Pierre François (EDF)

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Pierre François (EDF)
Pierre François en uniforme
Pierre François en uniforme
Commissaire Général des EDF
1907 · 1986

Célébrité

Célébrité.

Personnalité éclaireurs de France

Éclaireurs de France.

Personnalité française

France.
Signature Pierre François.jpg

Pierre François, est né à Lyon en 1907[1], il entre, avec son frère Louis, aux Éclaireurs de France après la guerre, pour y pratiquer un scoutisme « authentique et rude ». Bien que de tempérament plutôt artistique, il accepte, sous l’influence de son père, de préparer à Paris l’École nationale d’agronomie. Avec une recommandation d’André Lefèvre « Vieux Castor », il trouve à la Maison pour tous de la rue Mouffetard une famille d’accueil, mais aussi des amis comme « Baloo » Grandjouan, André Basdevant ou « Bagué » Bouteille. C’est également à la Mouff qu’il rencontre Élisabeth Risler, « Loutre », qu’il épouse en 1931. Pierre François est, quant à lui, totémisé Joyeux Bouquetin.

En 1929, il commence une carrière dans une entreprise agroalimentaire, mais il est bientôt appelé à l’échelon national par Vieux Castor. À partir de 1931, il y prend ses fonctions, et entreprend de nombreuses tournées dans toute la France pour propager le scoutisme laïque, en particulier auprès des élèves des Écoles Normales et des membres de l’enseignement. Il dirige de nombreux camps-écoles à Cappy et commence à s’intéresser au scoutisme dans les pays colonisés. Il participe, avec André Lefèvre, à la création des CEMEA, centre d’entraînement aux méthodes d’éducation active, prolongement des méthodes de formation du scoutisme vers les colonies de vacances.

Mobilisé en 1939 et fait prisonnier en 1940, il parvient à s’évader et rejoint Vichy où son épouse est propriétaire d’un hôtel, le Pavillon Sévigné, qui a été réquisitionné pour y abriter les services du chef de l’état. Pierre François s’arrange alors pour héberger les bureaux des EDF repliés de Paris, où ils sont interdits, dans une annexe du Pavillon Sévigné aux 11 bis de la rue de la Tour. Et il en prend la direction comme Commissaire général; en 1940, il participe efficacement, aux côtés du général Lafont, à la création de la Fédération du Scoutisme français. Dans son équipe, il y a, entre autres René Duphil, René Tulpin, les frères Pierre et Sven Sainderichin, « Bagué » Bouteille, Georgy Wetter, Abeille Leonardi, Mion Valoton, Eugène Arnaud. Ils forment, avec leurs familles, une très amicale communauté qui fait ainsi face aux difficultés et aux horreurs de l’époque. Ils abritent des juifs pourchassés. Les François et les Duphil accueillent, dans leur logement du Pavillon Sévigné, des éclaireuses juives qui y vivent sous un faux nom, les sœurs Dennery. Ils sont à ce titre déclarés "Justes parme les nations"[2]. Ce petit groupe se livre à une intense fabrication de fausses cartes de ravitaillement et d’identité. Ils ne manquent pas d’encourager les jeunes qui rejoignent les maquis et la Résistance. Pierre Dejean, commissaire national pour la zone occupée, y est chargé de maintenir des activités clandestines; membre d’un mouvement de Résistance, il est arrêté, torturé et déporté à Mauthausen dont il ne reviendra pas. Louis François, universitaire et frère de Pierre, est également déporté, à Dora.

Pierre François lors de la fondation des Francas

Après la Libération, les E.D.F. retrouvent Paris et commencent, sous l’impulsion de Pierre François, Jean Estève et Pierre Buisson, une profonde évolution des principes d’animation du mouvement dans le sens d’un approfondissement de la démocratie et de la formation à la citoyenneté. Pierre François, qui a réfléchi depuis plusieurs années à l’ouverture du scoutisme laïque, participe à la création des Francs et Franches Camarades (aujourd’hui les « Francas ») dont il sera le premier président. Il s’intéresse également à l’évolution du scoutisme dans les pays d’outre-mer et participe à la réflexion qui conduit progressivement à la création de mouvements scouts autonomes. Il préside la Commission jeunesse du Ministère de l'Éducation nationale et le Comité Jeunesse de la Commission nationale française de l’UNESCO.

En 1951, Pierre François prend sa retraite des E.D.F. et entre à l’UNESCO comme chef de la section Jeunesse. Avec son frère Louis, il participe au lancement des « Clubs UNESCO » dont le but est de mieux faire connaître les activités culturelles internationales de l’institution dans les établissements scolaires français. En 1972, il prend la direction du Foyer international d’accueil de Paris (le « FIAP ») et en fait un lieu d’activités culturelles accueillant peintres et musiciens.

Contributions et évolution au sein des EEDF après les années 60[modifier | modifier le wikicode]

Dans les années 1960 et 1970, Pierre François a joué un rôle crucial dans les transformations au sein des EEDF. Malgré les tensions et conflits internes marqués par des divergences sur les pratiques et la pédagogie, Pierre François a été reconnu pour sa capacité à maintenir une posture compréhensive et conciliatrice.

Les années de transformation (1967-1971)[modifier | modifier le wikicode]

En 1967-1968, alors que les EEDF étaient en pleine mutation, Pierre François a participé à la réévaluation des rituels scouts traditionnels. Notamment, il a supervisé la fin de la totémisation, un rite initiatique qui fut considéré comme pédagogiquement néfaste et supprimé en 1971.

Bernard Machu, un membre actif de l'époque, souligne la fin des promesses cérémonielles traditionnelles, avec un changement de paradigme vers une matérialisation de l'engagement à travers les actions collectives, plutôt que par des cérémonies formelles. Ce changement, bien que controversé, visait à moderniser le scoutisme laïque et à le rendre plus pertinent pour les nouvelles générations[3].

Conflits et réintégration (1969)[modifier | modifier le wikicode]

En 1969, une crise interne éclate au sein des Éclaireurs de France. Une petite bande connue sous le nom de "Horde Sauvage" fut expulsée de l'organisation suite à des conflits sur des questions matérielles et des accusations de vol. Cependant, grâce à l'intervention de Pierre François et d'autres responsables, une grève des responsables des groupes de l'agglomération de Grenoble aboutit à leur réintégration. Cette période tumultueuse a mis en évidence les tensions entre les anciens et les nouveaux modes de pensée au sein du mouvement scout laïque.

Le rassemblement de Cantobre et les Assises[modifier | modifier le wikicode]

Un moment marquant sous la direction de Pierre François fut le rassemblement de Cantobre en 1971, qui suivit l'effervescence militante du Larzac. Ce rassemblement, décrit par Bernard Machu comme extrêmement chaleureux et militant, représentait l'essence même des EEDF à cette époque[3].

Les Assises, un événement significatif pour la refonte des principes du mouvement, ont également eu lieu sous l'impulsion de Pierre François. Ces assises furent caractérisées par des débats intenses mais constructifs, visant à redéfinir les bases d’un mouvement rénové. Bernard Machu se souvient de ces discussions comme formatrices et fondatrices, contribuant à la transformation personnelle et collective des participants[3].

Quelques témoignages à l'occasion de l'hommage qui lui fut rendu : "Le destin novateur de Pierre François (1907 - 1986) à l'UNESCO"[modifier | modifier le wikicode]

  • "Pour Pierre, l'essentiel était de conserver au scoutisme son caractère premier : un jeu dans la nature, un jeux qui convienne aux enfants et aux adolescents", "Par une intuition trop rarement partagée, il avait senti dès l'entre deux-guerre que le monde changeait et qu'un scoutisme vivant était par nécessité un scoutisme de devenir"; extrait d'un texte de Jean Estève.
Claire Mollet, René Tulpin, Eugène Arnaud, Abeille Léonardi, Mion Valloton, Bagué Bouteille, Pierre François, René et Henriette Duphil
  • "...Avec le recul du temps, on se rend compte, que dans les années 50, les expériences éducatives menées par les Eclaireurs de France ont été parfois prémonitoires. Pierre François avait en outre une connaissance des problèmes internationaux...alors que nous avions une vision un peu simpliste vu la période d'où nous sortions : deuxième guerre mondiale. Il a sans doute contribué de façon "apolitique" à faire naitre chez beaucoup de jeunes des réflexions et bientôt des convictions anti-colonialistes..." ; extrait d'un texte de Pierre Joxe (ancien ministre).
  • "...J'ai toujours gardé en mémoire l'image d'un homme rayonnant, qui transmettait son enthousiasme en cherchant à sortir des sentiers battus" extrait d'un texte du Professeur Jacques Roux, ancien Président de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
  • " ...Vous savez sans doute que j'appartenais aux EDF comme lui. Nous avions hautement apprécié avec quelle lucidité et quelle générosité il envisageait l'avenir des EDF d'Afrique. Le sens de la fraternité qu'il avait témoigné aux EDF du Sénégal lorsqu'il effectua sa première visite dans mon pays après la seconde guerre mondiale lui valait une sincère admiration" extrait d'un texte de Amadou-Mathar M'Bow ; Directeur général de l'UNESCO.

Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]


Notes et références


  1. Pierre François sur Wikipédia
  2. Pierre François sur Juste parmi les nations. Consulté le 9 janvier 2023
  3. 3,0 3,1 et 3,2 Owen Poirier, Entretien avec Bernard Machu, 2023


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Président des Éclaireuses et Éclaireurs de France
de 1972 à 1974.

Michel Capestan