Jean Fobe-Willemot

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Jean Fobe-Willemot
Faire-part de décès de de Jean Fobe-Willemot, rappelant son identité scoute.
Faire-part de décès de de Jean Fobe-Willemot, rappelant son identité scoute.
Scout-Routier et résistant armé de l'Armée Secrète.
3 janvier 1925 · 3 septembre 1944

Personnalité des scouts - fédération des scouts Baden-Powell de Belgique

Les scouts.

Personnalité belge

Belgique.

Jean Fobe-Willemot, né à Gand le 3 janvier 1925, mort à Celles (Tournai) le 3 septembre 1944, était un Scout-Routier belge du groupe territorial 37 de l’Armée Secrète (escouade de Celles). Il faisait partie de la FSC (Fédération du Scoutisme Catholique). Il fut lâchement abattu par l’armée allemande en retraite, alors qu’il ramenait des prisonniers allemands qu'il venait de capturer.

Jean, au centre, entourré de ses cousins Nini et Jacques Willemot[1].

Excellent étudiant, il avait l’intention d’entrer au séminaire et d'entrer dans la Compagnie de Jésus, pour suivre la tradition familiale. Durant la guerre, il est venu se cacher, pour échapper au travail obligatoire, chez son cousin à la ferme Moyart à Celles, accompagné de Charles Martens et de Raymond Antoine (cousin de Jean par les Ghesquière). Il s’est uni aux résistants de la région, poursuivant son engagement scout, afin de servir sa patrie.

Citations de ses contemporains[modifier | modifier le wikicode]

Note in l’ordre du jour de l’Armée Secrète :

« Je cite à l’ordre du jour M. Jean Fobe, glorieusement tombé pour le Roi et la Belgique. Soldat très courageux. Après avoir fait successivement deux prisonniers en compagnie de deux camarades, puis trois prisonniers seul, est surpris par une colonne ennemie. Fait prisonnier lui-même, il est abattu puis achevé et jeté dans un fossé. »

Le récit de sa dernière bataille par son cousin, Raymond Antoine, seul survivant de son unité d'attaque :

« Le 3 septembre 44, jour de la Libération, on est venu à la ferme annoncer à mon oncle Prosper Moyart que des Allemands arrivaient du côté de Cordes et d’Anvaing. Il fallait les intercepter, raconte Raymond Antoine.
Jean, accompagné de Raymond, est allé chercher les Allemands. Ils les ont désarmés. Leur but était de les ramener aux autorités. Les gens du village étaient fiers de leurs jeunes.
Tout à coup, quelqu’un a crié : attention, les Allemands arrivent par la route provinciale !
Il y eut une peur panique. Tout le monde s’est caché. Jean, Raymond et les deux prisonniers allemands se sont dirigés vers l’église par la rue Leclercqz et ont essayé de rentrer dans une des maisons, mais la porte était fermée. Ils sont parvenus à trouver refuge chez Clovis Arco, le boulanger du village.
A ce moment-là, une dame est arrivée et leur a crié : il y a trois Allemands au café juste derrière et les autres n’arrivent pas par la route provinciale mais par le cimetière.
Raymond Antoine gardait les prisonniers tandis que Jean Fobe allait voir dehors ce qui se passait. Jean Fobe est revenu avec trois gendarmes allemands qu’il avait capturés et il a dit : je n’ai pas pu faire autrement, sinon c’était moi. Raymond Antoine a ajouté : nous nous trouvions dans cette boulangerie avec cinq Allemands dont ces trois gendarmes qui ne voulaient pas se laisser désarmer. Quelle catastrophe !
Les jeunes résistants ne leur voulaient pas de mal. Ils ont même étanché leur soif avec de la bière. Ils ont entendu la troupe d’Allemands arriver avec les camions, les chevaux, les chariots et ont eu peur parce que la motocyclette des gendarmes se trouvait dans la cour à la vue des passants. Ils les ont engouffrés dans la cave. Les prisonniers criaient : dans trois minutes, vous êtes tous les deux kaput.
Effectivement, les autres arrivaient dans la cour arrière. Raymond et Jean sont sortis tous les deux, mais la différence entre eux étaient leurs armes.
Raymond avait un pistolet et Jean une mitraillette. Raymond a pu glisser son pistolet dans sa veste. Il a salué poliment les Allemands et a pu se cacher dans un rieu. Un Allemand a tiré dans sa direction, mais l’a raté. Il a pu alors se cacher dans une maison.
Jean a eu du mal à dissimuler sa mitraillette. La suite, nous la connaissons par Charles Martens : ils ont mis tout de suite Jean Fobe contre le mur derrière dans la cour de la boulangerie. Ils ne lui ont rien fait. Toute la troupe s’est mise en route. Elle est partie vers le Carnois, dans la rue de la Feuillerie. Jean marchait dans la troupe. On lui a dit de marcher sur le côté.
Et pendant qu’il marchait, un Allemand lui a tiré deux balles dans la nuque.
Puis il est tombé. On lui a donné un coup de pied dans la tempe et ils l’ont envoyé dans le fossé. Ils ont continué leur route. »

Ses décorations[modifier | modifier le wikicode]

  • Croix de chevalier de l’ordre de Léopold II avec palme ;
  • croix de guerre 1940 avec palme ;
  • médaille de la résistance ;
  • médaille commémorative de la guerre 1940-1945 avec 2 sabres croisés ;
  • médaille du volontaire de guerre-combattant ;
  • médaille commémorative de la ville de Gand.

Après sa mort[modifier | modifier le wikicode]

Charles Martens est venu retrouver Raymond dans sa cachette. Ensuite, par monts et vaux, ils se sont dirigés vers la ferme Buron, à l'endroit-même où les Allemands avaient enlevé la vie de leur compagnon. Ils ont ramené son corps à la ferme Moyart. Jean fut enterré au cimetière de Celles. A posteriori, ses parents ont racheté le morceau de terrain sur lequel il rendit l'âme à son Maître et ils y placèrent une croix.

En 1946-1947, ses parents offrirent, en souvenir de leur fils, deux vitraux à la chapelle de Luchteren ; le premier, représentant la Vierge Marie, sainte patronne du lieu , et le second, Saint Jean Chrysostome, à la mémoire de leur défunt fils. En l'église paroissiale de Celles, une plaque commémorative fut portée garante du souvenir des héros villageois.

In Memoriam

Son nom est inscrit sur la plaque commémorant le sacrifice des notaires et fils de notaires morts pendant la Seconde Guerre mondiale, inaugurée en 1947 par le notariat de Gand-Eeklo en l’Hôtel des Notaires à Gand ainsi que sur le Mémorial du 2e Quartier à Gand, Vieux Quai aux Bois, au mur de l’école Saint-Amand, inauguré le 9 novembre 1947.

Le 5e anniversaire de son décès a été marqué par l’inauguration d’une croix de pierre qui s’élève en rase campagne là où il fut fusillé, à côté du pilori villageois.

Croix commémorative

Les noms de Jean Fobe et de son oncle Gérard Willemot – résistant lui aussi – se retrouvent tous deux sur la plaque commémorative « Pro Patria 1940-1945 » en le Collège Sainte-Barbe à Gand, dont ils étaient anciens élèves.

En 1973, dans le lotissement De Smet à la rue Haute à Tronchiennes, une rue nouvellement tracée fut baptisée « Jean Fobestraat »[2]


Notes et références


  1. Jacqueline & Olivier-Gérard Willemot, Histoire et Album de la famille Willemot de Gand, 2003, p. 168.
  2. Jacqueline & Olivier-Gérard Willemot, Histoire et Album de la famille Willemot de Gand, 2003, 196 p., (Note : présentation par Olivier Willemot, biographe et généalogiste familial).