Jean Foillard
Jean Foillard, né le 1er janvier 1918 à Toulon et mort pour la France le 23 juillet 1944 au Gua, est un avocat, cadre des Scouts de France durant la Seconde Guerre mondiale, et résistant de l’Organisation de résistance de l'Armée, puis de l’Armée secrète.
Biographie[modifier | modifier le wikicode]
Enfance et adolescence[modifier | modifier le wikicode]
Dernier d'une fratrie de quatre enfants et issu d'une famille d'Officiers de Marine, Jean Foillard grandit à Lyon où sa famille s'installe à la suite de la mort de son père, survenue le 18 décembre 1918, lorsque son navire saute sur une mine au large d’Izmir (Turquie)[1] Il devient louveteau à la IIe Lyon à Pâques 1927, puis sizainier des blancs à la XIXe. Il monte à la troupe 11e Lyon en 1929 où il prononcera cette année-là sa promesse le 20 juin. En octobre 1930, la 11e étant dissoute provisoirement, Jean et ses anciens membres viennent fonder la troupe Bayard 19e Lyon (externat SJ de la Trinité). Il est CP des Zèbres pendant deux ans.
Assistant Scoutmestre à la 11e de 1934 à 1936[1], il est routier au Clan Albert de Mun. Et en 1937 il fondera le Clan des Apôtres autour du noyau des CP et chefs des deux troupes 11e et 19e Lyon[2].
Seconde Guerre Mondiale[modifier | modifier le wikicode]
Les EOR[modifier | modifier le wikicode]
En 1939-1940, il est de la dernière promotion d’élèves officiers de réserve et est affecté au 6e BCA à Grenoble (Isère) avec le grade d’aspirant. Il y rencontre l'instructeur Léon Jail (lui aussi routier Scout de France). EOR à la caserne de Richemont, l'aspirant Foillard, à l'appel de son commissaire de province scout, rejoint les Compagnons de France.
Les Compagnons de France[modifier | modifier le wikicode]
De 1940 au 6 mai 1941, , il devient cadre aux Chantiers de Jeunesse n°10 "La Grande Chartreuse" (groupe n°2 à Chartroussette), ses carnets montrent qu'il reste critique sur les échecs de Philippe Pétain. EOR à la caserne de Richemont, l'aspirant Foillard du 6e B.C.A. passe au maquis du Vercors, à l'appel de son Commissaire de Province scout, où il devient responsable du groupement 10. Capturé pendant la retraite par les allemands, il est fusillé le 23 juillet 1944 en premier, suivi d'un autre ami routier Léon Jail, puis d'autres camarades à Saint Barthelémy du Gua. Leurs noms figurent sur un monument sur place.
Scoutisme sous l'Occupation[modifier | modifier le wikicode]
En parallèle de ses activités aux Compagnons de France, il rejoint l'équipe nationale Route des Scouts de France en 1941, avec le Père Doncoeur et participe à mettre en place avec lui la pédagogie des Routiers Scouts de France. Il est alors commissaire à la formation des chefs et publie divers articles sur la méthode Route, qui s'appuient notamment sur un tour de France des clans scouts qu'il entreprend, dont des fiches rassemblées dans Entreprises de Clan[3]. Il signe aussi l'introduction aux Critères du Départ routier scout de France[4].
« Les critères du Départ-Routier dépeignent les qualités, les connaissances, les réflexes et les habitudes que doit avoir le jeune homme sur qui on veut mettre l'estampille de "bon produit fini de la marque Scout de France" que sont les scalps vert jaunes, rouges. Insistons. On ne fait pas faire son Départ à un brave garçon parce que brave, ni à un homme de grande valeur parce que de grande valeur, ni même à un Saint parce que saint : cela n'a rien à voir. Il faut les qualités du scout et c'est tout. Saint Benoît Labre, qui ne se lavait jamais, n'aurait pu être admis au Départ, car le Routier se lave. Tel grand savant, incapable de faire 100 mètres en courant ou de sauter 60 centimètres, ne pourrait faire son Départ quoique prix Nobel. Remarquons que cela n'empêche pas que Benoît Labre est un saint et M. X... prix Nobel ! Et c'est, ma foi, bien quelque chose ! Mais du point de vue du Départ, ils ne sont pas des scouts aptes à le prendre.
Nous sommes un peu comme des moines, nous acceptons une Règle pour arriver à faire nôtres certaines qualités. Ne fera profession que celui qui suivra la Règle et aura acquis ces qualités qui nous caractérisent et nous sont particulièrement propres. Conçoit-on un Jésuite détestant la discipline ? un Franciscain désirant pour lui la richesse, et un Chartreux ne voulant ni vivre seul, ni se lever la nuit pour chanter l'Office?
Quiconque est sur la Route en accepte la Règle et travaille à acquérir les qualités qui feront de lui un Routier. Bien plus, tout son travail doit consister essentiellement à acquérir ces qualités. Ces dernières - que l'on appelle Critères du Départ - nous les redonnons dans cette petite brochure à la portée de tous, pour que tous les possèdent et que nul n'en ignore. Que le lecteur se rassure d'ailleurs : ce sont toujours les mêmes depuis quinze ans. Elles synthétisent le type d'homme que veut produire le Scoutisme tel que l'ont toujours décrit nos Chefs, du Père Sevin et du Vieux Loup au Père Forestier et au Commissariat Général. »
La Résistance[modifier | modifier le wikicode]
En 1943, Jean Foillard est licencié en droit et devient avocat au barreau de Lyon[5]. Il s'engage dans la Résistance en juillet par le biais de l’Organisation de résistance de l'Armée.
En 1944, il rejoint le maquis du Vercors et devient l'adjoint du Commandant Durieux : il est alors chargé de coordonner les éléments responsables de la défense de Corrençon (aujourd’hui Corrençon-en-Vercors, Isère).
Le 22 juillet 1944 au Pas de l’Âne, Jean Foillard, qui cherchait à rejoindre son groupe parti au Pas de la Balme, rejoint Léon Jail et le capitaine Volume (Adrien Conus)[6],[7]. Ces derniers, chargés d’une mission de liaison, devaient rejoindre qui le Grésivaudan, qui l’Oisans. Après avoir passé quelques heures dans une cabane de bergers, les trois hommes décident de gagner la vallée du Drac[8].
Au bénéfice de la nuit et du brouillard, ils parviennent à éviter des patrouilles de soldats allemands mais peu après 10 heures du matin, alors qu’ils approchaient de Saint-Guillaume, ils sont faits prisonniers au pont de la Gresse. Remis à la police allemande, ils sont brutalement interrogés plusieurs heures durant dans une ferme du Genevrey à Vif (Isère). Vers 21 heures, les trois officiers et trois jeunes maquisards qui avaient été également arrêtés à Saint Guillaume sont conduits au lieu-dit Revolleyre[9] sur la commune du Gua (Isère), près d’une ancienne cimenterie[8],[10]. Léon Jail propose alors à ses camarades de prier quelques instants. Tous ensemble, entraînés par son exemple, ils récitent à haute voix une courte et dernière prière. Léon Jail demande pardon à Dieu et à ses camarades. Les Allemands rient : « Les terroristes font toujours leur prière, avant d'être fusillés. ». Jean Foillard leur répond : « Nous ne sommes pas des terroristes. ». Puis on les fit monter le long d’un ruisseau vers un lieu surplombant l’usine. Jean Foillard fut fusillé en premier en compagnie d'un autre maquisard, le 23 juillet 1944.
Il est désormais enterré dans le cimetière communal de Belmont-Luthézieu, Valromey-sur-Seran (Ain)[11]. Il obtint la mention « Mort pour la France » et décoré de la croix de guerre avec étoile d'argent et de la médaille de la Résistance à titre posthume[8].
Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]
- Entreprises de clan, Les Éditions Scouts de France, 1943
Notes et références
- ↑ 1,0 et 1,1 Rémi Fontaine et Louis Fontaine, Cent scouts morts pour la France, Editions de La Porterie, 2000 (ISBN 2951545614), p. 109 à 112
- ↑ Manon Radiguet de La Bastaïe, “ Sur mon honneur et avec la grâce de Dieu, je m’engage à servir de mon mieux Dieu, l’Église et la patrie ”. Engagement scout, engagements résistants, les scouts de France dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale (1940-1945), 1er avril 2019
- ↑ Jean Foillard, Entreprises de clan, 1943
- ↑ Critères du Départ Routier sur riaumont.net. Consulté le 22 mai 2024
- ↑ Ugo Iannucci, « L’attitude du barreau de Lyon pendant l’Occupation », dans Histoire de la justice, vol. 14, n°1, 2001 [texte intégral (page consultée le 28 juillet 2024)].
- ↑ Pierre Servent, Prologue dans Adrien Conus, Les sept vies, Perrin, coll. « Hors collection », 2022, p. 17–33
- ↑ Joseph Kessel, Tous n'étaient pas des anges, Le fusillé, Les Belles Lettres, 2012.
- ↑ 8,0 8,1 et 8,2 Jean-Luc Marquer, « FOILLARD Jean, Marie, Louis » sur Le Maitron. Consulté le 22 mai 2024
- ↑ Philippine Farges, « Ferréol, 20 ans, part sur les traces de son arrière-grand-oncle résistant », dans Le Journal du Dimanche, 17 juillet 2024 [texte intégral (page consultée le 28 juillet 2024)].
- ↑ Anne Dussert-Rosset, « Le Gua. Qui étaient les quinze fusillés de Révolleyre ? », dans Le Dauphiné, 8 août 2019 [texte intégral (page consultée le 28 juillet 2024)].
- ↑ Ain sur ANSFAC. Consulté le 22 mai 2024