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À la sortie de la guerre, [[Michel Menu]] est un jeune officier de la résistance, lorsqu’il se voit proposer la place de [[C.N]] éclaireur, il demande le temps de faire un bilan de l’état du mouvement. Il visite ainsi de nombreuses unités. Son verdict tombe : le scoutisme va mal. Les chefs sont mal formés et donc les jeunes mal encadrés, le scoutisme d’avant-guerre avec son [[imaginaire]] mythique comme le chevalier du Moyen-Âge (distinction de "[[Chevaliers de France]]"), ou celui du [[peau-rougisme]] ([[totémisation]]) a vieilli. La guerre, la rencontre des troupes américaines stationnées en France changent la donne, les débuts de la société de consommation sont là, les jeunes sont fascinés par la modernité, particulièrement les aînés de la branche éclaireur (15-17 ans) qui sont peu nombreux dans le mouvement. [[Michel Menu]] va alors proposer une réponse à ces jeunes en s’inspirant des [[Eagle scout]]s américains, une étape supplémentaire dans la [[progression]] individuelle, mais aussi l'idée d'une progression collective, celle de la troupe.
À la sortie de la guerre, [[Michel Menu]] est un jeune officier de la résistance, lorsqu’il se voit proposer la place de [[Commissaire|commissaire national]] éclaireur, il demande le temps de faire un bilan de l’état du mouvement. Il visite ainsi de nombreuses unités. Son verdict tombe : le scoutisme va mal. Les chefs sont mal formés et donc les jeunes mal encadrés, le scoutisme d’avant-guerre avec son [[imaginaire]] mythique comme le chevalier du Moyen-Âge (distinction de "[[Chevaliers de France]]"), ou celui du [[peau-rougisme]] ([[totémisation]]) a vieilli. La guerre, la rencontre des troupes américaines stationnées en France changent la donne, les débuts de la société de consommation sont là, les jeunes sont fascinés par la modernité, particulièrement les aînés de la branche éclaireur (15-17 ans) qui sont peu nombreux dans le mouvement. [[Michel Menu]] va alors proposer une réponse à ces jeunes en s’inspirant des [[Eagle scout]]s américains, une étape supplémentaire dans la [[progression]] individuelle, mais aussi l'idée d'une progression collective, celle de la troupe.


Le terme de raiders renvoie directement aux "Raiders" du général britannique [[Orde Charles Wingate]] qui créa en Birmanie des commandos parfaitement adaptés à la survie dans la jungle et à la lutte contre les Japonais. La référence britannique était certainement préférable, dans le contexte de l'époque, à une théorie venue des Etats-Unis.
Le terme de raiders renvoie directement aux "Raiders" du général britannique [[Orde Charles Wingate]] qui créa en Birmanie des commandos parfaitement adaptés à la survie dans la jungle et à la lutte contre les Japonais. La référence britannique était certainement préférable, dans le contexte de l'époque, à une théorie venue des Etats-Unis.

Version du 4 octobre 2012 à 09:06

Les raiders sont une innovation pédagogique des scouts de France, lancée en 1949, par le commissaire national éclaireur d'alors : Michel Menu. Elle consistait à fournir une dynamique à la branche éclaireurs des Scouts de France, alors en léthargie. Actuellement, plusieurs initiatives se réclament du raiderisme dans le scoutisme.

Pourquoi les raiders?

La première couverture qui lança les Raiders

À la sortie de la guerre, Michel Menu est un jeune officier de la résistance, lorsqu’il se voit proposer la place de commissaire national éclaireur, il demande le temps de faire un bilan de l’état du mouvement. Il visite ainsi de nombreuses unités. Son verdict tombe : le scoutisme va mal. Les chefs sont mal formés et donc les jeunes mal encadrés, le scoutisme d’avant-guerre avec son imaginaire mythique comme le chevalier du Moyen-Âge (distinction de "Chevaliers de France"), ou celui du peau-rougisme (totémisation) a vieilli. La guerre, la rencontre des troupes américaines stationnées en France changent la donne, les débuts de la société de consommation sont là, les jeunes sont fascinés par la modernité, particulièrement les aînés de la branche éclaireur (15-17 ans) qui sont peu nombreux dans le mouvement. Michel Menu va alors proposer une réponse à ces jeunes en s’inspirant des Eagle scouts américains, une étape supplémentaire dans la progression individuelle, mais aussi l'idée d'une progression collective, celle de la troupe.

Le terme de raiders renvoie directement aux "Raiders" du général britannique Orde Charles Wingate qui créa en Birmanie des commandos parfaitement adaptés à la survie dans la jungle et à la lutte contre les Japonais. La référence britannique était certainement préférable, dans le contexte de l'époque, à une théorie venue des Etats-Unis.

Michel Menu, aidé du R.P. Jean Rimaud et de Marcel Leclerc (insigne raider n°2) (équipe nationale des Scouts de France) lance officiellement les raiders par un numéro spécial de la revue "SCOUT" en janvier 1949. L'enthousiasme est la réponse immédiate.

Les premières troupes à se lancer dans l’aventure sont : 1re Saint-Cloud, 54e Paris, 83e Paris, 7e Neuilly, 29e Paris.

La première investiture raider se déroule à Paris le 8 juin 1949 et le CNE organisa le premier rallye raider à Combrit en 1951.

L'aventure raider

Raider.JPG
Progression d'une troupe

Un projet raider vise à élever le niveau de la troupe sur tous les points en s’appuyant beaucoup sur les aînés. Les troupes " Raiders-Scouts " se doivent d'améliorer sans cesse leur technique et de rester bons en tout y compris dans l'approfondissement de la foi. Chez les Raiders, les exploits et l'excellent niveau technique ne doivent pas être un but, mais seulement un moyen. Il ne peut y avoir de troupe raider sans scout raider et vice-versa.

  • Pour qu’une troupe obtienne la qualification raider, elle doit :
    • exister depuis deux ou trois ans
    • avoir, dans toutes ses patrouilles deux scouts de 2e classe et deux autres de 1re classe (au lancement des raiders, on estimait à 150 le nombre de scouts de 1re classe sur toute la France, c’est dire si l’objectif était ambitieux). Tous les scouts de la patrouille doivent progresser individuellement en obtenant un certain nombre de badges ou brevets fixés dans leur programme.
    • se constituer une « base » de haute tenue
    • avoir un chef stable formé à Chamarande.
    • avoir un aumônier effectif.
  • Pour qu’un scout soit investi raider, il doit :
    • être membre d'une troupe raider
    • posséder sa première classe
    • obtenir trois brevets raider : woodcrafts, missionnaire et, au choix sauveteur, sportif, conducteur-mécanicien (puis Michel Menu suggère dans son ouvrage « raiders pour l’an 2000 » de le remplacer par communication), liaison ou forestier (par la suite, d’autres brevets seront créés et le parcours pourra être diversifié).
Progression individuelle

Les programmes pour l’obtention des qualifications raider étaient rédigés par les candidats, approuvé par le QG (quartier général), la cour d’honneur décidait si les objectifs avaient été atteints.

Alors, les scouts de première classe étaient investis raiders (Cérémonial d’investiture raider-scout), ils portaient sur la poitrine, à droite au dessus de la poche, l’insigne raider : une croix en métal argenté et numérotée, potencée dans une bouée de sauvetage (pour sauver) portée par deux ailes (pour voler au secours). Les 1ères classes de la troupe, sur décision de la cour d'honneur, pouvaient porter le béret vert à deux rubans, de type commando. Toute la troupe portait sur le haut de la manche gauche la bande "raider scout" au numéro de la troupe, brodé en rouge.

Dans le cadre d'une progression collective plus réduite en participants, il existait la Division Kim. C'était une phase préparatoire ou un substitut délibéré à la qualité raider aux choix d'une patrouille. Pour une patrouille de pointe dans sa troupe, l’objectif nécessitait la réunion d’une première classe, de trois seconde classe, d’un certain nombre de brevets visant une spécialité. Les insignes d'une Patrouille Kim étaient une étoile d’or sur un fourreau noir en patte d’épaule droite et une bande de couleur de la spécialité : intervention (noire), jungle (vert), pilote, sauvetage, etc. au dessus de la poche. Il y eut des options Kim en Suisse.

Un bilan possible de l’aventure raider ?

Raiders 2 g.jpg

Les EDF hésitèrent puis eurent quelques "troupes pilotes" mais se tinrent à l'écart. Les éclaireurs français essayèrent la formule en conservant le terme "raider". Les raiders SDF connurent un grand succès, environ 10% des 50 000 éclaireurs SDF étaient membres d’une troupe raider en 1956 et plus de 400 troupes SDF auraient été investies de 1949 à 1964 (la 3e Villemonble en juin 1964 par exemple), soit plus de 5000 investitures individuelles (Michel Menu évoque 467 troupes investies de 1949 jusqu'aux années 1960/70, certaines troupes comme la 4e Moulins auraient en effet été investies raider sans l'aval officiel du QG des SDF). La qualité du scoutisme pratiqué dans l’ensemble du mouvement s’en ressentit, l’objectif de retenir les aînés était atteint. Les lancements des patrouilles libres (les foulards noirs) et de la campagne cadres verts dans la même ligne furent aussi couronnés de succès.

Malgré cela, l’aventure raider reste sujette à polémique.

Si Michel Menu disait que l'investiture raider était à la portée « de toute les bonnes volontés », elle n’en demeurait pas moins exigeante autant de la part des chefs que des scouts, peu de troupes purent y parvenir. Peu d’aide était offerte, la création, en 1954, de la division Kim, première marche d’amélioration pour l’accession au raiderisme, ne permit pas de combler le fossé qui se creusait entre raiders et non-raiders. Malgré le fait de s'être exporté dans différent pays comme l'Italie, l'Argentine, le Canada et même la Belgique (les leaders-scout), l’incapacité de la méthode raider à se diffuser au delà d'une élite fut une des causes de son arrêt.

Par ailleurs, les raiders furent souvent donnés en exemple, glorifiés. Plus encore que dans les déclarations de Menu, la littérature apologétique comme la série « rubans noirs » dans la collection Signe de piste, n’hésitait pas à opposer le scoutisme traditionnel plan-plan, fade au scoutisme modernisé et dynamique des raiders. Une telle opposition, si elle passait par le dénigrement, ne pouvait qu’encourager la jalousie.

Enfin, le modèle du commando était-il acceptable pour les scouts de France? L’image du parachutiste n’était pas exempte de défauts, et si elle était très bonne à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, elle allait beaucoup souffrir de la guerre d’Algérie.

Au-delà de l’aventure formidable qu’elle a été pour des milliers de garçons, devenir raider pour un scout ou une troupe pouvait mener à une impasse, l'imaginaire du commando étant moins répandu et même vu de façon hostile, vers 1960, par la majorité de la population. Il y avait eu dès la fin des années 50 des essais d'adaptation comme à Copainville. En 1964, le lancement des pionniers de François Lebouteux avait pour but, entre autres, de donner le dynamisme des raiders à l’ensemble du mouvement, ce qu’il ne réussit pas. C’est à ce moment que le raiderisme fut de facto abandonné.

Reste que l'aventure raider, qu'on peut qualifier de quasi-réussite dans la perspective de Michel Menu, montre la capacité d'adaptation du scoutisme à une époque déjà lointaine.

Postérité des raiders

La FSE propose actuellement un programme raider se réclamant abondamment du programme de Michel Menu (voir Raiders-scouts (FSE)).
Les ENF peuvent, selon le cérémonial, investir des raiders, mais la proposition de cette option est peut-être un vœu pieux.

D’autres initiatives plus marginales se réclament de la méthode raider : des SGDF et des SUF peuvent être investi à titre individuel. Cependant, il peut paraitre être irréaliste pour les SGdF de pouvoir investir des raiders, avec le découpage actuel des tranches d'âges qui ne favorise pas une progression suivie sur 5 ans. Pour les SUF, voir histoire des raiders SUF.

Bibliographies et liens


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