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[[Image:Sioux.jpg|140px|right|thumb|Un vieux chef Sioux]]
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L''''indianisme''', aussi appelé '''peau-rougisme''', fait référence au mode de vie des indiens d'Amérique de Nord. C'est à la fois un concept pédagogique '''cousin''' du [[scoutisme]] (comme le sont d'autres mouvements éducatifs ou de jeunesse) et, également, une mythologie utilisée '''dans''' le scoutisme (au même titre que la chevalerie).
L''''indianisme''', aussi appelé '''peau-rougisme''' (principalement au Canada, ce terme déclinant en France dans les années 1960), fait référence au mode de vie des Indiens d'Amérique de Nord.
 
C'est à la fois un concept pédagogique '''cousin''' du [[scoutisme]] (comme le sont d'autres mouvements éducatifs ou de jeunesse) et, également, une mythologie utilisée '''dans''' le scoutisme (au même titre que la chevalerie ou le [[livre de la jungle]] de [[Rudyard Kipling|Kipling]]).


==L'indianisme avant le scoutisme==
==L'indianisme avant le scoutisme==


En [[1902]], '''Ernest Thompson Seton''' (1860-1946), un peintre et naturaliste américain d’origine britannique, publie ''The Birch-Bark Roll of the Woodcraft Indian'', la bible du seul mouvement authentiquement et intégralement indianiste. Il propose aux jeunes américains d’imiter la civilisation peau-rouge, en vivant dans la nature et en pratiquant ses rites et son sens de l’honneur et de la communauté, méthode qui préfigure en bien des points le scoutisme de [[BP]]. Les deux hommes se connaissaient et s'appréciaient par ailleurs, et lors du camp de [[Brownsea]] en 1907, BP proposera aux garçons des jeux présentés par Seton dans un de ses livres, ''Deux petits sauvages'' (''Two Little Savages'', en [[1903]]), dont au moins un exemplaire sera dédicacé à l'un des garçons par l'auteur, présent sur l'île.
En [[1902]], '''Ernest Thompson Seton''' (1860-1946), un britannique vivant aux Etats-Unis, publie ''The Birch-Bark Roll of the Woodcraft Indian''. « Il propose aux jeunes américains d’imiter la civilisation peau-rouge, en vivant dans la nature et en pratiquant ses rites et son sens de l’honneur et de la communauté, méthode qui préfigure en bien des points le scoutisme de [[BP]], » écrit Alain Jamot<ref>[http://www.jeuxdepiste.com/lectures_lignes/indianisme.htm Alain Jamot, ''De l’indianisme'', 2004]</ref>. Les deux hommes se connaissaient et s'appréciaient par ailleurs, et lors du camp de [[Brownsea]] en 1907, BP proposera aux garçons des jeux présentés par Seton dans un de ses livres, ''Deux petits sauvages'' (''Two Little Savages'', en [[1903]]), dont au moins un exemplaire sera dédicacé à l'un des garçons par l'auteur, présent sur l'île.


Si le [[campisme]] et quelques autres innovations pédagogiques sont partagés entre les 2 mouvements, le divorce avec l'indinisme (en tant que méthode éducative) est cependant très vite consommé ([[1915]] aux Etats-Unis, [[1921]] en Grande-Bretagne).
Face à ceux qui prônent de vivre à l'état sauvage, [[BP]] dénonce une déviation de sa pédagogie. Ainsi que le relève Carine Chabrier : « BP ne condamne pas la civilisation comme corruptrice, ce qui contredirait son idéologie colonialiste, mais prône la vie des bois pour apprendre au garçon le sens de l'effort et du concret, qui l'aidera à mieux vivre dans la civilisation. C'est pourquoi il sous-titre son ouvrage ''[[éclaireurs|Scouting for boys]]'', ''"handbook of instruction in good citizenships '''through woodcraft'''"'', c'est-à-dire "formation de bons citoyens '''au moyen de la science des bois'''". » <ref>[http://www.riaumont.net/scoutisme/labo/etudes/SDF/322_html Carine Chabrier, mémoire d'histoire ''A l'origine du scoutisme catholique en France'', septembre 1995]</ref>
==Le thème de l'indianisme chez les scouts==
Le scoutisme va conserver de l'indianisme les aspects folkloriques.
Lors des premiers [[jamboree|jamborees]], plusieurs démonstrations de coutumes indigènes, aussi bien d'Amérique que d'Afrique, furent présentées.
A [[Chamarande (centre de formation)|Chamarande]], Renard Noir, alias le [[Jacques Sevin|père Sevin]], parade en grande tenue de Sachem.


==L'indianisme chez les scouts==


===L'indianisme originel des [[Boy Scouts of America|BSA]]===
===L'indianisme originel des [[Boy Scouts of America|BSA]]===
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''The Society of the Sons of Daniel Boone'', une organisation de jeunesse puisant elle aussi sa mythologie dans le Grand-Ouest américain (fondée par '''Daniel Carter Beard''' en [[1905]]), sera également absorbée par les [[Boy Scouts of America]].
''The Society of the Sons of Daniel Boone'', une organisation de jeunesse puisant elle aussi sa mythologie dans le Grand-Ouest américain (fondée par '''Daniel Carter Beard''' en [[1905]]), sera également absorbée par les [[Boy Scouts of America]].
''(à compléter)''
===Au Canada===
La [[totémisation]] aurait été importée par le scoutisme canadien-français au cours des années 1930, et cet usage s’est perpétué jusqu’à nos jours<ref>[http://www.scoutsducanada.ca/documents/05_Formation/soc1201.pdf Formation modulaire "Symboles et traditions" de l'Association des Scouts du Canada, juin 2000]</ref>.


===La mode indianiste chez les scouts français===
===La mode indianiste chez les scouts français===


L'indianisme est un thème très important pour les scouts français, de la naissance du mouvement scout jusqu'aux années 1950.
L''''indianisme''' est un thème très important pour les scouts français, de la naissance du mouvement scout jusqu'aux années 1950.


Initialement la faveur des ''"peaux rouges"'' était supportée par de nombreux journaux illustrés destinés à la jeunesse, des romans, la tournée en Europe de Buffalo Bill. Le scoutisme adopta très vite l''''indianisme''', y puisant des idées de grand jeu, des particularités de [[langage]] ([[VP]], [[flot de patrouille|scalp]], tipi...) et surtout la [[totémisation]].
Initialement la faveur des ''"peaux rouges"'' était supportée par de nombreux journaux illustrés destinés à la jeunesse, des romans, les tournées de Buffalo Bill (en 1889 et 1905). Le scoutisme adopta très vite l''''indianisme''', y puisant des idées de grand jeu, des particularités de [[langage]] ([[VP]], [[flot de patrouille|scalp]], tipi...) et surtout la [[totémisation]].


Les premiers mouvements masculins: [[EDF]] ([[Jean Loiseau]]) et [[EUF]], plus tard les [[SDF]] ([[Paul Coze]]) puisèrent abondamment dans cet imaginaire.
Les premiers mouvements masculins: [[EDF]] ([[Jean Loiseau]]) et [[EUF]], plus tard les [[SDF]] ([[Paul Coze]]) puisèrent abondamment dans cet imaginaire.
Mais très vite les critiques furent vives, notamment de la part du clergé catholique qui craignait une contagion de l'animisme, mais aussi des éducateurs laics. La chevalerie fut ainsi utilisée comme contrefeu.  
Mais très vite les critiques furent vives, notamment de la part du clergé catholique qui craignait une contagion de l'animisme, mais aussi des éducateurs laics. La chevalerie fut ainsi utilisée comme contrefeu. Dans ''[[Le Chef]]'' de juin [[1922]], le [[Jacques Sevin|père Sevin]] écrit un article intitulé "Indianisme et Chevalerie" : « Pratiquement, si l’indianisme amuse tes gosses, laisse-les faire avec mesure. Que cela reste un jeu, un brin de folie qu’on se permet de temps à autre, même entre gens raisonnables ».


A partir de [[1925]], le ''peau-rougisme'' décline mais il est encore présent au Jamboree de Moisson en 1947.
A partir de [[1945]], le ''peau-rougisme'' décline mais il est encore présent au [[Jamboree de 1947|Jamboree de Moisson]] en [[1947]].


===L'indianisme en Belgique et en Suisse===
===L'indianisme en Belgique et en Suisse===
''(sections à développer)''
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==Les mouvements indianistes et le scoutisme==
==Les mouvements indianistes et le scoutisme==
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Le scoutisme, même s'il utilise certaines techniques dites "[[Woodcraft]]" (l’art de la vie sauvage), '''n'est pas''' un mouvement indianiste.
Le scoutisme, même s'il utilise certaines techniques dites "[[Woodcraft]]" (l’art de la vie sauvage), '''n'est pas''' un mouvement indianiste.


Cependant, de vrais mouvements basés sur la culture indienne existent ou ont existé. Ils n'entretiennent aucune relation avec le scoutisme.
Cependant, de vrais mouvements basés sur la culture indienne existent ou ont existé. Ils n'entretiennent plus aucune relation avec le scoutisme.


===En Amérique===
===En Amérique===
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===En Europe===
===En Europe===
En Grande-Bretagne, le ''Kibbo Kift'' sera fondé en [[1920]] par '''John Hargrave''', un ex-protégé de [[Lord Robert BADEN-POWELL|Baden-Powell]]. Il quitte le scoutisme et mélange traditions indiennes et revival saxon, avec costumes assortis. Quintessence de l’esprit [[Woodcraft]], son groupe deviendra plus tard un parti politique, les Chemises Vertes. Une scission du Kibbo Kift existe toujours, ''The Woodcraft Folk''.
En Grande-Bretagne, le ''Kibbo Kift'' sera fondé en [[1920]] par '''John Hargrave''', un ex-protégé de [[Lord Robert BADEN-POWELL|Baden-Powell]] totémisé "White Fox". Il quitte le scoutisme (exclu du Bureau international en [[1921]], pour "disloyalty to the Movement") et va mélanger traditions indiennes et revival saxon, avec costumes assortis. Quintessence de l’esprit [[Woodcraft]], son groupe deviendra plus tard un parti politique, les Chemises Vertes. Une scission du Kibbo Kift existe toujours, ''The Woodcraft Folk''.


Ailleurs, seule la Tchécoslovaquie adoptera avec enthousiasme cette méthode de plein air, avec la ''Ligue tchèque woodcraft'' fondée en [[1920]] par '''Milos Seifert'''. On assiste actuellement à son réveil, après cinquante années d’interdiction.
Ailleurs, seule la Tchécoslovaquie adoptera avec enthousiasme cette méthode de plein air, avec la ''Ligue tchèque woodcraft'' fondée en [[1920]] par '''Milos Seifert'''. On assiste actuellement à son réveil, après cinquante années d’interdiction.


{{références}}


==Liens externes==
==Liens externes==
* [http://www.jeuxdepiste.com/lectures_lignes/indianisme.htm Alain Jamot, ''De l’indianisme'', 2004]
* [http://woglakapi.free.fr/sioux/ Pour tout savoir sur les Sioux]
* [http://woglakapi.free.fr/sioux/ Pour tout savoir sur les Sioux]
* [http://www.kibbokift.org/ The Kibo Kift Foundation (en anglais)]
* [http://www.kibbokift.org/ The Kibo Kift Foundation (en anglais)]

Version du 2 mai 2008 à 22:27

Un vieux chef Sioux

L'indianisme, aussi appelé peau-rougisme (principalement au Canada, ce terme déclinant en France dans les années 1960), fait référence au mode de vie des Indiens d'Amérique de Nord.

C'est à la fois un concept pédagogique cousin du scoutisme (comme le sont d'autres mouvements éducatifs ou de jeunesse) et, également, une mythologie utilisée dans le scoutisme (au même titre que la chevalerie ou le livre de la jungle de Kipling).

L'indianisme avant le scoutisme

En 1902, Ernest Thompson Seton (1860-1946), un britannique vivant aux Etats-Unis, publie The Birch-Bark Roll of the Woodcraft Indian. « Il propose aux jeunes américains d’imiter la civilisation peau-rouge, en vivant dans la nature et en pratiquant ses rites et son sens de l’honneur et de la communauté, méthode qui préfigure en bien des points le scoutisme de BP, » écrit Alain Jamot[1]. Les deux hommes se connaissaient et s'appréciaient par ailleurs, et lors du camp de Brownsea en 1907, BP proposera aux garçons des jeux présentés par Seton dans un de ses livres, Deux petits sauvages (Two Little Savages, en 1903), dont au moins un exemplaire sera dédicacé à l'un des garçons par l'auteur, présent sur l'île.

Si le campisme et quelques autres innovations pédagogiques sont partagés entre les 2 mouvements, le divorce avec l'indinisme (en tant que méthode éducative) est cependant très vite consommé (1915 aux Etats-Unis, 1921 en Grande-Bretagne).

Face à ceux qui prônent de vivre à l'état sauvage, BP dénonce une déviation de sa pédagogie. Ainsi que le relève Carine Chabrier : « BP ne condamne pas la civilisation comme corruptrice, ce qui contredirait son idéologie colonialiste, mais prône la vie des bois pour apprendre au garçon le sens de l'effort et du concret, qui l'aidera à mieux vivre dans la civilisation. C'est pourquoi il sous-titre son ouvrage Scouting for boys, "handbook of instruction in good citizenships through woodcraft", c'est-à-dire "formation de bons citoyens au moyen de la science des bois". » [2]


Le thème de l'indianisme chez les scouts

Le scoutisme va conserver de l'indianisme les aspects folkloriques. Lors des premiers jamborees, plusieurs démonstrations de coutumes indigènes, aussi bien d'Amérique que d'Afrique, furent présentées. A Chamarande, Renard Noir, alias le père Sevin, parade en grande tenue de Sachem.


L'indianisme originel des BSA

Lorsque William D. Boyce fonde les Boy Scouts of America (BSA), le 8 février 1910, il intègre différentes associations de jeunesse, dont les Woodcraft Indians de Seton. Celui-ci devient alors Chef scout des BSA, jusqu'à son départ en 1915 en raison de ses conflits avec James E. West, Chief Scout Executive. Seton écrit en 1910 A Handbook of Woodcraft, Scouting, and Life-craft, incluant Scouting for Boys de Baden-Powell et contribue au manuel des BSA. Si ses contributions seront supprimées de l'édition en 1916, il reste largement responsable de l'influence de la culture indienne chez les BSA.

The Society of the Sons of Daniel Boone, une organisation de jeunesse puisant elle aussi sa mythologie dans le Grand-Ouest américain (fondée par Daniel Carter Beard en 1905), sera également absorbée par les Boy Scouts of America.

(à compléter)

Au Canada

La totémisation aurait été importée par le scoutisme canadien-français au cours des années 1930, et cet usage s’est perpétué jusqu’à nos jours[3].

La mode indianiste chez les scouts français

L'indianisme est un thème très important pour les scouts français, de la naissance du mouvement scout jusqu'aux années 1950.

Initialement la faveur des "peaux rouges" était supportée par de nombreux journaux illustrés destinés à la jeunesse, des romans, les tournées de Buffalo Bill (en 1889 et 1905). Le scoutisme adopta très vite l'indianisme, y puisant des idées de grand jeu, des particularités de langage (VP, scalp, tipi...) et surtout la totémisation.

Les premiers mouvements masculins: EDF (Jean Loiseau) et EUF, plus tard les SDF (Paul Coze) puisèrent abondamment dans cet imaginaire. Mais très vite les critiques furent vives, notamment de la part du clergé catholique qui craignait une contagion de l'animisme, mais aussi des éducateurs laics. La chevalerie fut ainsi utilisée comme contrefeu. Dans Le Chef de juin 1922, le père Sevin écrit un article intitulé "Indianisme et Chevalerie" : « Pratiquement, si l’indianisme amuse tes gosses, laisse-les faire avec mesure. Que cela reste un jeu, un brin de folie qu’on se permet de temps à autre, même entre gens raisonnables ».

A partir de 1945, le peau-rougisme décline mais il est encore présent au Jamboree de Moisson en 1947.

L'indianisme en Belgique et en Suisse

(sections à développer)


Les mouvements indianistes et le scoutisme

Le scoutisme, même s'il utilise certaines techniques dites "Woodcraft" (l’art de la vie sauvage), n'est pas un mouvement indianiste.

Cependant, de vrais mouvements basés sur la culture indienne existent ou ont existé. Ils n'entretiennent plus aucune relation avec le scoutisme.

En Amérique

Ernest Thompson Seton fonde en 1902 le mouvement des Woodcraft Indians, qui s'intègre aux BSA en 1910. Puis ils reprennent leur autonomie en 1915 sous le nom de Woodcraft League of America. Bien que le mouvement Woodcraft décline à la mort de Seton, dans les années 1940, il reste aujourd'hui de nombreux camps aux Etats-Unis et au Canada fondés par des amis et élèves de Suton. Les WoodCraft Rangers à Los Angeles sont les plus connus.

En Europe

En Grande-Bretagne, le Kibbo Kift sera fondé en 1920 par John Hargrave, un ex-protégé de Baden-Powell totémisé "White Fox". Il quitte le scoutisme (exclu du Bureau international en 1921, pour "disloyalty to the Movement") et va mélanger traditions indiennes et revival saxon, avec costumes assortis. Quintessence de l’esprit Woodcraft, son groupe deviendra plus tard un parti politique, les Chemises Vertes. Une scission du Kibbo Kift existe toujours, The Woodcraft Folk.

Ailleurs, seule la Tchécoslovaquie adoptera avec enthousiasme cette méthode de plein air, avec la Ligue tchèque woodcraft fondée en 1920 par Milos Seifert. On assiste actuellement à son réveil, après cinquante années d’interdiction.


Notes et références


Liens externes