Utilisateur:Sarigue/Le Livre de la jungle dans le louvetisme

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L'objectif est ici d'expliquer l'utilisation du Livre de la jungle comme cadre symbolique et outils éducatif pour les 8-11 ans. Initialement, ce texte à été écrit suite à une constatation que bon nombre de responsables, dans les mouvements ayant quitté cet imaginaire de branche, ne comprennent pas pourquoi ce cadre serait différent d'un autre et accusent bien souvent ceux qui l'utilisent ou souhaitent l'utiliser de "nostalgie" ou de "traditionalisme". Cela peut toutefois aussi servir à des chefs et cheftaines louveteaux/louvettes "classiques" qui peuvent ne pas forcément bien saisir non plus l'intérêt et la force de cet imaginaire et des outils qui y sont liés... Et cela n'est pas nouveau[1]


Introduction[modifier | modifier le wikicode]

Beaucoup de mouvements scouts en France et dans le monde utilisent toujours, pour l'éducation des enfants de 8 à 12 ans, le cadre donné par Rudyard Kipling dans son oeuvre Le Livre de la jungle.

On peut se demander pourquoi. Après tout, ce choix a été fait il y a plus de 80 ans. Pour certains ces histoires de la jungle indienne étaient le "best-seller" de l'époque, ce qui aurait favorisé ce choix (notons tout de même qu'au moment de la création du louvetisme, cela faisait plus de 20 ans que cette oeuvre avait paru[2]). On ajoute parfois –sans doute avec raison– que le fait que Baden-Powell ait été ami avec Rudyard Kipling ait pu "aider" dans le choix du Livre de la Jungle comme "cadre symbolique" pour les louveteaux. Partant de là, certains estiment que l'on peut aujourd'hui très bien trouver un autre cadre symbolique pour les enfants de cet âge-là...

Mais n'y a-t-il pas d'autres raisons qui ont pu diriger les fondateurs des louveteaux vers ce choix si particulier du Livre de la Jungle ? Nous disons bien "les fondateurs", au pluriel. Car n'oublions pas que Baden-Powell n'était pas seul dans cette tâche, et que Vera Barclay y a "un peu" mis son grain de sel... Celle-ci aurait-elle acceptée pour "cadre symbolique" une histoire n'ayant aucune vertu éducative ? On est en droit d'en douter.

Car en effet, le Livre de la Jungle –et les histoires de Mowgli en particulier– n'est pas seulement un "cadre symbolique", mais tout un imaginaire qui possède un très important potentiel éducatif pour peu qu'on prenne la peine de le lire avec un regard d'éducateur. Rien qu'en lui-même, en dehors de tout outil pédagogique que l'on pourrait en tirer, il offre à l'enfant un monde puissamment éducatif, c'est à dire un monde qui lui permette de découvrir et d'apprendre la vie en société. Nous verrons en effet que ce monde est enfantin mais non "bébé", offre une vie en communauté, permet à l'enfant de s'identifier facilement à un personnage de l'histoire, et est finalement –par la présence d'êtres fort différents et pas toujours bien respectables– une fable représentant assez bien la société humaine. Nous profiterons également de ces quelques pages pour exposer les outils pédagogiques que l'on peut tirer de cet imaginaire, tels que le "maître-mot", le conseil ou même le salut.

Un monde intrinsèquement éducatif[modifier | modifier le wikicode]

Il faut tout d'abord avoir à l'esprit que le Livre de la Jungle utilisé pour le louvetisme est la version originale de Kipling, et non la version moderne et très (trop) librement adaptée des studios Disney...

Un imaginaire enfantin mais non "bébé"[modifier | modifier le wikicode]

En plongeant l'enfant au coeur de l'imaginaire du Livre de la Jungle, de R. Kipling, on lui permet de découvrir un monde merveilleux, un peu magique et enfantin, mais sans être complètement incroyable (les animaux présents sont des espèces réelles, les loups vivent réellement en meute organisée hiérarchiquement, et la région de Seeonee –dans laquelle se déroule l'histoire– existe réellement en Inde), ni naïf-"bébé" (de grandes aventures sont vécues, parfois avec des combats et du danger).

Une vie en communauté[modifier | modifier le wikicode]

En plongeant l'enfant au coeur de la meute décrite par Kipling, on le plonge également au sein d'un groupe qui, comme toute société humaine "correcte", vit avec des lois, des règles, et un responsable à sa tête. On notera –point important– que le "chef" de ce groupe n'est cependant pas un dictateur, puisque les décisions se prennent en conseil.

On remarquera également que le "clan des loups" –avec ses lois et ses codes qui lui sont propre– existe à l'intérieur d'un groupe plus important constitué de l'ensemble des animaux, habitants tous la jungle et tous soumis aux lois de cette jungle (et ayant là aussi un "maître de la jungle" à sa tête). On ne peut ici que faire le parallèle avec l'enfant qui vit au sein de sa famille (ou de son école), formant ainsi un petit groupe lui-même intégrée au sein d'un groupe plus important d'êtres humains forts différents mais habitants tous un même pays et soumis aux lois de ce pays (et ayant là aussi un responsable à sa tête)

On ne peut donc que constater la similitude qui peut exister entre la société imaginaire et enfantine décrite par Kipling dans le Livre de la Jungle, et la société réelle dans laquelle grandit l'enfant. C'est ainsi que, grâce à cet imaginaire, l'enfant prend conscience de sa place dans une société structurée et apprend à vivre au sein de cette société, par le respect d'un chef légitime, par le respect des lois, des règles et des codes (tant ceux de la micro-société que représente la famille ou l'école que ceux du pays dans lequel il vit), par la prise de conscience de l'existence d'un groupe humain plus important que sa famille, son école ou son groupe scout ; mais également par l'apprentissage de la participation active à la vie en communauté lors de conseils ou de consultations.

On trouve donc ici un équilibre entre l'apprentissage et le respect de la hiérarchie et de l'ordre établi et l'apprentissage de la prise de parole et de la participation démocratique.

Un personnage semblable à l'enfant[modifier | modifier le wikicode]

Le Livre de la Jungle permet de suivre Mowgli, l'enfant trouvé par les loups, depuis son abandon involontaire en forêt lorsqu'il était encore bébé jusqu'à son retour chez les hommes, vers ses 15-17 ans. A noter que la plupart des aventures décrites se déroulent cependant aux environs de l'âge louveteau, c'est à dire vers 8-12 ans.

Mowgli n'est donc pas un personnage "fixe" et immuable et qui ne grandit pas comme dans beaucoup d'histoires (telles que dans les bandes dessinées, les dessins animées, les séries télé, les collections de romans...). C'est un personnage qui grandit, comme l'enfant. Et l'enfant peut donc grandir avec lui (les chefs louveteaux veillant à s'adapter aux différents âges présents dans l'unité, en proposant des jeux basés sur des histoires diverses à différentes étapes de la vie de Mowgli). Comme l'enfant, Mowgli découvre progressivement la vie avec d'autres. Comme l'enfant, Mowgli a parfois plus envie de jouer que d'écouter les leçons de Baloo. Comme l'enfant, Mowgli est curieux du monde qui l'entoure.

Humain et approximativement du même âge que l'enfant, Mowgli est donc un personnage idéal auquel peut facilement s'identifier l'enfant.

Différents caractères, semblables à ceux des humains[modifier | modifier le wikicode]

Ce conte du Livre de la Jungle regorge également de différents types de personnages ayant chacun un caractère, et finalement représentatif du monde qui entoure l'enfant. On trouve ainsi:

  • L'exemple (les exemples) à suivre, à savoir, les membres du clan des loups. Le chef, Akela, en particulier, est un exemple. Parlant peu, il écoute beaucoup. On pourrait aussi citer ici l'ours Baloo qui est l'enseignant, ou Bagheera la panthère qui à l'expérience de la vie dans une autre société (Bagheera a grandit chez les hommes), ou encore Frère Gris, un modèle d'amitié durable et de fidélité (il continuera à voir Mowgli lorsque celui-ci sera rejeté des loups). Les amis de Mowgli, en adoptant parmi eux un homme, sont aussi les représentants de la tolérance et de l'acceptation au sein de son groupe de personnes totalement différente de soi.
  • L'ennemi à la limite de la loi, en la personne de Shere-Khan: bien que respectant globalement la loi qui régit la vie des peuples de la jungle (il ne tue l'homme que la nuit où il y est autorisé, il respecte la trêve de l'eau lors de la sécheresse en ne s'attaquant pas à Mowgli au bord de la rivière), il est assez "mauvais joueur" et n'accepte pas que Mowgli ait été recueilli par les loups. Il le considère donc comme sa proie et sera à ce titre l'ennemi juré de Mowgli. En plus de tenter de s'attaquer directement à Mowgli, Shere-Khan représente aussi le perfide qui s'attaque à l'entourage de sa cible afin de désolidariser le groupe, et qui profite de la faiblesse du chef devenu vieux pour tenter de s'imposer et obtenir ce qu'il veut (il s'impose au conseil des loups –alors qu'il n'a rien à y faire n'appartenant pas au "clan des loups"– pour faire exclure Mowgli).
  • Le lèche-bottes, en la personne de Tabaqui. Ce chacal ne cherche qu'une chose: espérer un peu de reconnaissance et surtout, pouvoir lécher les restes. Autrement dit, pouvoir se nourrir sans effort de chasse. Pour cela, il flatte Shere-Khan, le suis, tente de se mettre de son côté...
  • Les hors-la-loi stupides et vantards, en la personne des singes, les Bandar-Log. Ceux là sont bêtes et ne pensent qu'à jouer. Il leur passe mille idées à la minute et ils sont incapables d'aller jusqu'au bout de l'une d'elle et enchaînent les bêtises. Incapables d'avoir un chef, ils se prennent pourtant pour le plus grand peuple de la jungle et tentent de se faire remarquer et d'être reconnus. Sans foi ni loi, ils sont complètement ignorés des autres peuples de la jungle, et personne ne veut avoir affaire avec de tels personnages, presque plus bêtes que méchants.

On le voit donc ici, le Livre de la Jungle, à l'instar des Fables de la Fontaine, met en scène des personnages dont le comportement et le caractère rappelle fortement celui des humains. Le monde lui-même, ce monde de la jungle indienne et de ses animaux, représente assez bien la société humaine. Grâce à cela, l'enfant est donc plongé au coeur d'un imaginaire qui, finalement, ressemble à celui auquel il appartient. En apprenant donc la vie au sein de ces peuples imaginaires et enfantins, il apprend donc en même temps et inconsciemment à vivre dans le monde réel, apprenant peu à peu à suivre les modèles et les exemples en évitant les indésirables.

Des outils éducatifs[modifier | modifier le wikicode]

Si les quelques outils éducatifs présentés ici pourraient certainement s'adapter dans un autre cadre symbolique ou dans un autre imaginaire, force est de constater qu'ils existent naturellement dans l'imaginaire du Livre de la Jungle et/ou sont en parfaite cohérence avec celui-ci. Cette cohérence entre ce que l'on fait avec les enfants (nous disons bien ici "ce que l'on fait avec" et non "ce que l'on fait faire"...) et le monde dans lequel il est plongé est un plus indispensable pour l'éducation de l'enfant, qui lui permet de ne pas se perdre dans un monde trop compliqué où les choses n'auraient pas de lien entre elles.

Le maître-mot[modifier | modifier le wikicode]

Dans les histoires de Mowgli, il existe un "maître-mot" proclamant "nous sommes du même sang toi et moi". Ces mots agissent un peu comme une "formule magique" assurant la protection: lorsqu'un habitant de la jungle prononce ces paroles en s'adressant à un autre habitant de la jungle –même si celui-ci est d'une espèce différente–, ce dernier se doit de protéger ou d'aider du mieux qu'il peut celui qui a prononcé ces paroles. Mowgli l'utilisera entre autre en s'adressant à Chil, un vautour, afin que celui-ci observe du ciel l'endroit où les singes, les horribles Bandar-Log, l'entraînent lorsqu'il se fait enlever. Grâce à cela, ses amis pourront le retrouver facilement. Comment ne pas voir dans ces paroles permettant l'entr'aide entre les espèces et les peuples de la jungle, des paroles de paix et d'amitiés entre les peuples humains? "Nous sommes du même sang toi et moi"... En apprenant ces paroles aux louveteaux, nous leur apprenons le respect de ceux "qui ne sont pas comme eux".

Les sagesses de jungle[modifier | modifier le wikicode]

C'est la caractéristique principale du Livre de la Jungle: dans toutes les histoires, il existe au moins une phrase, une réplique pouvant être utilisée comme "morale" et qui peut servir de "ligne de conduite" pour le restant des activités (et de l'année d'ailleurs...) De très nombreux thèmes sont traités : l'accueil, le départ, la propreté, le gaspillage, la politesse, les horaires, le calme et le silence, la maîtrise de soi, la fidélité et l'honneur... Tout y passe.

Le conseil[modifier | modifier le wikicode]

C'est là l'une des pièces maîtresse du scoutisme. Le conseil à l'âge des 8-12 ans se vit en unité (car à cet âge, l'enfant vit avec son groupe et non pas sa petite équipe). Déjà présent dans les histoires de Mowgli du Livre de la Jungle (il s'agit du "rocher du conseil"), il est donc tout à fait naturel de l'utiliser "pour de vrai". Nul besoin d'inventer une raison ou une histoire pour justifier l'existence du conseil. Il n'existe pas non plus de cassure entre l'imaginaire et les l'action réelle: le conseil –dans le cadre du Livre de la Jungle– est tout à fait naturel.

Comment tenir un "rocher du conseil"? Si l'on parcourt un peu les mouvements, on pourra constater sur ce point (comme sur d'autre) des divergences –y compris entre mouvements scouts d'une même "tendance"– concernant le rôle et le contenu d'un tel conseil. Pour certains, ce n'est qu'un moment de débat permettant de choisir les activités souhaitées. Pour d'autres, c'est un moment permettant une mise au point, ou bien permettant de transmettre des informations ou de faire un bilan. Pour d'autres encore, ce doit être un véritable moment ludoéducatif et interactif, où les "sagesses de jungle" sont présentées (sous forme d'histoires racontées, mimées...), expliquées, et les actions concrètes pour appliquer ces sagesses sont définies avec les enfants, qui peuvent s'exprimer et donner leur avis.

Le salut[modifier | modifier le wikicode]

S'il est une des caractéristiques du scoutisme reconnue de partout y compris des plus incultes du scoutisme, c'est bien le salut. Si le salut scout est rempli de sens, le salut louveteau ne l'est pas moins et là encore, il s'intègre parfaitement dans l'imaginaire tout en étant éducatif. Est-il nécessaire de rappeler le sens ? Les deux doigts levés symbolisent les oreilles du loup prêt à écouter –tout comme l'enfant doit, lui aussi, être à l'écoute tant pour être attentif et découvrir le monde qui l'entoure que pour "écouter", c'est à dire suivre les conseils (ou les consignes) des "vieux loups" (ses chefs, ses enseignants, ses parents)– et le pouce sur l'annulaire et l'auriculaire symbolise la mère louve protégeant ses petits –tout comme les plus âgés doivent être attentifs aux plus jeunes–

Ce salut est d'autant plus éducatif qu'il est clair et concret : pas besoin de grandes explications, l'enfant comprend bien ce que "ouvrir ses oreilles" peut signifier.

La cerise sur le gâteau[modifier | modifier le wikicode]

Si on a la chance de s'occuper d'enfants comprenant très vite, si on a parfois l'impression que ce Livre de la Jungle est malgré tout trop "faible" et trop enfantin pour eux, si on trouve que ces "sagesses de jungle" sont, malgré leur nombres et leurs complexités diverses, encore trop simples ; si on a la chance d'avoir des enfants très matures, on peut gratter encore un peu...

Car en effet, le Livre de la Jungle recèle de quelques subtilités, telle que celle-ci : La meute, le "clan des loups de Seeonee", est aussi appelé le "Peuple Libre"... Pourtant, contrairement aux affreux Bandar-Log, la meute possède un chef et est régie par de nombreuses lois codes et règles internes, lois de la jungle) Un louveteau un peu attentif pourrais donc se rendre compte de cette subtilité : avoir une loi, être soumis à des règles, rend libre... Et il pourrait demander "Mais pourquoi on appelle les loups "Le peuple Libre" alors qu'ils doivent respecter les lois ?" Si on trouve cela trop compliqué à expliquer pour les petites têtes blondes (ou brune, ou rousses...) qui nous sont confiées, une piste: un chef de meute expliquait un jour ainsi ce point: "Les Bandar-Log n'ont pas de loi, pas de règle, et font ce qu'ils veulent... Mais ils sont prisonniers de leur bêtise"

Deuxième petite cerise, peut-être un peu moins compliquée celle-là : Comme nous l'avons rappelé, les doigts tendus du salut louveteau symbolisent les oreilles du loup prêt à écouter, et rappelle à l'enfant qu'il doit, lui aussi, écouter et être attentif. Nous avons parlé d'attention pour signifier observer et être curieux du monde et nous avons parlé d'écoute dans le sens de l'écoute des conseils et consignes données. Mais il existe aussi une petite subtilité: "être attentif" et dans le cas présent de la symbolique des oreilles, "être à l'écoute", cela peut vouloir aussi signifier "être à l'écoute aux autres", et chercher à les connaître et les comprendre pour répondre à leur attentes sans qu'une demande explicite ne soit formulée. Ce salut louveteau symbolise donc entièrement (tant dans le signe des "oreilles" que dans la signification de protection du plus faible des doigts repliés) les valeurs d'altruisme et de fraternité, si caractéristiques du louvetisme et du scoutisme en général.

Conclusion[modifier | modifier le wikicode]

Loin de n'être qu'un simple "imaginaire" ou qu'un simple "cadre symbolique" comme un autre, le Livre de la Jungle possède de véritables vertus et peut se révéler extrêmement éducatif.

Il y a donc fort à parier que si Baden-Powell a, avec Vera Barclay, choisi Le Livre de la Jungle comme cadre et imaginaire pour les enfants de 8 à 12 ans, ce n'est pas seulement par amitié avec Rudyard Kipling, mais bien parce que ce conte recèle un concentré et une puissance éducative que l'on pourrait presque oser qualifier de hors norme.

Notons aussi que contrairement à ce que l'on pourrait penser, avoir un cadre, un imaginaire, une histoire, clairement posée et décrite n'empêche nullement de faire marcher son imagination pour créer des outils éducatifs ou des jeux. Les fondateurs eux-même ne s'en sont d'ailleurs pas privés. On peut à ce sujet prendre l'exemple du "grand hurlement", cris de joie des louveteaux, permettant de rappeler et de répéter une devise fort intéressante d'un point de vue éducatif ("de notre mieux"), et basé sur l'imagination du loup en position assise qui pousse son hurlement. Rien n'empêche également d'inventer des histoires dont l'ouvrage ne parle pas. Pas grand-chose n'est dit, par exemple, concernant la vie de Mowgli une fois rentré définitivement chez les hommes et rien n'empêche d'imaginer sa vie (un mariage par exemple) comme base d'un jeu ou d'une veillée... Le Livre de la Jungle offre un cadre clairement posé mais ne bride pas l'imagination.

Peut-on aujourd'hui remplacer cet imaginaire ? Et un tel remplacement se justifierais-t-il ? Il semble que les histoires présentées sont intemporelles. De plus, pour ne pas perdre en qualité, il faudrait pour trouver un imaginaire qui puisse se révéler au moins aussi intéressant tant d'un point de vue ludique (où les enfants puissent vivre de nombreux jeux basés sur des aventures passionnantes) que d'un point de vue éducatif (avec tous les points développés dans ces lignes). Un tel imaginaire existe-t-il ? Peut-on le trouver sans avoir à le créer et ainsi risquer de réinventer l'eau chaude ?



Notes et références


  1. Dès les début du louvetisme, certaines cheftaines ne comprenaient pas et rechignaient parfois à appliquer la méthode louvetisme. Le Père Sevin s'en plaint dès 1927: "Les enfants n'ont jamais entendu Kipking [...] leur imagination n'a pas été atteinte par la fascination de la jungle. Le Livre des louveteaux, Le Livre de la Jungle sont délibérément laissés de côté, et une cheftaine, de cette obscure clarté qui lui tombe d'une ou deux étoiles à fond jaune, nous déclare avec sérénité et compétence que "tout cela ne sert à rien" avec une note de bas de page: Depuis, on a fait mieux. On m'a affirmé qu'une assistante de camp-école avait, dans ses cours, déclaré que "Le Grand Hurlement, c'était idiot!" - Fâcheux pour la réputation de Baden-Powell et de Vera Barclay!... (Editorial de la revue Chef de 1927, Pour penser scoutement, Jacques Sevin, collection Fondateurs, Ed. Les presses d'Ile de France, page 40)
  2. Le Livre de la jungle est en effet paru en 1894, alors que le louvetisme n'a été créé qu'en 1921 sur la base du livre des louveteaux édité en 1916. Soit 22 à 27 ans d'écart.