Alfred-Eugène Casalis

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Alfred-Eugène Casalis
Alfred-Eugène Casalis
Fondateur de la Troupe de Montauban
24 février 1896 · 9 mai 1915

Personnalité de groupe

Personnalité de groupe.

Personnalité éclaireurs unionistes de France

Éclaireurs unionistes de France.

Personnalité française

France.

Alfred-Eugène Casalis est le fondateur de la troupe UCJG de Montauban en 1913. Engagé volontaire, il tombe au champ d’honneur à 19 ans.

Un jeune chef, un jeune soldat

Alfred-Eugène Casalis, naît le 24 février 1896 à Morija, dans le pays des Bassoutos en Afrique du sud où ses parents sont missionnaires, son grand-père l’était aussi. Voulant devenir à son tour missionnaire, il vient à Montauban commencer ses études de théologie à la faculté Jean Calvin. Dès son arrivée et bien qu’il n’a que 17 ans, « met tout son cœur et tout son zèle à organiser une section éclaireurs unionistes ». Il est aidé en cela par « sa maturité d’esprit et d’âme » qui lui donne une grande autorité. Il est aussi très aimé des jeunes dont il s’occupe à l’école du dimanche.

Pour fonder la troupe, il recrute les premiers éléments dans la section cadette de l’UCJG de Montauban. En novembre 1913, la troupe est régulièrement formée[1]. Hélas, quelques mois plus tard, en août 1914, la guerre éclate comme un coup de tonnerre, c’est la mobilisation générale. Alfred Casalis est encore trop jeune pour être mobilisé mais voyant la France envahie et en danger, il annonce à ses parents le 5 novembre 1914 qu’il va devancer son appel, l’idée de laisser les autres se battre sans ne rien faire, lui est insupportable. Cette motivation est mue par son seul sens civique et non par instinct guerrier ou exaltation patriotique. En effet, il témoigne du respect envers les pacifistes -opinion qu’il juge noble- mais considère qu’elle a échoué et que le combat est devenu inévitable. Il ne tient également aucun propos haineux vis à vis des allemands ou de l’Allemagne en fait, il n’en parle même pas. Il espère seulement que le conflit permettra de transformer la société vers plus de justice sociale et qu’une France nouvelle naîtra de la guerre.

En janvier 1915, engagé volontaire, il est incorporé à la caserne de Castelsarrasin. Alors qu’il fait ses classes, on lui propose de devenir officier mais il hésite car cela retardera son départ pour le front et il partira plus tard que ses camarades. Il ne sait que choisir quand le 25 février, on demande 50 volontaires pour monter rapidement au front. Il se désigne immédiatement. Mais les vaccins le font tomber malade et son départ et retardé. Pour finir son rétablissement, du 11 au 14 mars on lui donne une permission, il va à Paris embrasser ses parents pour la dernière fois. Le 7 avril 1915 au soir, il part en train pour le front. Il est affecté au 7e régiment d'infanterie de ligne (7e RI). Son acheminement est un long périple qui le conduit finalement le 30 avril dans le secteur d’Arras, en Artois, où se prépare une offensive française.

Le 1er mai, c’est son baptême du feu, l’artillerie pilonne les positions ennemies. Le lendemain, il entre dans les tranchées prés de Roclincourt en première ligne. Le 5 mai, toujours sous les bombardements, il passe dans les toutes premières tranchées d’assaut. Il y écrit son testament que l’on retrouvera sur lui « Si je suis tué… je voudrais que tous mes amis, tous ceux qui vivent avec moi à tout instant et dont le cœur bat avec le mien puissent redire la parole de notre espérance : Parce que je vis, vous vivrez aussi ». Le 9 mai 1915 à 9h, il monte à l’attaque, baïonnette au canon. Dans la fureur de l’assaut il disparaît et manque à l’appel. Dans un premier temps on ne retrouve pas son corps, il est porté disparu, son commandant fait des recherches -sans succès- ses parents gardent espoir, il est peut-être blessé ou prisonnier. Puis un camarade qui était très proche de lui (il précise qu’il est catholique mais que cela n’a nullement gêné leur grande amitié), écrit aux parents en disant qu’il a fait des recherches et qu’Alfred Casalis est effectivement mort au combat. Son corps à été déposé dans une fosse commune près du champ de bataille.

Par la suite Alfred Casalis fut ré-enterré, dans un cimetière militaire sur la commune de Roclincourt où sa tombe doit exister encore.

« CASALIS (André), sergent au 36e Tirailleurs Sénégalais, tombé au cours d'une attaque victorieuse le 20 août 1918. [Fils du Pasteur et de Mme Alfred Casalis]

CASALIS (Alfred-Eugène), tombé en Artois, en 1915. [Frère du précédent] »

Extrait du tableau d'honneur 1914-1918, morts pour la France.

Lettre adressée à sa troupe

« Mers chers amis,

Du front, où je pense souvent à vous, je vous envoie un message d'affectueux encouragement. Vous avez devant vous une tâche magnifique. Vos pères, vos frères, vos amis se sont battus et se battent encore pour protéger le sol de la France et surtout pour faire victorieux l'esprit français qui aime la droiture, la justice et la liberté. Eux le feront triompher au dehors; à vous de faire qu'il devienne l'esprit de toute notre patrie, que chaque français n'ait plus qu'un idéal : amener le règne de la justice. En regardant des tombes de soldats, je me répétais ces mots : « Ils n'ont pas aimé leur vie; ils n'ont pas eu peur de la mort. » Leur devoir était de mourir s'il le fallait; quand on leur a dit : « A l'assaut » ils ont vu les ennemis accoudés aux créneaux des tranchées, prêts à les fusiller sûrement, presque à bout portant, et ils sont montés sans hésiter. Beaucoup sont morts; les autres ont vaincu. Votre devoir, à vous, est de vivre. Non pas comme des plantes ou des animaux, qui se laissent vivre, mais comme des hommes qui ont un but dans leur vie, et luttent pour l'atteindre. Nos aînés n'ont pas peur de la mort, ne craignez pas la vie. Vivre, pour vous cela veut dire être le mieux portant et le plus vigoureux possible; être aussi droits, loyaux, aussi fidèles, aussi dévoués aux autres, aussi pur que possible. Cela signifie accomplir chaque jour une immense effort pour faire non pas une bonne action, mais uniquement de bonnes actions. Cela veut dire enfin être de vrais Éclaireurs, des gens qui éclairent les autres pour leur montrer comment il faut vivre et où l'on trouve la force de bien vivre. Si vous acceptez cet idéal, vos aînés n'auront pas souffert en vain, et vous aurez le droit « d'entrer dans la carrière » à votre tour. Que notre devise soit donc : « Fidèles jusqu'à la mort ». Jusqu'à la mort, c'est-à-dire pendant toute votre vie nous resterons fidèles à Celui qui nous a montré ce que peut et doit être une vie d'homme, nous resterons fidèles au Christ, le grand éclaireur. Je vous souhaite à tous de pouvoir vivre ainsi.

Votre ami et frère éclaireur. »

Alfred-Eugène Casalis, 22 avril 1915, Lettre adressée à la troupe de Montauban.

Informations complémentaires

Entre son incorporation et sa mort, il eut une correspondance épistolaires avec ses parents. Ces lettres ont été rassemblées dans une brochure, qui a même été traduite en anglais. Quelques extraits résument fort bien ses lettres. [1]

En 1913, il crée la 53e troupe des éclaireurs unionistes de France à Montauban (Haut-Languedoc). La troupe porte son nom depuis 1929.

Sa devise était « Fidèle jusqu’à la mort » [2]

Son grand-père, Eugène Casalis, était médecin et missionnaire au Lesotho. Il a aussi été directeur du Service Protestant de Mission et participa à la fondation du Temple de Passy.


Notes et références


  1. L’espérance, l'organe des UCJG,N° avril 1913.
  2. Source: Alfred-Eugène Casalis, en souvenir d’un jeune soldat de France et de Jésus Christ. Brochure Foi et Vie, 1915