Quatre-bosses

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Histoire du quatre bosses[modifier | modifier le wikicode]

Identification à Baden-Powell[modifier | modifier le wikicode]

Baden-Powell est toujours représenté portant le chapeau « scout » et son iconographie est multiple et très variée. Il est donc facile d’associer ce chapeau au scoutisme en identification avec celui qui en est son fondateur. Mais dans l’histoire de Baden-Powell, celui-ci l’avait déjà adopté pour ses premières unités d’éclaireurs africains puis pour le corps de troupe « South African Constabulary » qu’il créa en Afrique du Sud. En France il est porté dans certaines troupes unionistes dès 1912. Avec l'arrivée des soldats venus des E.U, il se diffuse massivement en France sous le nom de chapeau américain. Massivement utilisé jusqu'après la seconde guerre mondiale (voir les photos du jamboree de 1947) puis délaissé en Europe depuis la fin des années 50 le 4B semble faire un retour plus ou moins marqué dans le scoutisme.


Pourquoi Baden Powell a-t-il choisi ce chapeau comme chapeau scout?[modifier | modifier le wikicode]

Dérivé du Stetson nord-américain, ce chapeau de feutre était utilisé par les troupes canadiennes envoyées en Afrique du Sud durant la guerre contre les Boers, des colons d'origine hollandaise révoltés contre la Couronne britannique. Il était très bien adapté au pays. C’est sûrement pour ces qualités que B.P l’a adopté, d’abord pour les unités qu'il dirigea en Afrique du Sud, puis pour les scouts à son retour en Europe. En effet, le feutre est apprécié pour ses qualités de solidité, de légèreté, de résistance aux déformations et de protection contre le froid et la pluie.

Une autre hypothèse serait que le 4B ait été importé dans l'armée britannique par Frederick Russell Burnham, un Américain proche de BP.

Le chapeau Stetson, celui des cow-boys n’avait pas de bosses prédéfinies. La calotte était complètement ronde. C’est chacun qui donne les « creux » et « bosses » à son chapeau, notamment pour éviter que l'eau de pluie s'y fixe. Le chapeau de Baden Powell semble être fabriqué en poil de lièvre, car plus facile à déformer. Celui en laine est généralement moins cher, mais les déformations y sont moins faciles à faire tenir. C’est pourquoi les bosses ont été, par la suite, préformées de façon industrielle. Le chapeau fut initialement fabriqué en Hollande.


Dans l'imaginaire des enfants européens de l'époque, ce chapeau était associé à la Gendarmerie royale du Canada, aux grandes plaines et aux Indiens d'où son succès dans les premières troupes scoutes en Angleterre. Mais il est remarquable qu'en France (et en Allemagne...), certains éclaireurs d'avant 1914 aient adopté un chapeau plus semblable à celui des Boers (calotte ronde, coiffe plate, un bord relevé ou non). Après la Première Guerre mondiale, le 4 bosses, encore appelé en France chapeau BP, se répandit très largement dans le scoutisme mondial.

Un choix initial de caractère fonctionnel[modifier | modifier le wikicode]

Quand B.P l’a adopté pour l’uniforme « scout », il a sûrement fait un choix de caractère fonctionnel. Il a dû se préoccuper de résoudre certains aspects liés à la vie de plein air et il a uni, dans un chapeau à large bord, la protection de la tête contre la pluie, le soleil, le vent, les branches et les broussailles...

Le temps passant, beaucoup de choses se sont modifiées, de même que la vie en plein air a bénéficié d’équipements nouveaux et plus confortables. Le chapeau scout a profité lui aussi de certains perfectionnements en ce qui concerne sa construction, tout en conservant les caractéristiques originelles dues à sa forme spécifique. C’est bien grâce à celle-ci que le chapeau scout est resté le parapluie et le parasol dans les grandes randonnées, en laissant la tête et les mains libres. Le chapeau scout a aussi de multiples usages : une variété de soufflets pour le feu, un pot improvisé pour boire à la source, comme appui-tête ou comme coussin d’urgence. Ses accessoires (ceinturette et jugulaire en cuir) sont facilement amovibles et peuvent servir aux premiers secours. L’emploi de matériaux naturels, du feutre en pure laine au cuir des accessoires, en fait un produit authentique et naturel.

Les secrets de fabrication[modifier | modifier le wikicode]

Le feutre est le résultat d’un processus naturel[modifier | modifier le wikicode]

Chapeau quatre-bosses

Le chapeau en feutre, que ce soit de laine ou de poil de lapin, est une pièce unique. Le feutre tire sa particularité d’un assemblage très serré de poils d’animaux ou de fibres de laine. Le feutrage est d’abord un phénomène naturel venant de la matière première vivante : la laine ou le poil de lapin. En effet, le poil de ces animaux « feutre » naturellement quand il fait froid et humide pour assurer une protection à l’animal, le poil se rétracte sur lui-même.

Si on regarde à la loupe la zone extérieure d’un poil ou brin de laine ou cuticule, on verra qu’elle est formée de cellules plates ou écailles qui se chevauchent comme les tuiles d’un toit. C’est cette présence d’écailles qui donne à la laine sa « feutrabilité », c’est-à-dire sa propriété de « feutrer ».

Le feutrage se traduit par :

  • un gonflement des fibres, d’où épaississement et retrait;
  • un enchevêtrement de l’ensemble.

Il en résulte une agglomération compacte une sorte de « soudure » des éléments du tissu.

C’est ce phénomène qui voudrait être évité par la ménagère quand elle lave un pull de laine naturel, car après lavage, la taille du pull diminue et l’aspect du pull est un peu feutré.

Le feutrage peut être provoqué, l’opération s’appelle le foulage, et il est favorisé par :

  • l’humidité, la chaleur;
  • des actions mécaniques : frottements, pressions, percussions,
  • l’action des produits alcalins, ou acides.

Nous allons expliquer comme ce phénomène naturel est repris dans la fabrication du chapeau en feutre.

Une cloche de poils[modifier | modifier le wikicode]

La matière première provient des « couperies de poils » où les poils sont préparés, arrachés de la peau, lavés et triés, avant d’être livrés aux usines. Coupés en petits morceaux très fins. Après pesage, les poils sont mélangés dans une « souffleuse » machine qui a remplacé l’ouvrier « arçonneur » d’autrefois. Puis ils sont aspirés dans une autre machine. Celle-ci réalise l’antique opération de « bastissage » qui ébauche un premier modelé du mélange de poils : ceux-ci sont projetés dans une chambre, où est injectée beaucoup de vapeur, sur des cônes en cuivre. Les poils tombent comme des flocons de neige sur ces cloches auxquelles ils adhèrent par aspiration pour former une pellicule dont l’épaisseur et le poids sont déterminés à l’avance suivant le produit que l'on veut obtenir.

Ce fragile assemblage de poils de laine ou de lapin en forme de « cloche » est ensuite extrait délicatement de son support et sera consolidé par le « simoussage », mais c’est le foulage qui donne toutes ses propriétés de solidité du feutre.

L’élaboration du feutre[modifier | modifier le wikicode]

Le but du foulage est d’augmenter l’épaisseur. Il met à profit la « feutrabilité » des laines. Le feutre, imprégné d’une solution faiblement alcaline, est introduit dans une « fouleuse » en atmosphère chaude. Il y est entraîné, dans une circulation « sans fin », au cours de laquelle il subit des actions mécaniques :

  • percussions (actions de maillets)
  • compressions longitudinales (passage dans des « trompes » où il s’accumule);
  • compressions transversales (passages dans des « couloirs » qui le serrent en largeur).

Les diverses actions sont dosées : en nombre, en intensité, en durée, et le foulage est plus ou moins poussé.

Le feutre devient plus épais, plus compact, sa résistance est augmentée ainsi que son pouvoir de rétention calorifique.

C’est le lent frottement des fibres entre elles qui toujours sous présence de vapeur provoque le feutrage et en particulier l’interpénétration des fibres. La « cloche » diminue de façon importante lors de ces pressions vigoureuses et donne son premier aspect de « cloche de feutre » avant le formage définitif. Les dimensions du « cône » sont vérifiées pour éviter que le feutre ne « rentre » trop. Une fois la dimension définitive atteinte, le chapeau de feutre est donc une seule pièce, sans aucune couture. Elle peut être ensuite passée dans un bain de teinture avant de recevoir un nouveau passage au feutrage.

Du feutre au chapeau[modifier | modifier le wikicode]

La pièce égouttée est ensuite prête à être travaillée. Elle va recevoir un apprêt, c’est l’apprêtage. Il consiste à imprégner les pièces d’une mixture d’apprêtage qui renferment :

  • des produits épaississants ayant un grand pouvoir de gonflement au contact de l’eau : gomme arabique ou adragante,
  • des produits auxiliaires, destinés à adoucir, assouplir, charger.

Le but est de donner de la fermeté au feutre suivant la densité voulue pour le bord du chapeau ou la calotte. Ce travail se fait toujours sous vapeur. C’est lors de cette phase que l’on procède également à l’ouverture du bord donnant une image déjà voisine du chapeau final. La pièce de feutre est séchée puis subit un premier ponçage, rasage et quelques finitions. Elle est séchée par un passage à l’étuve à 130, 140 °. Elle est ensuite remise sous vapeur pour recevoir un deuxième apprêt. Ce deuxième apprêt donne l’imperméabilité, c’est l’« hydrofugeage ». On imprègne le feutre de produit type gélatine, capable de se transformer en laissant un dépôt, mais celui-ci ne colle pas les fils. Le feutre « repousse » l’eau qui glisse à la surface, sans pénétrer les fils; il conserve sa perméabilité à l’air et sa souplesse.

On donne ensuite la forme définitive du chapeau, en le passant à chaud dans un moule pour prendre la forme voulue. Les moules sont en aluminium, il y en un par taille. Le pressage s’effectue à chaud.

Le chapeau subit ensuite les dernières finitions, dont la coupe, la pose de la garniture en cuir. Le cuir utilisé est un cuir naturel.

Un dernier passage de rasage et de ponçage permet de finir de l’assouplir.

Notons que l’apprêt est un produit naturel venant des Indes. C’est une pâte blanche qu’il faut faire bouillir, appelée « gomma lacca ». Ce produit pénètre bien dans le feutre. Nous avons ainsi un produit entièrement réalisé à partir d’éléments naturels.

Facilité d’entretien[modifier | modifier le wikicode]

Le chapeau scout ne nécessite pas d’attentions particulières, pas de lavage, ni de repassage. A l’inverse, on peut même dire que moins on en prend soin, plus il devient un objet intime de forme personnalisée. On peut cependant donner quelques conseils pour lui redonner sa forme originale même après plusieurs années d’emploi. Le feutre se modèle toujours, car il vit continuellement. Il suffit de le mouiller et de redonner à la main sa forme d’origine, en mettant le bord bien à plat, si possible sur des poids et sur une planche bien plane. On le laisse sécher complètement à l’ombre et à l’abri de la chaleur.


Mode d'emploi des bosses et de la lanière[modifier | modifier le wikicode]

Traditionnellement, le quatre bosses se porte au ras des sourcils de manière à être parfaitement horizontal quand l'éclaireur se tient droit. La lanière n'est pas une jugulaire ; elle se porte derrière la tête, serrée sur les deux bosses osseuses occipitales par un nœud de pêcheur. Cette lanière est parfois remplacée par une bride de cuir plate pourvue d'une boucle de réglage qui se place également derrière le crâne. Les éclaireurs portent le chapeau avec une bosse sur le devant (sur laquelle est épinglé l'insigne de promesse en métal), contrairement aux chefs qui le portent avec un creux sur de devant (l'insigne de promesse étant placé à gauche).

Annexes[modifier | modifier le wikicode]

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

Sources[modifier | modifier le wikicode]