Opération soleil levant
En France, au début des années 1950, l'urbanisme officiel construit des villes nouvelles vers lesquelles est dirigée une population de jeunes parents, surtout autour de Paris et de quelques métropoles régionales. Le "Plan Courant" organisant l'action de l'Etat est dévoilé en 1953. Dans cet univers de béton, les repères manquent, particulièrement pour les jeunes. Très vite, le scoutisme mesure l'ampleur du défi.
C'est sur la branche éclaireur, et notamment les raiders, que le QG des Scouts de France souhaite s'appuyer pour s'implanter dans ce milieu qui, à l'époque, n'est pas hostile, mais désorienté.
Les Journées Nationales de 1955 sont ainsi consacrées au thème « Scoutisme missionnaire » et celles de 1958 au thème « Scoutisme et cité ». La couverture de Scout de mai 1957 est emblèmatique de ce problème.
On va voir naitre l'Opération Soleil Levant où les unités raiders sont incitées à favoriser la création de patrouilles libres, noyaux de futures troupes dans les grands ensembles et les villes nouvelles. Au Rallye Raider de la Banne d'Ordanche en 1956 le QG proclame l'Opération. On estime aussi qu'un éclaireur motivé dont les parents quittent Paris pour s'installer à Sarcelles (lieu alors emblématique) pourra y créer une patrouille libre etc.
Parallèlement, quelques romans scouts comme le Bloc 93, de Bruno Saint-Hill paru au Signe de Piste en 1954, abordèrent ce thème.
L'échec de l'Opération soleil levant fut patent, sauf à l'ouest de Paris. Les raisons étaient multiples :
- manque de chefs, les jeunes adultes partant pour la guerre d'Algérie.
- désintérêt des nouvelles paroisses, qui préféraient le patronage.
- imaginaire mal adapté : le raiderisme montra ses limites.
- alchimie propre aux "cités" qui entraina vite le départ des classes moyennes.