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Une première troupe francophone, la [[41e Notre-Dame]], affiliée à l'organisation anglophone, fut fondée à Ottawa, en [[1918]]. Au Québec, ce n'est qu'en [[1925]], à Longueuil, que la première troupe est fondée par [[Georges-Henri Sainte Marie|Geo-Henri Sainte Marie]]. Ce dernier avait rencontrer des scouts catholiques, pour la première fois, au moment d'un pèlerinage à Lourdes, en [[1924]]. M. Sainte-Marie refuse toutefois de l'affilier au CGC, et se fait parrainer par une troupe française, la 19{{e}} Paris [[Scouts de France|SDF]] de [[Gustave Daumas]].  
Une première troupe francophone, la [[41e Notre-Dame]], affiliée à l'organisation anglophone, fut fondée à Ottawa, en [[1918]]. Au Québec, ce n'est qu'en [[1925]], à Longueuil, que la première troupe est fondée par [[Georges-Henri Sainte-Marie]]. Ce dernier avait rencontrer des scouts catholiques, pour la première fois, au moment d'un pèlerinage à Lourdes, en [[1924]]. M. Sainte-Marie refuse toutefois de l'affilier au CGC, et se fait parrainer par une troupe française, la 19{{e}} Paris [[Scouts de France|SDF]] de [[Gustave Daumas]].  


Les scouts de Longueuil firent  la promesse selon le texte du [[Jacques Sevin|Père Sevin]] : ''« Sur mon honneur, avec la grâce de Dieu, je m'engage à servir de mon mieux Dieu, l'Église et la Patrie, à aider mon prochain en toutes circonstances, à observer la loi scoute. » La devise du scout est «Sois prêt.»'' Le premier foulard est blanc avec une bordure jaune (couleurs du saint Père).
Les scouts de Longueuil firent  la promesse selon le texte du [[Jacques Sevin|Père Sevin]] : ''« Sur mon honneur, avec la grâce de Dieu, je m'engage à servir de mon mieux Dieu, l'Église et la Patrie, à aider mon prochain en toutes circonstances, à observer la loi scoute. » La devise du scout est «Sois prêt.»'' Le premier foulard est blanc avec une bordure jaune (couleurs du saint Père).

Version du 1 mai 2011 à 09:04

Le Canada faisant partie du Commonwealth, le scoutisme y fait son apparition dès 1909, chez les anglophones. Du côté Canadien-français, les premiers éclaireurs connus apparaissent en 1911 quand, à l'occasion d'un voyage au Canada, Baden-Powell est accueilli à Québec par des scouts francophones. On ignore toutefois de quelle unité ils faisaient partis, et s'ils étaient les seuls représentants de leur espèce. Le scoutisme canadien-français ne se développera de façon plus ou moins organisée que plusieurs années plus tard.

Le scoutisme canadien-français avant l'ASC

Les premiers scouts canadiens-français se joignaient aux unités du Canadian General Council[1] de la Boy Scout Association. À l'époque, l'Église catholique canadienne, très forte, surtout au Québec, désapprouvait le scoutisme (auquel elle attribuait des racines protestantes et franc-maçonnes).

Balbutiements et unification

Une première troupe francophone, la 41e Notre-Dame, affiliée à l'organisation anglophone, fut fondée à Ottawa, en 1918. Au Québec, ce n'est qu'en 1925, à Longueuil, que la première troupe est fondée par Georges-Henri Sainte-Marie. Ce dernier avait rencontrer des scouts catholiques, pour la première fois, au moment d'un pèlerinage à Lourdes, en 1924. M. Sainte-Marie refuse toutefois de l'affilier au CGC, et se fait parrainer par une troupe française, la 19e Paris SDF de Gustave Daumas.

Les scouts de Longueuil firent la promesse selon le texte du Père Sevin : « Sur mon honneur, avec la grâce de Dieu, je m'engage à servir de mon mieux Dieu, l'Église et la Patrie, à aider mon prochain en toutes circonstances, à observer la loi scoute. » La devise du scout est «Sois prêt.» Le premier foulard est blanc avec une bordure jaune (couleurs du saint Père).

La même année, abbé Lionel Groulx, un des chefs de fil nationalistes de l'époque, rencontre un groupe de scouts près de sa maison d'été et est emballé par sa découverte. Avec le Père jésuite Adélard Dugré, ils étudient la question et concluent que le scoutisme peut être valable pour les Canadiens-français, à condition d'être adapté et séparé de l'organisation anglophone. Sous leur impulsion, en 1926, les frères Philippe et Guido Morel forment deux troupes, à Montréal. Une Loi scoute et une prière sont rédigés. La croix de Jérusalem chargée d'une feuille d'érable est choisie comme emblème. En 1928, cinq troupes de la région de Montréal (y compris la troupe de M. Sainte-Marie, et celles des frères Morel) forment la Fédération catholique des éclaireurs canadiens-français, qui continuera de se développer dans les années suivantes. En 1928 ils reçoivent la visite officielle de Paul Coze[2].

En 1932, la première meute de louveteaux de Longueuil, s'adressant aux garçons de 8 à 11 ans, fut fondée par Jean-Marie Girouard.

Le scoutisme francophone se développe de façon éparse, dans plusieurs diocèses, au Québec et ailleurs au Canada. Les nouvelles troupes choisissent de demeurer indépendantes, de s'affilier à la Fédération ou au CGC, ou encore de former des associations diocésaines. En 1934 et 1935, le Cardinal Villeneuve, archevêque de Québec, arrive à susciter l'unification du scoutisme francophone québécois, par la création, approuvée par le clergé catholique québécois, de la Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec, affiliée au CGC. L'entente de reconnaissance, qui sera contre-signée par Baden-Powell lui-même[3], stipule toutefois que la nouvelle Fédération exercera son mandat uniquement sur le territoire québécois : les unités scoutes francophones hors Québec doivent s'affilier à ce qui est devenu la Boy Scouts of Canada. Dans la période 1937-1940, l'exemple des Scouts de France est souvent suivi, ainsi avec Guy Boulizon qui joue un rôle de passeur. Au cours du quart de siècle suivant, le scoutisme francophone canadien développera, grâce à la FSCPQ, ses symboles, de ses programmes et de ses activités.

Les prémisses d'une association francophone pan-canadienne

Vers la fin des années 1940, certaines unités ontariennes sont insatisfaites de la situation, notamment dans les diocèses limitrophe ou chevauchant la frontière entre le Québec et l'Ontario, notamment à Ottawa. Paul McNicoll, commissaire diocésain d'Ottawa à cette époque, réclamait la possibilité d'affilier l'ensemble des unités du diocèse (côté ontarien et côté québécois) à la Fédération. D'autres diocèses (Pembroke, Alexandria et Timmins) ont fait la même demande. En 1948, la BSC accepte les demandes d'Ottawa et Pembroke, mais refuse les autres.

Beaucoup d'énergie sera consacrée à cette question au cours de la décennie suivante, la question n'étant pas réglée. D'autres districts, comme Sault-Sainte-Marie, en Ontario, ou Saint-Boniface, au Manitoba, ont répété la même demande que les diocèses limitrophes : intégrer les unités scoutes francophone à la Fédération. En 1951, la BSC met en place un comité afin d'examiner la question. Divers scénarios seront examinés tout au long des années 1950, y compris une unification complète du scoutisme canadien. Un compromis, accepté par la Fédération mais refusé par les évêques en dehors du Québec, prévoyait la création d'une confédération du scoutisme catholique canadien, avec une fédération francophone et une fédération anglophone. Trouver une situation satisfaisante pour tous s'avérait difficile.

Les débuts de l'ASC

La fondation

En octobre 1960, le secteur francophone de la Conférence catholique du Canada décide de créer un Conseil général canadien des scouts et des guides catholiques, formé de représentants des quatre régions actuelles, dans le but de traiter d'égal à égal avec l'association anglophone et, éventuellement, d'établir un organisme parapluie ; la BSC regrette vivement cette décision.

En mars 1961, le Conseil, lors de sa seconde réunion, crée une commission scoute et une commission guide, qui formeront chacun un nouvel organisme[4]. Les Scouts catholiques du Canada se dotent d'un premier exécutif, présidé par Charles D'Amour, et d'un commissaire national, Gérard Corbeil. Quatre diocèses sont immédiatement reconnus : Saint-Boniface (Manitoba), Ottawa, Sault-Sainte-Marie (Ontario), et Gravelbourg (Saskatchewan).

La mise sur pied et la reconnaissance

La Fédération est alors encore en activité et n'est pas formellement intégrée au projet, ce pourquoi aucun diocèse québécois n'a été reconnu à l'origine. Elle accorde néanmoins un appui sans réserve au projet : le commissaire national Corbeil était déjà commissaire de la Fédération, la nouvelle organisation occupe le même bureau qu'elle, et moins d'un an après sa création, 14 diocèses québécois ont déposé leur requête d'affiliation. Alors que la Fédération consacre tous ses énergies à la mise sur pied de l'association, celle-ci tente de conclure une nouvelle entente avec la BSC et d'obtenir une charte fédérale d'incorporation, deux projets qui mettront plus de cinq ans à se concrétiser.

Les négociations battent de l'aile : la BSC base sa position de négociation sur le principe One Canada, one Boy scout Organization. En décembre 1964, le général Georges Vanier, Gouverneur général et Chef scout du Canada, convoque les représentants des Scouts catholiques du Canada et de la BSC à une rencontre à Rideau Hall, sa résidence officielle. Les deux organisations sont sommés de s'entendre. Un comité paritaire est alors formée, et un compris sera forgé, qui prendra encore quelques années avant d'être ratifié.

L'entente, signée le 22 février 1967, abandonne tant la relation totalement égalitaire et l'organisation parapluie, chères aux francophones, que la formule de l'organisation unique prônée par les anglophones. Alors que ce qui deviendra bientôt l'ASC s'adresse « aux adultes et aux garçons catholiques romains d'expression française », la BSC peut recruter chez tous ceux qui respecte ses exigences. En outre, chaque organisation devra conserver ses caractéristiques propres, comme l'uniforme. Enfin, au niveau international, l'ASC sera reconnue par l'OMMS et pourra participer aux instances internationales « par l'entremise » de la BSC, sauf pour la Conférence internationale catholique du scoutisme, où l'Association est membre de plein droit.

Dans la première moitié de l'année 1969, c'est au tour de l'incorporation de devenir réalité. Une loi, adoptée par le Parlement canadien et sanctionnée le 9 juillet 1969, officialise la création de l'Association des scouts du Canada[5]. Les énergies de l'Association pourront dorénavant se concentrer sur la structuration et la mise à jour du scoutisme canadien-français.

1965-1975 : Une décennie de réformes

Le long processus de reconnaissance et d'incorporation n'a pas eu une très grande influence sur la vie de tous les jours des unités. Les choses se déroulent un peu comme elles étaient avant, même au niveau des activités conjointes entre la Fédération et Boy Scouts. Cependant, à partir de 1965, l'Association entame d'importantes réformes qui façonneront le scoutisme d'aujourd'hui.

Pédagogie et traditions

Le premier grand changement prend forme en 1966 : emboîtant le pas à la Boy Scouts of Canada et, surtout, aux Scouts de France, l'Association crée la branche des Pionniers, pour les 14-17 ans. Cette initiative marque l'introduction de la pédagogie du projet à l'ASC, telle que présentée par François Lebouteux, commissaire de la branche éclaireur des Scouts de France, dans le livre L'École du Chantier. Les premiers manuels pionniers, inspirés de cette méthode, sont publiés en 1967. L'année suivante, c'est au tour de la méthodologie éclaireur d'être revue, et finalement celle des louveteaux en 1969.

Plusieurs traditions scouts sont aussi mises à jour et adaptées, à commencer par l'uniforme. Il est mis au goût du jour, et différent d'une branche à l'autre. Il est aussi simplifié : une grande partie des anciens ornements qu'on pouvait y trouver, de même que de la pléthore de badges de spécialité disponibles, sont abandonnés. La Loi scoute est aussi réécrite, en modifiant surtout le vocabulaire jugé dépassé. Le foulard national bleu liséré jaune est adopté dès 1966.

Pratiques organisationnelles

L'Association adopte aussi de nouvelles façons de faire organisationnelles. Au niveau de la formation, une série de documents sont produits au début des années 1970 pour mettre à jour le contenu et encadrer la formation tant des chefs que des gestionnaires et des formateurs eux-même. Ces nouvelles orientations de formation s'inscrivent notamment dans la lignée des résolutions prises par la Conférence mondiale d'Helsinski, en 1969.

En outre, l'Association adopte une structure plus démocratique. De nouveaux règlements généraux sont adoptés, et une assemblée générale des districts (qui remplaceront les diocèses en 1969, dans les nouveaux règlements généraux) est instituée. Certains diocèses trouvent cependant la structure trop centralisée, le diocèse de Montréal se retirant même de l'Association pour une brève période. L'ancienne Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec, de son côté, met fin à ses opérations et, sans toutefois se dissoudre, mandate l'Association pour agir en son nom.

Enfin, tout en conservant son statut confessionnel, le scoutisme canadien-français se laïcise. De moins en moins d'unités ont des aumôniers, des personnes d'autres confessions sont acceptées et, surtout, l'épiscopat canadien prend une part beaucoup moins active aux activités et aux décisions de l'Association.

Scission

Une telle vague de réformes ne pouvait manquer de faire des mécontents. Certains responsables qui n'acceptent pas ces changements quittent tout simplement le mouvement, alors que d'autres tentent de les endiguer. En 1969, le diocèse de Montréal s'était même retiré de l'Association. Même si cette dernière reconnaît, en 1970, une association de district formée par certains groupes souhaitant conserver leur affiliation nationale, il faudra encore deux ans avant une réunification du scoutisme montréalais.

Toutefois, en 1973, les dissidents, menés par Florian Bernard et Denis Charbonneau, décident de fonder une nouvelle organisation, inspirée des Scouts d'Europe, qui deviendra l'Association des éclaireurs Baden-Powell. Leur but principal est de maintenir l'importance de la religion catholique, et de maintenir l'unité de la branche éclaireur.

1975-1995 : Réorganisation, et tensions

Création des fédérations

Vers le milieu des années 1970, le Gouvernement du Québec resserre ses exigences pour qu'un organisme jeunesse puisse bénéficier des subventions. Il fait savoir à l'ASC que dorénavant, l'État québécois ne versera des sommes d'argent qu'à un organisme québécois. Face à cette menace budgétaire, l'ASC décide de remettre en fonction la Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec, et d'amorcer un processus de décentralisation. En 1975, l'ASC devient un regroupement de quatre conférences : outre la Fédération québécoise, il y aura la Conférence laurentienne (qui deviendra la Fédération des scouts de l'Ontario), ainsi que celles de l'Ouest et des Maritimes (qui changera éventuellement son nom pour Atlantique). Plusieurs des services et des responsabilités seront alors transférée vers les conférences, ce qui posera certains problèmes, causés notamment par la disproportion entre la Fédération québécoises et les autres.

Les premières tensions se manifestent dès 1977, avec l'instauration des Castors. Depuis 1971, la Boy Scouts of Canada offrait le programme Beavers pour les 5-8 ans. Dans les provinces majoritairement anglophones, les parents qui souhaitaient faire faire du scoutisme à leurs enfants plus jeunes devaient donc les inscrire dans les unités anglophones. Une première expérience a été effectué au Manitoba, et la Fédération des scouts de l'Ouest proposa la création de la nouvelle branche à l'ASC. Toutefois, invoquant des raisons d'ordre pédagogique, la Fédération des scouts du Québec ne souhaitait pas l'implanter : le programme fut donc, dans un premier temps, optionnel.

Fusion administratives avec les guides

Tout au long des années 1970, on pouvait constater un nombre grandissant de structures conjointes entre les scouts et les guides au niveau local. En effet, on trouvait tout simplement plus commode d'avoir un seul comité de gestion, pour toutes les unités guides et scoutes, que de maintenir des structures séparées. À partir de 1974, l'adoption de cette nouvelle philosophie administrative se répand au niveau des districts, en commençant par celui de Québec. En 1980, tant sous la pression des districts intégrés que du gouvernement provincial, la Fédération des scouts catholiques de la Province de Québec fusionne avec sa consœur guide pour former la Fédération québécoise du guidisme et du scoutisme.

La nouvelle organisation du scoutisme et du guidisme canadien-français continue cependant de causer des ratés, et ce à deux niveaux. La nouvelle entité ayant compétence et affiliation tant du côté des guides que des scouts, elle réclame plus d'autonomie, de même que la fusion entre l'ASC et l'Association des guides francophones du Canada. Au niveau politique, la FQGS n'apprécie pas d'avoir un poids égal aux autres fédérations, étant beaucoup plus populeuse. Cette dernière problématique sera partiellement adressée en 1985, quand chaque fédération se verra octroyer un droit de veto sur les orientations de l'Association.

Mixité et et renforcement du pouvoir national

Depuis plusieurs années, la mixité était acceptée et courante chez les castors et les scouts-aînés, les plus jeunes et les plus vieux. Or, l'Association décide qu'à compter de septembre 1991, toutes les unités pour être co-éduquées. D'ailleurs, pour plusieurs unités de pionniers, c'était déjà chose faite. Les guides ont évidemment perçu une menace dans cette mesure.

Du côté des structures, la même année, la question de la répartition des tâches et des mandats entre l'Association et les fédérations a presque failli causer l'explosion de l'ASC. Un projet de modification des règlements généraux, proposé par le président d'alors, Denis Prescott, était porteur d'un changement de philosophie important : plutôt qu'un regroupement de fédérations, l'Association agirait dorénavant comme un regroupement de membres individuels, son nouveau mandat lui permettant ainsi beaucoup plus de leadership et d'initiative. Si trois des fédérations sont d'accord avec cette réforme, elle heurte de front la vision et les réclamations de la FQGS.

L'Assemblée générale de l'ASC qui traite de la question sera plutôt orageuse. L'été suivant, en 1992, la crise éclate : la FQGS annonce sont retrait « temporaire » de l'ASC. Comme tous les districts québécois n'étaient pas d'accord avec la position et le geste de leur Fédération, l'ASC contre-attaqua, et retira à tous les scouts ne se pliant pas à ses décisions le droit et les privilèges de l'affiliation nationale et mondiale. Placés entre l'arbre et l'écorce, plusieurs districts décide de maintenir leurs liens tant avec la FQGS qu'avec l'ASC. En décembre, le conflit se termine par le retour au bercail du Québec.

Disparition de l'Association des guides francophones du Canada

Il a été mentionné plus haut que les unités scoutes accueillaient maintenant, depuis 1991, les jeunes filles. Ce n'est pas cette menace qui aura raison du guidisme francophone canadien. Au cours de la dizaine d'années précédente, plusieurs unités guides avaient admis des hommes comme animateurs. Or, en 1993, en conformité avec des orientations de l'Association mondiale des guides et éclaireuses, les Girl Guides of Canada excluent les hommes de leurs rangs. Cette décision, qui aurait pour effet d'affaiblir ou même de causer la disparition de plusieurs unités, ne plaît pas aux guides francophones. Elles sont placées devant un choix : renoncer à leur affiliation à Girl Guides of Canada et à l'AMGE, ou expulser ses membres masculins. Après beaucoup de débats, elle choisit la première option. En septembre 1994, GGC met fin à l'entente qui lie les deux organisations.

Souhaitant que leurs membres conservent une affiliation nationale et mondiale, les GFC entament des négociations avec l'ASC en vue de permettre l'intégration de ses membres à l'association scoute, sur une base individuelle. Après avoir obtenu des garanties quant au maintien d'unités homogènes féminines, l'Association des guides francophones du Canada se dissout. Durant les deux années suivantes, l'ASC devra aménager une place pour 11 000 nouveaux membres. Ce dossier, confié à Nicole Rondeau (qui deviendra la première commissaire au Programme des jeunes de l'ASC, puis la première commissaire nationale féminine du scoutisme canadien), mènera notamment à la création de toutes nouvelles unités féminines scoutes, les hirondelles, les exploratrices et les intrépides.

Mise à jour des programmes

En 1988, l'Association publie une nouvelle édition de Meute en chasse, le manuel des louveteaux. Au cours des années suivantes, toutes les branches verront leurs manuels réédités: Castors en plongée (1991), Parcours d'Éclaireurs (1993) et Cimes, pour les pionniers, en 1995. Les programmes de formation des animateurs, des cadres et des formateurs sont aussi révisés. En 1994, de nouveau critères sont élaborés pour le badge Annapurna. En outre, l'ASC récupère la gestion du programme Ours polaire, laissé aux districts depuis plusieurs années, et l'encadre par la publication du manuel Scoutisme d'hiver.

1995 à aujourd'hui : Les défis de la modernité

Les premiers pas

À partir de 1995, l'ASC fait face à de nouveaux défis. Elle doit améliorer son image, de même que la rétention et le recrutement, afin d'endiguer la baisse d'effectifs. Elle en profitera aussi pour instaurer quelques changements du point de vue organisationnel.

Le changement le plus visible est probablement celui de l'uniforme. Le gilet de coton beige à manches longues des louveteaux, de même que la chemise beige à manches courtes des éclaireurs, disparaissent pour des chemises semblables à celles des pionniers et des scouts-aînés, mais de couleur vert forêt pour les louveteaux et bleu marine pour les éclaireurs. Divers autres changements sont aussi apportés.

En outre, conformément aux orientations de l'OMMS, l'ASC prend le virage de la formation modulaire. Des modules généraux sont créés, de même que des modules préalables aux étapes du Badge de bois, pour les animateurs, du Nœud de Cabestan, pour les gestionnaires, et du tout nouveau Nœud de Tisserand, pour les formateurs.

L'approche de l'Association, au niveau spirituel, se modifie aussi. Déjà, en 1980, la Conférence des évêques catholiques du Canada, dans une lettre, avait approuvé une redéfinition de l'ASC en « association francophone offrant des services confessionnels pour tous et lien privilégié avec l'Église Catholique Romaine. ». En 1983, l'entente de reconnaissance avait été modifiée, à la demande de la BSC, afin d'enlever le qualificatif « catholiques romains »[6]. Suivant encore la mouvance mondiale, l'ASC remplace son approche pastorale par une approche de développement spirituel et dans cette optique publie, en 1999, le manuel Azimut.

Au point de vue du programme des jeunes, dans la première moitié des années 1990, les méthodologies masculines avaient été mises à jour, et de toutes nouvelles méthodologies avaient été crées pour la plupart des groupes d'âge. En 1997, c'est au tour des scouts-aînés, avec le manuel Servir, qui introduit notamment le badge Oméga, attribué à un carrefour pour un service exceptionnel. En 1999, l'ASC publie en outre le manuel Cap sur le large, une proposition de scoutisme marin pour les 11-14 et les 14-17 ans.

Les États généraux du scoutisme francophone canadien

Malgré les changements expliqués précédemment, les effectifs continuent de décliner. En 1982, l'ASC a atteint un sommet dans son effectif (avant l'arrivée des 11 000 guides) avec 26 968 jeunes. En 1993, juste avant le sabordage des GFC, l'Association recensait 22 077 jeunes, un effectif qui continue de diminuer. En février 2009 , on y dénombrait plus que 13 289 jeunes. Devant cette baisse généralisée, l'ASC décide de convoquer des États généraux afin de repenser le scoutisme francophone canadien. Après plusieurs années de consultation et d'étude, plusieurs conclusions sont mises en place.

Au niveau des structures, les quatre fédérations sont mises en veilleuse. L’Assemblée générale sera dorénavant constituée par les districts. D'autres mesures visent notamment un allégement des structures, une adaptation de la méthode scoute selon les groupes d'âge, une formation plus ciblée pour les adultes, une mise à jour des programmes, la mise en œuvre d'un plan de communication, etc.


Références

  1. Le Conseil général canadien, à l'époque une division de l'association britannique, deviendra éventuellement la Boy Scouts of Canada, aujourd'hui Scouts Canada.
  2. Correspondances dans le fonds Paul Coze, au Laboratoire scout de Riaumont.
  3. En 1935, à l'occasion de ce voyage, le fondateur rendit notamment visite aux 2 000 scouts présents à l'École normale Jacques-Cartier.
  4. Les membres fondateurs de l'organisation scoute sont au nombre de dix: Charles D'Amour et l'abbé Donat Albert (Maritimes); Jean-Marie Poitras, Gérard Corbeil et Mgr Maurice Patry (Québec); Mgr Jacques Landriault, Paul McNicoll et Robert Bélanger (Ontario); l'abbé Félicien Juneau et Herménégilde Dubé (Ouest)
  5. Le nom Scouts catholiques du Canada a été changé pour Association des scouts du Canada. L'abandon de l'épithète « catholique » ne change toutefois pas le statut confessionnel de l'Association.
  6. l'ASC s'adresse « aux adultes et aux garçons catholiques romains d'expression française »


Sources