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Dans les années d'après guerre, le monde et la jeunesse changent. Dans les troupes, on voit un fossé se creuser entre les grands et les petits de la branche verte : les envies et désirs deviennent différents. Alors que les plus jeunes sont encore très portés sur le camp et l'imaginaire, les plus grands veulent du concret, ils veulent changer le monde qu'ils trouvent vieillissant par des grands projets, des grandes entreprises ! Le scoutisme au service de la jeunesse doit donc s'adapter à ce constat. | Dans les années d'après guerre, le monde et la jeunesse changent. Dans les troupes, on voit un fossé se creuser entre les grands et les petits de la branche verte : les envies et désirs deviennent différents. Alors que les plus jeunes sont encore très portés sur le camp et l'imaginaire, les plus grands veulent du concret, ils veulent changer le monde qu'ils trouvent vieillissant par des grands projets, des grandes entreprises ! Le scoutisme au service de la jeunesse doit donc s'adapter à ce constat. | ||
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Notons toutefois que les Anglais avaient fait le pas dès octobre 1946 (Boy Scouts et Senior Scouts) sans toutefois généraliser la proposition, puis les Belges de la VVKS dans les années 50. | Notons toutefois que les Anglais avaient fait le pas dès octobre 1946 (Boy Scouts et Senior Scouts) sans toutefois généraliser la proposition, puis les Belges de la VVKS dans les années 50. |
Version du 30 mars 2011 à 21:48
La séparation de la branche éclaireurs des Scouts de France et la création consécutive des branches pionniers et rangers est une réforme pédagogique de grande ampleur entreprise en 1964 par François Lebouteux, commissaire national éclaireur et son équipe. A la suite de la non acceptation de cette réforme par certaines troupes, les scouts unitaires de France seront créés et les guides et scouts d'Europe progresseront sensiblement en effectif. Cette réforme est toujours un point de clivage fort dans le scoutisme en France. Selon la plupart des historiens, sa mise en place brutale est à l'origine de l'éclatement du scoutisme catholique en France dans les années 1970.
Motivation du mouvement
Dans les années d'après guerre, le monde et la jeunesse changent. Dans les troupes, on voit un fossé se creuser entre les grands et les petits de la branche verte : les envies et désirs deviennent différents. Alors que les plus jeunes sont encore très portés sur le camp et l'imaginaire, les plus grands veulent du concret, ils veulent changer le monde qu'ils trouvent vieillissant par des grands projets, des grandes entreprises ! Le scoutisme au service de la jeunesse doit donc s'adapter à ce constat.
Il est alors décidé de diviser la branche verte en deux pour créer les pionniers et les rangers, ce qui de facto avait lieu dans quelques groupes: la troupe A raider ayant une moyenne d'age plus élevée que la troupe B voisine.
Notons toutefois que les Anglais avaient fait le pas dès octobre 1946 (Boy Scouts et Senior Scouts) sans toutefois généraliser la proposition, puis les Belges de la VVKS dans les années 50.
Il y eut toutefois des précédents avant-guerre, notamment à la troupe SDF 1ère Nancy d'André Sonrier.
Application de la réforme
François Lebouteux entend moderniser le scoutisme et le rendre plus attractif. Certaines troupes (comme Antony) expérimentent la scission en deux branches à partir de 1961-1962. Lebouteux lance avec son équipe l'"Entreprise 62" en 1962 qui a pour but de réaliser des travaux utiles à la collectivité en dur. Le meilleur exemple de cette démarche est la piscine de Concoules (un village cévenol isolé à 1500 mètres d’altitude) par quelques troupes scoutes.
Les premières expérimentations des postes pionniers ont lieu à partir de 1962 et 1963, suivies de près par le QG. La sélection pour le Jamboree de Marathon en 1963 ne concerne que les unités expérimentales.
Le 24 janvier 1964, François Lebouteux obtient l'autorisation du Conseil national S.D.F.pour généraliser l'expérience à tout le mouvement. L'assemblée générale se déroule le 22 mars, elle est découplée des journées nationales. Le projet est mis au vote et obtient 161 voix pour la généralisation, 23 contre (dont les 11 délégués d’Ile-de-France, cette région se révélant très hostile à cette réforme et sera un futur terreau de recrutement des SUF). Une motion des réfractaires visant à laisser le choix aux troupes de se scinder ou non n'est pas inscrite à l'ordre du jour par la direction du mouvement. Les pionniers-rangers sont dés lors la pédagogie officielle du mouvement. Le livre L'école du chantier est publié pour expliquer les motivations de l'équipe nationale et présenter la nouvelle branche Pionniers.
N° 51 de Scout, la couverture rouge semble annonciatrice de la séparation de la branche éclaireur
N° de février 1963 de Scout, la mouture du futur scout-pionnier est en place
Conséquence à l'intérieur et à l'extérieur du mouvement
Lors du lancement de la réforme, plusieurs journaux catholiques se félicitent de cette évolution du mouvement, comme Témoignage chrétien. Néanmoins, une vague de fronde ne tarde pas à naitre, de nombreux tracts et circulaires se mettent à circuler dans le mouvement et remontent au QG, rue de Dantzig. D'autres journaux ne tardent pas à prendre le contrepied de l'enthousiasme premier. L'équipe nationale visitera la France pour présenter et défendre sa réforme, et elle sera souvent confrontée à un refus frontal des chefs et parents. Plusieurs grands anciens, dont Pierre Delsuc, prennent partie contre la réforme. Maurice Travers lance la revue Réflexions de scoutmestres avec l'aide de Michel Menu pour continuer à offrir une formation aux maîtrises des unités "classiques". Le QG obtient le soutient de l'Eglise à travers Mgr Lallier qui, en tant que président de la commission épiscopale de l’Enfance et de la Jeunesse, écrit aux évêques pour expliquer la réforme et critiquer les réfractaires.
Les scouts d'Europe ne sont alors qu'une petite association centrée autour du noyau Bleimor de Perig Géraud Keraod. Il font le choix d'ouvrir les portes aux chefs dissidents qui quitteront les scouts de France. Ainsi, de nombreux chefs passeront d'un mouvement à l'autre, changeant profondément la physionomie du mouvement des guides et scouts d'Europe.
Les troupes unitaires résistent et continuent de refuser de se scinder en deux. La cohabitation se fera de plus en plus difficile. Finalement le QG entend interdire de camp les dissidents. Devant cette mesure, la plupart des dissidents quittent le mouvement pour les scouts d'Europe ou pour créer les Scouts unitaires de France en 1971 sous l'impulsion de Pierre Delsuc (une trentaine de groupes resteront néanmoins unitaires au sein des Scouts de France, jusqu'au années 1980).
Autres réformes similaires
- 1946 : En Grande-Bretagne, The scout association sépare les Senior Scouts (plus de 15 ans) des Boy Scouts, sans toutefois généraliser la proposition.
- années 1950 : En Belgique, la VVKS scinde aussi la tranche d'âge, mais on peut toujours y pratiquer la formule de patrouilles unitaires.
- 1966 : les guides de France emboîtent le pas aux scouts de France en créant les guides aventures et les caravelles.
- 1969 : le Conseil National des Éclaireurs israélites de France crée une nouvelle branche pour les 15/17 ans, la branche Perspective.
- 2001 : En Belgique, les Scouts et guides pluralistes divisent la branche des éclaireuses et éclaireurs (12-17 ans) en deux : les scouts et guides (12-15 ans) et les pionniers (15-18 ans).
Liens
- Thèse sur les guides et scouts d'Europe : cette extrait de thèse traite de la réforme et de ces conséquences sur le mouvement des guides et scouts d'Europe.
- L'utopie Scouts de France présente l'histoire des scouts de France des origines aux années 1990, consacrant une grande part à la réforme de 1964.
- éclaireurs (Scouts de France), la branche scindée en deux.
- Pionnier (SdF), la nouvelle branche des 14-17 ans.
- Rangers (SdF), la nouvelle branche des 12-14 ans.
- François Lebouteux, l'instigateur de la réforme.
- L'école du chantier, le livre qui lança la généralisation de la scission.