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Extraits du journal tenu par le pasteur A.N Bertrand, resté à Paris.  
Extraits du journal tenu par le pasteur A.N Bertrand, resté à Paris.  


{{citation|Vendredi 19 juillet [1940). Ce soir après dîner, réunion d'une réduction du petit B. I. F. Très curieux de voir les attitudes diverses : les E. D. F. déconcertés par la chute du régime qui les poussait. Ils se demandent ce qu'ils feront ; et comme ils s'écroulent si l'Etat ne les soutient pas, ils abandonnent d'ores et déjà la partie dans la zone occupée : on n'y fera pas de scoutisme E. D. F. Faiblesse de leur idéologie laïque (...) Les catholiques beaucoup plus fermes. S. D. F. et surtout Guides bien décidés à aller de l'avant : avec les Allemands, il faut être là ; donc montrons-nous. Nous faisons des sorties, nous affirmons notre présence. C'est d'ailleurs la bonne politique si le Gouvernement veut mettre la main sur la jeunesse. Surpris et heureux d'entendre dire aux Guides ; il faut demander tous les jours la victoire de l'Angleterre ! Heureux aussi de les voir cabrés d'avance contre la mainmise sur la jeunesse d'un gouvernement qui doit cependant leur plaire. Ce sont des gens qui voient loin : après ce gouvernement il y en aura d'autres, on ne sait lesquels... Ce qui les préoccupe ce n'est pas l'avenir du scoutisme, c'est la possibilité d'avoir des groupements confessionnels. Je remarque avec un petit brin de malice, que nous sommes au B. I. F., où les questions confessionnelles n'intéressent pas tout le monde. Mais pour eux c'est la grande question, et on voit bien que c'est la préoccupation catholique et non la préoccupation scoute qui les guide. Il est question à plusieurs reprises de l'aumônier général ; je demande : « Et votre Président ? » Mais le président ne vient que bien après l'aumônier. Les Eclaireuses très « allantes » ; préoccupées de leur section I (Israélite). « Si on brime les E. I., nous ne sommes pas disposées à les laisser tomber. » Je leur conseille de dire à leurs camarades israélites d'être prudentes, non pour ne pas compromettre la F. F. E., mais pour ne pas compromettre leurs familles et elles-mêmes.   
{{citation|Vendredi 19 juillet (1940). Ce soir après dîner, réunion d'une réduction du petit BIF. Très curieux de voir les attitudes diverses : les EDF déconcertés par la chute du régime qui les poussait. Ils se demandent ce qu'ils feront ; et comme ils s'écroulent si l'Etat ne les soutient pas, ils abandonnent d'ores et déjà la partie dans la zone occupée : on n'y fera pas de scoutisme EDF. Faiblesse de leur idéologie laïque (...) Les catholiques beaucoup plus fermes. SDF et surtout Guides bien décidés à aller de l'avant : avec les Allemands, il faut être là ; donc montrons-nous. Nous faisons des sorties, nous affirmons notre présence. C'est d'ailleurs la bonne politique si le Gouvernement veut mettre la main sur la jeunesse. Surpris et heureux d'entendre dire aux Guides : il faut demander tous les jours la victoire de l'Angleterre ! Heureux aussi de les voir cabrés d'avance contre la mainmise sur la jeunesse d'un gouvernement qui doit cependant leur plaire. Ce sont des gens qui voient loin : après ce gouvernement il y en aura d'autres, on ne sait lesquels... Ce qui les préoccupe ce n'est pas l'avenir du scoutisme, c'est la possibilité d'avoir des groupements confessionnels. Je remarque avec un petit brin de malice, que nous sommes au BIF, où les questions confessionnelles n'intéressent pas tout le monde. Mais pour eux c'est la grande question, et on voit bien que c'est la préoccupation catholique et non la préoccupation scoute qui les guide. Il est question à plusieurs reprises de l'aumônier général ; je demande : « Et votre Président ? » Mais le président ne vient que bien après l'aumônier. Les Eclaireuses très « allantes » ; préoccupées de leur section I (Israélite). « Si on brime les EI, nous ne sommes pas disposées à les laisser tomber. » Je leur conseille de dire à leurs camarades israélites d'être prudentes, non pour ne pas compromettre la FFE, mais pour ne pas compromettre leurs familles et elles-mêmes.   


J'expose ensuite l'attitude E. U., les consignes que j'ai données autorisation aux chefs et cheftaines, défense aux enfants de sortir en tenue. La « fraternité » des Jeunesses hitlériennes plus à redouter que leur hostilité. Déjà les chefs ont été accostés ; salut hitlérien, main tendue, « camarade ». Ils ont rendu le salut, n'ont pas pris la main tendue et refusé l'épithète « camarade ». Je ne veux pas exposer des enfants à des histoires de ce genre ; c'est déjà assez que des chefs aient à se défendre contre des fraternisations indésirables, soit en elles-mêmes, soit devant l'opinion publique. D'accord pour nous manifester : mais les Allemands nous demandent des collaborations ? nous offrent un encadrement ? Quid ? Le mieux serait d'organiser fortement notre action sociale.  
J'expose ensuite l'attitude EU, les consignes que j'ai données autorisation aux chefs et cheftaines, défense aux enfants de sortir en tenue. La « fraternité » des Jeunesses hitlériennes plus à redouter que leur hostilité. Déjà les chefs ont été accostés ; salut hitlérien, main tendue, « camarade ». Ils ont rendu le salut, n'ont pas pris la main tendue et refusé l'épithète « camarade ». Je ne veux pas exposer des enfants à des histoires de ce genre ; c'est déjà assez que des chefs aient à se défendre contre des fraternisations indésirables, soit en elles-mêmes, soit devant l'opinion publique. D'accord pour nous manifester : mais les Allemands nous demandent des collaborations ? nous offrent un encadrement ? Quid ? Le mieux serait d'organiser fortement notre action sociale.  


Il est convenu que si je peux en toucher un mot à M. Léon Noël*, je demanderai jusqu'à quel point nous serions protégés par l'administration française, et je tâcherai de savoir ce qu'il y a derrière l'institution d'un « ministère de la jeunesse* » : scoutisme unifié, national et obligatoire ? ou pouvons-nous continuer à être?}}  
Il est convenu que si je peux en toucher un mot à M. Léon Noël, je demanderai jusqu'à quel point nous serions protégés par l'administration française, et je tâcherai de savoir ce qu'il y a derrière l'institution d'un « ministère de la jeunesse » : scoutisme unifié, national et obligatoire ? ou pouvons-nous continuer à être?}}  


{{citation|Mercredi 24 juillet [1940] Ce soir petit B. I. F. Les E. D. F. de plus en plus « marchands d'inconvénients ». Tout est dangereux, tout est sujet à récriminations, des bâtons dans toutes les roues, politique de l'absence. Je me range carrément du côté des S. D. F. et souvent eux, et surtout les Guides, sont de mon avis. Aussi devant cette inertie des E. D. F. je me méfie de leur projet de transformer le B. I. F. en un organe beaucoup plus actif, vrai organe de direction ; et ils proposent de le réunir... à Vichy.
{{citation|Mercredi 24 juillet (1940] Ce soir petit BIF Les EDF de plus en plus « marchands d'inconvénients ». Tout est dangereux, tout est sujet à récriminations, des bâtons dans toutes les roues, politique de l'absence. Je me range carrément du côté des SDF et souvent eux, et surtout les Guides, sont de mon avis. Aussi devant cette inertie des EDF je me méfie de leur projet de transformer le BIF en un organe beaucoup plus actif, vrai organe de direction ; et ils proposent de le réunir... à Vichy.


... Les E. D. F. ne veulent rien savoir, parce qu'ils ont peur d'être entraînés vers un organisme d'Etat (curieux, car jusqu'ici ils étaient l'organisation quasi officielle de l'école laïque ! ) ; les S. D. F. disent : « C'est notre intérêt de mettre la marque scout (sous-entendu et catholique) sur le plus grand nombre possible de garçon. » }}
... Les EDF ne veulent rien savoir, parce qu'ils ont peur d'être entraînés vers un organisme d'Etat (curieux, car jusqu'ici ils étaient l'organisation quasi officielle de l'école laïque ! ) ; les SDF disent : « C'est notre intérêt de mettre la marque scout (sous-entendu et catholique) sur le plus grand nombre possible de garçon. » }}


 
Le 1er octobre 1940, le BIF laisse la place au [[Scoutisme Français]] (dépôt des statuts le [[24 décembre]] [[1940]], n° 871, à la sous-préfecture de La Palisse (Allier)). La Fédération " Scoutisme Français" est le premier mouvement de jeunesse agréé par le Secrétariat National de la Jeunesse, le 24 juillet 1941.
 
Le 1er octobre 1940, le BIF laise la place au [[Scoutisme Français]] ( dépôt des statuts le 24 décembre 1940, n° 871, à la sous-préfecture de La Palisse (Allier). La Fédération " Scoutisme Français" est le premier mouvement de jeunesse agréé par le Secrétariat National de la Jeunesse, le 24 juillet 1941].


==Bibliographie==
==Bibliographie==
Bureaucrates, interwiki, swn_admin, Administrateurs
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