« Totémisation (pédagogie) » : différence entre les versions

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Tous les pays n’adoptèrent pas le jeu de la totémisation et c’est surtout en France et dans les pays francophones ainsi qu’au Canada, en Espagne, en Italie, un peu en Amérique et dans quelques autres pays que la totémisation acquît tout son caractère de rituel initiatique et perdura le plus longtemps, chaque association et chaque groupe introduisant ses propres variantes.  
Tous les pays n’adoptèrent pas le jeu de la totémisation et c’est surtout en France et dans les pays francophones ainsi qu’au Canada, en Espagne, en Italie, un peu en Amérique et dans quelques autres pays que la totémisation acquît tout son caractère de rituel initiatique et perdura le plus longtemps, chaque association et chaque groupe introduisant ses propres variantes.  
De nos jours plusieurs associations de scoutisme ont abandonné la totémisation parce qu’elle déviait parfois vers une forme de bizutage humiliant ou dangereux, en tout cas illégal (la loi punit d’amende et de prison le délit de bizutage), ou pour des motifs religieux, certaines associations trouvant que ça faisait trop animiste et que seul le nom de baptême pouvait être attribué, ou parce que certains éléments semblaient venir de la franc-maçonnerie anglaise et une dérive aurait pu être d'en faire une sorte de société secrète au sein du scoutisme, ou pour d’autres arguments psychologiques. D'autres associations ont maintenu cette pratique pour son intérêt pédagogique, refusant de diaboliser cette pratique traditionnelle mais en veillant à empêcher d'éventuelles dérives.
De nos jours plusieurs associations de scoutisme ont abandonné la totémisation parce qu’elle déviait parfois vers une forme de bizutage humiliant ou dangereux, en tout cas illégal (la loi punit d’amende et de prison le délit de bizutage), ou pour des motifs religieux, certaines associations trouvant que ça faisait trop animiste et que seul le nom de baptême pouvait être attribué, ou parce que certains éléments semblaient venir de la franc-maçonnerie anglaise et une dérive aurait pu être d'en faire une sorte de société secrète au sein du scoutisme, ou pour d’autres arguments psychologiques. D'autres associations ont maintenu la totémisation pour son intérêt pédagogique, refusant de diaboliser cette pratique traditionnelle mais en veillant à empêcher d'éventuelles dérives.


Cependant la totémisation, au-delà de son aspect ludique, festif et folklorique qu’elle a normalement chez les scouts dans le cadre de la pédagogie du jeu, et hors de ses possibles déviances, est aussi une mise en scène symbolique qui semble toucher à des archétypes inconscients ancestraux et donne à l’adolescence le sens d’un passage entre l’enfant insouciant et l’adulte responsable, accueilli et reconnu comme tel par un groupe d’appartenance ; ce que les sociétés traditionnelles marquaient d’un rituel initiatique à base d’épreuves de bravoure. Elle peut alors devenir un outil pédagogique puissant s’insérant parfaitement dans la méthode éducative du scoutisme si on la pratique avec discernement.
Cependant la totémisation, au-delà de son aspect ludique, festif et folklorique qu’elle a normalement chez les scouts dans le cadre de la pédagogie du jeu, et hors de ses possibles déviances, est aussi une mise en scène symbolique qui semble toucher à des archétypes inconscients ancestraux et donne à l’adolescence le sens d’un passage entre l’enfant insouciant et l’adulte responsable, accueilli et reconnu comme tel par un groupe d’appartenance ; ce que les sociétés traditionnelles marquaient d’un rituel initiatique à base d’épreuves de bravoure. Elle peut alors devenir un outil pédagogique puissant s’insérant parfaitement dans la méthode éducative du scoutisme si on la pratique avec discernement.
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Les épreuves ont un caractère de défi ludique et symbolique, en veillant à ce qu’elles soient suffisamment difficiles mais toujours possibles, adaptées à la force du totémisé, jamais trop dangereuses, jamais humiliantes, et évidemment sans aucune atteinte à la pudeur. Elles ne doivent pas être imposées comme dans un bizutage : si une épreuve est trop difficile pour un adolescent c’est qu’on l’a mal choisie, on lui en proposera une autre en remplacement ou bien un sachem viendra l’aider ; à l’inverse, si une épreuve est manifestement trop facile, on pourra improviser un complément plus audacieux : le jeu consiste à réussir une épreuve qui confronte à ses appréhensions ou à ses limites mais sans jamais les outrepasser : le scoutisme est la pédagogie du succès, pas celle de l'échec.
Les épreuves ont un caractère de défi ludique et symbolique, en veillant à ce qu’elles soient suffisamment difficiles mais toujours possibles, adaptées à la force du totémisé, jamais trop dangereuses, jamais humiliantes, et évidemment sans aucune atteinte à la pudeur. Elles ne doivent pas être imposées comme dans un bizutage : si une épreuve est trop difficile pour un adolescent c’est qu’on l’a mal choisie, on lui en proposera une autre en remplacement ou bien un sachem viendra l’aider ; à l’inverse, si une épreuve est manifestement trop facile, on pourra improviser un complément plus audacieux : le jeu consiste à réussir une épreuve qui confronte à ses appréhensions ou à ses limites mais sans jamais les outrepasser : le scoutisme est la pédagogie du succès, pas celle de l'échec.
   
   
Il n’est pas souhaitable qu’il y ait trop de « sachems » présents à chaque totémisation (5 à 7 conviennent). L’usage veut que celui qui a été totémisé en dernier n’intervienne pas pendant la première totémisation à laquelle il assiste en tant que nouveau sachem, sauf si les sachems ne sont pas assez nombreux. Celui qui préside la totémisation est le « grand sachem », de préférence un chef adulte expérimenté qui évitera toute dérive de bizutage et accentuera l’aspect à la fois festif et symbolique du jeu. C’est encore mieux s’il est relativement âgé, le respect dû aux anciens qui faisait partie des valeurs des sociétés traditionnelles fait aussi partie du folklore et de la pédagogie de ce jeu.
Il n’est pas souhaitable qu’il y ait trop de « sachems » présents à chaque totémisation, ni trop peu (5 à 7 conviennent). L’usage veut que celui qui a été totémisé en dernier n’intervienne pas pendant la première totémisation à laquelle il assiste en tant que nouveau sachem, sauf si les sachems ne sont pas assez nombreux. Celui qui préside la totémisation est le « grand sachem », de préférence un chef adulte expérimenté qui évitera toute dérive de bizutage et accentuera l’aspect à la fois festif et symbolique du jeu. C’est encore mieux s’il est relativement âgé, le respect dû aux anciens qui faisait partie des valeurs des sociétés traditionnelles fait aussi partie du folklore et de la pédagogie de ce jeu.


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[[Catégorie:totémisation]]
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Version du 9 juin 2009 à 22:24

histoire et pédagogie

La totémisation est un jeu scout dont la mise en scène s’inspire des rituels initiatiques indiens, initiations qu’on retrouve aussi sous diverses formes en Afrique, en Océanie, autrefois chez les Celtes et dans de nombreuses autres traditions, pour marquer le passage de l’enfance à l’âge adulte. C’est une composante de la méthode éducative du scoutisme classique qui marque la consécration d’une éclaireuse ou d’un éclaireur engagé dans le scoutisme et l’invite à développer son potentiel, en lui attribuant un nom d’animal et un adjectif correspondant à ses qualités dominantes ou à son potentiel le plus positif, au cours d’une cérémonie nocturne secrète, festive et ludique.

Baden Powell s’était vu attribuer en 1896 le nom d’impeesa (qui ne dort que d’un œil) en Afrique par les Matabélés, mais sans cérémonie initiatique. Plus tard il s’inspira sur plusieurs points des Woodcraft Indians, mouvement destiné aux jeunes garçons qui s’appuyait sur la mythologie indienne, fondé par Ernest Thompson Seton qui devint en 1910 chef des scouts américains ; mais B.P. n’attribuait pas de totem individuel. C’est John Hargrave semble-t-il qui introduisit la totémisation dans le scoutisme en Angleterre vers les années 1912-15, dans une forme assez simple où la troupe pouvait attribuer un totem à un scout à la suite d’un acte de bravoure.

La mode de l’indianisme marqua le scoutisme français dès les débuts avec Jacques Guérin-Déjardin avant 1914. La totémisation proprement dite fut développée et enrichie en France entre 1920 et 1934 par Paul Coze comme principal promoteur, et Jean Loiseau chez les Eclaireurs de France. Paul Coze avait vécu quelque temps dans une tribu indienne, participé à la création des Scouts de France dont il est devenu commissaire général, et développé chez les éclaireurs le mythe de l’Indien incarnant les rêves de liberté et d’exploits de l’adolescence.

Tous les pays n’adoptèrent pas le jeu de la totémisation et c’est surtout en France et dans les pays francophones ainsi qu’au Canada, en Espagne, en Italie, un peu en Amérique et dans quelques autres pays que la totémisation acquît tout son caractère de rituel initiatique et perdura le plus longtemps, chaque association et chaque groupe introduisant ses propres variantes. De nos jours plusieurs associations de scoutisme ont abandonné la totémisation parce qu’elle déviait parfois vers une forme de bizutage humiliant ou dangereux, en tout cas illégal (la loi punit d’amende et de prison le délit de bizutage), ou pour des motifs religieux, certaines associations trouvant que ça faisait trop animiste et que seul le nom de baptême pouvait être attribué, ou parce que certains éléments semblaient venir de la franc-maçonnerie anglaise et une dérive aurait pu être d'en faire une sorte de société secrète au sein du scoutisme, ou pour d’autres arguments psychologiques. D'autres associations ont maintenu la totémisation pour son intérêt pédagogique, refusant de diaboliser cette pratique traditionnelle mais en veillant à empêcher d'éventuelles dérives.

Cependant la totémisation, au-delà de son aspect ludique, festif et folklorique qu’elle a normalement chez les scouts dans le cadre de la pédagogie du jeu, et hors de ses possibles déviances, est aussi une mise en scène symbolique qui semble toucher à des archétypes inconscients ancestraux et donne à l’adolescence le sens d’un passage entre l’enfant insouciant et l’adulte responsable, accueilli et reconnu comme tel par un groupe d’appartenance ; ce que les sociétés traditionnelles marquaient d’un rituel initiatique à base d’épreuves de bravoure. Elle peut alors devenir un outil pédagogique puissant s’insérant parfaitement dans la méthode éducative du scoutisme si on la pratique avec discernement.

La totémisation s’adresse de préférence aux grands éclaireurs et éclaireuses d’environ 15-16 ans (plus ou moins selon la maturité) ; mais elle peut aussi être proposée aux routiers et chefs à condition que ces derniers le souhaitent. Le futur totémisé est de toutes façons choisi par le « conseil des sachems » (l’ensemble des totémisés présents au camp) sur le critère de son bon esprit scout et de son engagement dans le scoutisme. Il reste libre de refuser.

La totémisation a un caractère d’épreuves initiatiques autour des quatre éléments, à la suite desquelles le jeune fait partie du clan des sachems et porte un nom d’animal et un adjectif qui expriment son aspect et son caractère ou certains traits de sa personnalité : c’est l’animal-totem dont il va continuer de développer les qualités symboliques. On prendra soin de rechercher un nom toujours positif et original qui permette de développer le potentiel de qualités qu’on a perçu chez l’adolescent. Le totem doit être recherché longtemps d’avance, en se laissant inspirer et en testant les intuitions auprès des différents sachems et en s’attachant surtout aux qualités symboliques de l’animal.

Les épreuves ont un caractère de défi ludique et symbolique, en veillant à ce qu’elles soient suffisamment difficiles mais toujours possibles, adaptées à la force du totémisé, jamais trop dangereuses, jamais humiliantes, et évidemment sans aucune atteinte à la pudeur. Elles ne doivent pas être imposées comme dans un bizutage : si une épreuve est trop difficile pour un adolescent c’est qu’on l’a mal choisie, on lui en proposera une autre en remplacement ou bien un sachem viendra l’aider ; à l’inverse, si une épreuve est manifestement trop facile, on pourra improviser un complément plus audacieux : le jeu consiste à réussir une épreuve qui confronte à ses appréhensions ou à ses limites mais sans jamais les outrepasser : le scoutisme est la pédagogie du succès, pas celle de l'échec.

Il n’est pas souhaitable qu’il y ait trop de « sachems » présents à chaque totémisation, ni trop peu (5 à 7 conviennent). L’usage veut que celui qui a été totémisé en dernier n’intervienne pas pendant la première totémisation à laquelle il assiste en tant que nouveau sachem, sauf si les sachems ne sont pas assez nombreux. Celui qui préside la totémisation est le « grand sachem », de préférence un chef adulte expérimenté qui évitera toute dérive de bizutage et accentuera l’aspect à la fois festif et symbolique du jeu. C’est encore mieux s’il est relativement âgé, le respect dû aux anciens qui faisait partie des valeurs des sociétés traditionnelles fait aussi partie du folklore et de la pédagogie de ce jeu.