« Pédagogie du projet » : différence entre les versions

De Scoutopedia
Aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 :
La '''pédagogie de projet''' est une pratique de pédagogie active (base du scoutisme) qui fait passer des apprentissages à travers la réalisation d'une production concrète.  
La '''pédagogie de projet''' est une pratique de pédagogie active qui fait passer des apprentissages à travers la réalisation d'une production concrète.  


Le projet peut être '''individuel''' (exposé, maquette) ou '''collectif''' (organisation d'une fête, voyage, spectacle).
Le projet peut être '''individuel''' (exposé, maquette) ou '''collectif''' (organisation d'une fête, voyage, spectacle).
Comme la plupart des méthodes pédagogiques, elle est pensée généralement dans la littérature dans une perspective scolaire. C'est une ''« entreprise qui permet à un collectif d'élèves de réaliser une production concrète, socialisable, en intégrant des savoirs nouveaux. »'' <ref>(Michel Huber, 1984)</ref>  
Comme la plupart des méthodes pédagogiques, elle est pensée généralement dans la littérature dans une perspective scolaire. C'est une ''« entreprise qui permet à un collectif d'élèves de réaliser une production concrète, socialisable, en intégrant des savoirs nouveaux. »'' <ref>(Michel Huber, 1984)</ref>  


C'est donc un système qui ne s'oppose pas à celui des brevets, mais peut le compléter en remplaçant un éventuel apprentissage « formel » par un apprentissage appliqué, plus en phase avec les attentes de l'enfant/jeune et potentiellement très stimulant pour lui.
C'est donc une méthode qui ne s'oppose pas au [[système des brevet]]s propre au scoutisme, mais peut le compléter en remplaçant un éventuel apprentissage « formel » par un apprentissage appliqué, plus en phase avec les attentes de l'enfant/jeune et potentiellement très stimulant pour lui.


== Historique ==
== Historique ==

Version du 7 janvier 2012 à 11:50

La pédagogie de projet est une pratique de pédagogie active qui fait passer des apprentissages à travers la réalisation d'une production concrète.

Le projet peut être individuel (exposé, maquette) ou collectif (organisation d'une fête, voyage, spectacle). Comme la plupart des méthodes pédagogiques, elle est pensée généralement dans la littérature dans une perspective scolaire. C'est une « entreprise qui permet à un collectif d'élèves de réaliser une production concrète, socialisable, en intégrant des savoirs nouveaux. » [1]

C'est donc une méthode qui ne s'oppose pas au système des brevets propre au scoutisme, mais peut le compléter en remplaçant un éventuel apprentissage « formel » par un apprentissage appliqué, plus en phase avec les attentes de l'enfant/jeune et potentiellement très stimulant pour lui.

Historique

Historiquement, la pédagogie de projet remonte au philosophe John Dewey. Mais l'idée (project-based learning) a vraiment été précisée par William Heard Kilpatrick, en 1918, dans un article intitulé The Project Method.[2]

Les étapes de la pédagogie de projet

Choisir

Le projet doit être défini dans ses buts et objectifs.

Pour les tenants de l'éducation nouvelle, cette étape de choix fait partie intégrante du projet. La recherche d'un thème intéressant, la vérification de sa faisabilité et la recherche d'un consensus dans le cas d'un projet collectif ont en eux-mêmes une valeur pédagogique importante.

Quand la démarche de projet est employée dans une approche plus traditionnelle, cette étape est généralement réalisée par l'encadrant qui propose un choix aux enfants/jeunes parmi des thèmes qu'il a sélectionnés.

Produire

Les enfants/jeunes vont mener à bien leur projet de façon autonome. Ils vont chercher les informations, essayer, analyser leurs échecs, leurs réussites, chercher encore jusqu'à ce que leur projet aboutisse. Les projets font émerger des besoins en termes d'apprentissage. Tout au long de leur travail, les enfants/jeunes sont amenés à faire le bilan de leurs avancées, en fonction des objectifs de départ. Il s'agit là d'auto-évaluation.

Faire le bilan

Le temps de bilan est partie intégrante du projet. Tout projet mené dans le cadre de cette pédagogie doit aboutir à une production que les autres vont voir et reconnaître. La présentation du travail réalisé à ses pairs (reste de la patrouille/de l'équipage/de l'unité) ou à un cercle plus large (autres patrouilles/équipages, autres unités, parents...) en est un élément important. Le bilan permet la valorisation des efforts accomplis en vue de la réalisation du projet. Il a pour fonction de rétrocéder une partie du travail et des acquis du projet aux porteurs.

Le bilan est un outil de la production de savoirs empiriques. Il crée une pause et de la distanciation propre à formaliser des connaissances ou ajuster des comportements. Sa pertinence est alors meilleure après un laps de temps suffisant qui tend à objectiver son contenu en écartant les parasites émotionnels générés par l'action.

Le rôle de l'encadrant

L'encadrant a ici un rôle d'accompagnement pédagogique des enfants/jeunes. Il est là pour leur apporter des outils variés et discuter avec eux de la méthodologie. Il organise les apprentissages nécessaires à la réalisation du projet, il aide à régler les problèmes de fonctionnement des groupes, il s'assure de l'aboutissement du projet et de sa présentation.

La pédagogie de projet dans les mouvements scouts

Les associations scoutes mettaient en oeuvre la pédagogie du projet avant que celle-ci soit formalisée en Europe. Ainsi, la réalisation d'exploits de patrouilles ou équipages, l'organisation par un scout d'une sortie étaient des projets bien ancrés dans le scoutisme où ils faisaient partie de la progression collective ou de la progressin personnelle. Célestin Freinet se référa au scoutisme et la mise en place d'un journal de classe rédigé, imprimé et diffusé collectivement calquait les journaux de troupe que B.P avait trouvé dans les publics schools britanniques.

Chez les Eclaireuses et Eclaireurs de France

Dans les années 1980 et 1990, la pédagogie de projet était l'élément central de la pédagogie de l'association[3]. Dans les périodes où l'association était traversée par des courants pro et antiscouts, cette pédagogie constituait une référence commune, largement compatible avec le scoutisme et non exclusive.

L'association a ainsi formalisé dans ses propositions la pédagogie de projet sous deux formes : l'entreprise et l'initiative. Les "éclés" étaient ainsi parties agissantes dans le débat qui agitait le corps enseignant où les tenants des méthodes traditionnelles étaient encore actifs.

Entreprise

L'entreprise est un projet collectif de l'équipe ou de l'unité[4].

Initiative

L'initiative est un projet individuel ou en très petit groupe 2/3 maximum)[5].


En fin 2011 des expressions comme progression collective ou progression personnelle ont fait une timide réapparition chez les "éclés".

Chez les Scouts de France

Au milieu des années 60 d'abord en France puis ensuite au Québec le "projet" devient un thème important mais qui n'est pas encore vu comme central dans le scoutisme. Ainsi Entreprise 62 est envisagé plus comme une action collective et fédératrice mais déclinée localement, que comme une application de la pédagogie du projet.Sa diffusion intervient plus tardivement chez les SDF que chez les EEDF. La pédagogie du projet est alors présentée comme l'élément structurant du scoutisme théorique et le cadre des activités du scoutisme pratique au plan local. On voit ainsi des pionniers centrer une période pluriannuelle sur un projet unique, comme faire un film sur 2 ans. Les références au scoutisme tendent dès lors à s'affaiblir: symbolique, imaginaire, tenue, activités dans la nature etc sont délaissés.

En fin 2011 si on constate chez les SGDF une volonté de remettre en avant certains fondamentaux du scoutisme, la "pédagogie du projet" reste présente dans les textes d'orientation du mouvement.

Autres mouvements francophones

La pédagogie du projet est peu mise en avant chez les EUF et lesEEIF tandis que les mouvements classiques français s'en détournent au moins au plan du vocabulaire. Au Québec, en Belgique elle demeure un élément important du scoutisme de l'age pionnier. En Suisse la pédagogie du projet est banalement présentée par le MSDS comme un des sept éléments de la méthode scoute.

Un débat inutile ?

Il est possible que les antagonismes liés à la "pédagogie du projet" soient le reflet dans le scoutisme francophone et spécialement français de querelles plus vastes venues du monde enseignant et de la société politique. Néanmoins dès son origine le scoutisme a donné au petit groupe de jeunes et au jeune lui même des imaginaires générateurs de projets multiples à réaliser seul ou en bande et B.P ne s'est pas préoccupé de donner un contenu théorique à son oeuvre.

Les suisses du MSDS doivent avoir raison, la pédagogie du projet n'est pas le pivot de la méthode scoute mais un élément parmi d'autres.

Reste que s'il y a un débat résiduel c'est autour du caractère "scout" d'un projet ainsi sur le déroulement dans la nature ou la présence ou l'absence de facteurs de compétition ou d'émulation.

Notes et références

  1. (Michel Huber, 1984)
  2. William H. Kilpatrick, « The Project Method », dans la revue Teachers College Record, 1918.
  3. "Notre pédagogie, c’est celle du projet" annonçait-on dans le Carnet du responsable d'animation, le document qu'on recevait lors de sa formation dans ces années-là (1988).
  4. Voir les documents L'Aventure... de chaque branche.
  5. Voir les documents L'Aventure... de chaque branche.

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • Éduquer à l’environnement par la pédagogie de projet; un chemin d’émancipation, Réseau École et Nature, éd. L’Harmattan, 1996
  • Aujourd'hui, la pédagogie de projet, Michel Huber, 1984.