Joël Anglès d’Auriac

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Joël Anglès d’Auriac naît à Toulon le 25 février 1922. Il fait ses études dans la ville jusqu’à la première partie du baccalauréat. Les circonstances de la guerre l’amènent pendant un an au Maroc avant son retour à Toulon en 1941. Il prononce sa promesse au clan Saint Martin de Toulon le 23 mars 1941. Il participe au pélerinage routier du Puy, organisé par les Scouts de France à l'Assomption 1942, où il porte la bannière de la région Provence.

En mai 1943, il est requis pour le STO. A la fin du mois de mai, il reçoit sa convocation pour le service du travail obligatoire. Deux fois il fait la sourde oreille, mais cède à la troisième convocation.

Routier au STO[modifier | modifier le wikicode]

On l’envoie à Tetschen-sur-Elbe, dans les Sudètes, où on l’affecte à une usine d’armements. Il se livre à quelques actes de sabotage passif, mais va surtout entrer en résistance spirituelle contre la nazification des esprits. Avec deux anciens scouts qu’il découvre sur place, il crée un clan routier clandestin (la patrouille Notre-Dame de l’Espérance) qui accueille bientôt de nouveaux membres.

Or le régime nazi décide en 1943 d’accentuer la persécution contre les mouvements chrétiens en raison de leur opposition à l’idéologie nazie. Le docteur Krause avait en effet déclaré le 13 novembre 1933 : « Le seul service divin véritable est celui qui a pour but le culte de la nation (…) ». Le 3 décembre 1943, les autorités allemandes promulguent un décret dont l’existence ne sera révélée que dans les années 80. Ce texte provoque la recherche de tous les jeunes français engagés dans des activités chrétiennes sur leur lieu de travail.

Le 3 mars 1944, Joël vient une fois encore de réunir ses camarades pour fortifier leur engagement, organiser des visites dans les hôpitaux et mettre sur pied des activités de loisirs. Un programme apparemment anodin, mais qui détourne l’attention de ses destinataires des sirènes nazies. Cependant, des indicateurs à la solde de l'occupant ont déjà vendu Joël. Il est arrêté le 10 mars, et son groupe se voit interdire de poursuivre toute activité.

Son procès et sa mort[modifier | modifier le wikicode]

Le « procès » de Joël Anglès d’Auriac est considéré comme particulièrement révélateur des intentions nazies. On lui reproche ses activités, et aussi d’avoir abusé de raisons de santé pour éviter de collaborer. L’acte d’accusation énonce que « l’inculpé aurait du comprendre qu’il participait à une grande entreprise qui concernait le monde entier, qu’il ne participait pas seulement à une usine de guerre allemande, mais à la construction d’un monde nouveau. De sa part, c’est donc contraire à la conscience ».

Condamné pour haute trahison le 20 octobre, Joël sera décapité le 6 décembre suivant. Sa prière de recevoir la communion avant de mourir peut être exaucée par un prêtre allemand qui a témoigné : « Il me disait « Je suis tout tranquille ; je peux dire que je me réjouis d’aller à la mort, car je vais à Jésus-Christ. C’est Lui Qui m’a si bien conduit. Je Le remercie de tout mon cœur. Je n’ai qu’un seul souci, c’est celui de ma famille ».

A ses Routiers, il écrit :

«  Voici le dernier message de votre ami Joël… Ne soyez pas tristes, je meurs avec le sourire, car le Seigneur est avec moi, et je n’oublie pas qu’un Routier qui ne sait pas mourir n’est bon à rien… Continuez dans la voie que je vous ai tracée. C’est certainement la plus fructueuse et celle qui conduit à la vie la plus belle. Adieu Frères Routiers, ma dernière parole : ne quittez pas le Scoutisme. Adieu. »

Et à ses parents :

«  Ne soyez pas tristes. Soyez certains que j’accepte l’épreuve presque avec joie et je l’offre pour vous tous… Le Seigneur est avec moi et je vais certainement le voir de plus près. Lui seul est la vie réelle ; le secret de la vraie joie… Ma dernière prière : « Vivez avec le Seigneur. Il est la vie. Adieu…  »

Un de ses camarades écrivit à son père en 1946 : « Je garde de Joël le souvenir d’un ami, d’un apôtre même. Il est monté à Dieu en offrant sa vie pour nous… Il nous dépassait tous et rayonnait sur nous. Là commence vraiment son apostolat… Que Joël nous protège puisqu’il est parmi les saints de Dieu ! »

Reconnaissance ultérieure[modifier | modifier le wikicode]

La qualité de « mort pour la France » lui a été reconnue par lettre du ministre des anciens combattants et déportés en date du 27 janvier 1948.

A l’image de Marcel Callo dont le procès à déjà abouti, sa cause de béatification a été introduite à Paris et intégrée à celle de cinquante et un Chrétiens tués par les nazis en haine de la foi (dont seize scouts). Placée sous l'autorité du président de la conférence des évêques de France en raison de la diversité d'origines géographiques des martyrs, la phase diocésaine de l’instruction est achevée depuis de nombreux mois et attend d’être transmise à Rome.

La vie et la mort de Joël illustrent la force de l’esprit, la foi dans le caractère irréductible de la dignité humaine, l’amour de la France, et pour finir l’amour de Dieu et de ses frères jusqu'au sacrifice de sa vie.

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