant dirigés par Jean Guéhenno. En [[1955]], il devient docteur en droit après avoir soutenu sa thèse sur "L' épuration administrative sous le contrôle du Conseil d'État". En [[1959]], il est nommé inspecteur général de la Jeunesse et sports, fonction qu'il occupera jusqu'à sa retraite en [[1975]].


Il a été maire (PS) d'Anost (Saône-et-Loire) de 1965 à 1989 et conseiller général de Saône-et-Loire de 1979 à 1985. Il était officier de la Légion d'honneur et titulaire de la croix de guerre 1939-1940
Il a été maire (PS) d'Anost (Saône-et-Loire) de [[1965]] à [[1989]] et conseiller général de Saône-et-Loire de [[1979]] à [[1985]]. Il était officier de la Légion d'honneur et titulaire de la croix de guerre [[1939]]-[[1940]].


Ses enfants, Claire et Louis (''Koala'') ont été respectivement [[Louveteaux (EU)|cheftaine de louveteaux]] et [[Éclaireuses et éclaireurs (EEUdF)|chef éclaireur]] au [[Groupe EEUdF Luxembourg|groupe local Paris-Luxembourg]] des [[Éclaireurs unionistes de France]] à la fin des années 1960 et au début des années 1970.
Ses enfants, Claire et Louis (''Koala'') ont été respectivement [[Louveteaux (EU)|cheftaine de louveteaux]] et [[Éclaireuses et éclaireurs (EEUdF)|chef éclaireur]] au [[Groupe EEUdF Luxembourg|groupe local Paris-Luxembourg]] des [[Éclaireurs unionistes de France]] à la fin des années [[1960]] et au début des années [[1970]].
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==Bibliographie ==
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==Biographie==
==Biographie==


Notice "André Basdevant" par Françoise Tétard et Marianne Lassus, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social de 1940 à 1968, tome 1, Les éditions de l'Atelier, 2006, p 376-377.
* Notice "André Basdevant" par Françoise Tétard et Marianne Lassus, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social de [[1940]] à [[1968]], tome 1, Les éditions de l'Atelier, [[2006]], p 376-377.


==Liens externes==
==Liens externes==


* Le témoignage d'Annette Dennery évoquant son sauvetage et celui de ses soeurs [http://www.histoire-du-scoutisme-laique.fr/la-periode-la-guerre-39-45/22-hebergee-a-vichy-par-les-edf.html]
* [http://www.histoire-du-scoutisme-laique.fr/la-periode-la-guerre-39-45/22-hebergee-a-vichy-par-les-edf.html Le témoignage d'Annette Dennery évoquant son sauvetage et celui de ses sœurs]
* L'Express, 16 avril 2008, "Les derniers secrets de l'Occupation, cachées à Vichy" [http://www.lexpress.fr/actualite/politique/cachees-a-vichy_472642.html]
* L'Express, [[16 avril]] [[2008]], [http://www.lexpress.fr/actualite/politique/cachees-a-vichy_472642.html "Les derniers secrets de l'Occupation, cachées à Vichy"]
* Le rapport Fraval [http://www.histoire-du-scoutisme-laique.fr/la-periode-la-guerre-39-45/24-1943-le-rapport-fraval-les-mouvements-de-jeunesse-et-la-resistance.html]
* [http://www.histoire-du-scoutisme-laique.fr/la-periode-la-guerre-39-45/24-1943-le-rapport-fraval-les-mouvements-de-jeunesse-et-la-resistance.html Le rapport Fraval]


Notes et références
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¹  "D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs oeuvres", p 117
²  Annuaire 1940 des Eclaireurs de France, p 3 et 33
³  "D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs oeuvres", p 117
⁴  La Croix, 13 février 1942, sur Gallica [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k444487h/f3.pagination]
⁵  La Croix 19 mars 1942, "Les réceptions du maréchal Pétain", sur Gallica [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4445161/f1.r=Basdevant]
⁶  Voir le témoignage d'Annette Dennery.

Version du 27 décembre 2010 à 14:56

André Basdevant (1909-1999) est issu d'une famille de juristes protestants. Son père, Jules Basdevant, fut un grand professeur de droit international et un juriste au ministère des affaires étrangères. Il démissionna avec fracas le 29 mai 1941 pour protester contre l'autorisation donnée par le gouvernement de Vichy aux avions allemands d'utiliser les aérodromes de Syrie pour combattre les Anglais. André Basdevant devient avocat en 1929 après avoir été lauréat du concours général des facultés de droit et diplômé de l’École libres des sciences politiques.

Carrière scoute avant guerre

Après avoir dirigé dans les années 30 une troupe d’Éclaireurs unionistes à Clichy, André Basdevant continue ses activités chez les Eclaireurs de France. Il est l'un des organisateurs de la visite de Baden-Powell à Paris en décembre 1936[1]. Il est en 1940 commissaire régional des Eclaireurs de France pour l'Ile de France et membre du comité directeur de cette association[2]. Il définit ainsi sa position personnelle :

« "J'étais donc à bien des égard un "laïque" mais sans partager toutes les opinions de la Ligue de l'Enseignement qui me paraissaient inutilement combatives et parfois sectaires. J'étais partisan d'une laïcité plus ouverte" »

"D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs œuvres", p 117

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Secrétaire général du Scoutisme Français

Blessé durant la campagne de mai-juin 1940, André Basdevant ne souhaite pas retrouver son cabinet d'avocats à Paris et se consacre dès lors au scoutisme. En septembre 1940, il devient secrétaire général du Scoutisme Français qui vient d'être créé au camp de L'Oradou. Basdevant est donc au cœur des multiples aspects contradictoires du Scoutisme Français dans une période d'une extrême complexité.

En zone Nord, le scoutisme a été interdit par les Allemands. Les protestations du Scoutisme Français restent lettre morte. A l'été 1942, les négociations menées par le secrétariat général à la jeunesse de Vichy avec les Allemands pour une autorisation du scoutisme en zone nord échouent en raison des propositions jugées insuffisantes du Scoutisme Français sur "la question juive".

En zone sud, le Scoutisme Français est vivement encouragé par le gouvernement du maréchal Pétain, au point d'apparaître parfois comme un mouvement de jeunesse officiel. La presse rend largement compte de son enthousiasme maréchaliste visible par exemple lors des Journées nationales du Scoutisme Français des 8 et 9 février [[1942}} à Marseille[3]. André Basdevant, comme les commissaires généraux des trois associations scoutes masculines est d'ailleurs décoré de la Francisque, l'insigne officiel du régime, lors d'un diner privé le 18 mars 1942 chez le maréchal Pétain[4].

Mais cette proximité relative avec le régime n'empêche pas une nette prise de distance sur les sujets les plus graves : la question du scoutisme juif et celle du mouvement de jeunesse unique. Cette situation conduit Basdevant à avoir des contacts étroits avec la France libre à partir de 1943.

La défense du scoutisme juif

En juin 1941, Basdevant se rend d'urgence en Algérie, par avion, avec Pierre François, commissaire général des Eclaireurs de France et le RP Forestier, aumônier général des Scouts de France, pour empêcher l'extension à l'Algérie de l'interdiction des Eclaireurs israélites de France déjà réalisée en Tunisie. En métropole, les démarches menées en décembre 1941 par le Scoutisme Français auprès de Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives permettent aux Eclaireurs israélites de France de continuer à exister au sein du Scoutisme Français malgré l'interdiction de leur mouvement le 7 mars 1942. Cette situation sera jugée intolérable par Darquier de Pellepoix, successeur de Vallat. Il décide, malgré les interventions du Scoutisme Français, une seconde interdiction, totale et définitive, des Eclaireurs israélites le 5 janvier 1943. Fin 1942, le Scoutisme Français s'était déjà opposé au projet de texte, préparé par les services de Darquier de Pellepoix, interdisant aux Juifs d'appartenir à un mouvement de jeunesse.

André Basdevant n'hésite pas à prendre des risques personnels importants quant à l'aide aux Juifs. On sait depuis peu, qu'à partir d'octobre 1943, Basdevant cache chez lui une jeune éclaireuse juive, Françoise Dennery. Officiellement, elle s'occupe des enfants Basdevant. Ses sœurs, Annette et Lise, également éclaireuses, sont cachées chez les François et les Duphil, responsables nationaux des Eclaireurs de France. L'affaire prend un tour particulièrement étonnant quand on sait que tout ceci se passe à Vichy et que Lise habite au pavillon Sévigné où demeure ... le maréchal Pétain[5]. André Basdevant n'a jamais fait publiquement état des risques qu'il a pris à ce moment.

La lutte contre le mouvement de jeunesse unique

Le Scoutisme Français s'appuie sur les éléments du régime de Vichy refusant le mouvement de jeunesse unique prôné par son aile fasciste. Sa position rejoint celles des églises chrétiennes. La création fin 1941 des Équipes nationales fait l'objet d'âpres négociations avec le Secrétariat général à la jeunesse, celles-ci voulant constituer une structure englobant tous les mouvements de jeunes existant, ce que refuse le Scoutisme Français. A partir de 1943, celui-ci s'efforce de décourager les tentatives menées par la Milice française en direction des jeunes.

Les contacts avec la France libre

A l'été de 1943, André Basdevant réserve un bon accueil à la Mission Fraval Jean-Louis Fraval, émissaire de la France libre, est parachuté en France, pour contacter les mouvements de jeunes et les sonder sur leurs position à ce sujet. Basdevant lui explique que le Scoutisme Français avait cru devoir s'associer à l'effort du Secrétariat général à la jeunesse, le secteur "Jeunesse" paraissant le plus sain de Vichy.

La position de Basdevant lui permet de faire rencontrer à Fraval les dirigeants des Eclaireurs de France, des Eclaireurs unionistes, de la Fédération française des éclaireuses et des Guides de France. Il déconseille à Fraval de rencontrer les Scouts de France, se chargeant de les contacter lui-même.

En mars 1944, André Basdevant transmet à Alger, siège de la France libre, un ambitieux projet de réorganisation des services de la jeunesse pour l'après-guerre. Le rapport est transmis par la valise diplomatique, l'un de ses frères étant en poste à l'ambassade de France en Roumanie. Ce rapport développait notamment l'idée des conseils municipaux d'enfants qui sera mis en œuvre bien plus tard.

Basdevant aura aussi plusieurs contacts avec Claudius-Petit, représentant des mouvements de jeunesse à l'Assemblée consultative d'Alger. Il lui sera proposé en décembre 1943 de railler Alger et les services de la jeunesse de la France libre mais préféra rester en métropole.

L'après-guerre

A la Libération, André Basdevant devient directeur adjoint des services de la jeunesse, ceux-ci étant dirigés par Jean Guéhenno. En 1955, il devient docteur en droit après avoir soutenu sa thèse sur "L' épuration administrative sous le contrôle du Conseil d'État". En 1959, il est nommé inspecteur général de la Jeunesse et sports, fonction qu'il occupera jusqu'à sa retraite en 1975.

Il a été maire (PS) d'Anost (Saône-et-Loire) de 1965 à 1989 et conseiller général de Saône-et-Loire de 1979 à 1985. Il était officier de la Légion d'honneur et titulaire de la croix de guerre 1939-1940.

Ses enfants, Claire et Louis (Koala) ont été respectivement cheftaine de louveteaux et chef éclaireur au groupe local Paris-Luxembourg des Éclaireurs unionistes de France à la fin des années 1960 et au début des années 1970.

Bibliographie

  • André Basdevant "Les services de jeunesse pendant l'Occupation", Revue d'histoire de la deuxième guerre mondiale, n° 56, octobre 1964, p 65-88. Témoignage capital d'un acteur de premier plan ... qui ne fait pas apparaître son rôle.
  • "D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs oeuvres. Un entretien entre André Basdevant, directeur adjoint des mouvements de jeunesse et de l'éducation populaire (1944-1948) et Jean-Paul Martin Les Cahiers de l'animation, n° 57-58, décembre 1986, p 115-125.
  • André Basdevant "Le scoutisme", Encyclopédie pratique de l'éducation en France, SEDE, 1960, p 995-1006.

Biographie

  • Notice "André Basdevant" par Françoise Tétard et Marianne Lassus, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social de 1940 à 1968, tome 1, Les éditions de l'Atelier, 2006, p 376-377.

Liens externes


Notes et références


  1. "D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs œuvres", p 117
  2. Annuaire 1940 des Eclaireurs de France, p 3 et 33
  3. La Croix, 13 février 1942, sur Gallica
  4. La Croix 19 mars 1942, "Les réceptions du maréchal Pétain", sur Gallica
  5. Voir le témoignage d'Annette Dennery.