Jacques Sevin

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Jacques Sevin
Jacques Sevin
Jacques Sevin
Fondateur des Scouts de France
7 décembre 1882 · 19 juillet 1951

Fondateur

Fondateur.

Spirituel

Spirituel.

Personnalité scouts de France

Scouts de France.

Personnalité française

France.
Signature Sevin.jpg

Le père Jacques Sevin (7 décembre 188219 juillet 1951) fonda les Scouts de France en 1920. Son totem était Renard noir (fidèle et audacieux).

Il est enterré à dans le cimetière de Boran-sur-Oise (Oise), non loin de la maison-mère de la Congrégation de la Sainte Croix de Jérusalem

Le scoutisme[modifier | modifier le wikicode]

En 1913, le mouvement scout connaît un prodigieux développement auprès des adolescents et suscite déjà des critiques redoutables, par exemple du père jésuite Henri Caye dans la revue Études, février-mars 1913. Encore étudiant jésuite à Mouscron, Jacques Sevin fait pendant l'été un voyage d'étude en Angleterre pour découvrir le scoutisme par lui-même. Sur place, il partage la vie de camp des boy-scouts, rencontre la hiérarchie catholique et se lie d'amitié avec Baden-Powell autour d'une tasse de thé. Dans sa pensée et dans son cœur, il forme la résolution de fonder les scouts catholiques en France.

Entre 1917 et 1919, il rédige son maître livre Le Scoutisme, étude documentaire et applications et, par des essais de scoutisme à Mouscron notamment avec Léon Maes il fait prendre corps à l'intuition que cette pédagogie, si décriée dans les milieux ecclésiastiques de l'époque, correspond en profondeur à une vision chrétienne de l'homme. Il conçoit alors le dessein, non seulement de proposer la vie scoute à des jeunes pour en faire des adultes chrétiens, mais de développer leur foi et de les intégrer profondément à l'Église catholique par cette même vie scoute : combien de vocations sacerdotales, religieuses, laïques, prendront naissance dans un tel terreau de vigueur spirituelle et de générosité éducative!

Par la fondation de l'association des Scouts de France en juillet 1920, il fait mieux que fédérer les expériences de scoutisme catholique qui existent en France depuis 1911 : il repense entièrement le scoutisme de Baden-Powell dans la lumière et l'esprit de l'Évangile.

« La rencontre entre la méthode scoute et les intuitions du P. Sevin, s.j., a permis d'élaborer une pédagogie basée sur les valeurs évangéliques, où chaque jeune est conduit à s'épanouir et à développer sa personnalité en faisant fructifier les talents qu'il porte en lui. »

Jean-Paul II, Lettre apostolique aux responsables de la Conférence internationale catholique du scoutisme (CICS), septembre 1998.


Préoccupé de la rénovation des méthodes pédagogiques des collèges jésuites, il ressent un certain décalage entre l'esprit missionnaire des origines et la vie concrète des collèges. Le scoutisme de Baden-Powell lui paraît à même de fournir des instruments nécessaires à un retour aux sources pour retrouver l'intuition proprement ignacienne d'une éducation active, généreuse et missionnaire, où les finalités inspirent les méthodes.

Premier camp national Scouts de France à Chamarande. Jacques Sevin est au 2e rang, tout à gauche.

Pédagogue, le père Sevin est aussi un spirituel, un contemplatif et, dans une certaine mesure, un mystique. Fils de saint Ignace, il est familier de sainte Thérèse d'Avila et lit beaucoup Thérèse de Lisieux, chez qui il puise ce qu'il appelle la « joie scoute », cherchée et trouvée dans le quotidien. Son intuition spirituelle fut centrée sur la croix glorieuse de Jésus, la croix de Jérusalem avec laquelle il entoura, sur l'insigne des Scouts de France, la fleur de lys de Baden-Powell. Il réécrit la loi scoute, la promesse et tous les textes fondamentaux. Il enrichit la pratique scoute d'une approche spirituelle du camp et de la route, contribuant ainsi de manière décisive à enraciner en profondeur les contours de ce que l'on peut appeler l'« esprit scout », esprit qu'il est le premier à vivre et mettre en œuvre dans les stages de formation de responsables à Chamarande. Proche du courant de l'Action populaire du père Desbuquois, il soutient que l'œuvre scoute doit être « sociale », au sens fort de l'époque.

« Les enfants que nous revendiquons comme plus spécialement nôtres, ce sont ceux dont les œuvres existantes ne veulent pas ou ne veulent plus. » (Le Scoutisme, p. 206) Son style — il véhicule toute une esthétique et une symbolique par ses dons de poète, de musicien et de dessinateur —, sa pensée, ses écrits et les structures mêmes des Scouts de France font école sur toute la planète.

En 1922, il fonde et dirige la Conférence internationale catholique du scoutisme qui est reconnue par l'OMMS. Tout cela sans trahir Baden-Powell qui déclara lors d'un congrès à Lyon que « la meilleure réalisation de sa propre pensée venait d'un religieux français... » [1]. Néanmoins, en 1923, son œuvre de "catholisation" du scoutisme est violemment dénoncée à Rome par le P. Jeoffroid. Il doit en 1924 abandonner ses fonctions de commissaire général[2], pour se limiter à la formation des chefs et cheftaines.

En 1926 il est choisi comme assistant français pour le 50e cours d'instruction de Gilwell qui eut lieu à Kandersteg, suite à la 4e Conférence Internationale du Scoutisme.

Des jésuites réticents[modifier | modifier le wikicode]

En 1912 dans la revue jésuite Les Études, le père Henri Caye manifeste son hostilité au scoutisme protestant ou franc-maçon en laissant la porte ouverte à une éventuelle fédération de scouts catholiques. Le père Sevin profite de la brèche, mais ses initiatives ne font guère l'unanimité dans la Compagnie de Jésus, son ordre religieux. Ainsi en 1926, le père Ledochowski, préposé général (c'est à dire supérieur de l'Ordre), écrit au Provincial de Paris :

« Les Scouts : mon intention n'est pas de les condamner ni de désapprouver de ceux qui s'en occupent avec zèle. L'œuvre a d'ailleurs les encouragements du Souverain Pontife. Ce n'est pas que tout soit merveille, mais tel qu'il a été corrigé, amélioré et surnaturalisé par les dirigeants catholiques, il peut faire beaucoup de bien. Il a même été jugé nécessaire par de bons juges pour empêcher la jeunesse d'aller aux scouts protestants ou neutres. Malgré cela je n'approuve pas l'introduction du scoutisme dans nos collèges. Je vous demande même de vous y opposer avec tous le tact et la prudence désirable, mais avec fermeté. »

Les jésuites à Lyon (XVIe-XXe siècle), ENS Éditions, Lyon, 2005, 274 p., p. 123.

On sent la méfiance qu'éprouve la hiérarchie centrale mais aussi bien des pédagogues officiels de la Compagnie pour les francs-tireurs que sont P. Sevin ou le P. Doncoeur. De fait, les jésuites français acceptent seulement la création de succédanés d'unités scoutes dans leurs collèges.

Le départ forcé[modifier | modifier le wikicode]

L'isolement du P. Sevin dans sa Compagnie et dans l'Eglise de France est croissant et le clergé parisien ne lui est pas favorable. Le P. Sevin notait (dans son "sommaire des étapes" de sa vie, écrit en 1947) : « Démission de Commissaire Général, demandée par le Gal de Salins, en février 1924, provoquée et quasi exigée par M. Cosson, curé de S.J.B. de la Salle, à cause de l’O.S.

1924 - Mai : Dans la séance qui consacrait ma démission, le Q.G. me chargeait d’aller d’urgence à Rome d’où venaient des rumeurs alarmantes de condamnation du scoutisme. »

Le 15 mars 1933, il est définitivement démis de ses fonction à la formation des chefs (Chamarande), de la revue Le Chef et du Commissariat international qu'il avaient fondé, à cause d'oppositions du chef scout de Salins et d'ecclésiastiques face à son entreprise d'Ordre scout, comme l'a révélé l'enquête historique du procès diocésain en vue de sa béatification.

Il se soumet en silence.

L'ordre scout[modifier | modifier le wikicode]

Le père Sevin porta en lui un autre projet qui vit le jour en 1944 : la fondation d'une congrégation religieuse contemplative et missionnaire, la Sainte Croix de Jérusalem, dont la spiritualité propre a trouvé ses sources principales chez saint Ignace, les deux saintes du Carmel et le scoutisme, et qui est tout particulièrement engagée dans l'éducation des jeunes. En mars 1950 il reçoit l'ordre de ses supérieurs de passer la main en se trouvant un successeur, et il obéit en choisissant Mgr Jean Rupp, ancien assistant à Chamarande.

Le Père Jacques Sevin "rentra à la maison du Père" dans la nuit 19 juillet 1951, et repose au cimetière de Boran sur Oise.

Après un procès canonique diocésain ouvert en 1989, puis l'introduction à Rome en 2000 de sa cause de béatification, le 10 mai 2012[3], Benoît XVI a promulgué le décret de reconnaissance de l'héroïcité des vertus du vénérable P. Jacques Sevin, mais aucun miracle n'étant encore reconnu par l'intercession de ce "serviteur de Dieu", on ne peut pas "le prier" tant que l’Église ne l'a pas béatifié.

Illustration[modifier | modifier le wikicode]


Guides de France[modifier | modifier le wikicode]

Il est aumônier Diocésain de Lille pour les Guides de France Province des Flandres dans les années 30 (annuaire 1932)


Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

Tombe du Père Sevin à Boran-sur-Oise

Textes écrits par Jacques Sevin[modifier | modifier le wikicode]

Chants[modifier | modifier le wikicode]

Paroles de Jacques Sevin, sauf indication contraire

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Ouvrages sur le Père Jacques Sevin[modifier | modifier le wikicode]

Groupe portant son nom[modifier | modifier le wikicode]


Liens externes[modifier | modifier le wikicode]



Notes et références


  1. Flag of the United Kingdom.svg A biography of Jacques Sevin, founder of Catholic Scouting, 2007, Bureau Mondial du Scoutisme
  2. poste officiellement supprimé
  3. N.S., « Le Français Jacques Sevin et le Cubain Félix Varela en marche vers la béatification » sur la-croix.com, 10 mai 2012. Consulté le 20 février 2022


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Commissaire général des Scouts de France
de 1920 à 1924.

René Michel Lhopital