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L’Association des Scouts du Canada existe depuis [[1961]].
L’Association des Scouts du Canada existe depuis [[1961]].
{{voir article|Histoire du scoutisme au Canada}}


===Le scoutisme canadien-français avant l'ASC===
===Le scoutisme canadien-français avant l'ASC===
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Les premiers scouts canadiens-français se joignaient aux unités du ''Canadian General Council''<ref>Le Conseil général canadien, à l'époque une division de l'association britannique, deviendra éventuellement la Boy Scouts of Canada, aujourd'hui Scouts Canada.</ref> de la [[Boy Scout Association]]. À l'époque, l'Église catholique canadienne, très forte, surtout au Québec, désapprouvait le scoutisme (auquel elle attribuait des racines protestantes et franc-maçonnes).
Les premiers scouts canadiens-français se joignaient aux unités du ''Canadian General Council''<ref>Le Conseil général canadien, à l'époque une division de l'association britannique, deviendra éventuellement la Boy Scouts of Canada, aujourd'hui Scouts Canada.</ref> de la [[Boy Scout Association]]. À l'époque, l'Église catholique canadienne, très forte, surtout au Québec, désapprouvait le scoutisme (auquel elle attribuait des racines protestantes et franc-maçonnes).


====Balbutiements et unification====
Une première troupe francophone, affiliée à l'organisation anglophone, est fondée à Ottawa, en 1918. Au Québec, c'est en 1925, à Longueuil, que la première troupe est fondée par [[Georges-Henri Sainte Marie|Georges Sainte-Marie]]. Parrainée par une troupe française, cette troupe et son fondateur contribuera à former, avec d'autres troupes montréalaises, le premier regroupement scout canadien-français; la [[Fédération catholique des éclaireurs canadiens-françaix]] voit le jour en [[1928]].
 
Une première troupe francophone, affiliée à l'organisation anglophone, est fondée à Ottawa, en 1918. Au Québec, c'est en 1925, à Longueuil, que la première troupe est fondée par [[Georges-Henri Sainte Marie|Georges Sainte-Marie]]. Ce dernier refuse toutefois de l'affilier au CGC, et se fait parrainer par une troupe française, la 19{{e}} Paris [[Scouts de France|SDF]] de [[Gustave Daumas]]. La même année, [[Lionel Groulx]], un des chefs de fil nationalistes de l'époque, rencontre un groupe de scouts près de sa maison d'été et est emballé par sa découverte. Avec le Père jésuite [[Adélard Dugré]], ils étudient la question et concluent que le scoutisme peut être valable pour les Canadiens-français, à condition d'être adapté et séparé de l'organisation anglophone. Sous leur impulsion, en 1926, les frères [[Philippe Morel|Philippe]] et [[Guido Morel]] forment deux troupes, à Montréal. Une [[Loi scoute]] et une prière sont rédigés. Une [[croix potencée|croix de Jérusalem]] chargée d'une feuille d'érable est choisie comme emblème. En 1928, cinq troupes de la région de Montréal (y compris la troupe de M. Sainte-Marie, et celles des frères Morel) forment la [[Fédération catholique des Éclaireurs canadiens-français]], qui continuera de se développer dans les années suivantes.
 
Le scoutisme francophone se développe de façon éparse, dans plusieurs diocèses, au Québec et ailleurs au Canada. Les nouvelles troupes choisissent de demeurer indépendantes, de s'affilier à la Fédération ou au CGC, ou encore de former des associations diocésaines. En 1934 et 1935, le [[Rodrigue Villeneuve|Cardinal Villeneuve]], archevêque de Québec, arrive à susciter l'unification du scoutisme francophone québécois, par la création, approuvée par le clergé catholique québécois, de la [[Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec]], affiliée au CGC. L'entente de reconnaissance stipule toutefois que la nouvelle Fédération exercera son mandat uniquement sur le territoire québécois: les unités scoutes francophones hors Québec se sont affiliées à ce qui est devenu la ''Boy Scouts of Canada''. Au cours du quart de siècle suivant, le scoutisme francophone canadien développera, grâce à la FSCPQ, ses symboles, de ses programmes et de ses activités.
 
====Les prémisses d'une association francophone pan-canadienne====


Vers la fin des années 1940, certaines unités ontariennes sont insatisfaites de la situation, notamment dans les diocèses limitrophe ou chevauchant la frontière entre le Québec et l'Ontario, notamment à Ottawa. [[Paul McNicoll]], commissaire diocésain d'Ottawa à cette époque, réclamait la possibilité d'affilier l'ensemble des unités du diocèse (côté ontarien et côté québécois) à la Fédération. D'autres diocèses (Pembroke, Alexandria et Timmins) ont fait la même demande. En 1948, la BSC accepte les demandes d'Ottawa et Pemboke, mais refuse les autres.
Le scoutisme francophone se développe de façon éparse, dans plusieurs diocèses, au Québec et ailleurs au Canada. Les nouvelles troupes choisissent de demeurer indépendantes, de s'affilier à la Fédération ou au CGC, ou encore de former des associations diocésaines. En 1934 et 1935, le [[Rodrigue Villeneuve|Cardinal Villeneuve]], archevêque de Québec, arrive à susciter l'unification du scoutisme francophone québécois, par la création de la [[Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec]], affiliée au CGC. L'entente de reconnaissance stipule toutefois que la nouvelle Fédération exercera son mandat uniquement sur le territoire québécois: les unités scoutes francophones hors Québec se sont affiliées à ce qui est devenu la ''Boy Scouts of Canada''. Au cours du quart de siècle suivant, le scoutisme francophone canadien développera, grâce à la FSCPQ, ses symboles, de ses programmes et de ses activités.


Beaucoup d'énergie sera consacrée à cette question au cours de la décennie suivante, la question n'étant pas réglée. D'autres districts, comme Sault-Sainte-Marie, en Ontario, ou Saint-Boniface, au Manitoba, ont répété la même demande que les diocèses limitrophes : intégrer les unités scoutes francophone à la Fédération. En 1951, la BSC met en place un comité afin d'examiner la question. Divers scénarios seront examinés tout au long des années 1950, y compris une unification complète du scoutisme canadien. Un compromis, accepté par la Fédération mais refusé par les évêques en dehors du Québec, prévoyait la création d'une confédération du scoutisme catholique canadien, avec une fédération francophone et une fédération anglophone. Trouver une situation satisfaisante pour tous s'avérait difficile.
Toutefois, vers la fin des années 1940, les scouts francophones de plusieurs diocèses, d'abord ceux situés à la frontière entre le Québec et l'Ontario, puis d'autres plus éloignés, demandent à ce qui est devenu la [[Boy Scouts of Canada]] de pouvoir s'affilier à la Fédération québécoise. La BSC examine les demandes au cas par cas, en accepte deux, et refuse les autres.


===Les débuts de l'ASC===
===La fondation de l'ASC===
 
====La fondation====


En octobre 1960, le secteur francophone de la Conférence catholique du Canada décide de créer un Conseil général canadien des scouts et des guides catholiques, formé de représentants des quatre régions actuelles, dans le but de traiter d'égal à égal avec l'association anglophone et, éventuellement, d'établir un organisme parapluie ; la BSC regrette vivement cette décision.
En octobre 1960, le secteur francophone de la Conférence catholique du Canada décide de créer un Conseil général canadien des scouts et des guides catholiques, formé de représentants des quatre régions actuelles, dans le but de traiter d'égal à égal avec l'association anglophone et, éventuellement, d'établir un organisme parapluie ; la BSC regrette vivement cette décision.
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En mars 1961, le Conseil, lors de sa seconde réunion, crée une commission scoute et une commission guide, qui formeront chacun un nouvel organisme<ref>Les membres fondateurs de l'organisation scoute sont au nombre de dix: [[Charles D'Amour]] et l'abbé [[Donat Albert]] (Maritimes); [[Jean-Marie Poitras]], [[Gérard Corbeil]] et [[Maurice Patry|Mgr Maurice Patry]] (Québec); [[Jacques Landriault|Mgr Jacques Landriault]], [[Paul McNicoll]] et [[Robert Bélanger]] (Ontario); l'[[Félicien Juneau|abbé Félicien Juneau]] et [[Herménégilde Dubé]] (Ouest)</ref>. Les ''Scouts catholiques du Canada'' se dotent d'un premier exécutif, présidé par [[Charles D'Amour]], et d'un commissaire national, [[Gérard Corbeil]]. Quatre diocèses sont immédiatement reconnus : Saint-Boniface (Manitoba), Ottawa, Sault-Sainte-Marie (Ontario), et Gravelbourg (Saskatchewan).
En mars 1961, le Conseil, lors de sa seconde réunion, crée une commission scoute et une commission guide, qui formeront chacun un nouvel organisme<ref>Les membres fondateurs de l'organisation scoute sont au nombre de dix: [[Charles D'Amour]] et l'abbé [[Donat Albert]] (Maritimes); [[Jean-Marie Poitras]], [[Gérard Corbeil]] et [[Maurice Patry|Mgr Maurice Patry]] (Québec); [[Jacques Landriault|Mgr Jacques Landriault]], [[Paul McNicoll]] et [[Robert Bélanger]] (Ontario); l'[[Félicien Juneau|abbé Félicien Juneau]] et [[Herménégilde Dubé]] (Ouest)</ref>. Les ''Scouts catholiques du Canada'' se dotent d'un premier exécutif, présidé par [[Charles D'Amour]], et d'un commissaire national, [[Gérard Corbeil]]. Quatre diocèses sont immédiatement reconnus : Saint-Boniface (Manitoba), Ottawa, Sault-Sainte-Marie (Ontario), et Gravelbourg (Saskatchewan).


====La mise sur pied et la reconnaissance====
La Fédération est alors encore en activité et n'est pas formellement intégrée au projet, mais accorde néanmoins un appui sans réserve au projet : le commissaire national Corbeil était déjà commissaire de la Fédération, la nouvelle organisation occupe le même bureau qu'elle, et moins d'un an après sa création, 14 diocèses québécois ont déposé leur requête d'affiliation. Alors que la Fédération consacre tous ses énergies à la mise sur pied de l'Association, celle-ci cherche à conclure une nouvelle entente avec la BSC et à obtenir une charte fédérale d'incorporation.
 
La Fédération est alors encore en activité et n'est pas formellement intégrée au projet, ce pourquoi aucun diocèse québécois n'a été reconnu à l'origine. Elle accorde néanmoins un appui sans réserve au projet : le commissaire national Corbeil était déjà commissaire de la Fédération, la nouvelle organisation occupe le même bureau qu'elle, et moins d'un an après sa création, 14 diocèses québécois ont déposé leur requête d'affiliation. Alors que la Fédération consacre tous ses énergies à la mise sur pied de l'association, celle-ci tente de conclure une nouvelle entente avec la BSC et d'obtenir une charte fédérale d'incorporation, deux projets qui mettront plus de cinq ans à se concrétiser.
 
Les négociations battent de l'aile : la BSC base sa position de négociation sur le principe ''One Canada, one Boy scout Organization''. En décembre 1964, le général [[Georges P. Vanier|Georges Vanier]], [[Gouverneur général|Gouverneur général et Chef scout du Canada]], convoque les représentants des Scouts catholiques du Canada et de la BSC à une rencontre à Rideau Hall, sa résidence officielle. Les deux organisations sont sommés de s'entendre. Un comité paritaire est alors formée, et un compris sera forgé, qui prendra encore quelques années avant d'être ratifié.  


L'entente, signée le [[22 février]] [[1967]], abandonne tant la relation totalement égalitaire et l'organisation parapluie, chères aux francophones, que la formule de l'organisation unique prônée par les anglophones. Alors que ce qui deviendra bientôt l'ASC s'adresse ''« aux adultes et aux garçons catholiques romains d'expression française »'', la BSC peut recruter chez tous ceux qui respecte ses exigences. En outre, chaque organisation devra conserver ses caractéristiques propres, comme l'uniforme. Enfin, au niveau international, l'ASC sera reconnue par l'[[OMMS]] et pourra participer aux instances internationales ''« par l'entremise »'' de la BSC, sauf pour la [[Conférence internationale catholique du scoutisme]], où l'Association est membre de plein droit.
Après plusieurs années de négociations difficiles, que le [[Gouverneur général|Gouverneur général et Chef scout du Canada]], le général [[Georges P. Vanier|Georges Vanier]], a largement contribué à faire avancer, un compris est forgé, qui prendra encore quelques années avant d'être ratifié. L'entente, signée le [[22 février]] [[1967]], précise que l'ASC s'adresse ''« aux adultes et aux garçons catholiques romains d'expression française »'' alors que la BSC peut recruter chez tous ceux qui respectent ses exigences. En outre, chaque organisation devra conserver ses caractéristiques propres, comme l'uniforme. Au niveau international, l'ASC sera reconnue par l'[[OMMS]] et pourra participer aux instances internationales ''« par l'entremise »'' de la BSC, sauf pour la [[Conférence internationale catholique du scoutisme]], où l'Association est membre de plein droit. Une loi, adoptée par le Parlement canadien et sanctionnée le 9 juillet 1969, viendra officialiser la création de l'Association des scouts du Canada<ref>Le nom ''Scouts catholiques du Canada'' a été changé pour ''Association des scouts du Canada''. L'abandon de l'épithète « catholique » ne change toutefois pas le statut confessionnel de l'Association.</ref>.  
 
Dans la première moitié de l'année 1969, c'est au tour de l'incorporation de devenir réalité. Une loi, adoptée par le Parlement canadien et sanctionnée le 9 juillet 1969, officialise la création de l'Association des scouts du Canada<ref>Le nom ''Scouts catholiques du Canada'' a été changé pour ''Association des scouts du Canada''. L'abandon de l'épithète « catholique » ne change toutefois pas le statut confessionnel de l'Association.</ref>. Les énergies de l'Association pourront dorénavant se concentrer sur la structuration et la mise à jour du scoutisme canadien-français.


===1965-1975 : Une décennie de réformes===
===1965-1975 : Une décennie de réformes===


Le long processus de reconnaissance et d'incorporation n'a pas eu une très grande influence sur la vie de tous les jours des unités. Les choses se déroulent un peu comme elles étaient avant, même au niveau des activités conjointes entre la Fédération et Boy Scouts. Cependant, à partir de 1965, l'Association entame d'importantes réformes qui façonneront le scoutisme d'aujourd'hui.
À partir de 1965, l'Association entame d'importantes réformes qui façonneront le scoutisme d'aujourd'hui. En [[1966]] elle crée la branche des Pionniers, pour les 14-17 ans. Cette initiative marque l'introduction de la pédagogie du projet à l'ASC, une méthode qui sera graduellement appliquée à toutes les branches.
 
====Pédagogie et traditions====
 
Le premier grand changement prend forme en [[1966]] : emboîtant le pas à la [[Boy scouts of Canada]] et, surtout, aux [[Scouts de France]], l'Association crée la branche des Pionniers, pour les 14-17 ans. Cette initiative marque l'introduction de la pédagogie du projet à l'ASC, telle que présentée par [[François Lebouteux]], commissaire de la branche éclaireur des [[Scouts de France]], dans le livre [[L'École du Chantier]]. Les premiers manuels pionniers, inspirés de cette méthode, sont publiés en [[1967]]. L'année suivante, c'est au tour de la méthodologie éclaireur d'être revue, et finalement celle des louveteaux en [[1969]].
 
Plusieurs traditions scouts sont aussi mises à jour et adaptées, à commencer par l'uniforme. Il est mis au goût du jour, et différent d'une branche à l'autre. Il est aussi simplifié : une grande partie des anciens ornements qu'on pouvait y trouver, de même que de la pléthore de badges de spécialité disponibles, sont abandonnés. La Loi scoute est aussi réécrite, en modifiant surtout le vocabulaire jugé dépassé. Le foulard national bleu liséré jaune est adopté dès [[1966]].
 
====Pratiques organisationnelles====
 
L'Association adopte aussi de nouvelles façons de faire organisationnelles. Au niveau de la formation, une série de documents sont produits au début des années 1970 pour mettre à jour le contenu et encadrer la formation tant des chefs que des gestionnaires et des formateurs eux-même. Ces nouvelles orientations de formation s'inscrivent notamment dans la lignée des résolutions prises par la [[Conférence mondiale de 1969|Conférence mondiale d'Helsinski]], en [[1969]].
 
En outre, l'Association adopte une structure plus démocratique. De nouveaux règlements généraux sont adoptés, et une assemblée générale des districts (qui remplaceront les diocèses en [[1969]], dans les nouveaux règlements généraux) est instituée. Certains diocèses trouvent cependant la structure trop centralisée, le diocèse de Montréal se retirant même de l'Association pour une brève période. L'ancienne Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec, de son côté, met fin à ses opérations et, sans toutefois se dissoudre, mandate l'Association pour agir en son nom.
 
Enfin, tout en conservant son statut confessionnel, le scoutisme canadien-français se laïcise. De moins en moins d'unités ont des aumôniers, des personnes d'autres confessions sont acceptées et, surtout, l'épiscopat canadien prend une part beaucoup moins active aux activités et aux décisions de l'Association.
 
====Scission====
 
Une telle vague de réformes ne pouvait manquer de faire des mécontents. Certains responsables qui n'acceptent pas ces changements quittent tout simplement le mouvement, alors que d'autres tentent de les endiguer. En [[1969]], le diocèse de Montréal s'était même retiré de l'Association. Même si cette dernière reconnaît, en [[1970]], une association de district formée par certains groupes souhaitant conserver leur affiliation nationale, il faudra encore deux ans avant une réunification du scoutisme montréalais.
 
Toutefois, en [[1973]], les dissidents, menés par [[Florian Bernard]] et [[Denis Charbonneau]], décident de fonder une nouvelle organisation, inspirée des [[Scouts d'Europe]], qui deviendra l'[[Association des éclaireurs Baden-Powell]]. Leur but principal est de maintenir l'importance de la religion catholique, et de maintenir l'unité de la branche éclaireur.
 
===1975-1995 : Réorganisation, et tensions===
 
====Création des fédérations====
 
Vers le milieu des années 1970, le Gouvernement du Québec resserre ses exigences pour qu'un organisme jeunesse puisse bénéficier des subventions. Il fait savoir à l'ASC que dorénavant, l'État québécois ne versera des sommes d'argent qu'à un organisme québécois. Face à cette menace budgétaire, l'ASC décide de remettre en fonction la [[Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec]], et d'amorcer un processus de décentralisation. En [[1975]], l'ASC devient un regroupement de quatre conférences : outre la Fédération québécoise, il y aura la Conférence laurentienne (qui deviendra la [[Fédération des scouts de l'Ontario]]), ainsi que celles de l'Ouest et des Maritimes (qui changera éventuellement son nom pour ''Atlantique''). Plusieurs des services et des responsabilités seront alors transférée vers les conférences, ce qui posera certains problèmes, causés notamment par la disproportion entre la Fédération québécoises et les autres.
 
Les premières tensions se manifestent dès [[1977]], avec l'instauration des ''[[Castors (ASC)|Castors]]''. Depuis [[1971]], la [[Boy Scouts of Canada]] offrait le programme ''Beavers'' pour les 5-8 ans. Dans les provinces majoritairement anglophones, les parents qui souhaitaient faire faire du scoutisme à leurs enfants plus jeunes devaient donc les inscrire dans les unités anglophones. Une première expérience a été effectué au Manitoba, et la Fédération des scouts de l'Ouest proposa la création de la nouvelle branche à l'ASC. Toutefois, invoquant des raisons d'ordre pédagogique, la Fédération des scouts du Québec ne souhaitait pas l'implanter : le programme fut donc, dans un premier temps, optionnel.
 
====Fusion administratives avec les guides====


Tout au long des années 1970, on pouvait constater un nombre grandissant de structures conjointes entre les scouts et les guides au niveau local. En effet, on trouvait tout simplement plus commode d'avoir un seul comité de gestion, pour toutes les unités guides et scoutes, que de maintenir des structures séparées. À partir de [[1974]], l'adoption de cette nouvelle philosophie administrative se répand au niveau des districts, en commençant par celui de [[District ASC de Québec|Québec]]. En 1980, tant sous la pression des districts intégrés que du gouvernement provincial, la Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec fusionne avec sa consœur guide pour former la [[Fédération québécoise du guidisme et du scoutisme]].
Plusieurs traditions scouts sont aussi mises à jour et adaptées : l'uniforme est mis au goût du jour et simplifié, la Loi scoute est aussi réécrite et, en [[1966]], le foulard national bleu liséré jaune est adopté. Au plan organisationnel, au début des années 1970, de documents sur la formation sont produits. De nouveaux règlements généraux sont adoptés, et une assemblée générale des districts (qui remplacent les diocèses) est instituée. Certains diocèses trouvent cependant la structure trop centralisée, le diocèse de Montréal se retirant même de l'Association pour une brève période. L'ancienne Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec, de son côté, met fin à ses opérations et, sans toutefois se dissoudre, mandate l'Association pour agir en son nom. Enfin, tout en conservant son statut confessionnel, le scoutisme canadien-français se laïcise. De moins en moins d'unités ont des aumôniers, des personnes d'autres confessions sont acceptées et, surtout, l'épiscopat canadien prend une part beaucoup moins active aux décisions de l'Association.


La nouvelle organisation du scoutisme et du guidisme canadien-français continue cependant de causer des ratés, et ce à deux niveaux. La nouvelle entité ayant compétence et affiliation tant du côté des guides que des scouts, elle réclame plus d'autonomie, de même que la fusion entre l'ASC et l'[[Association des guides francophones du Canada]]. Au niveau politique, la FQGS n'apprécie pas d'avoir un poids égal aux autres fédérations, étant beaucoup plus populeuse. Cette dernière problématique sera partiellement adressée en 1985, quand chaque fédération se verra octroyer un droit de veto sur les orientations de l'Association.
Une telle vague de réformes ne pouvait manquer de faire des mécontents. Certains responsables qui n'acceptent pas ces changements quittent tout simplement le mouvement, alors que d'autres tentent de les endiguer. En [[1969]], le diocèse de Montréal s'était même retiré de l'Association. L'année suivante, cette dernière reconnaît, en [[1970]], une association de district formée par certains groupes souhaitant conserver leur affiliation nationale et, deux ans plus tard, le scoutisme montréalais retrouve son unité.


====Mixité et et renforcement du pouvoir national====
En [[1973]], un groupe de dissidents décident de fonder une nouvelle organisation, inspirée des [[Scouts d'Europe]], qui deviendra l'[[Association des éclaireurs Baden-Powell]]. Leur but principal est de maintenir l'importance de la religion catholique et l'unité de la branche éclaireur.


Depuis plusieurs années, la mixité était acceptée et courante chez les castors et les scouts-aînés, les plus jeunes et les plus vieux. Or, l'Association décide qu'à compter de septembre [[1991]], toutes les unités pour être co-éduquées. D'ailleurs, pour plusieurs unités de pionniers, c'était déjà chose faite. Les guides ont évidemment perçu une menace dans cette mesure.
===Création des fédérations===


Du côté des structures, la même année, la question de la répartition des tâches et des mandats entre l'Association et les fédérations a presque failli causer l'explosion de l'ASC. Un projet de modification des règlements généraux, proposé par le président d'alors, [[Denis Prescott]], était porteur d'un changement de philosophie important : plutôt qu'un regroupement de fédérations, l'Association agirait dorénavant comme un regroupement de membres individuels, son nouveau mandat lui permettant ainsi beaucoup plus de leadership et d'initiative. Si trois des fédérations sont d'accord avec cette réforme, elle heurte de front la vision et les réclamations de la FQGS.
Vers le milieu des années 1970, afin de répondre aux exigences du Gouvernement du Québec pour l'octroie de subventions, l'ASC décide de remettre en fonction la [[Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec]], et d'amorcer un processus de décentralisation qui mènera à la création d'une fédération pour chacune des quatre régions originelles : le Québec, l'[[Fédération des scouts de l'Ontario|Ontario]]), l'[[Fédération des scouts de l'Ouest|Ouest]] et les [[Fédération des scouts de l'Atlantique|Maritimes]]. Plusieurs services, responsabilités et programmes seront alors transférée vers les fédérations.


L'Assemblée générale de l'ASC qui traite de la question sera plutôt orageuse. L'été suivant, en [[1992]], la crise éclate : la FQGS annonce sont retrait ''« temporaire »'' de l'ASC. Comme tous les districts québécois n'étaient pas d'accord avec la position et le geste de leur Fédération, l'ASC contre-attaqua, et retira à tous les scouts ne se pliant pas à ses décisions le droit et les privilèges de l'affiliation nationale et mondiale. Placés entre l'arbre et l'écorce, plusieurs districts décide de maintenir leurs liens tant avec la FQGS qu'avec l'ASC. En décembre, le conflit se termine par le retour au bercail du Québec.
En [[1977]], suite à une première expérience positive au Manitoba, l'ASC instaure la branche des ''[[Castors (ASC)|Castors]]'', pour les 7-8 ans. Cette branche se répandra, dans un premier temps, dans les fédérations de l'Ouest, de l'Ontario et de l'Atlantique, avant d'être plus tard implantée au Québec.


====Disparition de l'Association des guides francophones du Canada====
===Rapprochement avec les guides et mixité===


Il a été mentionné plus haut que les unités scoutes accueillaient maintenant, depuis 1991, les jeunes filles. Ce n'est pas cette menace qui aura raison du guidisme francophone canadien. Au cours de la dizaine d'années précédente, plusieurs unités guides avaient admis des hommes comme animateurs. Or, en [[1993]], en conformité avec des orientations de l'[[Association mondiale des guides et éclaireuses]], les [[Girl Guides of Canada]] excluent les hommes de leurs rangs. Cette décision, qui aurait pour effet d'affaiblir ou même de causer la disparition de plusieurs unités, ne plaît pas aux guides francophones. Elles sont placées devant un choix : renoncer à leur affiliation à [[Girl Guides of Canada]] et à l'[[AMGE]], ou expulser ses membres masculins. Après beaucoup de débats, elle choisit la première option. En septembre [[1994]], [[GGC]] met fin à l'entente qui lie les deux organisations.
Tout au long des années 1970, les structures conjointes entre les scouts et les guides, au niveau local, se multiplièrent : on trouvait tout simplement plus commode d'avoir un seul comité de gestion pour toutes les unités guides et scoutes. À partir de [[1974]], cette pratique s'introduit au niveau des districts et, en 1980, c'est au tour de la Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec fusionne avec sa consœur guide pour former la [[Fédération québécoise du guidisme et du scoutisme]].


Souhaitant que leurs membres conservent une affiliation nationale et mondiale, les GFC entament des négociations avec l'ASC en vue de permettre l'intégration de ses membres à l'association scoute, sur une base individuelle. Après avoir obtenu des garanties quant au maintien d'unités homogènes féminines, l'Association des guides francophones du Canada se dissout. Durant les deux années suivantes, l'ASC devra aménager une place pour 11 000 nouveaux membres. Ce dossier, confié à [[Nicole Rondeau]] (qui deviendra la première commissaire au Programme des jeunes de l'ASC, puis la première commissaire nationale féminine du scoutisme canadien), mènera notamment à la création de toutes nouvelles unités féminines scoutes, les [[hirondelles]], les [[exploratrices]] et les [[intrépides]].
Depuis plusieurs années, la mixité était acceptée et courante chez les castors et les scouts-aînés. À compter de septembre [[1991]], toutes les unités pourront être [[co-éducation|co-éduquées]]. D'ailleurs, pour plusieurs unités de pionniers, c'était déjà chose faite.


====Mise à jour des programmes====
===Querelle organisationnelle===


En [[1988]], l'Association publie une nouvelle édition de [[Meute en chasse]], le manuel des [[Louveteaux (ASC)|louveteaux]]. Au cours des années suivantes, toutes les branches verront leurs manuels réédités: [[Castors en plongée]] ([[1991]]), [[Parcours d'Éclaireurs]] ([[1993]]) et [[Cimes]], pour les [[Pionniers (ASC)|pionniers]], en [[1995]]. Les programmes de formation des animateurs, des cadres et des formateurs sont aussi révisés. En 1994, de nouveau critères sont élaborés pour le badge [[Annapurna (badge)|Annapurna]]. En outre, l'ASC récupère la gestion du programme Ours polaire, laissé aux districts depuis plusieurs années, et l'encadre par la publication du manuel [[Scoutisme d'hiver]].
En [[1991]], l'Association souhaite reprendre une partie des responsabilités laissés aux fédérations, et propose un projet de modification des règlements généraux en ce sens. Si trois des fédérations sont d'accord avec cette réforme, elle heurte de front la vision et les réclamations que la FQGS met de l'avant depuis plusieurs années. À l'été [[1992]], la crise éclate : la FQGS annonce sont retrait ''« temporaire »'' de l'ASC. Plusieurs districts, placés entre l'arbre et l'écorce, décide de maintenir leurs liens tant avec la FQGS qu'avec l'ASC, ce qui force la première à rentrer dans le rang et d'accepter la décision de l'ASC : la réintégration est officielle en décembre [[1992]].


===1995 à aujourd'hui : Les défis de la modernité===
===Disparition des Guides francophones du Canada===


====Les premiers pas====
Au cours des années 80, plusieurs unités guides canadiennes avaient admis des hommes comme animateurs. Or, en [[1993]], en conformité avec des orientations de l'[[Association mondiale des guides et éclaireuses]], les [[Girl Guides of Canada]] décident d'exclure les hommes de leurs rangs. Les [[Guides francophones du Canada]], après plusieurs débats, plutôt que d'appliquer une décision qui affaiblirait ou ferait disparaître plusieurs unités, refusent d'obtempérer. Suite à cette décision les [[GGC]], en septembre [[1994]], mettent fin à l'entente qui lie les deux organisations. Souhaitant que leurs membres conservent une affiliation nationale et mondiale, les GFC se sabordent et recommandent à leurs membres de s'affilier à l'ASC sur une base individuelle. Durant les deux années suivantes, l'ASC aménage une place pour quelques 11 000 nouveaux membres essentiellement féminins. Ce dossier, confié à [[Nicole Rondeau]]<ref>Mme Rondeau deviendra par la suite la première commissaire au Programme des jeunes de l'ASC, puis la première commissaire nationale féminine du scoutisme canadien</ref>, mènera à la création de toutes nouvelles unités féminines scoutes, les [[hirondelles]], les [[exploratrices]] et les [[intrépides]].


À partir de [[1995]], l'ASC fait face à de nouveaux défis. Elle doit améliorer son image, de même que la rétention et le recrutement, afin d'endiguer la baisse d'effectifs. Elle en profitera aussi pour instaurer quelques changements du point de vue organisationnel.
===Modernisation de l'ASC===


Le changement le plus ''visible'' est probablement celui de l'uniforme. Le gilet de coton beige à manches longues des louveteaux, de même que la chemise beige à manches courtes des éclaireurs, disparaissent pour des chemises semblables à celles des pionniers et des [[Scouts-aînés (ASC)|scouts-aînés]], mais de couleur vert forêt pour les louveteaux et bleu marine pour les éclaireurs. Divers autres changements sont aussi apportés.
Dès [[1988]], l'Association entreprend de mettre à jour les manuels pour l'ensemble de ses branches masculines. Les programmes de formation des animateurs, des cadres et des formateurs sont aussi révisés. De nouveaux critères sont élaborés pour le badge [[Annapurna (badge)|Annapurna]] et l'ASC récupère la gestion du programme Ours polaire, laissé aux districts depuis plusieurs années.


En outre, conformément aux orientations de l'[[OMMS]], l'ASC prend le virage de la formation modulaire. Des modules généraux sont créés, de même que des modules préalables aux étapes du [[Badge de bois]], pour les animateurs, du [[Nœud de Cabestan (insigne)|Nœud de Cabestan]], pour les gestionnaires, et du tout nouveau [[Nœud de Tisserand (insigne)|Nœud de Tisserand]], pour les formateurs.
À partir de [[1995]], d'autres changements sont apportés, le plus ''visible'' étant probablement celui de l'uniforme : le gilet de coton beige à manches longues des louveteaux, de même que la chemise beige à manches courtes des éclaireurs, disparaissent pour des chemises semblables à celles des pionniers et des [[Scouts-aînés (ASC)|scouts-aînés]], mais de couleur vert forêt pour les louveteaux et bleu marine pour les éclaireurs. En outre, conformément aux orientations de l'[[OMMS]], l'ASC prend le virage de la formation modulaire. Des modules généraux sont créés, de même que des modules préalables aux étapes du [[Badge de bois]], pour les animateurs, du [[Nœud de Cabestan (insigne)|Nœud de Cabestan]], pour les gestionnaires, et du tout nouveau [[Nœud de Tisserand (insigne)|Nœud de Tisserand]], pour les formateurs.


L'approche de l'Association, au niveau spirituel, se modifie aussi. Déjà, en [[1980]], la Conférence des évêques catholiques du Canada, dans une lettre, avait approuvé une redéfinition de l'ASC en ''« association francophone offrant des services confessionnels pour tous et lien privilégié avec l'Église Catholique Romaine. »''. En [[1983]], l'entente de reconnaissance avait été modifiée, à la demande de la BSC, afin d'enlever le qualificatif ''« catholiques romains »''<ref>l'ASC s'adresse ''« aux adultes et aux garçons catholiques romains d'expression française »''</ref>. Suivant encore la mouvance mondiale, l'ASC remplace son approche ''pastorale'' par une approche de ''développement spirituel'' et dans cette optique publie, en 1999, le manuel [[Azimut]].
Au niveau spirituel, la laïcisation se poursuit. Suivant la mouvance mondiale, l'ASC remplace son approche ''pastorale'' par une approche de ''développement spirituel'' et, dans cette optique, publie, en 1999, le manuel [[Azimut]].


Au point de vue du programme des jeunes, dans la première moitié des années 1990, les méthodologies masculines avaient été mises à jour, et de toutes nouvelles méthodologies avaient été crées pour la plupart des groupes d'âge. En [[1997]], c'est au tour des [[Scouts-aînés (ASC)|scouts-aînés]], avec le manuel [[Servir]], qui introduit notamment le badge [[Oméga]], attribué à un carrefour pour un service exceptionnel. En [[1999]], l'ASC publie en outre le manuel [[Cap sur le large]], une proposition de scoutisme marin pour les 11-14 et les 14-17 ans.
En [[1997]], c'est au tour de la branche [[Scouts-aînés (ASC)|scouts-aînés]] d'être revue, avec le manuel [[Servir]], qui introduit notamment le badge [[Oméga]], attribué à un carrefour pour un service exceptionnel. En [[1999]], l'ASC publie en outre le manuel [[Cap sur le large]], une proposition de scoutisme marin pour les 11-14 et les 14-17 ans.


====Les États généraux du scoutisme francophone canadien====
===Les États généraux du scoutisme francophone canadien===


Malgré les changements expliqués précédemment, les effectifs continuent de décliner. En [[1982]], l'ASC a atteint un sommet dans son effectif (avant l'arrivée des 11 000 guides) avec 26 968 jeunes. En [[1993]], juste avant le sabordage des GFC, l'Association recensait 22 077 jeunes, un effectif qui continue de diminuer. En février [[2009]] , on y dénombrait plus que 13 289 jeunes. Devant cette baisse généralisée, l'ASC décide de convoquer des [[États généraux du scoutisme francophone canadien|États généraux]] afin de repenser le scoutisme francophone canadien. Après plusieurs années de consultation et d'étude, plusieurs conclusions sont mises en place.
Malgré les changements expliqués précédemment, les effectifs continuent de décliner. En [[1982]], l'ASC a atteint un sommet dans son effectif (avant l'arrivée des 11 000 guides) avec 26 968 jeunes. En [[1993]], juste avant le sabordage des GFC, l'Association recensait 22 077 jeunes, un effectif qui continue de diminuer. En février [[2009]] , on y dénombrait plus que 13 289 jeunes. Devant cette baisse généralisée, l'ASC décide de convoquer des [[États généraux du scoutisme francophone canadien|États généraux]] afin de repenser le scoutisme francophone canadien. Après plusieurs années de consultation et d'étude, plusieurs conclusions sont mises en place.
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