Empannage

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En navigation à voile, empanner consiste pour un voilier à changer d'amure (côté duquel le voilier reçoit le vent) en passant par le vent arrière ; un autre terme utilisé pour l'empannage (action d'empanner) est virement lof pour lof, les lofs étant échangés (tribord pour bâbord ou inversement).

Un voilier peut également changer d'amure en passant par le vent debout : il s'agit dans ce cas d'un virement de bord.

Description de la manœuvre sur un voilier moderne (gréement Marconi)

L'empannage est déclenché par le barreur du voilier qui modifie le cap pour changer l'amure du voilier. La grand-voile, qui est désormais "gonflée à contre" (la voile est repoussée vers l'arrière), va passer d'un bord sur l'autre en entrainant la bôme. Si le vent est établi, le mouvement de la bôme est très violent : son extrémité parcourt en très peu de temps un arc de cercle de près de 180° avec une vitesse et une force proportionnelle au vent. La manœuvre peut se réaliser sans toucher à l'écoute de grand voile.

Le changement d'amure nécessite également de modifier le réglage de la voile de devant  : foc, génois, spinnaker, ... . La manœuvre de la voile d'avant peut généralement être effectuée avant ou après l'empannage. Comme pour un virement de bord, l'écoute sous le vent de la voile est choquée et l'écoute au vent (ou le bras pour le spinnaker) est reprise sur l'autre bord. Si un tangon a été mis en place, celui-ci doit être également changé de bord.

Une manœuvre délicate

Dès que le vent est établi, l'empannage devient une manœuvre délicate ; de plus elle se déclenche parfois sans qu'on ait souhaité l'effectuer.

Durant l'empannage, il n'existe pas de phase de transition durant laquelle le vent cesserait d'agir sur la voile, contrairement à ce qui se passe pour le virement de bord. Si par vent frais, on empanne en amenant le bateau sous la nouvelle amure sans tenter de contrôler le mouvement de la grand voile, la bôme va frapper violemment au bout de sa course les haubans, éventuellement se mâter (se relever le long du mât); sous cette impulsion le bateau peut partir au lof sous la nouvelle amure : il y a alors un risque important de dégats matériels au niveau du gréément, de la bôme, du mât ou de la voile.

Par ailleurs au vent arrière le voilier est souvent soumis au roulis qui entraine des changements de cap temporaires de quelques degrés, même si un barreur aguerri tente d'anticiper l'action des vagues. Ces changements de cap peuvent déclencher un empannage non souhaité ou prématuré. Des accidents graves peuvent alors survenir : il suffit qu'un membre de l'équipage ait la tête sur la trajectoire de la bôme ou un bras ou une jambe sur le trajet de l'écoute. Pour éviter ce risque lorsqu'on souhaite rester sous la même amure, on peut solidariser par un bout (la retenue de bôme) le hauban et la bôme en ayant pris la mesure des efforts éventuels auxquels le gréement pourra être soumis.

Pour contrôler un empannage, il est d'abord nécessaire de raidir le halebas qui va empêcher la bôme de se mâter. Ensuite la meilleure méthode est de venir vent arrière tout en embraquant l'écoute de grand-voile de manière à ce que lorsque le changement d'amure se réalise, la voile soit quasiment bordée. Une fois franchie l'amure on laisse alors filer l'écoute en la contrôlant. Pour réussir cette manœuvre, il faut parfaitement synchroniser changement d'amure (malgré le roulis) et embraquage de l'écoute. À partir d'une certaine force de vent, l'écoute ne pourra être bordée, que durant le court moment ou la grand-voile ne porte plus ; il faudra donc reprendre très rapidement une grande longueur d'écoute. A défaut on peut tenter de réduire le parcours de la bôme en bordant au maximum la grand-voile avant d'empanner, mais cette manœuvre peut entrainer un départ au lof. Par vent fort, lorsque la navigation nécessite un empannage, il peut être préférable d'effectuer un virement de bord, moins dangereux dans ces circonstances, même si cela fait passer le voilier par une allure peu confortable par ce temps (le près).

Sur un bateau de petite taille ou par petit temps, un empannage contrôlé peut être effectué en se plaçant pratiquement vent arrière et en empoignant les écoutes ou la bôme pour l'obliger à changer d'amure.

Voiles en ciseaux

Dans certaines configurations - vent et mer modérée, cap proche du vent arrière, spinnaker non envoyé -, on peut garder après l'empannage les voiles de devant sur l'autre amure : les voiles sont alors "en ciseau". Si les voiles étaient en ciseau avant l'empannage, la voile d'avant se retrouvera sous la nouvelle amure du "bon" côté.

Le virement lof pour lof dans la vieille marine

Dans la marine "traditionnelle" ou "à l'ancienne", "empanner" désigne un virement lof pour lof raté, mal contrôlé et très souvent involontaire dû à une erreur de barre ou une à une brusque embardée du bateau. Cela sous entend que l'équipage s'est fait surprendre par la manœuvre et n'a pas ou mal anticipé et maîtrisé le virement lof pour lof. Dans la plaisance moderne, le mot "empanner" est devenu d'usage courant pour désigner le virement avec changement d'amure par l'arrière... involontaire ou réussi !

Comme dans tout virement de bord, sur les grands voiliers, après virement de bord, les amures deviennent les écoutes, et les écoutes les amures.

Voir aussi

Modèle:Portail maritime

Modèle:Pratique de la voile