Routiers (EEDF)
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Éclaireuses et éclaireurs de France. |
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Auteur : | Équipe Nationale Route | ||
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Les Routiers étaient une branche du scoutisme laïque français (Éclaireurs de France, puis Éclaireuses et Éclaireurs de France après 1964), dédiée aux jeunes adultes à partir de 17 ans. Actifs principalement après la Seconde Guerre mondiale, ils se distinguaient par leur engagement dans des activités de pleine nature, sportives et sociales, tout en menant une réflexion éthique et sociale approfondie, notamment sur les questions coloniales[1]. Leur philosophie reposait sur l'autonomie[2], la responsabilité individuelle, et le service à la société[3].
Historique et contexte[modifier | modifier le wikicode]
Les origines des Routiers (avant 1940)[modifier | modifier le wikicode]
La branche des Routiers des Éclaireurs de France a vu le jour pour offrir un cadre éducatif spécifique aux jeunes adultes (généralement à partir de 17 ans). Dans les années 1920 et 1930, les Routiers se distinguaient par leur engagement dans des projets de service à la communauté, souvent centrés sur des activités de pleine nature et des actions sociales. Leur devise : "Servir", reflétait leur volonté de s'engager activement dans la société, en mettant l'accent sur l'autonomie individuelle, la découverte de soi, et le service aux autres.
Pendant la Seconde Guerre mondiale (1940-1945)[modifier | modifier le wikicode]
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la branche des Routiers a joué un rôle crucial dans la résistance contre l’occupant allemand. Bien que les activités scoutes soient officiellement interdites par les autorités, les Routiers ont poursuivi leurs engagements sous des formes clandestines.
Les témoignages publiés dans la revue Routes montrent à quel point les Routiers ont été impliqués dans la Résistance, non seulement par des actes de sabotage et de liaison, mais aussi par l’aide apportée aux populations civiles. Des figures héroïques comme Charly Vallin, Georges Duffaud, et Max Robert se sont distinguées pour leur bravoure au combat. Max Robert, capturé par les Allemands, fut fusillé après avoir fièrement refusé de renier son engagement. Le rôle des femmes, comme celui de Micheline Bellair (FFE), responsable de la prise en charge des enfants réfugiés, est également mis en lumière.
Les Routiers ont également joué un rôle clé dans l’aide humanitaire. Dans les moments les plus sombres, ils ont organisé des centres d’accueil pour les enfants, des garderies et des colonies de vacances pour les jeunes dont les familles étaient affectées par la guerre. Parallèlement, de nombreux Routiers ont participé aux efforts de la Croix-Rouge, travaillant à l’évacuation des blessés et au soin des victimes des bombardements. Leurs actions se sont souvent faites au péril de leur vie, comme le montrent les témoignages publiés dans Routes.
En dépit de la répression, des arrestations, et des exécutions, les Routiers ont maintenu leurs actions clandestines. Beaucoup d’entre eux ont été emprisonnés, torturés, ou tués. Raymond Kinder, chef des Routiers à Lyon, fut fusillé après avoir été capturé par la Gestapo. Les Routiers n’ont jamais cessé de croire en leur mission, comme en témoigne leur engagement dans des actes de sabotage, de transport de matériel, et de soutien aux maquisards.
Après la Libération (1945 et au-delà)[modifier | modifier le wikicode]
Après la guerre, la mission des Routiers s’est orientée vers la reconstruction. Ils ont pris part à de nombreux projets de service public, en soutenant les familles et les villages touchés par le conflit. L’article "Terre de Détresse" décrit comment des Routiers ont organisé l’envoi de matériel et de biens essentiels à la Normandie dévastée par les bombardements, illustrant la continuité de leur engagement social au-delà des combats[4].
En 1947, lors de l'Assemblée générale des Éclaireurs de France, des réformes importantes furent adoptées pour réaffirmer les principes laïques du mouvement, en renforçant l'autonomie des Routiers et leur rôle actif dans la société[5]. La branche des Routiers a ainsi évolué pour inclure un plus large éventail d’activités, tout en gardant son essence de service et d’autonomie. Cependant, malgré leur dynamisme, la branche des Routiers a progressivement disparu dans les décennies suivantes, même si l’esprit du mouvement perdure à travers les nouvelles générations de scouts.
Valeurs et engagement[modifier | modifier le wikicode]
Les Routiers adhéraient à des principes forts qui guidaient leur engagement :
- Le Routier est un homme d'honneur.
- Le Routier a le sens des responsabilités.
- Le Routier est un homme de caractère.
- Le Routier s'engage dans la vie.
- Le Routier lutte pour un monde plus humain[5].
Ces principes étaient renforcés par une éthique de service à autrui, une participation active à la société, et un engagement en faveur de la justice sociale, notamment auprès des jeunes en difficulté[3].
Organisation et gouvernance[modifier | modifier le wikicode]
Système démocratique : le "Self-Government"[modifier | modifier le wikicode]
Les Routiers fonctionnaient selon un modèle démocratique appelé "Self-Government". Ce système permettait à chaque membre de participer aux décisions du mouvement via deux principaux canaux :
- La voie hiérarchique : Les projets étaient soumis par les Commissaires de clan ou l’Équipe nationale, et suivaient un processus d'approbation à plusieurs niveaux avant d'être votés en Assemblée générale.
- Tribune libre : Tous les Routiers pouvaient exprimer leurs opinions librement en publiant des articles dans le journal des Routiers, un espace ouvert à la discussion.
Cette gouvernance démocratique encourageait l'autonomie des clans et la participation active de chacun, tout en assurant la cohérence du mouvement[2]. En 1946, la revue "Le Routier", véritable organe de la branche aînée, joua un rôle clé dans la diffusion de ces idées. Sous l'impulsion de Pierre François et de son équipe, elle adopta pour ligne directrice "Information, culture, combat", abordant des sujets complexes comme les réformes étatiques et le colonialisme[6].
Réformes de 1947[modifier | modifier le wikicode]
Lors de l'Assemblée générale de 1947, des modifications importantes ont été apportées aux statuts des Éclaireurs de France. L'article 1, révisé, réaffirmait la neutralité politique et religieuse du mouvement, et son ouverture à tous, sans distinction d’origine ou de croyance. Ce changement a consolidé les bases laïques du scoutisme[5].
Activités et engagement social[modifier | modifier le wikicode]
Activités de pleine nature et projets sportifs[modifier | modifier le wikicode]
Les Routiers se caractérisaient par des activités physiques et sportives intenses. Voici quelques exemples emblématiques de leurs projets :
- Raids en ski, comme la traversée Chamonix-Zermatt.
- Traversées en canoë et kayak, notamment sur la Seine à Paris.
- Chantiers communautaires, comme le chantier des Tritons, mené par le Clan de la Chouette.
- Courses cyclistes, comme celle de la vallée de Chevreuse[7].
Ces activités visaient à renforcer la solidarité, l’endurance physique, et l'esprit d'équipe chez les jeunes adultes.
Engagement social[modifier | modifier le wikicode]
En plus de leurs activités sportives, les Routiers jouaient un rôle actif dans l'aide sociale. Ils s'investissaient notamment dans des actions de réinsertion pour les jeunes en difficulté, particulièrement les jeunes filles délinquantes[3]. En collaboration avec des institutions publiques et privées, ils proposaient des programmes éducatifs et de formation professionnelle, centrés sur des compétences comme le cartonnage, la coiffure, ou la sténographie.
Ces actions visaient à offrir une deuxième chance à ces jeunes, en les aidant à retrouver une autonomie sociale et économique, tout en leur inculquant des valeurs de responsabilité et de solidarité.
La Route fFéminine : les Compagnes de Route[modifier | modifier le wikicode]
Contexte et création[modifier | modifier le wikicode]
En 1937, les Éclaireurs de France ont ouvert une branche féminine pour les jeunes filles : les Compagnes de Route. Inspirée des principes de la Route masculine, cette branche s’adaptait aux spécificités des jeunes femmes. Les Clans de Cheftaines jouaient un rôle important dans la formation et l'accompagnement des jeunes filles, en vue de leur engagement dans la vie collective et le service à autrui.
Objectifs et étapes de la Route féminine[modifier | modifier le wikicode]
Les Compagnes de Route suivaient un parcours de formation en plusieurs étapes :
- L'adhésion : Dès l’âge de 17 ans, les jeunes filles pouvaient rejoindre la Route après avoir été éclaireuses ou cheftaines. Leur entrée était marquée par une cérémonie symbolique.
- L'engagement : Deux ans après l'adhésion, les Compagnes prenaient un engagement personnel à travers un projet significatif.
- Le départ : À 23 ans, les Compagnes quittaient le Clan, à moins qu’elles ne deviennent cheftaines à leur tour.
Formation et activités[modifier | modifier le wikicode]
Les Compagnes devaient passer des épreuves physiques et intellectuelles pour avancer dans la Route, incluant des défis sportifs comme courir 300 mètres en une minute, ou encore réaliser un « chef-d'œuvre » manuel ou intellectuel. Les jeunes femmes participaient également à des formations en secourisme, ainsi qu’à des activités d'inspiration scout telles que les randonnées et les veillées.
Engagement international et post-colonial[modifier | modifier le wikicode]
Dans le contexte de la décolonisation, les Routiers ont pris position en faveur de relations respectueuses et solidaires avec les peuples des anciennes colonies françaises. L’équipe nationale a encouragé les jeunes à s'engager dans des projets visant à comprendre les réalités sociales et économiques locales, tout en rejetant toute forme de paternalisme. Ces initiatives post-coloniales illustraient leur volonté d’instaurer des relations d’amitié et de soutien réciproque avec les populations[1].
Le Chant des Routiers[modifier | modifier le wikicode]
Un aspect central de l'identité des Routiers était leur chant fédéral, intitulé "Sur la Route", écrit par François Goblot sur une musique adaptée des Deux Compagnons de Schumann. Ce chant reflétait l'esprit d'aventure, de camaraderie et de service qui caractérisait les membres de cette branche du scoutisme laïque.
Ce chant était un véritable emblème des Routiers, chanté lors des rassemblements et des activités de groupe. Il soulignait leur engagement à servir, leur solidarité entre compagnons, et leur volonté d'aider les autres. Il était demandé à chaque Clan de l’apprendre et de le chanter en harmonie, particulièrement lors de grands événements où plusieurs Clans se réunissaient.
Institutions partenaires des Routiers[modifier | modifier le wikicode]
Les Routiers bénéficiaient du soutien de plusieurs institutions qui leur offraient un cadre propice à l’organisation de leurs activités :
- L’Union Française des Auberges de la Jeunesse : Elle offrait un réseau d’hébergements accessibles aux jeunes, notamment lors de leurs voyages et expéditions.
- La Fédération des Maisons des Jeunes et de la Culture : Ces maisons constituaient des lieux de rencontres et d’échanges culturels, sociaux et sportifs pour les Routiers.
- Les Centres de Formation Nautique : Ils permettaient aux Routiers de perfectionner leurs compétences en sports nautiques, comme le canoë ou le kayak.
- L’Union nationale des camps de montagne : Cette organisation facilitait l’accès des Routiers aux montagnes pour des activités d'alpinisme et de randonnée.
- Tourisme et Travail : Cette association jouait un rôle clé dans l’organisation de voyages et d’échanges culturels pour les Routiers. Elle leur permettait d’accéder à des séjours économiques tout en favorisant la découverte de nouveaux horizons, avec un accent sur le tourisme populaire[8].
- L'Union Française des Œuvres Laïques d’Éducation Physique (UFOLEP) : Cette organisation fournissait une structure pour les activités sportives et éducatives des jeunes, y compris pour les Routiers. Elle proposait des stages de perfectionnement sportif et des compétitions pour renforcer la santé physique et l'engagement des jeunes.
La Fourche, coopérative de la Route[modifier | modifier le wikicode]
En 1946, la coopérative La Fourche fut créée pour fournir du matériel et des ressources aux Clans de la Route. Cette coopérative permettait aux Routiers d’acquérir du matériel, notamment des tentes et des équipements de camping, tout en apprenant des techniques de construction, comme l’assemblage de kayaks. Les fonds générés par la coopérative étaient réinvestis dans les projets des Clans, renforçant leur autonomie financière.
Les Routiers ont marqué l’histoire du scoutisme laïque en France par leur engagement physique, moral, et social. En intégrant des principes de responsabilité individuelle, d’autonomie, et de service à la société, ils ont contribué à former des jeunes adultes prêts à prendre leur place dans le monde, tout en soutenant des actions humanitaires et éducatives d’envergure. Bien que cette branche ait disparu aujourd'hui, son héritage continue d'influencer les mouvements scouts et laïques en France.
Notes et références
- ↑ 1,0 et 1,1 1947.06 : "Le Routier" présente les conclusions de l'enquête "Colonies et colonialisme sur Histoire du scoutisme laïque, 14 août 2024. Consulté le 10 septembre 2024
- ↑ 2,0 et 2,1 1946.10 : "Le Routier" présente le plan de "self government" de la branche aînée sur Histoire du scoutisme laïque, 10 août 2024. Consulté le 10 septembre 2024
- ↑ 3,0 3,1 et 3,2 1947.06 : "Le Routier" évoque le scoutisme chez le "délinquantes" sur Histoire du scoutisme laïque, 14 août 2024. Consulté le 10 septembre 2024
- ↑ 1944.10 : Le Routier de la Libération sur Histoire du scoutisme laïque, 30 avril 2024. Consulté le 10 septembre 2024
- ↑ 5,0 5,1 et 5,2 1947.05 : "Le Routier" consacre une page à l'assemblée générale sur Histoire du scoutisme laïque, 14 août 2024. Consulté le 10 septembre 2024
- ↑ 1946 et la suite : parcourons "Le Routier" sur Histoire du scoutisme laïque, 10 août 2024. Consulté le 10 septembre 2024
- ↑ 1947.07 : "Le Routier" présente un plein d'activités sur Histoire du scoutisme laïque, 14 août 2024. Consulté le 9 septembre 2024.
- ↑ 1947.06 : "Le Routier" fait l'inventaire des "institutions de jeunesse" sur Histoire du scoutisme laïque, 14 août 2024. Consulté le 10 septembre 2024
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