« Histoire du scoutisme en France » : différence entre les versions

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Alors que le scoutisme est outre-manche, la France a eu dès le début du 20ème siècle une réelle influence sur le développement du scoutisme mondial grâce à une qualité exemplaire du scoutisme hexagonal jusqu'en 1947. Par la suite, la France sera également l'une des premières nations a proposer des grandes réformes dans le scoutisme qui bouleverseront durablement et en profondeur l'unité scout mondial.  
Bien que le scoutisme soit en Grande-Bretagne, la France a eu dès le début du 20ème siècle une réelle influence sur le développement et la diffusion du scoutisme mondial à travers les colonies qu'elle possédait et par la qualité particulière de son scoutisme. Le [[jamboree de la Paix]] organisé à Moisson près de Paris en [[1947]] reste dans la mémoire scoute mondiale comme le temps fort du scoutisme ''"à la française"'' d'après-guerre.  


== Les débuts du Scoutisme en France ==
Par la suite, les mouvements scouts français (et d'autres mouvements scouts en Europe : Belgique, Suisse, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, ...) rénoveront en profondeur leur projet éducatif. Ces réformes pédagogiques, notamment le choix de la co-éducation (éducation concertée des garçons et des filles) et de nouvelles propositions pour les adolescents et les aînés bouleverseront en profondeur le paysage scout mondial.


A partir de [[1908]], les premiers à s'intéresser au Scoutisme de [[Lord Robert BADEN-POWELL|Lord Baden Powell]] sont des '''pasteurs protestants''' après la parution d'un article du journaliste André Cheradame dans le "Petit journal" présentant les "boys scouts". Les pasteurs lancent les premières troupes d'éclaireurs et obtiennent vite du succès : le '''[[Georges Galienne|pasteur Gallienne]]''' transforme en troupe d'Eclaireurs son patronage dit "école de garde" du quartier Grenelle à Paris. Les troupes sont alors formées de 75% de jeunes catholiques. Ce qui pose évidemment des questions à certains prêtres catholiques.
== '''Les débuts du Scoutisme en France''' ==
=== Les découvreurs du scoutisme en France ===
Depuis les années 1870, en réaction à l'industrialisation et à l'exode rural, avait émergé partout en Europe un besoin d'activités de pleine nature. Cela n'anticipait pas la méthode scoute à proprement parler mais en fixait le lieu privilégié et l'un des moteurs.


En [[1911]], BP vient présenter aux Français le scoutisme et son succès en Angleterre et dans tout l'Empire. Cela renforce les certitudes des pionniers du scoutisme Français sur les bienfaits de la méthode.
Les premiers en France à s'intéresser à cette méthode inventée par [[Robert Baden-Powell|Lord Baden Powell]] sont des journalistes. Le 23 mai [1909], [[Paul Charpentier]] présente les boy-scouts anglais aux lecteurs du ''Journal des Voyages''. Au mois de juillet, [[André Chéradame]] publie un article sur le même sujet dans le ''Petit Journal''.
Cette innovation éveilla immédiatement l'intérêt des éducateurs et surtout des militaires.


La même année, en [[1911]], les trois premiers mouvements de scoutisme à naître en France sont donc neutres et protestants :
{{voir article|Les découvreurs du scoutisme en France}}
* Les '''[[Eclaireuses et Eclaireurs de France|Eclaireurs de France]]''' (EDF - laïc) sous l'impulsion du lieutenant de Vaisseau '''[[Nicolas Benoit]]''' et de '''[[Georges Bertier]]''', directeur de l'école des Roches,
* Les '''[[Eclaireurs Français]]''' (laïc) de '''[[Pierre de Coubertin]]''',
* Les '''[[Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France|Eclaireurs Unionistes de France]]''' (EUF - protestants) sous la direction de '''[[Samuel Williamson]]'''.


L'un des premiers prêtres catholiques a s'intéresser au scoutisme est l''''[[Abbé d'Andréis]]''' qui à partir de [[1911]], met sur pied les "'''Eclaireurs des Alpes'''" un mouvement de scoutisme catholique dans le cadre de son patronage avec le soutien de son évêque Monseigneur Chapon. On voit également des initiatives se lancer au Creusot (La Milice St Michel) avec Louis Faure ; à Mâcon (Les Eclaireurs Mâconnais) avec l'Abbé Ferret ; à Autun (L'Avant-Garde Saint-Lazare) avec l'abbé Piguet ; à Paris - paroisse du Rosaire - (Les intrépides du Rosaire) avec l'abbé [[Marcel Caillet]] et Henri Gasnier.
=== L'impossible unité ===
Ces pionniers de la méthode scoute ont d'abord tenté, à l'instar des britanniques, de créer un mouvement unique. Ils y sont presque parvenus avec la création en [[1911]] de la [[Ligue d'éducation nationale]] autour de la très médiatique personnalité du [[Pierre de Coubertin|baron Pierre de Coubertin]]. Mais cette tentative était mort-née même si l'Armée et la Marine ont en sous-main appuyé la naissance su scoutisme en France.
{{voir article|L'impossible unité}}
C'est ainsi que [[1911]] verra la création des trois premières associations ([[Éclaireurs français|EF]], [[EDF]], [[EUF|EU]]).


Dans le même temps, le '''[[Chanoine Cornette]]''', vicaire à St Honoré d'Eylau (Paris), rencontre à Meudon les Eclaireurs de France dont les 3/4 sont catholiques. Il s'en inquiète auprès de ceux-ci et s'attire la réponse suivante d'un jeune chef de patrouille : "''C'est de votre faute! Pourquoi n'y a-t-il pas de scouts catholiques?''". L'idée prendra le temps de mûrir...
En [[1913]], un rallye scout a lieu à Birmingham en Angleterre et rassemble 30 000 éclaireurs dont des EDF et des EU. Le 11 mai de la même année à Saint-Cyr, les éclaireurs organisent un grand rassemblement où sont observées  des méthodes assez modernes de campement. De fait l'armée à fournit du matériel et un général vient inspecter.


Les évêques français, à part quelques rares exceptions, commencent par rejeter le scoutisme, car il provenait d'un protestant, militaire et général de l'armée anglaise, et prétendu issu de la franc-maçonnerie.
=== Les premiers scouts catholiques ===


En [[1913]], un rallye scout a lieu à Birmingham en Angleterre et rassemble 30 000 éclaireurs dont des EDF et des EU.
Dès 1911 l'[[Augustin-Marie d'Andréis de Bonson |abbé d'Andreis]] lance une première association : les "[[Eclaireurs des Alpes]]". N'existent alors en France que des essais d'adaptation isolés.
[[Image:French boyscout in WW1.jpg|thumb|200px|left|Un scout fusillé par des allemands]]
Quand le '''[[Antoine-Louis Cornette|Chanoine Cornette]]''', vicaire à St Honoré d'Eylau (Paris), rencontre à Meudon une troupe d'[[Éclaireurs de France]] dont la plupart sont catholiques, il s'en inquiète et s'attire la réponse suivante d'un jeune chef de patrouille : ''« C'est de votre faute ! Pourquoi n'y a-t-il pas de scouts catholiques ? »''
Il faudra attendre 1920 pour voir démarrer la Fédération des [[Scouts de France]], donc le Père [[Jacques Sevin]] rédigera les premiers textes fondamentaux.
{{voir article|Les premiers scouts catholiques}}


Durant la guerre 14-18, les EDF et EU rendent de nombreux services : accueil des blessés dans les rangs de la Croix Rouge, renseignements dans les lignes ennemies, garde-côtes pour les scouts marins ; toujours au péril de leur vie. Nicolas Benoit, officier de marine à l'origine des EDF, meurt au champ d'honneur à la tête de ses fusiliers marins le 17 décembre [[1914]].
=== Les scouts pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918) ===
Durant la guerre 14-18, les EDF et EU rendent de nombreux services : estaffettes dans les gares, les hôpitaux,  accueil des blessés dans les rangs de la Croix Rouge, renseignements dans les lignes ennemies, garde-côtes pour les scouts marins ; toujours au péril de leur vie. [[Nicolas Benoit]], officier de marine à l'origine des EDF, meurt au champ d'honneur à la tête de ses fusiliers marins le 17 décembre [[1914]].
[[Image:French boyscout in WW1.jpg|thumb|200px|center]]


[[Image:TrioSDF.jpg|right|200px|thumb|Le trio fondateur des [[Scouts de France]] : Père Sevin, Chanoine Cornette, Edouard de Macédo]]
== '''Développement et organisation du Scoutisme en France''' (années 1920 et 1930) ==


En pleine guerre, le Chanoine Cornette inspiré par le jeune '''[[Paul Coze]]''' qui a connu le scoutisme en Egypte, ouvre en [[1916]] avec l'aide d''''[[Edouard de Macedo]]''' (président des réunions d'Eylau) une unité de scouts catholiques sur sa paroisse : "'''les Entraîneurs de St Honoré d'Eylau'''".
=== Le scoutisme masculin ===


Au même moment un autre prêtre catholique du nord de la France, bloqué en Belgique, travaille minutieusement à l'étude de la méthode scoute grâce à son voyage en Angleterre où il a rencontré BP, c'est le ''' Père [[Jacques Sevin]]'''. Jacques Sevin fonde en [[1919]] la Troupe 1ère Lille avec Xavier Sarrazin.
Le scoutisme éprouve des difficultés à se faire admettre par l'opinion publique ou religieuse qui ne voit en lui qu'une association paramilitaire. De fait avant 1914, certaines sociétés de tir avaient de jeunes "éclaireurs" tandis que l'autorité militaire avec le [[Commandant Royet]] eut longtemps tendance à confondre scoutisme et préparation militaire.
La nécessité d'un mouvement vraiment catholique unifié devient pressante. Le Chanoine Cornette, avec son ami Macédo et le père Sevin  fondent, le 25 juillet [[1920]], la '''Fédération Nationale Catholique des [[Scouts de France]]'''. C'est le général [[Louis de Maud'huy]] qui en prend la présidence.


Les premières unités "[[Scouts de France]]" (SDF) sont constituées des troupes des Entraîneurs de St Honoré d'Eylau (Troupe St Louis - Paris) et des troupes Lilloises vite rejointes par les autres unités catholiques indépendantes comme les "Eclaireurs des Alpes" de l'abbé d'Andréis (1ère Nice - 1ère France).
A force de travail sur la doctrine et de communication, les différents mouvements scouts rayonnent rapidement. De [[1911]] à [[1923]], sept associations sont fondées en France, les réalités culturelles et religieuses françaises n'ayant pas permis la création d'un mouvement scout unifié comme dans la plupart des pays de tradition anglo-saxonne.  


Dès août [[1920]], les différentes associations existantes (SDF, EU et EDF) se rassemblent au camp de Francport. L'idée d'un Scoutisme Français est déjà dans certains esprits, il ne verra le jour que bien plus tard...
*les [[Éclaireurs Français]] (EF), [[Éclaireurs de France]] (EDF) et [[Éclaireurs Unionistes]] (EU) en 1911
*les [[Scouts de France]] (SDF) en 1920
*la [[Fédération Française des Éclaireuses]] (FFE) en 1921
*les [[Éclaireurs Israélites de France]] (EIF) et les Guides de France (GDF) en 1923.  


Au lendemain de la grande guerre, le jamboree d'Olympia à Londres, en [[1920]], permet d'oublier les séquelles des combats et la fraternité triomphe! La délégation française compte 125 participants : 75 EU, 50 EDF et 15 SDF.
Dès août [[1920]], les différentes associations existantes (EDF, EU, SDF) se rassemblent au [[camp de Francport]]. L'idée d'un Scoutisme Français est déjà dans certains esprits, il ne verra le jour que bien plus tard..Par ailleurs au lendemain de la guerre les milieux militaires se désintéressent du scoutisme.


== Le développement et l'organisation du Scoutisme en France dans les années 20 et 30 ==
Au lendemain de la Grande Guerre, le jamboree d'Olympia à Londres, en [[1920]], permet d'oublier les séquelles des combats et la fraternité triomphe. La délégation française compte 125 participants : 75 EU, 50 EDF et 15 SDF.


Le scoutisme éprouve des difficultés à se faire admettre par l'opinion publique ou religieuse qui ne voit en lui qu'une association paramilitaire. De fait avant 1914 certaines sociétés de tir avaient de jeunes "éclaireurs" tandis que l'autorité militaire eut longtemps tendance à confondre scoutisme et préparation militaire.
=== Le scoutisme féminin ===


A force de travail sur la doctrine et de communication, les différents mouvements scouts rayonnent rapidement. De 1911 à 1927, six associations sont fondées en France : Éclaireurs de France, Éclaireurs Israélites de France, Éclaireurs Unionistes de France, Fédération Française des Éclaireuses, Guides de France et Scouts de France.
Tandis que les associations scoutes masculines se forment selon des clivages religieux, la [[Fédération française des éclaireuses]] va constituer un mouvement extrêmement original avec ses trois sections neutre, israélite et unioniste (protestant).  


En [[1921]], les scouts de France sont approuvés par l'Archevêque de Paris alors qu'en [[1922]] le Général Guyot de Salins remplace le Général de Maud'huy décédé à la présidence. Chez les EDF, c'est [[ André Lefevre]] (Vieux Castor) soutenu par Georges Bertier qui travaille ardemment pour le mouvement.[[Image:St_Ouen.jpg|300px|right|thumb|Chefs des 3 mouvements (SDF, EDF, EUF) à la croix St Ouen]]
La FFE est ainsi plus fidèle au modèle britannique d’association unique ouverte à toutes les tendances de la société que les mouvements scouts masculins. Ce mouvement reste une expérience unique dans le paysage associatif français et un témoignage que d’autres chemins sont possibles.


La même année, les différentes fédérations se rassemblent à la [[La Croix St Ouen|Croix Saint-Ouen]] où BP leur rend visite : tous les mouvements sont d'accord pour dire que '''le développement doit passer par une formation solide des chefs'''.
L'ouverture d'esprit de la FFE et la prise en compte des réalités communautaires permettent par exemple aux éclaireuses israélites d'être acceptées dès [[1928]] au sein de la FFE et créer la section "I" (Israélite), tout en étant membres des EIF, partageant groupes locaux et formations.


Le congrès scout mondial tenu à Paris en 1922 proclame Baden-Powell Chef-scout du monde et installe le mouvement dans la philosophie de la Société des Nations. Les Français participent activement aux jamborees, grands rendez-vous de cette internationale pacifique et joyeuse de la jeunesse.
=== Importance de la formation dans le développement du mouvement scout ===
Le premier camp de formation scoute est organisé en France en [[1921]] à la [[La Croix St Ouen|Croix Saint-Ouen]] sur les bords de l'Oise en forêt de Compiègne. On y rencontre ensemble les chefs des EDF et des EUF, mais aussi Jacques Sevin, un des fondateurs des SDF. Ce premier camp reçoit la visite de Baden-Powell, fondateur du scoutisme.  
{{voir article|Importance de la formation dans le développement du mouvement scout}}
[[Image:St_Ouen.jpg|200px|center|thumb]]


Elles établissent en 1923 deux organismes de concertation : '''le Bureau Inter-Fédéral (BIF)''' pour le scoutisme masculin, '''le Comité de liaison''' pour le scoutisme féminin, décisifs dans le cadre de la multiplication des contacts internationaux.
=== Création de l'Internationale scoute ===


Le congrès scout mondial tenu à Paris en [[1922]] proclame Baden-Powell Chef-scout du monde et installe le mouvement dans la philosophie de la Société des Nations.


Les EUF et les EDF s'organisent ensemble pour proposer des camps-écoles de valeur à '''[[Cappy]]'''.
Les Français participent activement aux jamborees, grands rendez-vous de cette internationale pacifique et joyeuse de la jeunesse.
Les SDF, grâce au père Sevin, ouvre en [[1922]] le camp école de '''[[Chamarande (centre de formation)|Chamarande]]''' dans la propriété de Mme Thome obtenue par le Chanoine Cornette (appelé maintenant le Vieux Loup).


Dans toutes les associations, les [[Scoutisme unitaire#La Branche verte|éclaireurs]] sont rejoints par des [[Les louveteaux /louvettes|louveteaux]] et des [[Scoutisme unitaire#La Branche rouge|routiers]].
En 1923, les mouvements français établissent deux organismes de concertation :
* le '''[[Bureau Inter-Fédéral]]''' (BIF) pour le scoutisme masculin (EDF, EU, SDF)
* le '''[[Comité de Liaison]]''' pour le scoutisme féminin (FFE, GDF)


En [[1924]], 126 français toutes associations confondues participent au jamboree d'Ermelunden à Copenhague.
Ces deux organismes favorisent la multiplication des activités inter-mouvements au plan international et donnent naissance à un état d'esprit de [[scoutisme fédéral]].


Le Maréchal Lyautey devient Président d'honneur de toutes les associations de France en [[1928]]. Il sera présent au jamboree de Birkenhead en [[1929]] en Angleterre où 2.400 scouts français ont répondu présent. Ce Jamboree est marqué par une pluie incessante qui transforme le sol en un tapis de boue et par une Tour Eiffel de 16 mètres de haut réalisée par la 28e et la 5e Paris SDF avec 750 bâtons scouts.
Les mouvements se développent avec la création des branches cadettes et aînées ; les éclaireurs sont rejoints par des louveteaux et des routiers.


En [[1936]], le mouvement des "[[Scouts de France]]" est atteint par le deuil : le Général de Salins et le Chanoine Cornette décèdent. Le Général Lafont succède au Général de Salins et le Révérend Père Forestier est désigné par les Evêques de France comme Aumônier Général.
En [[1924]], 126 français des différents mouvements participent au [[Jamboree de 1924|jamboree d'Ermelunden]] à Copenhague.


La même année, on compte 12 000 EDF, 10 000 EU et 62 000 SDF.
Le [[Hubert Lyautey|maréchal Lyautey]] devient Président d'honneur de toutes les associations scoutes de France en [[1928]]. Il sera présent au [[Jamboree de 1929|jamboree de Birkenhead]] en [[1929]] en Angleterre où 2.400 scouts français ont répondu présent. Ce Jamboree est marqué par une pluie incessante qui transforme le sol en un tapis de boue et par une tour Eiffel de 16 mètres de haut réalisée par la 28{{e}} et la 5{{e}} Paris SDF avec 750 bâtons scouts.


== Le Scoutisme Français pendant l'Occupation ==
En [[1936]], les unionistes et les "éclés" fêtent ensemble leurs 25 ans lors de la [[Cérémonie de la Sobonne]]. Le mouvement des "[[Scouts de France]]" est endeuillé par le décès du général de Salins et du chanoine Cornette. Le [[Joseph Lafont|général Lafont]] succède au général de Salins
Les services de guerre rendus par le scoutisme démontrent de façon éclatante la valeur de la méthode scoute. A la défaite militaire du printemps 1940, le BIF (Bureau Inter-Fédéral du Scoutisme) réunit à Vichy les directions des associations pour un rapprochement des associations scoutes sur la base de l’équivalence des formations de cadres et des pratiques pédagogiques. Chaque association conserve sa ligne spirituelle. Un camp de chefs se déroule au château de '''[[l'Oradou]]''' près de Clermont-Ferrand en septembre 1940. Une "Charte de l’Oradou" définit les rapports entre associations.  
La même année, on compte {{formatnum:12000}} EDF, {{formatnum:10000}} EU et {{formatnum:62000}} SDF.


La Fédération "Le Scoutisme Français" est créée l’année suivante en 1941, sous la direction du Général Lafont. Le Chef Scout des SDF se trouve ainsi à la tête d'une association de 150.000 jeunes unis dans la diversité des convictions.
Pendant cette période on note l'existence de [[mouvements scouts étrangers en France]] ou imitant le scoutisme.


L’État Français entend faire du Scoutisme un pilier de sa politique de jeunesse. Cette intégration accorde au Scoutisme une audience et des moyens inédits. Une part est employée par les scouts au soutien aux Éclaireurs israélites.
== '''Le Scoutisme Français : les années noires''' (de 1940 à 1945) ==


Le Scoutisme est interdit en zone occupée. Il devait cependant résister fermement à cette interdiction, subsister presque partout et dans certains cas, progresser. La résistance n'était pas sans risque et la désobéissance a couté la vie à de nombreux chefs (on peut citer Henri Samson, CT EDF à Douai).
Après la défaite de 1940 et l'occupation de la partie nord de la France, les allemands interdisent immédiatement le scoutisme dans la zone qu'ils occupent mais celui-ci se poursuit sous diverses formes de camouflage. L'histoire du S.F en zone non occupée est complexe et douloureuse.


Le gouvernement de Vichy  décrète par deux fois la dissolution des Éclaireurs Israélites de France (mars 1941 et février 1943). Bravant les décrets de dissolution, dix chantiers ruraux réunissent 300 "défricheurs". En mars 1944, le 7e Conseil National des EIF réuni à Die interrompt ses travaux pour fuir dans la montagne, pourchassé par les Allemands.
=== Création de la Fédération du Scoutisme Français ===
Après la défaite militaire du printemps 1940, le Bureau Inter-Fédéral du scoutisme (BIF) réunit le 5 août [[1940]] à Vichy les directions des différents mouvements pour étudier les conditions d'un rapprochement des associations scoutes sur la base de l’équivalence des formations de cadres et des pratiques pédagogiques, chaque association conservant sa ligne spirituelle.
{{voir article|Création de la fédération Le Scoutisme Français}}


La "Sixième", organisation clandestine de sécurité et d'auto-défense créée par les EIF, sauve les jeunes juifs par milliers.  
=== Dissolution des [[Éclaireurs israélites de France]] ===
Par une loi du 29 novembre 1941 du gouvernement de Vichy, le mouvement des Eclaireurs Israélites de France est dissout comme toutes les organisations juives non cultuelles.
{{voir article|Dissolution des Éclaireurs israélites de France}}
[[Image:1940_EIF_maison_enfants.jpg|thumb|200px|center]]


Aînés et chefs EIF se regroupent dans le maquis de la Montagne Noire (Tarn) avec des EUF. Robert Gamzon (Castor), fondateur des EIF, prend le commandement de la Compagnie Marc Haguenau (Secrétaire Général du mouvement fusillé par les Allemands). La Compagnie participe à la libération de Mazamet et de Castres, est intégrée à la Première Armée et prend part, jusqu'au Lac de Constance, aux combats de la Libération.  
=== Le Scoutisme Français et l'État français ===
L’État Français entend faire du Scoutisme un pilier de sa politique de jeunesse. Cette intégration accorde au Scoutisme une audience et des moyens inédits.  
{{voir article|Le Scoutisme Français et l'État français}}
[[Image:SF_Petain_1940.gif|thumb|200px|center]]


Dans la zone libre et en Afrique du Nord les effectifs progressent alors que de nombreux chefs sont absents ; certains en zone occupée, d'autres prisonniers. L'influence scoute est telle que l'on pille partout ses méthodes sans se rendre compte que le scoutisme est d'abord un esprit. Dans les camps de prisonniers, les chefs organisent des clans. Des milliers de prisonniers connaissent ainsi le scoutisme.
=== Le Scoutisme Français et la France Libre ===
En mars 1943 en Grande-Bretagne est décidé la fusion du Scoutisme Français en Angleterre (les [[Éclaireurs français de Grande Bretagne]] créés en 1940 dont le général de Gaulle est le président d'honneur) avec celui d'Afrique.  
{{voir article|Le Scoutisme Français et la France Libre}}
[[Image:SF_deGaulle_1943.gif|thumb|150px|center]]


Chez les SDF, c'est '''Eugène Dary''' qui prend le poste de Commissaire Général alors que le QG s'installe en 1941 à Lyon (il s'était replié un temps à Vichy). '''[[Pierre Delsuc]]''' s'occupe camouflé de la zone nord occupée. Chez les EDF, '''André Lefevre''' dirige la zone nord, alors que '''Pierre Dejean''', commissaire national à Paris est déporté en Allemagne.
== '''Le [[Scoutisme Français]] : les années fédérales''' (de 1945 à 1964) ==


Le 15 août 1942, c'est le magnifique '''[[Le pélerinage du Puy|pèlerinage routier à Notre-Dame du Puy]]''' orchestré par le père Doncœur qui mobilise tous les clans routiers de France, mais toute la jeunesse française y est conviée : "Nous allons au Puy en pèlerinage pour le retour des prisonniers, la délivrance de la France".
A sa création et jusqu’au début des années 1960, le Scoutisme Français joue un rôle dynamique et fédérateur ; les programmes et surtout les pratiques scoutes des différents mouvements sont très proches, ce qui facilite le travail en commun et permet des échanges fructueux.


Ce développement du Scoutisme fondée sur l’ambivalence du retour à une société d’autorité, n’empêche pas un décrochage progressif vis-à-vis du régime, entamé dans la seconde moitié de 1942. Les contacts se nouent avec le Gouvernement provisoire installé à Alger qui possède sa politique éducative.
A l’époque, il existe des programmes, pratiques et uniformes normalisés, des unités fédérales et des structures facilitant la pratique en commun de certaines activités comme les collèges locaux, les unités communes (dites fédérales) dans les écoles militaires, dans certains pays lointains ou dans la zone française d’occupation en Allemagne. Au plan local la [[Saint Georges]] ou le [[Challenge]] annuel réunissent les différents mouvements.


La guerre s'achevant, la '''Saint Georges de 1945''' reste dans toutes les mémoires ! A Paris, les scouts de tous mouvements se retrouvent dans un grand rassemblement : ils furent 40 000 à se retrouver sur les grandes avenues bordant la place de l'Etoile. Ils descendirent ensemble par rangs les Champs-Elysées. Lady Baden Powell et le Général Lafont, président du Scoutisme Français étaient présents.  
Premier exemple de l'implication politique des associations membres du SF : en Algérie le 20 novembre 1954 (trois semaines après le début de la guerre d’Algérie), une lettre ouverte au gouverneur général d’Algérie signée par les représentants locaux des mouvements membres du Scoutisme Français et de 15 autres mouvements de jeunesse dénonce la situation d’oppression. Cette lettre fera un véritable scandale.


A la Libération, le Scoutisme Français est installé comme partenaire du jeune ministère de la Jeunesse et des Sports.  
=== [[Jamboree de la Paix]] à Moisson ===
En [[1947]], dans une période de restrictions et grâce à une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs concernés, le Scoutisme Français est ainsi capable d’organiser le Jamboree mondial de 1947 à Moisson près de Paris, dit '''[[Jamboree de 1947|Jamboree de la Paix]]''', qui rassemble des scouts du monde entier après des années de guerre et d’interdictions.
{{voir article|Jamboree de la Paix à Moisson}}


C'est Pierre Delsuc (ancien commissaire de la zone nord) qui prend les commandes des SDF.
=== Le Scoutisme Français et l'enfance défavorisée ===


== Le Scoutisme et l'après-guerre ==
Le Scoutisme Français œuvre au service de l’enfance défavorisée handicapés physiques, mentaux et jeunes pré-délinquants). Dès 1947, des sessions de formations de chefs inter-mouvements ont lieu sur ce thème à Marly-le-Roi. Jusqu’au début des années 1960, le Scoutisme Français organise à Paris les conférences du Méridien à l’initiative d’[[Henri Joubrel]], commissaire EDF à l’enfance défavorisée.


[[Image:Jam47aff.jpg|100px|right|thumb|Affiche officielle du Jam 47]]
=== Création des Éclaireurs Neutres de France ===
Le Scoutisme d'après-guerre est marqué principalement par l'organisation du '''Jamboree de la Paix''' qui s'est tenu en 1947 à Moisson.
André Lefevre est toujours après guerre Commissaire Général des EDF, malheureusement il doit mourir quelques mois avant l'inauguration du Jam. Georges Gauthier est quant à lui Commissaire Général des SDF jusqu'en 1955.


Situé dans une boucle de la Seine en pleine forêt de Moisson, à 70 kilomètres de Paris, le 6e Jamboree international eut lieu 2 ans après la deuxième guerre mondiale, sous la direction de '''Henri von Effenterre'''. Il rassembla 40 nations et trente mille éclaireurs dont 15 000 étrangers, 10 français et 5 000 visiteurs. Cette véritable ville de toile comprenait 15 sous-camps, une grande aire de rencontres et d'échanges : l'Allée des Nations et une grande Arène ou Place des Nations.
Au lendemain du Jamboree de 1947, une nouvelle association voit le jour (ce n'est que la première d'une longue série) sous l'impulsion de [[Marcel Lepage]] : Les [[Eclaireurs Neutres de France]] (ENF). Marcel Lepage juge semble-t-il que les EDF ne répondent plus aux besoins de la jeunesse. [[Georges Bertier]], un des deux membres fondateurs des EDF, rejoint les ENF en 1952 en tant que président.
Pour de nombreux anciens, le jam 47 fut le dernier grand rassemblement unissant sous la même bannière scoute les différents mouvements du Scoutisme Français, en effet, les années qui vont suivre changeront durablement le visage de la France Scoute.


== A la recherche d'un renouvellement du scoutisme ==
=== Scouts de France : la proposition "Raiders" ===
Au sortir de la guerre, on sent au sein des [[Scouts de France]] un ralentissement des ambitions et de la progression chez les éclaireurs. [[Michel Menu]], alors [[Commissaire]] National Eclaireurs (CNE), mène l'enquête et propose des activités revigorées tout en respectant la méthode préconisée par [[BP]].


Au lendemain du Jam 47, une nouvelle association voit le jour (ce n'est que la première d'une longue série) sous l'impulsion de '''Marcel Lepage''': '''Les Eclaireurs Neutres de France''' (ENF). Marcel Lepage juge semble-t-il que les EDF ne répondent plus aux besoins de la jeunesse. [[Georges Bertier]], lui-même (ancien cadre des EDF dans les années 20), rejoint les ENF en 1952 en tant que président.  
Il propose alors des techniques utilisant les nouvelles techniques (parachutisme, judo, radios...) et une étape d'engagement supplémentaire pour 1{{re}} classe qu'il appela "'''[[Raiders]]'''".


En 1949, on sent au sein des [[Scouts de France]] un ralentissement des ambitions et de la progression chez les éclaireurs. '''[[Michel Menu]]''', alors Commissaire National Eclaireurs, mène l'enquête et propose des activités revigorées tout en respectant la méthode préconisée par BP.
Le style des nouvelles troupes [[raiders]] (dont un béret vert et un insigne métallique particulier les distinguaient des troupes normales) sera plus tard critiqué pour leur coté "commando" et "élitiste" par certains chefs du mouvement. Mais pour les jeunes, c'est un véritable engouement : les rallyes nationaux [[raiders]] sont là pour le confirmer (700 [[raiders]] pour le rallye de Combrit en 1951, 5 000 [[raiders]] pour celui de la Banne d'Ordanche en [[1956]]). On peut noter que l'engouement pour le [[raiders|raiderisme]] dépasse les frontières du mouvement [[Scouts de France]], puisque qu'il y aura également quelques [[raiders]] [[Eclaireurs de France]] (cette proposition est ensuite interdite aux [[EDF]]).
Il propose de nouvelles techniques utilisant les nouvelles technologies (parachutisme, plongée sous marine, aviation, radios...) et une étape d'engagement supplémentaire post 1ère classe qu'il appela "'''[[Raiders]]'''".
{{voir article|Raiders}}


Le style des nouvelles troupes [[raiders|raider]]s (dont un béret vert et un insigne métallique particulier les distinguaient des troupes normales) est vite critiqué pour leur coté "commando" et "élitiste" par certains chefs du mouvement. Mais pour les jeunes, c'est un véritable engouement : les rallyes nationaux [[raiders|raider]]s sont là pour le confirmer (700 [[raiders|raider]]s pour le rallye de Combrit en 1951, 5 000 [[raiders|raider]]s pour celui de la Banne d'Ordanche en 1956). On peut noter que l'engouement pour le [[raiders|raider]]isme dépasse les frontières du mouvement SDF, puisque qu'il y aura également des [[raiders|raider]]s EDF par exemple.
== '''Entre tradition, évolution et révolution : les choix des associations''' (de 1964 à 1989)==


== Des associations scoutes divisées par l'idéologie et la pédagogie ==
Les rénovations pédagogiques initiées dans les années 1960-1970, non concertées entre les différents mouvements scouts, entraînent un repli sur les programmes et pratiques des associations au détriment d’une pratique fédérale, commune et partageable. C’est notamment le choix de la co-éducation et la création de propositions pédagogiques spécifiques aux adolescents.


L'année [[1964]] avec le lancement de la réforme de [[François Lebouteux]] chez les SDF aux conséquences alors insoupçonnables et l'auto-dissolution de la FFE est cruciale.
=== Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" ===
L'expérience "Raider" étant un franc succès, les cadres [[Scouts de France]] sont persuadés que le scoutisme doit aller plus loin et proposer une pédagogie spécifique aux plus âgés des troupes.
L'expérience "Raider" étant un franc succès, les cadres [[Scouts de France]] sont persuadés que le scoutisme doit aller plus loin et proposer une pédagogie spécifique aux plus âgés des troupes.
{{voir article|Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" (1964)}}
=== Le choix de la co-éducation : dissolution de la FFE ===
Dans les années 1960, trois associations font le choix de la co-éducation, éducation concertée entre garçons et filles. La Fédération française de éclaireuses (FFE) s'auto-dissout en 1964 ; sa section neutre rejoint les EDF pour créer les EEDF, la section israélite rejoint les EIF en 1969 pour créer les EEIF et la section unioniste (protestante) se fédère en 1970 avec les EUF pour créer la FEEUF.
Le rassemblement des cadres [[Scouts de France]] et [[Guides de France]] à [[La Trivalle]] en 1973 donne à penser que ces deux mouvements vont faire, eux aussi, le choix du partenariat et de la co-éducation. Il n'en sera rien en raison du refus des Guides de France. Les Scouts de France font alors seuls le choix de la co-éducation dans leur projet éducatif et ouvrent leurs unités aux filles.


En parallèle la branche route évolue et prend des positions syndicales ou politiques de plus en plus fréquentes depuis l'arrivée de '''Michel Rigal''' en 1952 au commissariat général (George Gauthier fatigué, démissionne). Enfin, la route se transforme en "mouvement de jeunesse" aux conceptions sociales et religieuses "ouvertes" sur le monde nouveau, ce qui amène Michel Menu à démissionner.
Il faudra attendre 2004 pour que les Scouts de France et les Guides de France fusionnent dans un même mouvement : les [[Scouts et guides de France]] (SGDF).


A la fin des années 50, '''François Lebouteux''' mène la réflexion sur les "vieux éclaireurs" qui pousse à envisager la création d'une nouvelle branche adaptée aux 15 / 17 ans débarrassée du style "commando" des [[raiders|raider]]s.  
=== Création des [[Scouts unitaires de France]] ===
Les innovations pédagogiques proposées chez les Scouts de France ne sont pas acceptées dans tous leurs groupes locaux.
{{voir article|Création des Scouts unitaires de France (1971)}}
Le refus de mettre en oeuvre cette réforme pédagogique entraîne le départ de groupes locaux et de chefs qui permettront l'essor de deux mouvements nationaux ([[Scouts Unitaires de France|SUF]] et [[Scouts d'Europe]]) ainsi que de nombreux  groupes autonomes ([[Scouts saint Georges]], [[Scouts de Riaumont]], [[Scouts Baden-Powell]], [[Scouts de Caen]], Scouts d'Artois...) reflétant parfois les différentes tendances sociologiques du catholicisme français.


Après quelques essais concluant encouragés par M. Rigal, la nouvelle branche est créée officiellement en 1964. Ce changement de pédagogie est fortement lié à des envies de progresser, de faire évoluer le mouvement pour s'adapter à un monde en voie de socialisation. La réforme est appelée "Pionniers-Rangers" du nom des 2 branches créés grâce à la branche "éclaireurs" : c'est la fin du système des patrouilles comme l'entendait BP.
''Il est intéressant de souligner que dans d’autres pays (notamment chez les scouts américains, ou belges), ces différentes propositions pédagogiques cohabitent et se complètent, enrichissant l’offre faite aux jeunes et à leurs familles par le mouvement scout.''


Le Scoutisme en 3 branches pensé par BP est donc revu et corrigé pour s'adapter aux besoins du temps.
=== Développement des Scouts d'Europe ===
Cette association est caractérisée par une dimension catholique, fédérale et européenne. Sa sensibilité religieuse est celle de certains courants religieux catholiques soucieux de rénover et retrouver au niveau européen un scoutisme catholique missionnaire.
{{voir article|Développement des Scouts d'Europe (à partir de 1962)}}


Dès 1960, certains ne l'entendent pas de cette manière et trouve les manières de nouveaux responsables SDF un peu osées... L'un des premiers à monter au front est Michel Menu. Il écrit un livre "Scoutisme et engagement" qui s'efforce de redonner du sens à la pensée créatrice de Baden Powell.
=== Création de la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs ===


Dans le même temps, vers 1962, '''[[Pierre Géraud-Keraod]]''', qui dirigeait un groupe scout breton associé aux [[Scouts de France]], rejoignit une nouvelle fédération scoute créée le 1er novembre 1956 à Cologne par '''Jean Claude Alain''', la "Fédération des Scouts d'Europe" (F.S.E.); celui-ci avait été proclamé commissaire fédéral international par une assemblée de chefs allemands démissionnaires des Europa-Scouts. Très vite Jean-Claude Alain fut éjecté de son poste pour une être remplacé comme Commissaire Général des Scouts d'Europe par '''Claude Pinay''' qui sera à son tour révoqué. "PGK" et sa femme prirent alors définitivement les commandes de la FSE.
Les réformes initiées chez les EEDF, notamment l'abandon de la plupart des signes et symboles du scoutisme historique, donnent également naissance à de nombreux petits groupes attachés aux traditions scoutes ; ils se fédèrent en [[1989]] pour créer la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs (FEE).


Les réfractaires à la réforme se font entendre (de nombreuses revues sont éditées) et alors que le QG SDF demande aux troupes de se diviser, certaines font de la résistance et gardent le '''"système unitaire"''' qui désigne le fonctionnement de la patrouille avec des scouts de 12 à 17 ans.
== '''Aujourd'hui pour demain''' ==


La situation est instable jusqu'en 1971, date à laquelle '''Emile Visseaux''' qui a remplacé Michel Rigal en 1970 affirme qu'il ne tolère plus les troupes unitaires au sein du mouvement SDF. Il semble pourtant que certaines troupes unitaires demeurèrent au sein des SDF (une trentaine de troupes en 1983!) La majorité des troupes unitaires (dont les troupes du groupe St Louis de Paris) s'unissent pour former et créer les '''Scouts Unitaires de France''' ([[Scouts Unitaires de France|SUF]]) en 1971.
=== Création des [[Scouts musulmans de France]] ===


La réforme des SDF donne donc naissance à 2 mouvements nationaux ([[Scouts Unitaires de France|SUF]] et SdE) et à de multiples groupes autonomes (Scouts St Georges, Scouts de Riaumont, Scouts de Caen, Scouts d'Artois...).  Le mouvement EDF suit les mêmes réformes donnant également naissance à de nombreux petits groupes qui se fédèrent en 1989 pour créer la Fédèration des Eclaireuses et Eclaireurs (FEE)
Le 9 février [[1991]], en pleine guerre du Golfe, les Scouts de France et les Scouts Musulmans de France, sous l’impulsion du Cheïkh [[Khaled Bentounès]], signent un protocole de partenariat en présence des représentants des régions arabe et européenne de l’OMMS.
{{voir article|Création des Scouts musulmans de France (1991)}}


Le scoutisme unifié tant voulu par le Général Lafont part en éclats!
=== État des lieux : Le Scoutisme Français ===


== Aujourd'hui pour demain ==
Rien n'a vraiment changé depuis les années 1970 ; on peut facilement recenser une cinquantaine d'associations dites scoutes en France.


Rien n'a vraiment changé depuis les années 70 ; on peut facilement recenser une cinquantaine d'associations scoutes différentes en France.  
Le Scoutisme Français est membre fondateur de l’[[Organisation mondiale du mouvement scout]] (OMMS) et de l’[[Association mondiale des guides et éclaireuses]] (AMGE). Cette fédération rassemble plus de 80.000 jeunes et responsables autour d’une proposition éducative porteuse de valeurs citoyennes, solidaires et spirituelles. En tant qu’associations de jeunesse et d’éducation populaire, ces mouvements sont agréés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et les EEDF, EEUdF, EEIF et SGDF sont reconnus d’utilité publique.


L'Organisation Mondiale du Mouvement Scout (OMMS) et l'Association Mondiale des Guides et Éclaireuses (AMGE) ne reconnaissent que le Scoutisme Français, fédération de cinq mouvements (SGDF, EEDF, EEUdF, EEIF et SMF) regroupant près de 100 000 jeunes et responsables.
Ces cinq associations se veulent réellement représentatives de la société nationale, tant par leurs origines que par les valeurs qu’elles transmettent. Elles s’enracinent dans leur histoire commune, notamment une solidarité forgée dans la lutte contre l’occupant nazi lors de la seconde guerre mondiale (à l’exception des SMF, fondés plus tard).


A la différence du Mouvement Sportif et de ce qui se passe dans de nombreux autres pays, la pratique du Scoutisme n'est pas protégée réglementairement en France : n'importe qui peut créer une association dite "de scoutisme"...
=== État des lieux : les mouvements scouts agréés par l'État ===


Suite à certains événements tragiques et pour faire face à toutes tentatives de dérives sectaires, l'État a pris l'initiative d'agréer neuf associations scoutes. En plus des cinq mouvements membres de la fédération du Scoutisme Français, ce sont quatre mouvements qui regroupent près de 50 000 jeunes et responsables : l'Association des Guides et Scouts d'Europe (mouvement catholique), les Éclaireurs Neutres de France (mouvement neutre), la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs (mouvement laïque) et les Scouts Unitaires de France (mouvement catholique).
A la différence du Mouvement Sportif et de ce qui se passe dans de nombreux autres pays, la pratique du scoutisme n'est pas protégée règlementairement en France : n'importe qui peut créer une association dite "de scoutisme" mais l' "[[accueil de scoutisme]]" est désormais règlementé.


En plus des ces neuf mouvements scouts de dimension nationale agréés par l'État, il y a de nombreuses associations locales et régionales se réclamant du Scoutisme, fondées souvent sur une spécificité religieuse.
L'État (Ministère de la Jeunesse et des Sports) a agréé dix associations scoutes comme mouvement de jeunesse et d'éducation populaire.  


Souhaitons que les manifestations commémorant en France le centenaire du Scoutisme en 2007 soit l'occasion pour les responsables de ces différents mouvements de se rencontrer et, peut-être pour certains, de répondre à l'appel de la Charte de l'Oradou en choisissant les chemins d'une unité respectueuse des diversités associatives, pour qu'encore plus de jeunes puissent découvrir les joies du Scoutisme dans notre pays.
En plus des six associations membres de la fédération du Scoutisme Français, ce sont quatre mouvements qui regroupent près de {{formateur:70000}} jeunes et responsables : l'[[Association des guides et scouts d'Europe]] (mouvement catholique), les [[Éclaireurs neutres de France]] (mouvement neutre), la [[Fédération des éclaireuses et éclaireurs]] (mouvement laïque) et les [[Scouts unitaires de France]] (mouvement catholique).


[[Image:Carto mvts scouts francais.JPG|900px|center|Cartographie des principaux mouvements scouts français par effectif et affiliation religieuse
 
]]
Il existe des antagonismes anciens entre les mouvements reconnus par l'état et pendant des décennies l'opposition a été nette, parfois violente, entre certaines associations. Toutefois, en 2002-2003, le scoutisme faisant l'objet de mesures règlementaires très préjudiciables et grâce à l'[[Amicale du scoutisme parlementaire]] une démarche commune et ostensible des 10 (alors) mouvements reconnus par l'État est faite auprès du ministre. Le décret est alors retiré.
 
=== Le centenaire du scoutisme en 2007 : un nouveau chemin ? ===
 
Plusieurs des manifestations commémorant en France le centenaire du Scoutisme en 2007 ont été l'occasion pour les responsables de ces différents mouvements de se rencontrer et de se parler officiellement ou officieusement. Néanmoins la [[Déclaration du 24 mai 2012]] est restée pour l'instant sans lendemain.


== Liens internes ==
== Liens internes ==
*[[Chronologie du scoutisme en France]]
*[[Effectif du scoutisme en France]]
*[[Liste des associations françaises de scoutisme disparues]]
== Liens externes ==
* [http://www.scoutisme-francais.org site officiel du Scoutisme Français]
* [http://www.faas.fr site officiel de la FAAS, site de la Fédération des associations d'anciens et d'adultes du Scoutisme français]


*[[Chronologie du scoutisme en France]]


{{Histoire du scoutisme en France}}
{{Portail histoire}}
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{{références}}


[[Catégorie:Histoire]]
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[[de:Pfadi in Frankreich]]
[[de:Pfadi in Frankreich]]
[[en:Scouting in France]]
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[[fi:Partiointi Ranskassa]]
[[es:Historia del escultismo en Francia]]
[[es:Historia del escultismo en Francia]]

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Bien que le scoutisme soit né en Grande-Bretagne, la France a eu dès le début du 20ème siècle une réelle influence sur le développement et la diffusion du scoutisme mondial à travers les colonies qu'elle possédait et par la qualité particulière de son scoutisme. Le jamboree de la Paix organisé à Moisson près de Paris en 1947 reste dans la mémoire scoute mondiale comme le temps fort du scoutisme "à la française" d'après-guerre.

Par la suite, les mouvements scouts français (et d'autres mouvements scouts en Europe : Belgique, Suisse, Italie, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, ...) rénoveront en profondeur leur projet éducatif. Ces réformes pédagogiques, notamment le choix de la co-éducation (éducation concertée des garçons et des filles) et de nouvelles propositions pour les adolescents et les aînés bouleverseront en profondeur le paysage scout mondial.

Les débuts du Scoutisme en France[modifier | modifier le wikicode]

Les découvreurs du scoutisme en France[modifier | modifier le wikicode]

Depuis les années 1870, en réaction à l'industrialisation et à l'exode rural, avait émergé partout en Europe un besoin d'activités de pleine nature. Cela n'anticipait pas la méthode scoute à proprement parler mais en fixait le lieu privilégié et l'un des moteurs.

Les premiers en France à s'intéresser à cette méthode inventée par Lord Baden Powell sont des journalistes. Le 23 mai [1909], Paul Charpentier présente les boy-scouts anglais aux lecteurs du Journal des Voyages. Au mois de juillet, André Chéradame publie un article sur le même sujet dans le Petit Journal. Cette innovation éveilla immédiatement l'intérêt des éducateurs et surtout des militaires.



Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Les découvreurs du scoutisme en France



L'impossible unité[modifier | modifier le wikicode]

Ces pionniers de la méthode scoute ont d'abord tenté, à l'instar des britanniques, de créer un mouvement unique. Ils y sont presque parvenus avec la création en 1911 de la Ligue d'éducation nationale autour de la très médiatique personnalité du baron Pierre de Coubertin. Mais cette tentative était mort-née même si l'Armée et la Marine ont en sous-main appuyé la naissance su scoutisme en France.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : L'impossible unité


C'est ainsi que 1911 verra la création des trois premières associations (EF, EDF, EU).

En 1913, un rallye scout a lieu à Birmingham en Angleterre et rassemble 30 000 éclaireurs dont des EDF et des EU. Le 11 mai de la même année à Saint-Cyr, les éclaireurs organisent un grand rassemblement où sont observées des méthodes assez modernes de campement. De fait l'armée à fournit du matériel et un général vient inspecter.

Les premiers scouts catholiques[modifier | modifier le wikicode]

Dès 1911 l'abbé d'Andreis lance une première association : les "Eclaireurs des Alpes". N'existent alors en France que des essais d'adaptation isolés. Quand le Chanoine Cornette, vicaire à St Honoré d'Eylau (Paris), rencontre à Meudon une troupe d'Éclaireurs de France dont la plupart sont catholiques, il s'en inquiète et s'attire la réponse suivante d'un jeune chef de patrouille : « C'est de votre faute ! Pourquoi n'y a-t-il pas de scouts catholiques ? » Il faudra attendre 1920 pour voir démarrer la Fédération des Scouts de France, donc le Père Jacques Sevin rédigera les premiers textes fondamentaux.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Les premiers scouts catholiques



Les scouts pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918)[modifier | modifier le wikicode]

Durant la guerre 14-18, les EDF et EU rendent de nombreux services : estaffettes dans les gares, les hôpitaux, accueil des blessés dans les rangs de la Croix Rouge, renseignements dans les lignes ennemies, garde-côtes pour les scouts marins ; toujours au péril de leur vie. Nicolas Benoit, officier de marine à l'origine des EDF, meurt au champ d'honneur à la tête de ses fusiliers marins le 17 décembre 1914.

French boyscout in WW1.jpg

Développement et organisation du Scoutisme en France (années 1920 et 1930)[modifier | modifier le wikicode]

Le scoutisme masculin[modifier | modifier le wikicode]

Le scoutisme éprouve des difficultés à se faire admettre par l'opinion publique ou religieuse qui ne voit en lui qu'une association paramilitaire. De fait avant 1914, certaines sociétés de tir avaient de jeunes "éclaireurs" tandis que l'autorité militaire avec le Commandant Royet eut longtemps tendance à confondre scoutisme et préparation militaire.

A force de travail sur la doctrine et de communication, les différents mouvements scouts rayonnent rapidement. De 1911 à 1923, sept associations sont fondées en France, les réalités culturelles et religieuses françaises n'ayant pas permis la création d'un mouvement scout unifié comme dans la plupart des pays de tradition anglo-saxonne.

Dès août 1920, les différentes associations existantes (EDF, EU, SDF) se rassemblent au camp de Francport. L'idée d'un Scoutisme Français est déjà dans certains esprits, il ne verra le jour que bien plus tard..Par ailleurs au lendemain de la guerre les milieux militaires se désintéressent du scoutisme.

Au lendemain de la Grande Guerre, le jamboree d'Olympia à Londres, en 1920, permet d'oublier les séquelles des combats et la fraternité triomphe. La délégation française compte 125 participants : 75 EU, 50 EDF et 15 SDF.

Le scoutisme féminin[modifier | modifier le wikicode]

Tandis que les associations scoutes masculines se forment selon des clivages religieux, la Fédération française des éclaireuses va constituer un mouvement extrêmement original avec ses trois sections neutre, israélite et unioniste (protestant).

La FFE est ainsi plus fidèle au modèle britannique d’association unique ouverte à toutes les tendances de la société que les mouvements scouts masculins. Ce mouvement reste une expérience unique dans le paysage associatif français et un témoignage que d’autres chemins sont possibles.

L'ouverture d'esprit de la FFE et la prise en compte des réalités communautaires permettent par exemple aux éclaireuses israélites d'être acceptées dès 1928 au sein de la FFE et créer la section "I" (Israélite), tout en étant membres des EIF, partageant groupes locaux et formations.

Importance de la formation dans le développement du mouvement scout[modifier | modifier le wikicode]

Le premier camp de formation scoute est organisé en France en 1921 à la Croix Saint-Ouen sur les bords de l'Oise en forêt de Compiègne. On y rencontre ensemble les chefs des EDF et des EUF, mais aussi Jacques Sevin, un des fondateurs des SDF. Ce premier camp reçoit la visite de Baden-Powell, fondateur du scoutisme.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Importance de la formation dans le développement du mouvement scout


St Ouen.jpg

Création de l'Internationale scoute[modifier | modifier le wikicode]

Le congrès scout mondial tenu à Paris en 1922 proclame Baden-Powell Chef-scout du monde et installe le mouvement dans la philosophie de la Société des Nations.

Les Français participent activement aux jamborees, grands rendez-vous de cette internationale pacifique et joyeuse de la jeunesse.

En 1923, les mouvements français établissent deux organismes de concertation :

Ces deux organismes favorisent la multiplication des activités inter-mouvements au plan international et donnent naissance à un état d'esprit de scoutisme fédéral.

Les mouvements se développent avec la création des branches cadettes et aînées ; les éclaireurs sont rejoints par des louveteaux et des routiers.

En 1924, 126 français des différents mouvements participent au jamboree d'Ermelunden à Copenhague.

Le maréchal Lyautey devient Président d'honneur de toutes les associations scoutes de France en 1928. Il sera présent au jamboree de Birkenhead en 1929 en Angleterre où 2.400 scouts français ont répondu présent. Ce Jamboree est marqué par une pluie incessante qui transforme le sol en un tapis de boue et par une tour Eiffel de 16 mètres de haut réalisée par la 28e et la 5e Paris SDF avec 750 bâtons scouts.

En 1936, les unionistes et les "éclés" fêtent ensemble leurs 25 ans lors de la Cérémonie de la Sobonne. Le mouvement des "Scouts de France" est endeuillé par le décès du général de Salins et du chanoine Cornette. Le général Lafont succède au général de Salins La même année, on compte 12 000 EDF, 10 000 EU et 62 000 SDF.

Pendant cette période on note l'existence de mouvements scouts étrangers en France ou imitant le scoutisme.

Le Scoutisme Français : les années noires (de 1940 à 1945)[modifier | modifier le wikicode]

Après la défaite de 1940 et l'occupation de la partie nord de la France, les allemands interdisent immédiatement le scoutisme dans la zone qu'ils occupent mais celui-ci se poursuit sous diverses formes de camouflage. L'histoire du S.F en zone non occupée est complexe et douloureuse.

Création de la Fédération du Scoutisme Français[modifier | modifier le wikicode]

Après la défaite militaire du printemps 1940, le Bureau Inter-Fédéral du scoutisme (BIF) réunit le 5 août 1940 à Vichy les directions des différents mouvements pour étudier les conditions d'un rapprochement des associations scoutes sur la base de l’équivalence des formations de cadres et des pratiques pédagogiques, chaque association conservant sa ligne spirituelle.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Création de la fédération Le Scoutisme Français



Dissolution des Éclaireurs israélites de France[modifier | modifier le wikicode]

Par une loi du 29 novembre 1941 du gouvernement de Vichy, le mouvement des Eclaireurs Israélites de France est dissout comme toutes les organisations juives non cultuelles.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Dissolution des Éclaireurs israélites de France


1940 EIF maison enfants.jpg

Le Scoutisme Français et l'État français[modifier | modifier le wikicode]

L’État Français entend faire du Scoutisme un pilier de sa politique de jeunesse. Cette intégration accorde au Scoutisme une audience et des moyens inédits.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Le Scoutisme Français et l'État français


SF Petain 1940.gif

Le Scoutisme Français et la France Libre[modifier | modifier le wikicode]

En mars 1943 en Grande-Bretagne est décidé la fusion du Scoutisme Français en Angleterre (les Éclaireurs français de Grande Bretagne créés en 1940 dont le général de Gaulle est le président d'honneur) avec celui d'Afrique.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Le Scoutisme Français et la France Libre


SF deGaulle 1943.gif

Le Scoutisme Français : les années fédérales (de 1945 à 1964)[modifier | modifier le wikicode]

A sa création et jusqu’au début des années 1960, le Scoutisme Français joue un rôle dynamique et fédérateur ; les programmes et surtout les pratiques scoutes des différents mouvements sont très proches, ce qui facilite le travail en commun et permet des échanges fructueux.

A l’époque, il existe des programmes, pratiques et uniformes normalisés, des unités fédérales et des structures facilitant la pratique en commun de certaines activités comme les collèges locaux, les unités communes (dites fédérales) dans les écoles militaires, dans certains pays lointains ou dans la zone française d’occupation en Allemagne. Au plan local la Saint Georges ou le Challenge annuel réunissent les différents mouvements.

Premier exemple de l'implication politique des associations membres du SF : en Algérie le 20 novembre 1954 (trois semaines après le début de la guerre d’Algérie), une lettre ouverte au gouverneur général d’Algérie signée par les représentants locaux des mouvements membres du Scoutisme Français et de 15 autres mouvements de jeunesse dénonce la situation d’oppression. Cette lettre fera un véritable scandale.

Jamboree de la Paix à Moisson[modifier | modifier le wikicode]

En 1947, dans une période de restrictions et grâce à une mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs concernés, le Scoutisme Français est ainsi capable d’organiser le Jamboree mondial de 1947 à Moisson près de Paris, dit Jamboree de la Paix, qui rassemble des scouts du monde entier après des années de guerre et d’interdictions.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Jamboree de la Paix à Moisson



Le Scoutisme Français et l'enfance défavorisée[modifier | modifier le wikicode]

Le Scoutisme Français œuvre au service de l’enfance défavorisée handicapés physiques, mentaux et jeunes pré-délinquants). Dès 1947, des sessions de formations de chefs inter-mouvements ont lieu sur ce thème à Marly-le-Roi. Jusqu’au début des années 1960, le Scoutisme Français organise à Paris les conférences du Méridien à l’initiative d’Henri Joubrel, commissaire EDF à l’enfance défavorisée.

Création des Éclaireurs Neutres de France[modifier | modifier le wikicode]

Au lendemain du Jamboree de 1947, une nouvelle association voit le jour (ce n'est que la première d'une longue série) sous l'impulsion de Marcel Lepage : Les Eclaireurs Neutres de France (ENF). Marcel Lepage juge semble-t-il que les EDF ne répondent plus aux besoins de la jeunesse. Georges Bertier, un des deux membres fondateurs des EDF, rejoint les ENF en 1952 en tant que président.

Scouts de France : la proposition "Raiders"[modifier | modifier le wikicode]

Au sortir de la guerre, on sent au sein des Scouts de France un ralentissement des ambitions et de la progression chez les éclaireurs. Michel Menu, alors Commissaire National Eclaireurs (CNE), mène l'enquête et propose des activités revigorées tout en respectant la méthode préconisée par BP.

Il propose alors des techniques utilisant les nouvelles techniques (parachutisme, judo, radios...) et une étape d'engagement supplémentaire pour 1re classe qu'il appela "Raiders".

Le style des nouvelles troupes raiders (dont un béret vert et un insigne métallique particulier les distinguaient des troupes normales) sera plus tard critiqué pour leur coté "commando" et "élitiste" par certains chefs du mouvement. Mais pour les jeunes, c'est un véritable engouement : les rallyes nationaux raiders sont là pour le confirmer (700 raiders pour le rallye de Combrit en 1951, 5 000 raiders pour celui de la Banne d'Ordanche en 1956). On peut noter que l'engouement pour le raiderisme dépasse les frontières du mouvement Scouts de France, puisque qu'il y aura également quelques raiders Eclaireurs de France (cette proposition est ensuite interdite aux EDF).


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Raiders



Entre tradition, évolution et révolution : les choix des associations (de 1964 à 1989)[modifier | modifier le wikicode]

Les rénovations pédagogiques initiées dans les années 1960-1970, non concertées entre les différents mouvements scouts, entraînent un repli sur les programmes et pratiques des associations au détriment d’une pratique fédérale, commune et partageable. C’est notamment le choix de la co-éducation et la création de propositions pédagogiques spécifiques aux adolescents.

L'année 1964 avec le lancement de la réforme de François Lebouteux chez les SDF aux conséquences alors insoupçonnables et l'auto-dissolution de la FFE est cruciale.

Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers"[modifier | modifier le wikicode]

L'expérience "Raider" étant un franc succès, les cadres Scouts de France sont persuadés que le scoutisme doit aller plus loin et proposer une pédagogie spécifique aux plus âgés des troupes.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" (1964)



Le choix de la co-éducation : dissolution de la FFE[modifier | modifier le wikicode]

Dans les années 1960, trois associations font le choix de la co-éducation, éducation concertée entre garçons et filles. La Fédération française de éclaireuses (FFE) s'auto-dissout en 1964 ; sa section neutre rejoint les EDF pour créer les EEDF, la section israélite rejoint les EIF en 1969 pour créer les EEIF et la section unioniste (protestante) se fédère en 1970 avec les EUF pour créer la FEEUF.

Le rassemblement des cadres Scouts de France et Guides de France à La Trivalle en 1973 donne à penser que ces deux mouvements vont faire, eux aussi, le choix du partenariat et de la co-éducation. Il n'en sera rien en raison du refus des Guides de France. Les Scouts de France font alors seuls le choix de la co-éducation dans leur projet éducatif et ouvrent leurs unités aux filles.

Il faudra attendre 2004 pour que les Scouts de France et les Guides de France fusionnent dans un même mouvement : les Scouts et guides de France (SGDF).

Création des Scouts unitaires de France[modifier | modifier le wikicode]

Les innovations pédagogiques proposées chez les Scouts de France ne sont pas acceptées dans tous leurs groupes locaux.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Création des Scouts unitaires de France (1971)


Le refus de mettre en oeuvre cette réforme pédagogique entraîne le départ de groupes locaux et de chefs qui permettront l'essor de deux mouvements nationaux (SUF et Scouts d'Europe) ainsi que de nombreux groupes autonomes (Scouts saint Georges, Scouts de Riaumont, Scouts Baden-Powell, Scouts de Caen, Scouts d'Artois...) reflétant parfois les différentes tendances sociologiques du catholicisme français.

Il est intéressant de souligner que dans d’autres pays (notamment chez les scouts américains, ou belges), ces différentes propositions pédagogiques cohabitent et se complètent, enrichissant l’offre faite aux jeunes et à leurs familles par le mouvement scout.

Développement des Scouts d'Europe[modifier | modifier le wikicode]

Cette association est caractérisée par une dimension catholique, fédérale et européenne. Sa sensibilité religieuse est celle de certains courants religieux catholiques soucieux de rénover et retrouver au niveau européen un scoutisme catholique missionnaire.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Développement des Scouts d'Europe (à partir de 1962)



Création de la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs[modifier | modifier le wikicode]

Les réformes initiées chez les EEDF, notamment l'abandon de la plupart des signes et symboles du scoutisme historique, donnent également naissance à de nombreux petits groupes attachés aux traditions scoutes ; ils se fédèrent en 1989 pour créer la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs (FEE).

Aujourd'hui pour demain[modifier | modifier le wikicode]

Création des Scouts musulmans de France[modifier | modifier le wikicode]

Le 9 février 1991, en pleine guerre du Golfe, les Scouts de France et les Scouts Musulmans de France, sous l’impulsion du Cheïkh Khaled Bentounès, signent un protocole de partenariat en présence des représentants des régions arabe et européenne de l’OMMS.


Circle-icons-magnifyingglass.svg Voir l’article détaillé : Création des Scouts musulmans de France (1991)



État des lieux : Le Scoutisme Français[modifier | modifier le wikicode]

Rien n'a vraiment changé depuis les années 1970 ; on peut facilement recenser une cinquantaine d'associations dites scoutes en France.

Le Scoutisme Français est membre fondateur de l’Organisation mondiale du mouvement scout (OMMS) et de l’Association mondiale des guides et éclaireuses (AMGE). Cette fédération rassemble plus de 80.000 jeunes et responsables autour d’une proposition éducative porteuse de valeurs citoyennes, solidaires et spirituelles. En tant qu’associations de jeunesse et d’éducation populaire, ces mouvements sont agréés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et les EEDF, EEUdF, EEIF et SGDF sont reconnus d’utilité publique.

Ces cinq associations se veulent réellement représentatives de la société nationale, tant par leurs origines que par les valeurs qu’elles transmettent. Elles s’enracinent dans leur histoire commune, notamment une solidarité forgée dans la lutte contre l’occupant nazi lors de la seconde guerre mondiale (à l’exception des SMF, fondés plus tard).

État des lieux : les mouvements scouts agréés par l'État[modifier | modifier le wikicode]

A la différence du Mouvement Sportif et de ce qui se passe dans de nombreux autres pays, la pratique du scoutisme n'est pas protégée règlementairement en France : n'importe qui peut créer une association dite "de scoutisme" mais l' "accueil de scoutisme" est désormais règlementé.

L'État (Ministère de la Jeunesse et des Sports) a agréé dix associations scoutes comme mouvement de jeunesse et d'éducation populaire.

En plus des six associations membres de la fédération du Scoutisme Français, ce sont quatre mouvements qui regroupent près de Modèle:Formateur:70000 jeunes et responsables : l'Association des guides et scouts d'Europe (mouvement catholique), les Éclaireurs neutres de France (mouvement neutre), la Fédération des éclaireuses et éclaireurs (mouvement laïque) et les Scouts unitaires de France (mouvement catholique).


Il existe des antagonismes anciens entre les mouvements reconnus par l'état et pendant des décennies l'opposition a été nette, parfois violente, entre certaines associations. Toutefois, en 2002-2003, le scoutisme faisant l'objet de mesures règlementaires très préjudiciables et grâce à l'Amicale du scoutisme parlementaire une démarche commune et ostensible des 10 (alors) mouvements reconnus par l'État est faite auprès du ministre. Le décret est alors retiré.

Le centenaire du scoutisme en 2007 : un nouveau chemin ?[modifier | modifier le wikicode]

Plusieurs des manifestations commémorant en France le centenaire du Scoutisme en 2007 ont été l'occasion pour les responsables de ces différents mouvements de se rencontrer et de se parler officiellement ou officieusement. Néanmoins la Déclaration du 24 mai 2012 est restée pour l'instant sans lendemain.

Liens internes[modifier | modifier le wikicode]

Liens externes[modifier | modifier le wikicode]



Domaine histoire.svg Cet article fait partie de la série
Histoire du scoutisme en France
Drapeau français
Les débuts du Scoutisme en France :
Les découvreurs du scoutisme en FranceL'impossible unitéLes premiers scouts catholiques • Les scouts pendant la Première Guerre Mondiale (1914-1918)
Développement et organisation du Scoutisme en France (années 1920 et 1930) :
Le scoutisme masculin • Le scoutisme féminin • Importance de la formation dans le développement du mouvement scout • Création de l'Internationale scoute
Le Scoutisme Français : les années noires (de 1940 à 1945) :
Création de la fédération Le Scoutisme FrançaisDissolution des Éclaireurs israélites de FranceLe Scoutisme Français et l'État françaisLe Scoutisme Français et la France Libre
Le Scoutisme Français : les années fédérales (de 1945 à 1964) :
Jamboree de la Paix à Moisson • Le Scoutisme Français et l'enfance défavorisée • Création des Éclaireurs Neutres de France • Scouts de France : la proposition "Raiders"
Entre tradition, évolution et révolution : les choix des associations (de 1964 à 1989) :
Scouts de France : la proposition "Pionniers-Rangers" • Le choix de la co-éducation : dissolution de la FFE • Création des Scouts unitaires de FranceDéveloppement des Scouts d'Europe • Création de la Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs
Aujourd'hui pour demain :
Création des Scouts musulmans de France • État des lieux : Le Scoutisme Français • État des lieux : les neuf mouvements scouts agréés par l'État • Le centenaire du scoutisme en 2007 : un nouveau chemin ?

Notes et références