« Totémisation » : différence entre les versions

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Par contre, de vrais mouvements basés sur la culture indienne ont existé, notamment les ''Woodcraft Indians'' fondés en [[1902]] par [[Ernest Thompson Seton]].
Par contre, de vrais mouvements basés sur la culture indienne ont existé, notamment les ''Woodcraft Indians'' fondés en [[1902]] par [[Ernest Thompson Seton]].


=== Lien externe ===
== Lien externe ==
* Cahier sur les [http://www.chbs.be/cahiers_9.html pratiques totémiques et indianistes dans le scoutisme] par le [[centre historique belge du scoutisme]]
* Cahier sur les [http://www.chbs.be/cahiers_9.html pratiques totémiques et indianistes dans le scoutisme] par le [[centre historique belge du scoutisme]]



Version du 3 avril 2011 à 07:50

Un vieux chef Sioux

La totémisation au sens scout du terme, consiste à donner à quelqu'un, au cours d'une cérémonie un nom d'animal (ou autre), avec ou sans autres qualificatifs. L'ensemble : nom, adjectif, lieu est appelé totem. La cérémonie et le totem marquent un rite de passage et le renforcement de l'intégration au groupe, ce peut être aussi le symbole d'un engagement à de nouvelles responsabilités.

Dans certains pays francophones, la totémisation s'applique également au choix du nom d'animal servant à désigner un groupe de scouts : les hirondelles, les loups, etc.

Pour l'individu, la totémisation c'est :

  • Une nouvelle étape dans la progression au sein du scoutisme;
  • Être nommé et reconnu par ses pairs lors d’une cérémonie secrète.

Voir article totémisation (cérémonie) et totémisation (pédagogie)


Histoire

La totémisation est une pratique dans de nombreuses sociétés (Indiens d'Amérique, des iles du Pacifique, etc.). Elle est généralement liée à un rite initiatique. Bien avant l'apparition du scoutisme en 1907, Baden-Powell reçut le nom de totem «  Impeesa  »[1] des Matabélés, en Afrique en 1896. Cependant, on ne peut parler ici de totémisation au sens ethnologique, car il n'y a pas eu de rite initiatique.

Aux États-Unis et dans beaucoup de pays francophones, la totémisation et la culture indienne ont connu un grand succès au sein du scoutisme, bénéficiant d'un statut presque officiel.

Histoire en France

En France, l'indianisme et la totémisation sont pratiqués avant 1914 par les initiateurs du scoutisme alors neutres ou protestants, notamment par Jacques Guérin-Desjardin qui y voit le moyen de passionner le « gosse ». À partir de 1920, la coutume se popularisera et se développera rapidement dans l'ensemble du scoutisme français, notamment sous l'impulsion du commissaire SDF Paul Coze. Jean Loiseau fut le principal introducteur de l'indianisme chez les EDF.

La totémisation et son ordre secret ont réellement passionné certains jeunes scouts. Mais, souvent, ils étaient plus motivés par la conquête du titre de sachem que par leur BA quotidienne et l'application de la méthode scoute. De plus, les sachems évoluant dans une complète confidentialité semblaient former une organisation parallèle au scoutisme des mouvements.

Les Français reprochèrent ainsi à la totémisation d'être passée d'un jeu scout honorable en 1928 à une organisation secrète parallèle au scoutisme dans les années 1940, avec les possibilités de dérives que cela comportait (les rites initiatiques devenaient parfois de vraies séances dégradantes ou humiliantes pour les papooses). Parallèlement étaient nés des groupes comme les « foulards de sang » qui utilisaient certaines pratiques de la totémisation, mais dont le fonctionnement était basé sur celui de la chevalerie.

La possibilité de dérives de toutes natures interpellait les mouvements français qui s'efforcèrent, soit de changer la nature de la totémisation, soit de la proscrire officieusement.

Situations actuelles


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Mouvements et totémisation



La totémisation est encore largement répandue, sous des formes variées, dans les pays francophones (en Belgique, en Suisse et au Canada), ainsi qu'en Italie, en Espagne et aux États-Unis notamment. Mais la totémisation reste inconnue dans de nombreux pays (notamment au Royaume-Uni, berceau du scoutisme).

En Belgique, la totémisation est très répandue et elle est pratiquée de manière similaire dans les différents mouvements scouts du royaume. Elle joue un rôle d'intégration du jeune dans son nouveau groupe. La « fête des totems » exclut les mises en scène effrayantes, l'humiliation du scout, les épreuves dévalorisantes, dégradantes. Aussi, la totémisation doit être entouré d'un « secret positif » (comme dans un anniversaire surprise), et le totémisé est en droit de refuser le totem qui lui est attribué.

De même, en Italie, la coutume est presque officielle et elle consiste à donner un nome di caccia (nom de chasse), mais le mot totémisation est connu. Le site de l'association des guides et scouts catholiques italiens (AGESCI) indique que, dans certaines unités, elle est vécue comme mode d'intégration : « la cérémonie est un moyen plaisant de rappeler les preuves de courage du garçon qui entre dans la tribu. Ce peut être un jeu de Kim, une veillée avec déguisements, un récit mimé de chasse, une quelconque saynète expressive. C’est un moment secret de la tribu, les pieds tendres [les papooses] n'y sont pas invités». Cependant, le risque de dérives est également noté.

En France, à la suite de la loi de 1998 intégrée à l'art.225-16-1 du Code Pénal sur la répression du bizutage, les mouvements français directement concernés par des formes « dures » de totémisation ont dû prendre position officiellement. Dans certains mouvements français, la totémisation est tolérée (EEUdF, EEIF, EEdF) mais dans tous les cas il s'agit d'une forme de totémisation « douce ». Dans les trois associations catholiques reconnues par l'État (SGdF, AGSE et SUF), malgré les prohibitions officielles ou tacites, la totémisation persiste, mais les formes « dures » déclinent ou ont en fait disparu. Reste que dans certains petits mouvements, les sachems peuvent couvrir des pratiques condamnables. La discussion sur la totémisation en France n'est pas close, resterait à débattre des formes d'une totémisation nouvelle et sans risque, mais l'intérêt pédagogique d'une telle mesure est controversé à l'égard des jeunes.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Réflexions sur la totémisation



La totémisation parait exister sous une forme plus ou moins traditionnelle dans plusieurs pays hispanophones.

Aux États-Unis, l'Order of the Arrow est réservée à des scouts plus âgés, avec une organisation officielle tout à fait transparente, des cérémonies fortement marquées par l'indianisme et un souci de service aux scouts plus jeunes.

Au Canada la Nation Impeesa joue un rôle d'organisateur des cérémonies tandis que la Nation de l'Ours est un site web consacré aux totems.

Ce que pensent les grands chefs scouts de la totémisation

Baden-Powell

« Je prétends qu'un garçon pour devenir un vrai scout, suivant l'idéal tracé par le chef, n'a nullement besoin de recevoir un nom. Il n'est pas indispensable qu'il s'appelle Tigre Bleu ou Loup Vert, ni qu'il porte une robe bigarrée au lieu de la chemise scoute et des plumes dans les cheveux... Rêver que vous êtes un scout me paraît contenir plus d'idéal et de romanesque, plus de pensées pratiques de dévouement et de bonheur que de rêver que vous êtes Peau-Rouge. »

Robert Baden-Powell, in Headquarters Gazett de novembre 1919

Père Jacques Sevin

« Si je soutiens l’indianisme, nos preux chevaliers vont, d’un geste dédaigneux, reléguer mes plumes d’aigle au fond des costumiers de mélodrame, et si je déclare que le Peau-Rouge n’est pas le dernier mot du scoutisme et de la civilisation, je vois déjà les tomahawks s’abattre sur mon cuir chevelu (…) Je réponds carrément à ta question : non, l’Indien n’est pas le Premier Scout. Il ne l’est ni pour le corps, ni pour ses vertus morales, ni par ses qualités physiques. »

Toutefois, il précise aussi dans la revue le chef :

« Est-ce à dire qu'il faille proscrire tout Indianisme, et nous priver et priver nos garçons de cet exotisme et de ce pittoresque dont ils raffolent, et qui peut, entre les mains d'un chef habile, avoir son côté éducatif ? Je ne serai point si janséniste, et je serai le premier à applaudir (pardon : à saluer de mon « Ah! ah! ah! ») une pantomime comme Vengeance indienne et à chanter « Kellé, kellé, Watch! » en souvenir de notre ami Big Hawk. L'indianisme est un des moyens de satisfaire le goût, inné chez l'enfant, de l'extraordinaire, du romanesque,de l'invraisemblable.

J'ajoute que s'il y a des Scouts qui peuvent se payer quelques fantaisies en ce genre, avec le minimum d'inconvénients, c'est précisément nous, les Scouts de France, parce que nous avons dans notre vie spirituelle, toute fondée sur une piété liturgique et dogmatique, toute alimentée par les Sacrements, le contrepoids nécessaire. Nos garçons sont trop instruits de leur religion pour prendre l'Indianisme au sérieux, et d'avoir fumé le calumet de la paix au feu de camp ne les empêchera pas de chanter avec toute leur ferveur de scouts catholiques, Notre-Dame des éclaireurs ou le Cantique des patrouilles. »

R.P. Jacques Sevin S.J., in Le Chef, n° 4 de juin 1922 p. 56 à 60

De vrais mouvements indianistes

Le scoutisme, même s'il utilise certaines techniques dites Woodcraft, n'est pas un mouvement indianiste.

Par contre, de vrais mouvements basés sur la culture indienne ont existé, notamment les Woodcraft Indians fondés en 1902 par Ernest Thompson Seton.

Lien externe



Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Indianisme




Notes et références


  1. Selon les traducteurs, «  le loup qui ne dort jamais  » (Reynolds), ou au moins «  le loup  » (Robert Bastin).