Réflexions sur la totémisation

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Suite aux polémiques concernant la totémisation et aux limites de cette pratique, des scouts ou des mouvements se sont interrogés. Certains ont imaginé une totémisation rénovée à destination des aînés, d'autres imaginent un nouveau cérémonial débarrassé des éléments qui posent problèmes, enfin une réflexion de fond s'est engagée afin de juger de l'intérêt pédagogique de la totémisation. Dans tous les cas, la totémisation a marqué profondément le scoutisme et il semble difficile d'effacer définitivement toute trace de celle-ci.

La totémisation "aînée"[modifier | modifier le wikicode]

Certains mouvements proposent une “totémisation aînée”. C’est notamment le cas aux EEIF.

De quoi s'agit-il?

Le totem devient le signe d'appartenance à la communauté d'aînés au service des plus jeunes.

Alors que la totémisation traditionnelle s'adresse à des scouts confirmés de 16-17 ans (mais parfois plus jeunes) qui sont à la tête d'un patrouille, la "totémisation aînée" valorise des scouts plus agés (18-25 ans) qui s'engagent soit dans l'animation d'unités de jeunes, soit dans toute autre action au service d'autrui.

A cet âge, la symbolique et l'imaginaire de l'indianisme a moins d'importance, il s'agit simplement d'honorer un bon serviteur du Scoutisme en lui donnant un nom scout : son totem.

Dans tous les cas, la totémisation “aînée” valide un parcours d'excellence au service du mouvement scout. C’est un temps fort, joyeux et plein d'émotions à vivre et partager si possible dans une dimension territoriale voire nationale, selon la personne à honorer.

Réflexions diverses[modifier | modifier le wikicode]

On doit constater la persistance généralisée de diverses formes de totémisation dans le scoutisme français et ce, même si certains mouvements l'interdisent formellement.

Dans ces conditions et face aux risques liés aux "totémisations dures" une double réflexion est en cours dans certains micro-milieux:

  • dans certains mouvements où la totémisation est interdite, divers groupes de sachems proposent un cadre cérémoniel simplifié et public mais s'adressant à des jeunes exerçant des responsabilités (SP ou CP) donc relativement âgés. La page totem du site semper parati est un bon exemple des thèmes abordés et des solutions envisagées par des chefs de ces associations.
  • en marge des SGDF, des sachems réfléchissent à une totémisation s'adressant à des pionniers ou compagnons susceptibles de s'investir dans l'encadrement local, les indications ci-dessus sur la totémisation "ainée" s'insèrent assez bien dans ce courant.

Les deux séries de réflexions paraissent converger sur les points suivants, il faut :

  • un rituel simplifié excluant tout contact physique ou épreuve débile, dangereuse, humiliante, etc...
  • la présence d'un nombre minimum de sachems,
  • une diversité géographique des sachems,
  • que la date et les modalités de la cérémonie soient connues à l'avance par le papoose.

Par contre, les idées divergent sur différents sujets :

  • la mixité (H/F) des cérémonies,
  • le fait que le papoose découvre son totem ou qu'il le connaisse un peu à l'avance,
  • la participation de sachems issus d'autres mouvements,
  • le maintien ou non des 4 éléments naturels.

Une autre controverse touche la levée du secret entourant la convocation aux cérémonies cf le modèle canadien de la Nation Impeesa et leur déroulement (notamment le caractère nocturne).

Interrogations pédagogiques[modifier | modifier le wikicode]

Il faut écarter d'abord une objection spécifiquement française l'hostilité de certains mouvements n'est pas théologique ni même pédagogique. Le refus officiel ou tacite est lié à la crainte que certaines unités "dérapent".

Le choix du totem par les sachems nécessite une réflexion sur les qualités profondes d'un scout, pour essayer de capturer l'essence de son caractère par l'analogie d'un animal et l'éclairage d'un adjectif. C'est un exercice très riche et pédagogiquement intéressant. Il permet de s'interroger sur les qualités (et les défauts) du jeune, sur la permanence de celles ci, d'exprimer comment on le perçoit, de souligner ce qui fait sa richesse et son potentiel. Dans la discussion préalable entre sachems, c'est l'occasion de faire un point à la fois sur les dimensions "fonctionnement social" du groupe et "éclairage spirituel" de la personne. Cependant, il faut comprendre que le scout peut se sentir identifié et parfois même au totem choisi, qu'il le méditera, y réfléchira longtemps...Taupe n'est pas nécessairement un bon totem même et surtout si le jeune est myope.

Le totem ou nom de chasse retenu doit donc pour lui être libérateur de ses qualités réelles: la pédagogie scoute doit viser l'épanouissement de l'être tout en renforçant le sentiment d'appartenance au groupe. Une discussion préalable entre les sachems est donc indispensable et elle doit être soigneusement préparée et modérée par les sachems les plus expérimentés, parce que les adolescents ont très vite fait de se saisir du "trait qui blesse", et laissés à eux-mêmes, risquent d'affubler d'un "limace baveuse" un scout au caractère par trop inerte. Si la totémisation risque d'être un fardeau, il faut l'écarter fermement.

De même le caractère initiatique de la totémisation peut conduire à un réel problème d'animation pédagogique, dans le cas où une maîtrise non totémisée aurait à encadrer une unité ayant pratiqué la totémisation. Dans ce cas, en effet, les scouts totémisés peuvent être amenés à penser qu'il faut préserver le secret de la totémisation vis à vis de la maîtrise, et en continuer la pratique en secret, mais sans aucun encadrement. Cette situation clairement dangereuse est inacceptable pour un responsable d'unité. La solution peut être d'interdire la chose, ou d'amener les adolescents à comprendre que le chef est "hors jeu" par rapport aux règles du secret, ou de faire totémiser le chef (mais dans ce cas, par d'autres chefs en présence de quelques membres de sa troupe eux-mêmes sachems : le chef restera ainsi le chef). En tout cas, la question doit être abordée de front.

Si la question de l'adéquation du totem avec le profil du jeune se pose dans tous les mouvements, les problèmes posés aux chefs par la dynamique de l'unité face à un groupe occulte interne concernent les seules unités, désormais très rares, où la totémisation est pratiquée sur des très jeunes dans un cadre reellement secret et en "vase clos". De telles situations sont de plus pénalement à risque. A l'expérience et la maturité des sachems doit correspondre le choix exclusif de papooses proches de leur majorité ou déjà majeurs.

Par contre la compatibilité de la totémisation avec la pédagogie officielle d'un mouvement ne pose plus guère de problèmes dans le monde du 21° siècle: le peau-rougisme n'étant plus diffusé chez les jeunes contrairement à la période 1900-1960. Simplement les rites indianistes peuvent être allégés et même supprimés.

Reste le fait que la totémisation a parfois été utilisée (sciemment ou non) par certains chefs comme moyen de redynamiser une unité trop calme mais ça a pu être aussi un palliatif pour masquer l'insuffisance des responsables. Il est significatif que les unités raiders des SDF avaient souvent abandonné cette pratique, leur vécu scout étant suffisamment intense.