Les découvreurs du scoutisme en France

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Depuis les années 1870, en réaction à l'industrialisation et à l'exode rural, avait émergé partout en Europe un besoin d'activités de pleine nature. Cela n'anticipait pas la méthode scoute à proprement parler mais en fixait le lieu privilégié et l'un des moteurs. Ainsi, à l'époque, des institutions comme les éclaireurs des sociétés de tir ou les caravanes scolaires contiennent quelques activités qui seront reprises par le scoutisme. Le camping sera pratiqué assez activement dès les années 1890 par de nombreuses associations de jeunes adultes (en particulier les UCJG qui seront l’un des creusets du scoutisme avec les campeurs unionistes qui proposent rapidement leurs activités aux sections cadettes).

En octobre 1909, le Monde illustré présente les boy-scouts anglais et annonce leur visite en France, sous la conduite de sir Francis Vane.

La grande nouveauté apportée par Lord Baden-Powell est d'en faire une méthode éducative destinée aux adolescents. Les premiers en France à s'intéresser à cette méthode sont des journalistes. En mai 1909, Paul Charpentier, sous le pseudonyme de Claude Albaret, présente les boys-scouts anglais aux lecteurs du Journal des Voyages[1]. En juillet 1909, André Chéradame publie un article sur le même sujet dans le Petit Journal[2] Le 10 août 1910, la revue Le Correspondant publie un article très développé sur le scoutisme britannique, son but, son organisation et ses méthodes.

Les premières réalisations suivent rapidement. A cette époque, le terme de "Boy Scouts Français" est générique et devient usuel.

  • Au mois d'octobre 1910, le pasteur Gallienne transforme en troupe d'éclaireurs l'école de garde de la Mission Populaire du quartier Grenelle à Paris (groupe d'activités de type patronage sans en avoir l'acception paroissiale habituelle)[3].
  • En mars 1911, Georges Bertier lance une troupe d'éclaireurs au sein de l'internat de l'École des Roches.

Dès septembre 1911, un camp réunissant des scouts anglais, des éclaireurs français et quelques italiens se tient à Hardelot, voir Augustin Dufresne.

Galienne et Bertier participeront à la fondation des Éclaireurs de France en décembre 1911. Très vite des comités de patronage se forment, les militaires y sont nombreux et le premier traducteur de BP est le commandant Royet qui oriente le livre vers l'instruction militaire. C'est l'époque des instructeurs qui tâtonnent entre activité paramilitaire et même drill ou adaptation d'écrits de BP imparfaitement traduits. Voir Sociétés de préparation militaire.

Au début de l'année 1911, le scoutisme est également introduit dans les sections cadettes des Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG). Samuel Williamson, alors secrétaire du Comité national, prend exemple sur les réalisations des UCJG britanniques (les fameuses YMCA) qui ont aidé BP à lancer son mouvement, et incite les sections cadettes unionistes à se transformer en troupes d'éclaireurs. Le 26 février 1911 Gallienne présente aux cadres des sections cadettes son expérience et en invite les directeurs à l'imiter. Le 2 juin 1911 est officiellement créée la troupe de l'union de Boulogne qui sera immédiatement suivie de dizaines d'autres : en 1912, on compte 44 troupes réunies dans un mouvement des Éclaireurs unionistes de France au sein de l'Alliance nationale des UCJG. En décembre 1920, les EU se séparent des UCJG et déposent leurs propres statuts.

Plusieurs expériences sont menées dans différents milieux au cours de l'année 1911. Un groupe de personnalités réunies autour de Pierre de Coubertin tente de les fédérer au sein d'une Ligue d'éducation nationale (LEN) fondée officieusement le 4 mai 1911 et officiellement le 27 octobre 1911. Mais des dissensions apparaissent rapidement et conduisent à la création de trois associations

Dès 1911, une campagne est lancée par la presse catholique intransigeante pour dénoncer le scoutisme comme une œuvre protestante et franc-maçonne. On accuse les associations d'éclaireurs de vouloir "décatholiciser" la jeunesse française. La plupart des évêques interdisent alors le scoutisme dans leur diocèse. Toutefois, de nombreux jeunes catholiques adhèrent aux associations d'Éclaireurs, ce qui inquiète déjà certains prêtres catholiques.

On avance parfois que c'est à Nantes que le scoutisme a été expérimenté pour la première fois en France, dès 1909 [4],[5] par Emmanuel Chastand. Une première unité d'adolescents issue de la mission populaire évangélique se développe grâce aux contacts privilégiés entre les groupes appartenant à l'Union Chrétienne de Jeunes Gens (UCJG) et leur organisation-mère (YMCA) située en Angleterre, berceau du scoutisme. Toutefois, aucun document d'époque n'a encore été produit à l'appui de cette thèse. En fait il y avait eu à Paris un essai antérieur avec Ralph Lane mais semble-t-il avec de jeunes britanniques.


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Notes et références


  1. Paul Charpentier« Les guerriers aux sabres de bois », dans Le Journal des Voyages, n°651, 23 mai 1909.
  2. André Chéradame« Les jeunes éclaireurs du lieutenant-général Baden-Powell », dans Le Petit Journal, mercredi 28 juillet 1909.
  3. Arnaud Baubérot, L'invention d'un scoutisme chrétien, les Bergers et les Mages, Paris, 1997 (ISBN 2-85304-130-1).
  4. Christophe Carichon, Scouts et guides en Bretagne, 1907-2007, Yoran embanner, Fouesnant, 2007 (ISBN 978-2-916579-10-8) .
  5. Jean-Paul Morley, La Mission Populaire Evangélique (1871-1984), Les surprises d'un engagement, Les bergers et les mages, Paris, 1993.