Modification de Michel Menu

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'''Michel Menu''' est né le [[3 février]] [[1916]] à Secondigny (Deux-Sèvres) et décédé le [[2 mars]] [[2015]]<ref>{{Lien web |url=http://www.famillechretienne.fr/agir/pelerinages/michel-menu-le-vieux-goumier-a-rejoint-le-pere-44658 |titre=Michel Menu, « le Vieux Goumier », a rejoint le Père |site=famillechretienne.fr |mois=mars |année=2015 |consulté le=3 mars 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |url=https://www.sgdf.fr/actualites/toute-l-actualites/les-actualites/1746-michel-menu-une-vie-d-engagement |titre=Michel Menu : une vie d’engagement |site=sgdf.fr |mois=mars |année=2015 |consulté le=4 mars 2015}}</ref> à Saint-Cloud<ref>{{Lien web |url=http://www.dansnoscoeurs.fr/michel-menu/1320476/avis |titre=Avis de décès |site=dansnoscoeurs.fr |mois=mars |année=2015}}</ref> (Hauts-de-Seine)


Michel Menu est l'un des personnages les plus flamboyants du scoutisme français. Résistant, officier de la Légion d'honneur, ingénieur, grande gueule, il marque par son style direct et tranché.
'''Michel Menu''' est né le [[16 février]] [[1916]] à Secondigny (Deux-Sèvres)


Il est commissaire national éclaireurs (CNE) des [[Scouts de France]] (SDF) de [[1947]] à [[1956]], obtient son brevet de ''[[Deputy Camp Chief]]'' (DCC) de [[Gilwell Park|Gilwell]] en [[1950]]. Il est l'initiateur des « [[Raiders|raiders scouts]] » et des « [[goum]]s ».
Michel Menu est l'un des personnages les plus flamboyants du scoutisme unitaire français. Résistant, officier de la Légion d'honneur, ingénieur, grande gueule, il marque par son style brutal et cassant.
 
Il est Commissaire National Eclaireur (CNE) des [[Scouts de France]] de [[1947]] à [[1956]], obtient son brevet de D.C.C de [[Gilwell Park|Gilwell]] en [[1950]]. Il est l'initiateur des « [[Raiders|raiders scouts]] » et des « [[Goum|goums]] ».


=== Début dans le scoutisme, les études, l’armée, la guerre ===
=== Début dans le scoutisme, les études, l’armée, la guerre ===


Michel fait sa promesse scoute tardivement en [[1930]], à l'âge de 15 ans, à la 1{{re}} Châtellerault. Doué très tôt d'un esprit missionnaire, il crée quelques années après une patrouille à Thouars (Deux-Sèvres) qui deviendra une Troupe [[Scouts de France|SDF]] de milieu populaire en [[1947]] : on peut déjà y déceler l'esprit des [[Patrouille libre|patrouilles libres]]. Durant ces premières années, Michel Menu est touché par le [[Paul Doncœur|père Doncœur]] qui avec ses « cadets » propose une spiritualité de l'action aux jeunes adultes.
Michel fait sa promesse scoute tardivement en [[1930]], à l'âge de 15 ans, à la 1{{re}} Châtellerault. Doué très tôt d'un esprit missionnaire, il crée quelques années après une patrouille à Thouars (Deux-Sèvres) qui deviendra une Troupe [[Scouts de France|SdF]] de milieu populaire en [[1947]] : on peut déjà y déceler l'esprit des [[Patrouille libre|patrouilles libres]]. Durant ces premières années, Michel Menu est touché par le [[Paul Doncœur|père Doncœur]] qui avec ses « cadets » propose une spiritualité de l'action aux jeunes adultes.


Michel obtient à Paris un doctorat d’État ès lettres avec une thèse de science politique. Attiré par l'armée, il fait une préparation militaire supérieure à l’École d’artillerie de Poitiers où il crée un clan de routiers.  
Michel obtient à Paris un doctorat d’État ès lettres avec une thèse de science politique. Attiré par l'armée, il fait une préparation militaire supérieure à l’École d’artillerie de Poitiers où il crée un clan de routiers.  
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Sur ses trois tentatives, la troisième est la bonne : il rallie la France le [[31 décembre]] [[1941]].
Sur ses trois tentatives, la troisième est la bonne : il rallie la France le [[31 décembre]] [[1941]].


Michel Menu ne s'évade que pour reprendre le combat en lien avec la France libre à Londres. Il en profite également pour reprendre contact avec le quartier général (QG) des [[Scouts de France|SDF]] à Lyon. Il est nommé Commissaire Assistant du CNE le 7 juillet 1942. Mais à cette époque il est bien plus occupé par la résistance que par le scoutisme : devenu chef du service évasions, il met en place, dès [[1943]], des filières pour faciliter les trajets des évadés vers l’Espagne. En février [[1944]], il devient capitaine et en juin il rejoint le maquis Mary-Basset près de Tarare (Rhône).
Michel Menu ne s'évade que pour reprendre le combat en lien avec la France libre à Londres. Il en profite également pour reprendre contact avec le QG [[Scouts de France|SdF]] à Lyon. Mais à cette époque il est bien plus occupé par la résistance que par le scoutisme : devenu chef du service évasions, il met en place, dès [[1943]], des filières pour faciliter les trajets des évadés vers l’Espagne. En février [[1944]], il devient capitaine et en juin il rejoint le maquis Mary-Basset près de Tarare (Rhône/69170).


À la Libération, il est appelé à des activités de commandement et participe avec ses élèves à la campagne d’Alsace en novembre et décembre [[1944]].
À la Libération, il est appelé à des activités de commandement et participe avec ses élèves à la campagne d’Alsace en novembre et décembre [[1944]].


Il est démobilisé le [[2 avril]] [[1946]] et restera très discret sur ses glorieux états de service. A la fin de sa vie, il acceptera d'être membre du Comité d'honneur de l'[[ANSFAC]].
Il est démobilisé le [[2 avril]] [[1946]].


C’est sur un appel conjoint des pères [[Paul Doncœur|Doncœur]] et [[Marcel Forestier|Forestier]] qu’après sa démobilisation, Michel Menu est appelé au QG des [[Scouts de France]], où il ne prit sa place qu’au tout début [[1947]].
C’est sur un appel conjoint des pères [[Paul Doncœur|Doncœur]] et [[Marcel Forestier|Forestier]] qu’après sa démobilisation, Michel Menu est appelé au QG des [[Scouts de France]], où il ne prit sa place qu’au tout début [[1947]].


=== La situation au QG des [[SDF]] en [[1946]] ===
=== La situation au QG des SdF en 1946 ===


Quand Michel Menu arrive au quartier général en [[1946]], c'est [[Georges Gauthier]] qui est à sa tête. Il est proposé par les pères [[Paul Doncœur|Doncœur]] et [[Marcel Forestier|Forestier]] au poste de CNE. Menu, avant de prendre tout engagement, veut prendre le pouls des troupes dans les diverses régions de France. À la même époque, il participe aussi à l’encadrement de stages pour la formation des chefs à [[Chamarande (centre de formation)|Chamarande]] où il rencontre [[François Lebouteux]]. Lors de ces formations, il parle aux chefs dans un style énergique et percutant qui ne laisse personne indifférent.  
Quand Michel Menu arrive au QG en [[1946]], c'est [[Georges Gauthier]] qui est à la sa tête. Il est proposé par les pères [[Paul Doncœur|Doncœur]] et [[Marcel Forestier|Forestier]] au poste de CNE. Menu, avant de prendre tout engagement, veut prendre le pouls des troupes dans les diverses régions de France. À la même époque, il participe aussi à l’encadrement de stages pour la formation des chefs à [[Chamarande (centre de formation)|Chamarande]] où il rencontre [[François Lebouteux]]. Lors de ces formations, il parle aux chefs dans un style énergique et percutant qui ne laisse personne indifférent.  


Finalement, une équipe nationale est constituée autour de Georges Gauthier, le commissaire général. Michel Menu, assisté de [[Bernard Faure]] et [[Marcel Leclerc]], devient CNE pressenti, en remplacement de [[Michel Blanchon]] qui avait été CNE de la zone nord. [[Michel Rigal]], ancien prisonnier pendant 5 années dans un oflag, prend le commissariat de la Route et [[Françoise Pistre]] reste au Louvetisme. Les précédents aumôniers conservent leur poste : le [[Marcel Forestier|Père Forestier]], AN, assisté des Pères Le Bourgeois et [[Jean Morel]], le père [[Jean Rimaud]] ANE et l’[[Eugène Joly|abbé Joly]], ANR.  
Finalement, une équipe nationale est constituée autour de Georges Gauthier, le commissaire général. Michel Menu, assisté de Bernard Faure et Marcel Leclerc, devient CNE pressenti, en remplacement de Michel Blanchon qui avait été CNE de la zone nord. [[Michel Rigal]], ancien prisonnier pendant 5 années dans un [[oflag]], prend le commissariat de la Route et [[Françoise Pistre]] reste au Louvetisme. Les précédents aumôniers conservent leur poste : le [[Marcel Forestier|Père Forestier]], AN, assisté des Pères Le Bourgeois et Morel, le père Rimaud ANE et l’abbé Joly, ANR.  


En octobre [[1946]], l'équipe de Menu propose aux éclaireurs 2 thèmes : le « scoutisme en milieu populaire » et la « modernisation des techniques ».
En octobre [[1946]], l'équipe de Menu propose aux éclaireurs 2 thèmes : le « Scoutisme en milieu populaire » et la « modernisation des techniques ».


=== Début de commissaire national éclaireurs (CNE) ===
=== Début de CNE ===


[[Image:Michel Menu.jpg|left|100 px]]
[[Image:Michel Menu.jpg|left|100 px]]
Michel Menu analyse le scoutisme d'après-guerre de la façon suivante : perturbé par le matérialisme de l’après-guerre et la politique envahissante, le jeune de [[1946]]/[[1947|47]] semble ne plus vouloir se satisfaire des moyens que le scoutisme avait jusque-là mis en œuvre avant le conflit. « Il faut comme [[Robert Baden-Powell|BP]] nous l’a indiqué, s’occuper de la tranche “adolescente” et retrouver le projet originel du fondateur pour les garçons de 14 à 16 ans… »
Michel Menu analyse le scoutisme d'après-guerre de la façon suivante : perturbé par le matérialisme de l’après-guerre et la politique envahissante, le jeune de [[1946]]/[[1947|47]] semble ne plus vouloir se satisfaire des moyens que le scoutisme avait jusque-là mis en œuvre avant le conflit. « Il faut comme [[Lord Robert BADEN-POWELL|BP]] nous l’a indiqué, s’occuper de la tranche “adolescente” et retrouver le projet originel du fondateur pour les garçons de 14 à 16 ans… »


En janvier [[1947]], Menu s'exprime dans ''[[Le Chef (revue SDF)|Le Chef]]'': « BP s’est-il trompé ? Le chef doit apprendre les qualités du silence, de la beauté, de l’effort, savoir se débrouiller pour son propre compte, compter avec le service du prochain… Les garçons doivent trouver l’aventure, l’action, la libération… »
En janvier [[1947]], Menu s'exprime dans ''[[Le Chef]]'': « BP s’est-il trompé? Le chef doit apprendre les qualités du silence, de la beauté, de l’effort, savoir se débrouiller pour son propre compte, compter avec le service du prochain… Les garçons doivent trouver l’aventure, l’action, la libération… »


Curieusement, Pierre Goutet, l’ancien commissaire national Route (CNR) d’avant-guerre et forte personnalité du Conseil National, partage aussi l’idée d’un même changement radical dans la méthode éducative. Mais alors que Menu, se basant sur l’action directe trouve les CP endormis, les chefs plus occupés de confort personnel que de raids pour leur troupe, et tente de réveiller le petit monde des éclaireurs; Goutet est persuadé que le scoutisme embourgeoisé prend un mauvais chemin, et qu’il devient vital de le rendre plus social et plus politique.  
Curieusement, Pierre Goutet, l’ancien CNR d’avant-guerre et forte personnalité du Conseil National, partage aussi l’idée d’un même changement radical dans la méthode éducative. Mais alors que Menu, se basant sur l’action directe trouve les CP endormis, les chefs plus occupés de confort personnel que de raids pour leur troupe, et tente de réveiller le petit monde des éclaireurs; Goutet est persuadé que le scoutisme embourgeoisé prend un mauvais chemin, et qu’il devient vital de le rendre plus social et plus politique.  


Voilà bien les deux lignes de pensées de l'époque qui partent d'un même constat d'échec mais qui vont vite s'opposer quant aux solutions à apporter. La ligne de conduite de Menu sera de type éducatif pour adolescent, elle visera à renouveler l’enthousiasme par l’action, le dépassement aussi bien physique que moral. Celle de Goutet, soutenue d’abord par [[André Cruiziat]] puis par [[Michel Rigal|Rigal]], vise à une remise à plat de toutes les conceptions sociales et religieuses pour « ouvrir » le scoutisme au monde nouveau.
Voilà bien les deux lignes de pensées de l'époque qui partent d'un même constat d'échec mais qui vont vite s'opposer quant aux solutions à apporter. La ligne de conduite de Menu sera de type éducatif pour adolescent, elle visera à renouveler l’enthousiasme par l’action, le dépassement aussi bien physique que moral. Celle de Goutet, soutenue d’abord par [[André Cruiziat]] puis par [[Michel Rigal|Rigal]], vise à une remise à plat de toutes les conceptions sociales et religieuses pour « ouvrir » le scoutisme au monde nouveau.


=== La proposition « [[raiders]] » ===
=== La proposition « [[Raiders|raiders]] » ===


[[Image:Raiders.JPG|right]]
[[Image:Raiders.JPG|right]]
À l'assemblée générale de [[1948]], [[Georges Gauthier]] explique dans son rapport annuel les causes de la médiocrité du scoutisme pratiqué par les troupes :
À l'A.G. de [[1948]], [[Georges Gauthier]] explique dans son rapport annuel les causes de la médiocrité du scoutisme pratiqué par les troupes :
* Déclin de l’esprit de dévouement et de service.
* Déclin de l’esprit de dévouement et de service.
* La méthode n’éveille plus le même intérêt.
* La méthode n’éveille plus le même intérêt.
* La crise de l’idéal.
* La crise de l’idéal.


Il demande alors au CNE de trouver un palliatif à ce malaise, une adaptation qui permettrait de relancer le scoutisme éclaireur. Michel Menu fait alors la proposition [[raiders]].
Il demande alors au CNE de trouver un palliatif à ce malaise, une adaptation qui permettrait de relancer le scoutisme éclaireur. Michel Menu fait alors la proposition [[Raiders|raiders]].


Menu s'interroge sur le développement du « mimétisme instinctif », de l’esprit « mouton » créé par la presse, la radio et le cinéma.
Menu s'interroge sur le développement du « mimétisme instinctif », de l’esprit « mouton » créé par la presse, la radio et le cinéma.
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Trouvant le scoutisme « inébranlable », mais devant « s’adapter », il apporta le fruit et le sens de sa propre recherche d’adaptation par rapport aux techniques, au sens chrétien, aux possibilités, aux évolutions morales, aux sports même, en tenant compte des conditions de vie.
Trouvant le scoutisme « inébranlable », mais devant « s’adapter », il apporta le fruit et le sens de sa propre recherche d’adaptation par rapport aux techniques, au sens chrétien, aux possibilités, aux évolutions morales, aux sports même, en tenant compte des conditions de vie.


Menu propose pour contrer le développement de « l'esprit mouton », du « mimétisme instinctif », d'une « ambiance sociale, politique, faite de hasard, de décousu » et d'une « ambiance psychologique ayant pour modèle le débraillé des hommes de gouvernement » : un « système d’entraînement collectif en correspondance avec les goûts d’aujourd’hui, en recréant un courant d’enthousiasme pour les activités. » Le mot même de « [[raiders]] » est lancé. Le vocabulaire utilisé parle aux jeunes : [[Woodcraft (construction)|woodcraft]], missionnaire, sportif, conducteur-mécanicien, service volontaire, enrôlement, insignes particuliers, uniforme spécial…
Menu propose pour contrer le développement de « l'esprit mouton », du « mimétisme instinctif », d'une « ambiance sociale, politique, faite de hasard, de décousu » et d'une « ambiance psychologique ayant pour modèle le débraillé des hommes de gouvernement » : un « système d’entraînement collectif en correspondance avec les goûts d’aujourd’hui, en recréant un courant d’enthousiasme pour les activités. » Le mot même de « [[Raiders|raiders]] » est lancé. Le vocabulaire utilisé parle aux jeunes : [[Woodcraft (construction)|woodcraft]], missionnaire, sportif, conducteur-mécanicien, service volontaire, enrôlement, insignes particuliers, uniforme spécial…


En [[1949]], les « [[raiders]] » sont définitivement lancés et deviennent « les locomotives » d’un scoutisme régénéré mais fidèle, quoique rénové, à l’esprit de [[Robert Baden-Powell|Baden Powell]]. Surtout, ils retenaient et assimilaient les doctrines religieuses et morales des pères [[Paul Doncœur|Doncœur]] et [[Marcel Forestier|Forestier]], en un tout dynamique, moderne et spirituel.
En [[1949]], les « [[Raiders|raiders]] » sont définitivement lancés et deviennent « les locomotives » d’un scoutisme régénéré mais fidèle, quoique rénové, à l’esprit de [[Lord Robert BADEN-POWELL|Baden Powell]]. Surtout, ils retenaient et assimilaient les doctrines religieuses et morales des pères [[Paul Doncœur|Doncœur]] et [[Marcel Forestier|Forestier]], en un tout dynamique, moderne et spirituel.


Parachevant sa formation, Michel Menu fait en [[1950]], un stage à [[Gilwell Park|Gilwell]] et reçoit le diplôme de ''[[Deputy Camp Chief]]''.
Parachevant sa formation, Michel Menu fait en [[1950]], un stage à [[Gilwell Park|Gilwell]] et reçoit le diplôme de D.C.C.


=== Les dix glorieuses des éclaireurs : Raiders! Go! ===
=== Les dix glorieuses des éclaireurs : Raiders! Go! ===
[[Image:Menu raiders scouts.jpg|thumb|left|"Raiders scouts", le best-seller de Michel Menu]]
Grâce aux « [[raiders]] », la branche éclaireur atteint un niveau technique et moral jamais vu, stimulés par un chef charismatique qui a le don des formules et des exemples saisissants : « Une allumette brûlant seule au milieu de la foule n’est qu’une toute petite flamme, mais dix mille allumettes craquées dans un stade rempli par cette foule créent une lueur aveuglante ».


En [[1951]], s'appuyant sur les « [[raiders]] », Michel Menu et son équipe lancent également la création des [[Patrouille libre|patrouilles libres]]. On demande aux [[raiders]] de créer des patrouilles dans des zones rurales, des banlieues isolées, là où l’existence d’une troupe semble impossible. Ce fut là une vraie réussite (méconnue néanmoins), peut être la forme de « scoutisme missionnaire » la plus aboutie de toute l'histoire du scoutisme français. Les résultats (notamment quantitatifs) dépassèrent de loin ceux des camps « plein-vent» des [[Scouts de France|SDF]] ou « unités soleil » des [[Guides de France|GDF]] durant les années [[1990]] ou autres expériences [[Association des guides et scouts d'Europe|FSE]] de ce type.
Grâce aux « [[Raiders|raiders]] », la branche éclaireur atteint un niveau technique et moral jamais vu, stimulés par un chef charismatique qui a le don des formules et des exemples saisissants : « Une allumette brûlant seule au milieu de la foule n’est qu’une toute petite flamme, mais dix mille allumettes craquées dans un stade rempli par cette foule créent une lueur aveuglante ».
 
En [[1951]], s'appuyant sur les « [[Raiders|raiders]] », Michel Menu et son équipe lancent également la création des [[Patrouille libre|patrouilles libres]]. On demande aux [[raiders|raider]]s de créer des patrouilles dans des zones rurales, des banlieues isolées, là où l’existence d’une troupe semble impossible. Ce fut là une vraie réussite (méconnue néanmoins), peut être la forme de « scoutisme missionnaire » la plus aboutie de toute l'histoire du scoutisme français. Les résultats (notamment quantitatifs) dépassèrent de loin ceux des camps « plein-vent» des [[Scouts de France|SDF]] ou « unités soleil » des [[Guides de France|GDF]] durant les années [[1990]] ou autres expériences [[Association des guides et scouts d'Europe|FSE]] de ce type.  


Bien sûr, les critiques se font entendre : certains veulent les assimiler à des unités paramilitaires exaltant l’esprit « commando ».
Bien sûr, les critiques se font entendre : certains veulent les assimiler à des unités paramilitaires exaltant l’esprit « commando ».


Parmi les camps [[raiders]] qui fournissent l’occasion de montrer l’esprit, la tenue et les résultats de la méthode, il faut citer : Combrit (juillet [[1951]]), Landévennec, Chaumeçon, « l’Étincelle » en [[1953]], le camp [[patrouille libre|Patrouilles libres]] en [[1954]] et surtout le rallye [[raiders]] de la [[Banne d'Ordanche]] ([[1956]]) où plus de 700 patrouilles de [[raiders|raiders-scouts]] décident dans l’enthousiasme de participer à l’[[Opération Soleil Levant]] », pour fonder des troupes dans les villes nouvelles et les grands ensembles.
Parmi les camps [[raiders]] qui fournissent l’occasion de montrer l’esprit, la tenue et les résultats de la méthode, il faut citer : Combrit (juillet [[1951]]), Landévennec, Chaumeçon, « l’Étincelle » en [[1953]], le camp [[patrouille libre|Patrouilles libres]] en [[1954]] et surtout le rallye [[raiders]] de la [[Banne d'Ordanche]] ([[1956]]) où plus de 800 patrouilles de [[raiders|raiders-scouts]] décident dans l’enthousiasme de participer à l’opération « Soleil Levant », pour fonder des troupes dans les villes nouvelles et les grands ensembles.


=== Retour au réel ===
=== Retour au réel ===


Pendant que se déroulait cette expérience assez unique dans les annales du scoutisme français, les événements politiques, une fois de plus, marquaient le pays : déclin de l’empire colonial, abandon de l’Indochine, début de soulèvement en Algérie, IVe République discréditée. L’idée généralement la plus répandue au sein des milieux progressistes était que la socialisation du monde devenait irréversible. Ce postulat qui était aussi une excuse modifiait les comportements et les raisonnements au sein même de l’Église catholique, à commencer par les ordres religieux comme les Dominicains, ou les Jésuites. Tandis que le Saint-Office condamnait au silence ou à l’isolement des personnalités comme les pères de Lubac, Congar ou Liégé, les mêmes bénéficiaient du soutien feutré de leur ordre, c’est ainsi que le père Liégé devenait, au moment même où Rome le sanctionnait, aumônier de la Route.
Pendant que se déroulait cette expérience assez unique dans les annales du scoutisme français, les événements politiques, une fois de plus, marquaient le pays : déclin de l’empire colonial, abandon de l’Indochine, début de soulèvement en Algérie, IVe République discréditée. L’idée généralement la plus répandue au sein des milieux progressistes était que la socialisation du monde devenait irréversible. Ce postulat qui était aussi une excuse modifiait les comportements et les raisonnements au même de l’Église catholique, à commencer par les ordres religieux comme les Dominicains, ou les Jésuites. Tandis que le Saint-Office condamnait au silence ou à l’isolement des personnalités comme les pères de Lubac, Congar ou Liégé, les mêmes bénéficiaient du soutien feutré de leur ordre, c’est ainsi que le père Liégé devenait, au moment même où Rome le sanctionnait, aumônier de la Route.


[[Georges Gauthier]], fatigué, avait démissionné en [[1952]], amenant [[Michel Rigal|Rigal]] au Commissariat général, et déjà une large évolution des idées se faisait jour, notamment dans la revue « La Route » où, de plus en plus fréquemment, des prises de position syndicales ou politiques se dissimulaient de moins en moins derrière des excuses sociales.
[[Georges Gauthier]], fatigué, avait démissionné en [[1952]], amenant [[Michel Rigal|Rigal]] au Commissariat général, et déjà une large évolution des idées se faisaient jour, notamment dans la revue « La Route » où, de plus en plus fréquemment, des prises de position syndicales ou politiques se dissimulaient de moins en moins derrière des excuses sociales.


Au sein même des [[Scouts de France|SDF]], l’expérience de Michel Menu s’opposait de facto à la volonté de réaliser une autre expérience beaucoup plus orientée vers l’action communautaire et sociale, telle que [[André Cruiziat|Cruiziat]] la dépeignait dans sa revue et son mouvement « [[Vie nouvelle|Vie nouvelle]] ». Cette opinion était largement relayée par « La Route » et la branche qui, sous la direction de [[Paul Rendu]] et du père Liégé, avait tenu, en janvier [[1954]], un II{{e}} Congrès déjà orienté.
Au sein même des [[Scouts de France|SdF]], l’expérience de Michel Menu s’opposait de facto à la volonté de réaliser une autre expérience beaucoup plus orientée vers l’action communautaire et sociale, telle que [[André Cruiziat|Cruiziat]] la dépeignait dans sa revue et son mouvement « [[Vie nouvelle|Vie nouvelle]] ». Cette opinion était largement relayée par « La Route » et la branche qui, sous la direction de [[Paul Rendu]] et du père Liégé, avait tenu, en janvier [[1954]], un IIe Congrès déjà orienté, sinon manipulé.


En [[1955]], le départ brusqué du [[Marcel Forestier|Père Forestier]] devait montrer dans quel sens se dirigeaient désormais les [[Scouts de France|SDF]]. À la fin de [[1956]], la préparation de l’assemblée générale au cours de laquelle la Route se transforma en « mouvement de jeunesse » amenait la démission de Michel Menu qui, avec [[Françoise Pistre]], s’était opposé à cette modification essentielle.
En [[1955]], le départ brusqué du [[Marcel Forestier|Père Forestier]] devait montrer dans quel sens se dirigeaient désormais les [[Scouts de France|SdF]]. À la fin de [[1956]], la préparation de l’AG au cours de laquelle la Route se transforma en « mouvement de jeunesse » amenait la démission de Michel Menu qui, avec Françoise Pistre, s’était opposé à cette modification essentielle.


=== Entre réserve et réplique. ===
=== Entre réserve et réplique. ===


Au moment où M. Menu démissionnait, ce que l’on a appelé la « [[crise de la Route]] », qui fut aussi celle du scoutisme catholique, commençait. Dès le début de [[1957]] on apprenait le renouvellement presque complet du Conseil National et, le [[11 mai]] suivant, toute l’équipe Route démissionnait à grand fracas. Quelle pouvait être la réplique d’un « battant » comme l’ancien C.G alors que [[Jean Lagarde]] le remplaçait à la tête de la branche éclaireurs et poursuivait l’opération « Soleil Levant » ?
Au moment où M. Menu démissionnait, ce que l’on appelé la « [[crise de la Route]] », qui fut aussi celle du scoutisme catholique, commençait. Dès le début de [[1957]] on apprenait le renouvellement presque complet du Conseil National et, le [[11 mai]] suivant, toute l’équipe Route démissionnait à grand fracas. Quelle pouvait être la réplique d’un « battant » comme l’ancien C.G alors que [[Jean Lagarde]] le remplaçait à la tête de la branche éclaireurs et poursuivait l’opération « Soleil Levant » ?


Dans un premier temps, Menu se consacra entièrement à ses obligations familiales et professionnelles. Simplement fidèle à la Loi scoute ou au mouvement, Michel Menu s’imposa un devoir de très grande réserve. Il faut encore souligner que père de famille de 5 enfants, n’ayant accepté d’être « permanent » que pendant 2 ans, il s’efforçait de conserver une indépendance financière. Grâce à ses capacités, son expérience et un sens de l’autorité qui lui conféraient une grande valeur professionnelle, il exerçait des activités d’ingénieur de haut niveau qui accaparaient beaucoup de son temps redevenu libre.
Dans un premier temps, Menu se consacra entièrement à ses obligations familiales et professionnelles. Simplement fidèle à la Loi scoute ou au mouvement, Michel Menu s’imposa un devoir de très grande réserve. Il faut encore souligner que père de famille de 5 enfants, n’ayant accepté d’être « permanent » que pendant 2 ans, il s’efforçait de conserver une indépendance financière. Grâce à ses capacités, son expérience et un sens de l’autorité qui lui conféraient une grande valeur professionnelle, il exerçait des activités d’ingénieur de haut niveau qui accaparaient beaucoup de son temps redevenu libre.


Pourtant au fil du temps des évènements se succédèrent en cascades : arrivée de [[François Lebouteux]] que Menu avait un temps considéré comme un éventuel successeur. Venue d’Émile Visseaux, futur commissaire général (CG), et départ de Françoise Pistre en [[1958]], débuts, à mots couverts, de l’expérience pionniers – rangers, départ de Jean Lagarde en [[1959]] le tout dans un climat où le vocabulaire nouveau modifiait profondément les sens des mots et les valeurs du scoutisme.
Pourtant au fil du temps des évènements se succédèrent en cascades : arrivée de [[François Lebouteux]] que Menu avait un temps considéré comme un éventuel successeur. Venue d’Émile Visseaux, futur CG et départ de Françoise Pistre en [[1958]], débuts, à mots couverts, de l’expérience pionniers – rangers, départ de Jean Lagarde en [[1959]] le tout dans un climat où le vocabulaire nouveau modifiait profondément les sens des mots et les valeurs du scoutisme.


La première réplique de Menu fut la publication d’un livre « Scoutisme et engagement » qui, à sa façon, s’efforçait de mettre les choses au point et de redonner son sens à la pensée créatrice de Baden-Powell : « On se rendait compte brusquement que le Scoutisme formait, au sein d’un monde super angoissé, une sorte d’îlot édénique… il devait regagner en vitesse le continent, devenir une pépinière de militants sociaux, politiques… et il va sans dire, religieux. Il ne méritait pas cela. »
La première réplique de Menu fut la publication d’un livre « Scoutisme et engagement » qui, à sa façon, s’efforçait de mettre les choses au point et de redonner son sens à la pensée créatrice de Baden Powell : « On se rendait compte brusquement que le Scoutisme formait, au sein d’un monde super angoissé, une sorte d’îlot édénique… il devait regagner en vitesse le continent, devenir une pépinière de militants sociaux, politiques… et il va sans dire, religieux. Il ne méritait pas cela. »


L’année suivante, en [[1961]], il publiait [[Le CP et son gang]], sorte de bréviaire scout à la gloire du « [[Système des patrouilles]] » et des CP, tandis qu’une année après, [[Pierre Géraud|Géraud Keraod]] reprenait officiellement les [[Association des guides et scouts d'Europe|Guides et scouts d’Europe]] en France.
L’année suivante, en [[1961]], il publiait [[Le CP et son gang]], sorte de bréviaire scout à la gloire du « [[Patrouille|Système des patrouilles]] » et des CP, tandis qu’une année après, [[Pierre Géraud|Géraud Keraod]] reprenait officiellement les [[Association des guides et scouts d'Europe|Guides et scouts d’Europe]] en France.


C’est alors que peu à peu les réfractaires à la réforme du scoutisme catholique s’opposèrent ici et là en réaction aux mesures révolutionnaires des [[Scouts de France|SDF]] et à l’expérience pionniers/rangers qui se généralisait en [[1964]].
C’est alors que peu à peu les réfractaires à la réforme du scoutisme catholique s’opposèrent ici et là en réaction aux mesures révolutionnaires des [[Scouts de France|SDF]] et à l’expérience pionniers/rangers qui se généralisait en [[1964]].


Dans ce climat, Michel Menu ne se bornerait-il qu’à publier des livres et ne s’impliquerait-il pas dans cette sorte de « résistance » alors que les [[raiders]] qu’il avait créés tombaient lentement en désuétude par la non-gestion de la méthode et l’absence de mesure officielle ?
Dans ce climat, Michel Menu ne se bornerait-il qu’à publier des livres et ne s’impliquerait-il pas dans cette sorte de « résistance » alors que les [[Raiders|raiders]] qu’il avait créés tombaient lentement en désuétude par la non-gestion de la méthode et l’absence de mesure officielle?


Beaucoup regrettaient ce demi-effacement de Menu, alors qu’avec son autorité, le prestigieux « commissaire des [[Raiders|raiders-scouts]] » aurait donné une signification beaucoup plus large à un scoutisme d’opposition !
Beaucoup regrettaient ce demi-effacement de Menu, alors qu’avec son autorité, le prestigieux « commissaire des [[Raiders|raiders-scouts]] » aurait donné une signification beaucoup plus large à un scoutisme d’opposition!


Pourtant en [[1965]], Menu se joignait à l’équipe rédactionnelle d’une petite revue RSM « [[Réflexions de scoutmestres ]] » créée par [[Maurice Travers]]. Au cours des 10 numéros de cette parution (le dernier en juillet [[1970]] ; le RSM suivant, de février [[1971]], portant le double titre de "Les GOUMS" et RSM), il rappela vertement quelques principes en des phrases lapidaires qui enthousiasmaient les déçus des réformes. Mais le fond de sa pensée restait orienté vers une évolution du scoutisme, (ainsi qu’il l’avait commencée avec les [[raiders]]) et qu’il ne désespérait sans doute pas de créer par un climat de réflexions propices pour opérer la synthèse entre la réforme « Pionniers/Rangers » et la « dynamique fondamentale du scoutisme »…
Pourtant en [[1965]], Menu se joignait à l’équipe rédactionnelle d’une petite revue « [[Réflexions de Scoutmestres]] » créée par [[Maurice Travers]]. Au cours des 10 numéros de cette parution (le dernier en [[1968]]), il rappela vertement quelques principes en des phrases lapidaires qui enthousiasmaient les déçus des réformes. Mais le fond de sa pensée restait orienté vers une évolution du scoutisme, (ainsi qu’il l’avait commencée avec les [[Raiders|raiders]]) et qu’il ne désespérait sans doute pas de créer par un climat de réflexions propices pour opérer la synthèse entre la réforme « Pionniers/Rangers » et la « dynamique fondamentale du scoutisme »…


=== Menu, ses ouvrages successifs et ses projets d’unité. ===
=== Menu, ses ouvrages successifs et ses projets d’unité. ===
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En [[1966]], Menu publiait encore « [[Art et Technique du Scoutmestre]] », brillant ouvrage pédagogique et psychologique sur ces expériences vécues et pratiques dans l’art de mener une troupe de façon classique, et qui fut le volume de tous les « réfractaires » et « unitaires ».
En [[1966]], Menu publiait encore « [[Art et Technique du Scoutmestre]] », brillant ouvrage pédagogique et psychologique sur ces expériences vécues et pratiques dans l’art de mener une troupe de façon classique, et qui fut le volume de tous les « réfractaires » et « unitaires ».


Le principe d’une entente entre un scoutisme même évolutif et les changements déjà engagés au sein des [[Scouts de France|SDF]] ayant échoué, Menu, placé après la revue « [[Réflexions de Scoutmestres]] » à la tête d’une équipe (ses anciens adjoints aux [[raiders]]), s’efforçait d’animer, quand il le pouvait, des réunions informelles toujours tournées vers l’explication des difficultés, et récusant tout forme de dissidence officielle.
Le principe d’une entente entre un scoutisme même évolutif et les changements déjà engagés au sein des [[Scouts de France|SDF]] ayant échoué. Menu, placé après la revue « [[Réflexions de Scoutmestres]] » à la tête d’une équipe (ses anciens adjoints aux [[raiders]]), d’efforçait d’animer, quand il le pouvait, des réunions informelles toujours tournées vers l’explication des difficultés, et récusant tout forme de dissidence officielle.


Car Michel Menu, compte tenu de ses activités professionnelles qui l’entraînaient sans cesse en Afrique ou au Moyen-Orient, ne participait qu’occasionnellement à nombre de ces réunions. Il travaillait, cependant avec ses amis, à un nouveau projet capable de tenter l’opportunité d’une synthèse déjà vainement recherchée. Il le présentait au cours de « Journées nationales unitaires » tenues à Courances, à la fin de mai [[1966]], devant un rassemblement de chefs opposés aux changements et même une délégation de la [[Association des guides et scouts d'Europe|FSE]].
Car Michel Menu, compte tenu de ses activités professionnelles qui l’entraînaient sans cesse en Afrique ou au Moyen-Orient, ne participait qu’occasionnellement à nombre de ces réunions. Il travaillait, cependant avec ses amis, à un nouveau projet capable de tenter l’opportunité d’une synthèse déjà vainement recherchée. Il le présentait au cours de « Journées nationales unitaires » tenues à Courances, à la fin de mai [[1966]], devant un rassemblement de chefs opposés aux changements et même une délégation de la [[Association des guides et scouts d'Europe|FSE]].


Inspirée à la fois des [[raiders]] et du scoutisme américain, cette nouvelle variante d’une autre forme de scoutisme baptisée « Jet-Scout » dont les « Explorers » formaient la base. La terminologie très anglo-saxonne, ainsi que Menu aimait à l’employer, était censée réveiller un climat de sympathie agissante. Ce fut le contraire qui se produisit et, dès lors, toute la contestation se polarisa vers les [[Association des guides et scouts d'Europe|Guides et scouts d’Europe]] ou les [[Scouts Unitaires de France|SUF]] en gestation, apparemment les seuls à miser sur la tradition et les respect des idées de [[Baden-Powell]]. Menu fit cependant encore un pas hors de sa retraite en se groupant avec [[Henry Dhavernas]], [[Pierre Delsuc]] et [[Pierre de Montjamont]], tous les quatre revêtus de l’autorité de leur brevet de DCC de [[Gilwell Park|Gilwell]], pour publier, en [[1967]], un document intitulé « [[Bases fondamentales du Scoutisme]] », qui rappelait de façon claire et précise la méthode et ses lois, sa finalité, ses moyens, toutes questions en opposition, au moins partielle, avec les nouvelles directives des [[Scouts de France|SDF]].
Inspirée à la fois des [[Raiders|raiders]] et du scoutisme américain, cette nouvelle variante d’une autre forme de scoutisme baptisée « Jet-Scout » dont les « Explorers » formaient la base. La terminologie très anglo-saxonne, ainsi que Menu aimait à l’employer, était censée réveiller un climat de sympathie agissante. Ce fut le contraire qui se produisit et, dès lors, toute la contestation se polarisa vers les [[Association des guides et scouts d'Europe|Guides et scouts d’Europe]] ou les [[Scouts Unitaires de France|SUF]] en gestation, apparemment les seuls à miser sur la tradition et les respect des idées de [[Baden-Powell]]. Menu fit cependant encore un pas hors de sa retraite en se groupant avec [[Henry Dhavernas]], [[Pierre Delsuc]] et [[Pierre de Montjamont]], tous les quatre revêtus de l’autorité de leur brevet de D.C.C de [[Gilwell Park|Gilwell]], pour publier, en [[1967]], un document intitulé « [[Bases fondamentales du Scoutisme]] », qui rappelait de façon claire et précise la méthode et ses lois, se finalité, ses moyens, toutes questions en opposition, au moins partielle, avec les nouvelles directives des [[Scouts de France|SdF]].


Dans sa réunion du [[11 janvier]] [[2014]], sur proposition de  [[François Lebouteux]], le conseil d'administration des [[Scouts et guides de France]] a nommé Michel Menu membre d'honneur de l'association, souhaitant à la fois lui témoigner la gratitude et marquer sa volonté de retisser les fils rompus.
=== Dans le désert au pas des « [[Goum|goums]] »... ===
 
=== Dans le désert au pas des « [[goum]]s »... ===


[[Image:Goum.jpg|frame|right|Equipe de goumiers à la fin d'un raid d'une semaine dans les Causses]]
[[Image:Goum.jpg|frame|right|Equipe de goumiers à la fin d'un raid d'une semaine dans les Causses]]
Très certainement déçu, incompris des contestataires et rejeté par les autorités officielles, Menu abandonnait tout espoir de refaire l’unité et constatait que la pénétration des idées progressistes politiquement colorées dans le scoutisme avaient abouti à une désintégration de son esprit. Certainement imprégné d’une spiritualité agissante, il chercha une autre façon de servir la jeunesse qui ne compromette pas les [[Scouts de France|SDF]], mais qui soit aussi une façon neuve de faire réfléchir. C’est peut-être dans le souvenir des Cadets du père [[Paul Doncœur]] qu’il créa en [[1969]] pour les jeunes gens de 20/25 ans un mode plus actuel de ressourcement autant physique que spirituel, qu’il appela  Les [[goum]]s (en référence aux goumiers, ces nomades qui vivaient libres et autonomes aux confins de leurs déserts et qui se redressaient et ressuscitaient sous les coups de l’adversité. C’était aussi les auxiliaires de l’Armée française au temps du protectorat marocain).
Très certainement déçu, incompris des contestataires et rejeté par les autorités officielles, Menu abandonnait tout espoir de refaire l’unité et constatait que la pénétration des idées progressistes politiquement colorées dans le scoutisme avaient abouti à une désintégration de son esprit. Certainement imprégné d’une spiritualité agissante, il chercha une autre façon de servir la jeunesse qui ne compromette pas les [[Scouts de France|SDF]], mais qui soit aussi une façon neuve de faire réfléchir. C’est peut-être dans le souvenir des Cadets du père [[Paul Doncœur]] qu’il créa en [[1969]] pour les jeunes gens de 20/25 ans un mode plus actuel de ressourcement autant physique que spirituel, qu’il appela  Les [[Goum|goums]] (en référence aux goumiers, ces nomades qui vivaient libres et autonomes aux confins de leurs déserts et qui se redressaient et ressuscitaient sous les coups de l’adversité. C’était aussi les auxiliaires de l’Armée française au temps du protectorat marocain).


Aujourd’hui encore, sans s’inspirer véritablement du scoutisme, ni de la Route des Cadets, mais dans un état d’esprit que ne renierait pas la méthode, peut-être sans bien le savoir eux-mêmes, les goums partent librement quelque huit jours par an. Ils effectuent un raid en contrée isolée, voire au vrai désert, pour vivre en équipe très frugalement, marcher pour atteindre un but fixé à l’avance, coucher à la belle étoile et « lorsque le corps retrouve ses rythmes, l’esprit se sent attiré par l’altitude ». Autrement dit, une large part spirituelle doit découler d’un « raid » goums par la réflexion personnelle et collective.
Aujourd’hui encore, sans s’inspirer véritablement du scoutisme, ni de la Route des Cadets, mais dans un état d’esprit que ne renierait pas la méthode, peut-être sans bien le savoir eux-mêmes, les goums partent librement quelque huit jours par an. Ils effectuent un raid en contrée isolée, voire au vrai désert, pour vivre en équipe très frugalement, marcher pour atteindre un but fixé à l’avance, coucher à la belle étoile et « lorsque le corps retrouve ses rythmes, l’esprit se sent attiré par l’altitude ». Autrement dit, une large part spirituelle doit découler d’un « raid » goums par la réflexion personnelle et collective.
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===


'''Livres :'''
* [[Art et Technique du Scoutmestre]]
* [[Art et Technique du Scoutmestre]]
* [[Raiders Scouts (livre)|Raiders-scouts]]
* [[Raiders Scouts (livre)|Raiders-scouts]]
Ligne 146 : Ligne 144 :
* [[Aventure vraie avec les Raiders-Scouts]]
* [[Aventure vraie avec les Raiders-Scouts]]
* [[Bases fondamentales du scoutisme]] (avec [[Pierre Delsuc]], [[Pierre de Montjamont]] et [[Henry Dhavernas]])
* [[Bases fondamentales du scoutisme]] (avec [[Pierre Delsuc]], [[Pierre de Montjamont]] et [[Henry Dhavernas]])
* [[Larguez tout !]]
* [[Larguez tout!]]
* Home de jeunes (avec [[Pierre Joubert]])
* Home de jeunes (avec [[Pierre Joubert]])
* Patrouilles libres
* Patrouilles libres
Ligne 159 : Ligne 157 :
* Les Goums, une expérience de liberté (CLD)
* Les Goums, une expérience de liberté (CLD)
* Les Goums, Repères, volumes 1 et 2 (CLD)
* Les Goums, Repères, volumes 1 et 2 (CLD)
'''Textes :'''
* [[Us et coutumes des raiders‎]]
* [[Le rêve du raider-scout]]


== Voir aussi ==
=== Voir aussi ===
* [[Chronologie des commissaires nationaux SDF|Chronologie des commissaires nationaux des Scouts de France]]
* [[Chronologie des commissaires nationaux SDF|Chronologie des commissaires nationaux des Scouts de France]]
* [[Raider]]
* un groupe de l'[[Association des aventuriers de Baden-Powell]] porte [[Groupe AABP 101e Michel Menu|son nom]]
{{références}}


{{portail personnalités}}
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[[Catégorie:Fondateur]]
[[Catégorie:Fondateur]]
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