Modification de André Basdevant
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'''André Basdevant''' ([[1908]]-[[1999]]) fut | '''André Basdevant''' ([[1908]]-[[1999]]) est issu d'une famille de juristes protestants. Son père, Jules Basdevant, fut un grand professeur de droit international et un juriste au ministère des affaires étrangères. Il démissionna avec fracas le [[29 mai]] [[1941]] pour protester contre l'autorisation donnée par le gouvernement de Vichy aux avions allemands d'utiliser les aérodromes de Syrie pour combattre les Anglais. André Basdevant devient avocat en [[1929]] après avoir été lauréat du concours général des facultés de droit et diplômé de l’École libres des sciences politiques. | ||
==Carrière scoute avant guerre== | |||
Après avoir dirigé dans les années 30 une troupe d’Éclaireurs unionistes à Clichy, André Basdevant continue ses activités chez les [[Eclaireurs de France]]. Il est l'un des organisateurs de la visite de [[Baden-Powell]] à Paris en décembre 1936<ref>"D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs œuvres", p 117</ref>. Il est en [[1940]] [[commissaire]] régional des Eclaireurs de France pour l'Ile de France et membre du comité directeur de cette association<ref>Annuaire [[1940]] des [[Eclaireurs de France]], p 3 et 33</ref>. Il définit ainsi sa position personnelle : | |||
{{Citation|"J'étais donc à bien des égard un "laïque" mais sans partager toutes les opinions de la Ligue de l'Enseignement qui me paraissaient inutilement combatives et parfois sectaires. J'étais partisan d'une laïcité plus ouverte"|"D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs œuvres", p 117}}. | |||
Après avoir dirigé dans les années 30 une troupe d’Éclaireurs unionistes à Clichy, André Basdevant continue ses activités chez les [[Eclaireurs de France]]. Il est l'un des organisateurs de la visite de [[Baden-Powell]] à Paris en décembre | |||
Il définit ainsi sa position personnelle : | |||
{{Citation|"J'étais donc à bien des | |||
==Secrétaire général du [[Scoutisme Français]]== | ==Secrétaire général du [[Scoutisme Français]]== | ||
Blessé durant la campagne de mai-juin [[1940]], André Basdevant ne souhaite pas retrouver son cabinet d'avocats à Paris et se consacre dès lors au scoutisme. | |||
En septembre [[1940]], il devient secrétaire général du [[Scoutisme Français]] qui vient d'être créé au camp de [[L'Oradou]]. Basdevant est donc au cœur des multiples aspects contradictoires du [[Scoutisme Français]] dans une période d'une extrême complexité. | En septembre [[1940]], il devient secrétaire général du [[Scoutisme Français]] qui vient d'être créé au camp de [[L'Oradou]]. Basdevant est donc au cœur des multiples aspects contradictoires du [[Scoutisme Français]] dans une période d'une extrême complexité. | ||
En zone | En zone Nord, le scoutisme a été interdit par les Allemands. Les protestations du [[Scoutisme Français]] restent lettre morte. A l'été [[1942]], les négociations menées par le secrétariat général à la jeunesse de Vichy avec les Allemands pour une autorisation du scoutisme en zone nord échouent en raison des propositions jugées insuffisantes du [[Scoutisme Français]] sur "la question juive". | ||
En zone sud, le [[Scoutisme Français]] est vivement encouragé par le gouvernement du maréchal Pétain, au point d'apparaître parfois comme un mouvement de jeunesse officiel. La presse rend largement compte de son enthousiasme maréchaliste visible par exemple lors des Journées nationales du [[Scoutisme Français]] des [[8 février|8]] et [[9 février]] [[1942 | En zone sud, le [[Scoutisme Français]] est vivement encouragé par le gouvernement du maréchal Pétain, au point d'apparaître parfois comme un mouvement de jeunesse officiel. La presse rend largement compte de son enthousiasme maréchaliste visible par exemple lors des Journées nationales du [[Scoutisme Français]] des [[8 février|8]] et [[9 février]] [[1942}} à Marseille<ref>La Croix, [[13 février]] [[1942]], sur [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k444487h/f3.pagination Gallica]</ref>. André Basdevant, comme les commissaires généraux des trois associations scoutes masculines est d'ailleurs décoré de la Francisque, l'insigne officiel du régime, lors d'un diner privé le [[18 mars]] [[1942]] chez le maréchal Pétain<ref>La Croix [[19 mars]] [[1942]], "Les réceptions du maréchal", sur [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4445161/f1.r=Basdevant Gallica]</ref>. | ||
Mais cette proximité relative avec le régime n'empêche pas une nette prise de distance sur les sujets les plus graves : la question du scoutisme juif et celle du mouvement de jeunesse unique. Cette situation conduit Basdevant à avoir des contacts étroits avec la France libre à partir de [[1943]]. | Mais cette proximité relative avec le régime n'empêche pas une nette prise de distance sur les sujets les plus graves : la question du scoutisme juif et celle du mouvement de jeunesse unique. Cette situation conduit Basdevant à avoir des contacts étroits avec la France libre à partir de [[1943]]. | ||
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===La défense du scoutisme juif=== | ===La défense du scoutisme juif=== | ||
En juin [[1941]], Basdevant se rend d'urgence en Algérie, par avion, avec Pierre François, [[commissaire]] général des [[Eclaireurs de France]] et le RP [[Marcel Forestier|Forestier]], [[aumônier]] général des [[Scouts de France]], pour empêcher l'extension à l'Algérie de l'interdiction des | En juin [[1941]], Basdevant se rend d'urgence en Algérie, par avion, avec Pierre François, [[commissaire]] général des [[Eclaireurs de France]] et le RP [[Marcel Forestier|Forestier]], [[aumônier]] général des [[Scouts de France]], pour empêcher l'extension à l'Algérie de l'interdiction des Eclaireurs israélites de France déjà réalisée en Tunisie. En métropole, les démarches menées en décembre [[1941]] par le [[Scoutisme Français]] auprès de Xavier Vallat, [[commissaire]] général aux questions juives permettent aux Eclaireurs israélites de France de continuer à exister au sein du [[Scoutisme Français]] malgré l'interdiction de leur mouvement le [[7 mars]] [[1942]]. Cette situation sera jugée intolérable par Darquier de Pellepoix, successeur de Vallat. Il décide, malgré les interventions du [[Scoutisme Français]], une seconde interdiction, totale et définitive, des Eclaireurs israélites le [[5 janvier]] [[1943]]. Fin [[1942]], le [[Scoutisme Français]] s'était déjà opposé au projet de texte, préparé par les services de Darquier de Pellepoix, interdisant aux Juifs d'appartenir à un mouvement de jeunesse. | ||
André Basdevant n'hésite pas à prendre des risques personnels importants quant à l'aide aux Juifs. Il n'en fera jamais publiquement état. On sait depuis peu, qu'à partir d'octobre [[1943]], Basdevant cache chez lui une jeune éclaireuse juive, Françoise Dennery. Officiellement, elle s'occupe des enfants Basdevant. Ses sœurs, également éclaireuses, sont cachées chez [[ | André Basdevant n'hésite pas à prendre des risques personnels importants quant à l'aide aux Juifs. Il n'en fera jamais publiquement état. On sait depuis peu, qu'à partir d'octobre [[1943]], Basdevant cache chez lui une jeune éclaireuse juive, Françoise Dennery. Officiellement, elle s'occupe des enfants Basdevant. Ses sœurs, Annette et Lise, également éclaireuses, sont cachées chez les [[François]] et les [[Duphil]], responsables nationaux des Eclaireurs de France. L'affaire prend un tour particulièrement étonnant quand on sait que tout ceci se passe à Vichy et que Lise habite au pavillon Sévigné où demeure ... le maréchal Pétain<ref>Voir le témoignage d'Annette Dennery.</ref>. | ||
===La lutte contre le mouvement de jeunesse unique=== | ===La lutte contre le mouvement de jeunesse unique=== | ||
Le [[Scoutisme Français]] s'appuie sur les éléments du régime de Vichy refusant le mouvement de jeunesse unique prôné par son aile fasciste. Sa position rejoint celles des églises catholique et protestante. La création | Le [[Scoutisme Français]] s'appuie sur les éléments du régime de Vichy refusant le mouvement de jeunesse unique prôné par son aile fasciste. Sa position rejoint celles des églises catholique et protestante. La création fin [[1941]] des Équipes nationales fait l'objet d'âpres négociations avec le Secrétariat général à la jeunesse, celles-ci voulant constituer une structure englobant tous les mouvements de jeunes existant, ce que refuse le [[Scoutisme Français]]. A partir de [[1943]], celui-ci s'efforce de décourager les tentatives menées par la Milice française en direction des jeunes. | ||
== Les contacts avec la France libre== | == Les contacts avec la France libre== | ||
A l'été de [[1943]], André Basdevant réserve un bon accueil à la [[Mission Fraval]] | A l'été de [[1943]], André Basdevant réserve un bon accueil à la [[Mission Fraval]] Jean-Louis Fraval, émissaire de la France libre, est parachuté en France, pour contacter les mouvements de jeunes et les sonder sur leurs position à ce sujet. Basdevant lui explique que le [[Scoutisme Français]] avait cru devoir s'associer à l'effort du Secrétariat général à la jeunesse, le secteur "Jeunesse" paraissant le plus sain de Vichy. | ||
La position de Basdevant lui permet de faire rencontrer à Fraval les dirigeants des [[Eclaireurs de France]], des [[Eclaireurs unionistes]], de la [[Fédération française des éclaireuses]] et des [[Guides de France]]. Il déconseille à Fraval de rencontrer les [[Scouts de France]], se chargeant de les contacter lui-même. | La position de Basdevant lui permet de faire rencontrer à Fraval les dirigeants des [[Eclaireurs de France]], des [[Eclaireurs unionistes]], de la [[Fédération française des éclaireuses]] et des [[Guides de France]]. Il déconseille à Fraval de rencontrer les [[Scouts de France]], se chargeant de les contacter lui-même. | ||
En mars [[1944]], André Basdevant transmet à Alger, siège de la France libre, un ambitieux projet de réorganisation des services de la jeunesse pour l'après-guerre. Le rapport est transmis par la valise diplomatique, l'un de ses frères étant en poste à l'ambassade de France en Roumanie. Ce rapport développait notamment l'idée des conseils municipaux d'enfants qui sera mis en œuvre bien plus tard. | |||
En mars [[1944]], André Basdevant transmet à Alger, siège de la France libre, un ambitieux projet de réorganisation des services de la jeunesse pour l'après-guerre. Le rapport est transmis par la valise diplomatique, l'un de ses frères étant en poste à l'ambassade de France en Roumanie. Ce rapport développait notamment l'idée des conseils municipaux | |||
Il sera proposé à Basdevant en décembre [[1943]] de railler Alger et les services de la jeunesse de la France libre. Celui-ci préféra rester en métropole. Basdevant aura aussi plusieurs contacts avec Claudius-Petit, avant que celui-ci ne représente à partir de janvier 1944 les mouvements de jeunesse à l'Assemblée consultative d'Alger | |||
==L'après-guerre== | ==L'après-guerre== | ||
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A la Libération, '''André Basdevant''' devient directeur adjoint des services de la jeunesse, ceux-ci étant dirigés par Jean Guéhenno. En [[1955]], il devient docteur en droit après avoir soutenu sa thèse sur "L' épuration administrative sous le contrôle du Conseil d'État". En [[1959]], il est nommé inspecteur général de la Jeunesse et sports, fonction qu'il occupera jusqu'à sa retraite en [[1975]]. | A la Libération, '''André Basdevant''' devient directeur adjoint des services de la jeunesse, ceux-ci étant dirigés par Jean Guéhenno. En [[1955]], il devient docteur en droit après avoir soutenu sa thèse sur "L' épuration administrative sous le contrôle du Conseil d'État". En [[1959]], il est nommé inspecteur général de la Jeunesse et sports, fonction qu'il occupera jusqu'à sa retraite en [[1975]]. | ||
Il a été maire (PS) d'Anost (Saône-et-Loire) de [[1965]] à [[1989]] et conseiller général de Saône-et-Loire de [[1979]] à [[1985]]. Il a été cofondateur du Parc régional du Morvan en | Il a été maire (PS) d'Anost (Saône-et-Loire) de [[1965]] à [[1989]] et conseiller général de Saône-et-Loire de [[1979]] à [[1985]]. Il a été cofondateur du Parc régional du Morvan en 1970. Il était officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'Ordre national du mérite, commandeur des Palmes académiques, officier des Arts et Lettres et titulaire de la croix de guerre [[1939]]-[[1940]]. | ||
Deux de ses enfants, Claire et Louis (''Koala'') ont été respectivement [[Louveteaux (EU)|cheftaine de louveteaux]] et [[Éclaireuses et éclaireurs (EEUdF)|chef éclaireur]] au [[Groupe EEUdF Luxembourg|groupe local Paris-Luxembourg]] des [[Éclaireurs unionistes de France]] à la fin des années [[1960]] et au début des années [[1970]]. | Deux de ses enfants, Claire et Louis (''Koala'') ont été respectivement [[Louveteaux (EU)|cheftaine de louveteaux]] et [[Éclaireuses et éclaireurs (EEUdF)|chef éclaireur]] au [[Groupe EEUdF Luxembourg|groupe local Paris-Luxembourg]] des [[Éclaireurs unionistes de France]] à la fin des années [[1960]] et au début des années [[1970]]. | ||
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==Bibliographie == | ==Bibliographie == | ||
* | *André Basdevant "Les services de jeunesse pendant l'Occupation", Revue d'histoire de la deuxième guerre mondiale, n° 56, octobre 1964, p 65-88. Témoignage capital d'un acteur de premier plan ... qui ne fait pas apparaître son rôle. | ||
* | * "D'Alger à Paris. Les structures, les hommes et leurs oeuvres. Un entretien entre André Basdevant, directeur adjoint des mouvements de jeunesse et de l'éducation populaire (1944-1948) et Jean-Paul Martin Les Cahiers de l'animation, n° 57-58, décembre 1986, p 115-125. | ||
* André Basdevant | * André Basdevant "Le scoutisme", Encyclopédie pratique de l'éducation en France, SEDE, 1960, p 995-1006. | ||
==Biographie== | ==Biographie== | ||
* Notice "André Basdevant" par | * Notice "André Basdevant" par Françoise Tétard et Marianne Lassus, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social de [[1940]] à [[1968]], tome 1, Les éditions de l'Atelier, [[2006]], p 376-377. | ||
* | * Notice sur Wikipedia [http://fr.wikipedia.org/wiki/André_Basdevant] | ||
==Liens externes== | ==Liens externes== | ||
* | * [http://www.histoire-du-scoutisme-laique.fr/la-periode-la-guerre-39-45/22-hebergee-a-vichy-par-les-edf.html Le témoignage d'Annette Dennery évoquant son sauvetage et celui de ses sœurs] | ||
* | * L'Express, [[16 avril]] [[2008]], [http://www.lexpress.fr/actualite/politique/cachees-a-vichy_472642.html "Les derniers secrets de l'Occupation, cachées à Vichy"] | ||
* | * [http://www.histoire-du-scoutisme-laique.fr/la-periode-la-guerre-39-45/24-1943-le-rapport-fraval-les-mouvements-de-jeunesse-et-la-resistance.html Le rapport Fraval] | ||
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