Crise de la Route

De Scoutopedia
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Le dossier de Témoignage chrétien

La Crise de la Route désigne la crise ouverte qui s'est déroulé durant les années 1950 autour de l'évolution de la branche Route au sein des Scouts de France.

À la Libération, la Route Scouts de France fait le plein, elle s'est développée notamment au travers de la Route des camps de prisonniers, mais dès 1950, elle a perdu la moitié de ses effectifs et les clans se raréfient.

Les orientations sociales nouvelles du Cercle politique d'Ile de France avec André Cruiziat inquiètent certains chefs de clan, comme Louis Faurobert. Ces derniers dénoncent le glissement politique vers la gauche en envoyant des dossiers jusqu'à Rome (St Office), et fondent quelques Cercles St Thomas d'Aquin pour remettre en avant la doctrine sociale traditionnelle de l'Eglise. Louis Faurobert est exclu des Scouts de France par une cour d'honneur fin 1955. Ce sont au fond deux conceptions du scoutisme et de la société qui sont à l'origine de la crise. Il semble que le commissariat Route veuille transformer les Scouts de France en mouvement de jeunes où la branche ainée aurait eu un rôle majeur.

La guerre d'Algérie a aussi ses répercussions sur le Scoutisme français en général et sur les Scouts de France en particulier. Dès janvier 1954, la revue La Route évoquait la répression des manifestations musulmanes de mai 1945. Progressivement, l'Équipe Nationale Route prend des positions qui la singularise dans un mouvement marqué par un patriotisme traditionnel.

Le 15 février 1957, lorsque l’hebdomadaire Témoignage chrétien publie des extraits de lettres de Jean Muller, mort au combat le 27 octobre 1956, la polémique enfle et les campagnes de presse avivent les tensions. Les lettres de Jean Muller dénoncent l'utilisation de la torture par l'armée française, pratique inacceptable pour un chrétien. Jean Muller ne se situe pas un plan politique, pour ou contre l'indépendance de l'Algérie. Il proteste au nom de sa foi et de l'Evangile. Finalement l’Équipe Nationale Route (Paul Rendu, le père Pierre-André Liégé[1], Pierre Chesnais, Claude Lefebvre) démissionne le 9 mai 1957[2]. De fait, Rigal a fait couper la page de revue La Route contenant un encart "As tu lu le dossier Jean Muller ? Tu peux l'acheter auprès de Témoignage chrétien". En signe de protestation, l'équipe Route démissionne.

À diverses reprises, la grande presse fait état des difficultés des Scouts de France et Michel Rigal est, en interne, accusé de tous les côtés : laxisme, trahison, indécision et autres gentillesses. Finalement Jacques Bassot devient le nouveau Commissaire National Route (CNR).

La crise se poursuivra ensuite et les divisions atteindront l'ensemble de l'association lorsque, le 2 juin 1960, les Scouts de France se feront signataires d'un appel à la paix en Algérie lancé par le GEROJEP (Groupe d’Études et de Rencontre des Organisations de Jeunesse et d’Éducation Populaire) [3].

Au Québec

L'expression Crise de la Route a été utilisée par l'historien Pierre Savard pour décrire la décroissance rapide des effectifs de la branche au Québec après 1951-1955. Il n'y a pas eu cependant de contexte politique particulier.

Voir aussi


Notes et références


  1. Jean-Marie Vonau, « Un pasteur et un éducateur scout : le père P.-A. Liégé » sur latoilescoute.net, 10 janvier 2006. Consulté le 15 novembre 2021
  2. Jean-Jacques Gauthé, « Jean-Muller, un rappelé témoigne à charge » sur latoilescoute.net, 13 mars 2004. Consulté le 15 novembre 2021
  3. Jean-Jacques Gauthé, Lionel Christien, « Alger-Paris : les Scouts de France et la guerre d’Algérie » sur latoilescoute.net, 12 janvier 2006. Consulté le 15 novembre 2021