André Lefevre

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André Lefevre
André Lefèbre au Vietnam
André Lefèbre au Vietnam
Commissaire général des EDF
17 septembre 1886 · 23 décembre 1946

Fondateur

Fondateur.

Personnalité éclaireurs de France

Éclaireurs de France.

Personnalité française

France.
Signaure vieux castor.jpg

André Lefevre (17 septembre 1886 - 23 décembre 1946)

Chrétien très pratiquant, dessinateur en béton, membre du tiers ordre de St François et catholique du Sillon de Marc Sangnier, celui qui sera totémisé Vieux Castor est, dès avant 1914, un des animateurs de la Maison pour Tous (ancêtre des MJC) de la rue Mouffetard, à Paris, où il s'occupe des jeunes. Il y rencontre Marthe Levasseur.

En 1921, André Lefevre devient Commissaire Général des Éclaireurs de France, et donne une grande impulsion à ce mouvement, notamment en participant à la création du scoutisme colonial. Laïc qui va tous les matins à la messe, sans exclusives sociales, il noue de multiples contacts bénéfiques au scoutisme français : en 1936, le gouvernement Blum envisage ainsi de permettre le scoutisme dans les centres de redressements pour jeunes.

En 1939, le dynamisme de son mouvement est remarquable : 517 troupes, 315 meutes et 163 clans, c'est largement son œuvre.

Il meurt en 1946 au moment où son concept de "laïcité fraternelle" est contesté dans le mouvement : cette évolution conduira aux Résolutions d'Angoulême de 1950.


Témoignage de Pierre François

Vieux Castor (par J.Pecnard)

« Dès la fin des hostilités, il fonde avec une équipe d’amis, en plein quartier Mouffetard, "La Maison pour Tous", qui tient du centre social et de la maison de jeunes (…) L’été, il dirige des colonies de vacances, des « caravanes ».

Beigdeber, Commissaire général des Éclaireurs Unionistes, lui vante les bienfaits du scoutisme et lui envoie ses meilleurs chefs de patrouille pour qu’il crée une troupe d’E.D.F. à la Maison pour Tous. Et voici Vieux Castor, chef de troupe enthousiaste. Nous devons une grande gratitude à Georges Bertier, alors président des E.D.F., d’avoir distingué Vieux Castor et d’avoir été le quérir lorsque Paul Charpentier abandonna le poste de Délégué Général.

Placé à la tête de notre Mouvement, Vieux Castor fit face à une tâche écrasante. Avec beaucoup de fermeté, avec beaucoup de tact, il entreprit un double assainissement dont on imagine mal l’ampleur (…) : il condamna la formule du "bataillon scolaire" qui avait falsifié le scoutisme et remit à l’honneur les idées et la méthode éducative de B.P.

Il fit comprendre et apprécier le Scoutisme par l’Université, ce qui permit aux E.D.F. de trouver un soutien et des cadres de qualité. Avec Jacques Guérin-Desjardins, avec (Jacques Olivier Grandjouan, il mit au point dès 1922 la méthode du camp - école (…). En 1937, comprenant que les E.D.F. n’avaient pas à vivre en vase clos et à conserver jalousement leurs trésors, mais qu’ils pouvaient adapter certaines de leurs méthodes et techniques aux colonies de vacances, il crée, en accord avec L’Hygiène par l’exemple et la Ligue de l’Enseignement, les Centres d’Entraînement aux méthodes d’Éducation Active (CEMEA). Il en dirige le premier stage à Beaurecueil en 1937.(…)

Vieux Castor a véritablement créé les E.D.F. Il a recruté des effectifs, il a mis une administration sur pied, il a clairement défini la méthode, il a enseigné les techniques, il a formé les cadres, certes. Mais il a surtout donné aux E.D.F. un esprit, à la fois original et rayonnant, civique, français, humain. (…) Il voyait dans ce monde, non des idées qu’il faut agiter, brandir et faire triompher, mais des hommes qu’il faut aider, qu’il faut unir… »

Pierre François
Camp de formation de Saint Ouen

Quelques textes d’André Lefèvre

La paix

« La paix est difficile parce que les hommes, trop souvent, quoi qu’ils prétendent, n’aiment que ceux de leur clan. Elle ne règnera que lorsque nous tairons nos inimitiés. S’il faut que quelqu’un commence, commençons. S’il faut recommencer, recommençons. Et ainsi autant de fois que ce sera utile pour que nous soyons compris. Cette attitude, incompatible avec l’orgueil, est compatible avec la dignité et n’enlève rien à la fermeté ni à la clairvoyance »

(Le Chef, janvier 1934)

La position "éclaireurs de France"

« Un temps viendra où les hommes ne trouveront plus surprenant qu’on mette d’accord sa vie et ses principes. Il viendra d’autant plus vite que nous serons demeurés nous-mêmes plus intransigeants sur nos positions fraternelles.

Et c’est bien la réponse qu’il convient de faire aux amis qui nous rappellent la beauté de notre indépendance : nous sommes fidèles à nos principes : nous ne relevons d’aucun parti, nous nous interdisons toute propagande politique et religieuse, mais nous aimons tous les garçons de France, lors même que leurs parents adhèrent à une tendance politique ou religieuse.

Les mouvements où il est possible de se réunir sans tenir compte des tendances qui divisent sont trop rares, nous avons le privilège d’être de ce nombre, nous en sommes fiers.

Est-ce à dire que notre indépendance soit la position la plus avantageuse ? En apparence, non, car les hommes aiment les situations combatives et comprennent difficilement que vous ne vous décidiez pas à adopter leur ostracisme et leurs partis pris. En réalité, oui, car seule notre position est logique, seule elle est humaine. Dans la bataille des opinions, l’enfant a trop souvent été l’enjeu. Nous n’avons, nous, de raison d’exister que parce que nous aimons l’enfant pour lui-même. »

(Le Chef, juin 1938)

Le désintéressement

« Tous les éclaireurs qui se disent les amis de tout le monde doivent être désintéressés. Il y a, pour un chef, un désintéressement plus grand encore, c’est celui qui consiste à agir de telle sorte que le chef se rende inutile. On ne bâtit pas une troupe pour soi, on n’a pas à en faire sa chose dont on est glorieux et qu’on laissera livrée au hasard, ou à elle-même, quand on la quittera. Mais on a à faire surgir des remplaçants qui, eux-mêmes, pousseront le désintéressement jusqu’à s’effacer devant leurs adjoints ou leurs éclaireurs chaque fois que ceux-ci pourront voler de leurs propres ailes.

Nous n’avons pas à briller, mais à faire des volontés, des hommes qui se passent ensuite de tuteurs. »

(Camp-école de Cappy )

Le sectarisme

« Le sectarisme pousse les hommes à ne pas concevoir d’autres courants de vie bienfaisante que ceux de leur petite chapelle. Ils croient demeurer intransigeants utilement pour leur cause : ils se rendent simplement odieux. »

(Camp-école de Cappy )


Bibliographie

  • Notice biographique rédigée par Jacques Scheer dans : Poujol Geneviève et Romer Madeleine, Dictionnaire biographique des militants, XIXe-XXe siècles. De l'éducation populaire à action culturelle, Paris, L'Harmattan, 1996, p. 236-237 (ISBN 2-7384-4433-4)


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