« Bernard Perrin » : différence entre les versions

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Bernard Perrin, 20 février 1921 - 29 avril 1945 à Gusen (Allemagne)


Bernard fit toutes ses classes à l’Externat. La pensée d’un appel possible de Dieu le travaille : mais le moment n’est pas encore venu. Il prépare le concours d’entrée à Saint-Cyr en disant : « Le bon Dieu saura bien m’y prendre. » Il semble vraiment fait pour la vie militaire

Après juin 1940, il doit renoncer à son rêve et entre à l’Institut catholique de Chimie. Il s’attache vite à la Catho et prend sur ses camarades un ascendant exceptionnel, il se dépense à fond pour créer une camaraderie très franche.

La « Route » au Clan Albert de Mun va prendre dans sa vie la toute première place : le pèlerinage Lourdes – Le Puy est pour lui une grande date. Cette marche vers la Lumière lui fait prendre l’engagement d’entrer au séminaire après ses Chantiers de Jeunesse. Puis il part avec ses camarades pour le S.T.O. aux usines de Buna près de Leipzig. Il est chef de service d’entraide et se dépouille souvent pour soulager les malheureux. A la sortie de l’usine, il est assailli : on a besoin d’un secours, d’un conseil, d’une consolation, on veut voir « Bernard », on vient demander « celui qu’on appelle Bernard ». Tard dans la nuit, il poursuit son apostolat, il parle de la France, de la famille, de Dieu : Combien de vies à transformées son amitié ?

Mais son influence sur les ouvriers français et l’aide qu’il apporte à des évasions de prisonniers le désignent à l’attention de la Gestapo qui l’inscrit sur la liste « Dangereux ».

En décembre 1944, il est arrêté avec ses camarades de la chambre 22 : quatre d’entre eux seulement devaient revoir la France.

Il est bientôt envoyé à Gusen, section pénitentiaire de Mathausen où, pendant plus de trois mois, il ne pensera qu’aux autres et apportera son bon sourire franc et réconfortant : « Pécheur d’homme, écrit un des ses amis rescapé de cet enfer, Bernard me guide, me conseille, réfrène les instincts de ma nature d’homme libre qui n’a jamais abdiqué et n’abdiquera jamais. J’essaie, poussé par je ne sais quel démon, de lui inculquer ma haine, ma soif de vengeance envers ce peuple aveugle et fou ; et lui il parle de pardon, d’amour et offre à Dieu, devant moi, dans une ardente prière, ses sacrifices, les miens, sa vie, la mienne, tous les sacrifices et la vie des milliers de condamnés pour le rachat et le pardon des bourreaux. Je lui crie ma haine, me moque de lui ; il sourit et m’embrasse. Derrière nous, des jurons, des blasphèmes. Voilà mon Bernard en chasse. Il remonte la colonne, console les uns, exhorte les autres, aide soigne et rit dans cette colonne de damnés. Un homme sans foi ni loi admire ce gosse de 20 ans qui, d’après lui, fait plus de boulot que tous les saints du Paradis. »

Epuisé par ce long calvaire, il meurt le 29 avril 1945, sept jours avant la libération du camp.

Jusqu’au bout il garde le même sourire, le même regard lumineux qui montre à quelle source il puise.

Un dimanche matin, par un temps splendide, il dit à un camarade : « Porte-moi dehors, je voudrais mourir au soleil, face à la France ! » Ce besoin de Lumière, c’est Bernard tout entier.

« Se donner avec fougue, totalement, d'un grand élan. Et qu'importe si dans cet enthousiasme, il entre un peu de naïveté ! Il y a bien assez de sages, de jeunes vieillards, de prudents, et de mesurés, pour compenser, et au delà, notre folie »

Courrier de Bernard Perrin, Chantiers du Vercors 1942.