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Michel Menu est l'un des personnages les plus flamboyants du scoutisme français. Résistant, officier de la Légion d'honneur, ingénieur, grande gueule, il marque par son style direct et tranché.
Michel Menu est l'un des personnages les plus flamboyants du scoutisme français. Résistant, officier de la Légion d'honneur, ingénieur, grande gueule, il marque par son style direct et tranché.

Version du 14 février 2015 à 20:06


Article inspiré de la biographie écrite par Louis V.M Fontaine dans « Mémoire du Scoutisme »


Michel Menu
Michel Menu entre un routier et un ACT SUF en 2004
Michel Menu entre un routier et un ACT SUF en 2004
Chef national éclaireurs des Scouts de France
16 février 1916 · 14 février 2015[réf. nécessaire]

Fondateur

Fondateur.

Personnalité scouts de France

Scouts de France.

Personnalité française

France.


Michel Menu est né le 16 février 1916 à Secondigny (Deux-Sèvres) et décédé le 14 février 2015[réf. nécessaire], 2 jours avant ses 99 ans.

Michel Menu est l'un des personnages les plus flamboyants du scoutisme français. Résistant, officier de la Légion d'honneur, ingénieur, grande gueule, il marque par son style direct et tranché.

Il est commissaire national Éclaireurs (CNE) des Scouts de France (SDF) de 1947 à 1956, obtient son brevet de Deputy Camp Chief (DCC) de Gilwell en 1950. Il est l'initiateur des « raiders scouts » et des « goums ».

Début dans le scoutisme, les études, l’armée, la guerre

Michel fait sa promesse scoute tardivement en 1930, à l'âge de 15 ans, à la 1re Châtellerault. Doué très tôt d'un esprit missionnaire, il crée quelques années après une patrouille à Thouars (Deux-Sèvres) qui deviendra une Troupe SDF de milieu populaire en 1947 : on peut déjà y déceler l'esprit des patrouilles libres. Durant ces premières années, Michel Menu est touché par le père Doncœur qui avec ses « cadets » propose une spiritualité de l'action aux jeunes adultes.

Michel obtient à Paris un doctorat d’État ès lettres avec une thèse de science politique. Attiré par l'armée, il fait une préparation militaire supérieure à l’École d’artillerie de Poitiers où il crée un clan de routiers.

Sorti aspirant au début de 1940, il participe à la campagne de Belgique puis au repli dans la poche de Dunkerque où il est fait prisonnier en Allemagne le 1er juin. Commence alors une expérience risquée et rocambolesque qui en dit long sur la caractère du garçon : l'évasion. Sur ses trois tentatives, la troisième est la bonne : il rallie la France le 31 décembre 1941.

Michel Menu ne s'évade que pour reprendre le combat en lien avec la France libre à Londres. Il en profite également pour reprendre contact avec le quartier général (QG) des SDF à Lyon. Il est nommé Commissaire Assistant du CNE le 7 juillet 1942. Mais à cette époque il est bien plus occupé par la résistance que par le scoutisme : devenu chef du service évasions, il met en place, dès 1943, des filières pour faciliter les trajets des évadés vers l’Espagne. En février 1944, il devient capitaine et en juin il rejoint le maquis Mary-Basset près de Tarare (Rhône).

À la Libération, il est appelé à des activités de commandement et participe avec ses élèves à la campagne d’Alsace en novembre et décembre 1944.

Il est démobilisé le 2 avril 1946.

C’est sur un appel conjoint des pères Doncœur et Forestier qu’après sa démobilisation, Michel Menu est appelé au QG des Scouts de France, où il ne prit sa place qu’au tout début 1947.

La situation au QG des SDF en 1946

Quand Michel Menu arrive au quartier général en 1946, c'est Georges Gauthier qui est à la sa tête. Il est proposé par les pères Doncœur et Forestier au poste de CNE. Menu, avant de prendre tout engagement, veut prendre le pouls des troupes dans les diverses régions de France. À la même époque, il participe aussi à l’encadrement de stages pour la formation des chefs à Chamarande où il rencontre François Lebouteux. Lors de ces formations, il parle aux chefs dans un style énergique et percutant qui ne laisse personne indifférent.

Finalement, une équipe nationale est constituée autour de Georges Gauthier, le commissaire général. Michel Menu, assisté de Bernard Faure et Marcel Leclerc, devient CNE pressenti, en remplacement de Michel Blanchon qui avait été CNE de la zone nord. Michel Rigal, ancien prisonnier pendant 5 années dans un oflag, prend le commissariat de la Route et Françoise Pistre reste au Louvetisme. Les précédents aumôniers conservent leur poste : le Père Forestier, AN, assisté des Pères Le Bourgeois et Jean Morel, le père Jean Rimaud ANE et l’abbé Joly, ANR.

En octobre 1946, l'équipe de Menu propose aux éclaireurs 2 thèmes : le « scoutisme en milieu populaire » et la « modernisation des techniques ».

Début de commissaire national Éclaireurs (CNE)

Michel Menu.jpg

Michel Menu analyse le scoutisme d'après-guerre de la façon suivante : perturbé par le matérialisme de l’après-guerre et la politique envahissante, le jeune de 1946/47 semble ne plus vouloir se satisfaire des moyens que le scoutisme avait jusque-là mis en œuvre avant le conflit. « Il faut comme BP nous l’a indiqué, s’occuper de la tranche “adolescente” et retrouver le projet originel du fondateur pour les garçons de 14 à 16 ans… »

En janvier 1947, Menu s'exprime dans Le Chef: « BP s’est-il trompé ? Le chef doit apprendre les qualités du silence, de la beauté, de l’effort, savoir se débrouiller pour son propre compte, compter avec le service du prochain… Les garçons doivent trouver l’aventure, l’action, la libération… »

Curieusement, Pierre Goutet, l’ancien commissaire national Route (CNR) d’avant-guerre et forte personnalité du Conseil National, partage aussi l’idée d’un même changement radical dans la méthode éducative. Mais alors que Menu, se basant sur l’action directe trouve les CP endormis, les chefs plus occupés de confort personnel que de raids pour leur troupe, et tente de réveiller le petit monde des éclaireurs; Goutet est persuadé que le scoutisme embourgeoisé prend un mauvais chemin, et qu’il devient vital de le rendre plus social et plus politique.

Voilà bien les deux lignes de pensées de l'époque qui partent d'un même constat d'échec mais qui vont vite s'opposer quant aux solutions à apporter. La ligne de conduite de Menu sera de type éducatif pour adolescent, elle visera à renouveler l’enthousiasme par l’action, le dépassement aussi bien physique que moral. Celle de Goutet, soutenue d’abord par André Cruiziat puis par Rigal, vise à une remise à plat de toutes les conceptions sociales et religieuses pour « ouvrir » le scoutisme au monde nouveau.

La proposition « raiders »

Raiders.JPG

À l'assemblée générale de 1948, Georges Gauthier explique dans son rapport annuel les causes de la médiocrité du scoutisme pratiqué par les troupes :

  • Déclin de l’esprit de dévouement et de service.
  • La méthode n’éveille plus le même intérêt.
  • La crise de l’idéal.

Il demande alors au CNE de trouver un palliatif à ce malaise, une adaptation qui permettrait de relancer le scoutisme éclaireur. Michel Menu fait alors la proposition raiders.

Menu s'interroge sur le développement du « mimétisme instinctif », de l’esprit « mouton » créé par la presse, la radio et le cinéma.

Trouvant le scoutisme « inébranlable », mais devant « s’adapter », il apporta le fruit et le sens de sa propre recherche d’adaptation par rapport aux techniques, au sens chrétien, aux possibilités, aux évolutions morales, aux sports même, en tenant compte des conditions de vie.

Menu propose pour contrer le développement de « l'esprit mouton », du « mimétisme instinctif », d'une « ambiance sociale, politique, faite de hasard, de décousu » et d'une « ambiance psychologique ayant pour modèle le débraillé des hommes de gouvernement » : un « système d’entraînement collectif en correspondance avec les goûts d’aujourd’hui, en recréant un courant d’enthousiasme pour les activités. » Le mot même de « raiders » est lancé. Le vocabulaire utilisé parle aux jeunes : woodcraft, missionnaire, sportif, conducteur-mécanicien, service volontaire, enrôlement, insignes particuliers, uniforme spécial…

En 1949, les « raiders » sont définitivement lancés et deviennent « les locomotives » d’un scoutisme régénéré mais fidèle, quoique rénové, à l’esprit de Baden Powell. Surtout, ils retenaient et assimilaient les doctrines religieuses et morales des pères Doncœur et Forestier, en un tout dynamique, moderne et spirituel.

Parachevant sa formation, Michel Menu fait en 1950, un stage à Gilwell et reçoit le diplôme de Deputy Camp Chief.

Les dix glorieuses des éclaireurs : Raiders! Go!

"Raiders scouts", le best-seller de Michel Menu

Grâce aux « raiders », la branche éclaireur atteint un niveau technique et moral jamais vu, stimulés par un chef charismatique qui a le don des formules et des exemples saisissants : « Une allumette brûlant seule au milieu de la foule n’est qu’une toute petite flamme, mais dix mille allumettes craquées dans un stade rempli par cette foule créent une lueur aveuglante ».

En 1951, s'appuyant sur les « raiders », Michel Menu et son équipe lancent également la création des patrouilles libres. On demande aux raiders de créer des patrouilles dans des zones rurales, des banlieues isolées, là où l’existence d’une troupe semble impossible. Ce fut là une vraie réussite (méconnue néanmoins), peut être la forme de « scoutisme missionnaire » la plus aboutie de toute l'histoire du scoutisme français. Les résultats (notamment quantitatifs) dépassèrent de loin ceux des camps « plein-vent» des SDF ou « unités soleil » des GDF durant les années 1990 ou autres expériences FSE de ce type.

Bien sûr, les critiques se font entendre : certains veulent les assimiler à des unités paramilitaires exaltant l’esprit « commando ».

Parmi les camps raiders qui fournissent l’occasion de montrer l’esprit, la tenue et les résultats de la méthode, il faut citer : Combrit (juillet 1951), Landévennec, Chaumeçon, « l’Étincelle » en 1953, le camp Patrouilles libres en 1954 et surtout le rallye raiders de la Banne d'Ordanche (1956) où plus de 700 patrouilles de raiders-scouts décident dans l’enthousiasme de participer à l’Opération Soleil Levant », pour fonder des troupes dans les villes nouvelles et les grands ensembles.

Retour au réel

Pendant que se déroulait cette expérience assez unique dans les annales du scoutisme français, les événements politiques, une fois de plus, marquaient le pays : déclin de l’empire colonial, abandon de l’Indochine, début de soulèvement en Algérie, IVe République discréditée. L’idée généralement la plus répandue au sein des milieux progressistes était que la socialisation du monde devenait irréversible. Ce postulat qui était aussi une excuse modifiait les comportements et les raisonnements au sein même de l’Église catholique, à commencer par les ordres religieux comme les Dominicains, ou les Jésuites. Tandis que le Saint-Office condamnait au silence ou à l’isolement des personnalités comme les pères de Lubac, Congar ou Liégé, les mêmes bénéficiaient du soutien feutré de leur ordre, c’est ainsi que le père Liégé devenait, au moment même où Rome le sanctionnait, aumônier de la Route.

Georges Gauthier, fatigué, avait démissionné en 1952, amenant Rigal au Commissariat général, et déjà une large évolution des idées se faisait jour, notamment dans la revue « La Route » où, de plus en plus fréquemment, des prises de position syndicales ou politiques se dissimulaient de moins en moins derrière des excuses sociales.

Au sein même des SDF, l’expérience de Michel Menu s’opposait de facto à la volonté de réaliser une autre expérience beaucoup plus orientée vers l’action communautaire et sociale, telle que Cruiziat la dépeignait dans sa revue et son mouvement « Vie nouvelle ». Cette opinion était largement relayée par « La Route » et la branche qui, sous la direction de Paul Rendu et du père Liégé, avait tenu, en janvier 1954, un IIe Congrès déjà orienté.

En 1955, le départ brusqué du Père Forestier devait montrer dans quel sens se dirigeaient désormais les SDF. À la fin de 1956, la préparation de l’assemblée générale au cours de laquelle la Route se transforma en « mouvement de jeunesse » amenait la démission de Michel Menu qui, avec Françoise Pistre, s’était opposé à cette modification essentielle.

Entre réserve et réplique.

Au moment où M. Menu démissionnait, ce que l’on a appelé la « crise de la Route », qui fut aussi celle du scoutisme catholique, commençait. Dès le début de 1957 on apprenait le renouvellement presque complet du Conseil National et, le 11 mai suivant, toute l’équipe Route démissionnait à grand fracas. Quelle pouvait être la réplique d’un « battant » comme l’ancien C.G alors que Jean Lagarde le remplaçait à la tête de la branche éclaireurs et poursuivait l’opération « Soleil Levant » ?

Dans un premier temps, Menu se consacra entièrement à ses obligations familiales et professionnelles. Simplement fidèle à la Loi scoute ou au mouvement, Michel Menu s’imposa un devoir de très grande réserve. Il faut encore souligner que père de famille de 5 enfants, n’ayant accepté d’être « permanent » que pendant 2 ans, il s’efforçait de conserver une indépendance financière. Grâce à ses capacités, son expérience et un sens de l’autorité qui lui conféraient une grande valeur professionnelle, il exerçait des activités d’ingénieur de haut niveau qui accaparaient beaucoup de son temps redevenu libre.

Pourtant au fil du temps des évènements se succédèrent en cascades : arrivée de François Lebouteux que Menu avait un temps considéré comme un éventuel successeur. Venue d’Émile Visseaux, futur commissaire général (CG), et départ de Françoise Pistre en 1958, débuts, à mots couverts, de l’expérience pionniers – rangers, départ de Jean Lagarde en 1959 le tout dans un climat où le vocabulaire nouveau modifiait profondément les sens des mots et les valeurs du scoutisme.

La première réplique de Menu fut la publication d’un livre « Scoutisme et engagement » qui, à sa façon, s’efforçait de mettre les choses au point et de redonner son sens à la pensée créatrice de Baden Powell : « On se rendait compte brusquement que le Scoutisme formait, au sein d’un monde super angoissé, une sorte d’îlot édénique… il devait regagner en vitesse le continent, devenir une pépinière de militants sociaux, politiques… et il va sans dire, religieux. Il ne méritait pas cela. »

L’année suivante, en 1961, il publiait Le CP et son gang, sorte de bréviaire scout à la gloire du « Système des patrouilles » et des CP, tandis qu’une année après, Géraud Keraod reprenait officiellement les Guides et scouts d’Europe en France.

C’est alors que peu à peu les réfractaires à la réforme du scoutisme catholique s’opposèrent ici et là en réaction aux mesures révolutionnaires des SDF et à l’expérience pionniers/rangers qui se généralisait en 1964.

Dans ce climat, Michel Menu ne se bornerait-il qu’à publier des livres et ne s’impliquerait-il pas dans cette sorte de « résistance » alors que les raiders qu’il avait créés tombaient lentement en désuétude par la non-gestion de la méthode et l’absence de mesure officielle ?

Beaucoup regrettaient ce demi-effacement de Menu, alors qu’avec son autorité, le prestigieux « commissaire des raiders-scouts » aurait donné une signification beaucoup plus large à un scoutisme d’opposition !

Pourtant en 1965, Menu se joignait à l’équipe rédactionnelle d’une petite revue RSM « Réflexions de scoutmestres  » créée par Maurice Travers. Au cours des 10 numéros de cette parution (le dernier en juillet 1970 ; le RSM suivant, de février 1971, portant le double titre de "Les GOUMS" et RSM), il rappela vertement quelques principes en des phrases lapidaires qui enthousiasmaient les déçus des réformes. Mais le fond de sa pensée restait orienté vers une évolution du scoutisme, (ainsi qu’il l’avait commencée avec les raiders) et qu’il ne désespérait sans doute pas de créer par un climat de réflexions propices pour opérer la synthèse entre la réforme « Pionniers/Rangers » et la « dynamique fondamentale du scoutisme »…

Menu, ses ouvrages successifs et ses projets d’unité.

En 1966, Menu publiait encore « Art et Technique du Scoutmestre », brillant ouvrage pédagogique et psychologique sur ces expériences vécues et pratiques dans l’art de mener une troupe de façon classique, et qui fut le volume de tous les « réfractaires » et « unitaires ».

Le principe d’une entente entre un scoutisme même évolutif et les changements déjà engagés au sein des SDF ayant échoué, Menu, placé après la revue « Réflexions de Scoutmestres » à la tête d’une équipe (ses anciens adjoints aux raiders), s’efforçait d’animer, quand il le pouvait, des réunions informelles toujours tournées vers l’explication des difficultés, et récusant tout forme de dissidence officielle.

Car Michel Menu, compte tenu de ses activités professionnelles qui l’entraînaient sans cesse en Afrique ou au Moyen-Orient, ne participait qu’occasionnellement à nombre de ces réunions. Il travaillait, cependant avec ses amis, à un nouveau projet capable de tenter l’opportunité d’une synthèse déjà vainement recherchée. Il le présentait au cours de « Journées nationales unitaires » tenues à Courances, à la fin de mai 1966, devant un rassemblement de chefs opposés aux changements et même une délégation de la FSE.

Inspirée à la fois des raiders et du scoutisme américain, cette nouvelle variante d’une autre forme de scoutisme baptisée « Jet-Scout » dont les « Explorers » formaient la base. La terminologie très anglo-saxonne, ainsi que Menu aimait à l’employer, était censée réveiller un climat de sympathie agissante. Ce fut le contraire qui se produisit et, dès lors, toute la contestation se polarisa vers les Guides et scouts d’Europe ou les SUF en gestation, apparemment les seuls à miser sur la tradition et les respect des idées de Baden-Powell. Menu fit cependant encore un pas hors de sa retraite en se groupant avec Henry Dhavernas, Pierre Delsuc et Pierre de Montjamont, tous les quatre revêtus de l’autorité de leur brevet de DCC de Gilwell, pour publier, en 1967, un document intitulé « Bases fondamentales du Scoutisme », qui rappelait de façon claire et précise la méthode et ses lois, sa finalité, ses moyens, toutes questions en opposition, au moins partielle, avec les nouvelles directives des SDF.

Dans sa réunion du 11 janvier 2014, sur proposition de François Lebouteux, le conseil d'administration des Scouts et guides de France a nommé Michel Menu membre d'honneur de l'association, souhaitant à la fois lui témoigner la gratitude et marquer sa volonté de retisser les fils rompus.

Dans le désert au pas des « goums »...

Equipe de goumiers à la fin d'un raid d'une semaine dans les Causses

Très certainement déçu, incompris des contestataires et rejeté par les autorités officielles, Menu abandonnait tout espoir de refaire l’unité et constatait que la pénétration des idées progressistes politiquement colorées dans le scoutisme avaient abouti à une désintégration de son esprit. Certainement imprégné d’une spiritualité agissante, il chercha une autre façon de servir la jeunesse qui ne compromette pas les SDF, mais qui soit aussi une façon neuve de faire réfléchir. C’est peut-être dans le souvenir des Cadets du père Paul Doncœur qu’il créa en 1969 pour les jeunes gens de 20/25 ans un mode plus actuel de ressourcement autant physique que spirituel, qu’il appela Les goums (en référence aux goumiers, ces nomades qui vivaient libres et autonomes aux confins de leurs déserts et qui se redressaient et ressuscitaient sous les coups de l’adversité. C’était aussi les auxiliaires de l’Armée française au temps du protectorat marocain).

Aujourd’hui encore, sans s’inspirer véritablement du scoutisme, ni de la Route des Cadets, mais dans un état d’esprit que ne renierait pas la méthode, peut-être sans bien le savoir eux-mêmes, les goums partent librement quelque huit jours par an. Ils effectuent un raid en contrée isolée, voire au vrai désert, pour vivre en équipe très frugalement, marcher pour atteindre un but fixé à l’avance, coucher à la belle étoile et « lorsque le corps retrouve ses rythmes, l’esprit se sent attiré par l’altitude ». Autrement dit, une large part spirituelle doit découler d’un « raid » goums par la réflexion personnelle et collective.

Par les goums et l’attrait que leur ont trouvé 15 000 participants en 800 raids (entre 1969 et 1996), Michel Menu a retrouvé, en vivant et marchant avec eux (il effectue son dernier raid de 150 km en 2003 à 87 ans), une audience dans une certaine jeunesse éprise encore de dépassement, et soucieuse de « partir au désert » loin du monde.

Bibliographie

Livres :

Ouvrages sur les goums :

  • Dans le désert, au pas des Goums (Fayard)
  • Les Goums, une expérience de liberté (CLD)
  • Les Goums, Repères, volumes 1 et 2 (CLD)

Textes :

Voir aussi